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LES JESUITES DANS LA SOCIETE EUROPEENNE(suite)

 


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4 RESURRECTION DE LA SOCIETE DE JESUS AU XIXe SIECLE

 

On a rapporté que Clément XIV, quand il se vit enfin obligé de supprimer l'Ordre des Jésuites, aurait dit: « Je me suis coupé la main droite ».

 

Le mot paraît assez plausible. On ne peut douter, en effet, que le Saint-Siège se soit résigné avec peine à s'amputer de son principal instrument de domination sur le monde. D'ailleurs, la disgrâce de l'Ordre, mesure toute politique imposée par les circonstances. ne laissa pas d'être atténuée par les successeurs de Clément XIV, Pie VI et Pie VII ; et si l'éclipse officielle des Jésuites se prolongea durant quarante ans, ce fut en raison des bouleversements survenus en Europe, du fait de la Révolution française. Encore cette éclipse ne fut-elle jamais totale.

« La plupart des Jésuites étaient demeurés en Autriche, en France, en Espagne, en Italie, mêlés au clergé. Ils se revoyaient, se regroupaient comme ils pouvaient. En 1794, en Belgique, Jean de Tournely fonde la Société du Sacré-Coeur pour l'enseignement. Beaucoup de Jésuites s'y jettent. Trois ans plus tard, le tyrolien Paccanari, qui se croit, se dit un nouvel Ignace, fonde la Société des Frères de la Foi. En 1799, les deux Sociétés fusionnent autour du Père Clarivière, le seul survivant des Jésuites français. En 1803, elles s'unissent aux Jésuites de Russie. Quelque chose de cohérent resurgit, encore ignoré des masses et même de la plupart des politiques ». (31)

 

Effet inattendu, la Révolution française, puis l'Empire, allaient donner un regain de crédit à la Compagnie de Jésus, par la réaction de défense que les idées nouvelles suscitaient dans les anciennes monarchies.

 

Napoléon 1er la qualifiait de « Société bien dangereuse, et qui ne sera jamais admise sur les terres de l'Empire ». Mais quand la Sainte-Alliance eut triomphé, les monarques de droit divin se gardèrent bien de négliger le concours de ces absolutistes pour ramener les peuples à une stricte obéissance.

 

Cependant, les temps étaient changés. Toute l'habileté des bons Pères ne pouvait que retarder, mais non arrêter, la propagation des idées libérales, et leurs efforts s'avéraient plus nuisibles qu'utiles. En France, la Restauration put en faire l'amère expérience. Louis XVIII, personnellement incroyant et, de plus, habile politique, contint autant qu'il lui fut possible la poussée des « ultras ». Mais sous Charles X, dévot et borné, les Jésuites ont beau jeu. La loi qui les a expulsés en 1764 est toujours en vigueur. N'importe. Ils animent la fameuse « Congrégation », première forme de l'Opus Dei. Cette confrérie pieuse où se mêlent ecclésiastiques et laïcs, sévit dans tous les milieux, prétend « épurer » l'armée, la magistrature, l'administration, l'enseignement, multiplie les « missions » à travers le pays, plantant sur son passage des croix commémoratives dont beaucoup subsistent encore aujourd'hui, excitant les croyants contre les incrédules, et se rendant enfin si odieuse que le très catholique et très légitimiste Montlosier, lui-même, s'écrie :

« Nos missionnaires ont mis le feu partout. Qu'on « nous envoie la peste de Marseille, si l'on veut, mais « qu'on ne nous envoie plus de missionnaires ».

 

En 1828, Charles X se voit contraint de retirer à l'Ordre la liberté d'enseigner, mais il est trop tard. La dynastie s'écroule en 1830.

Abhorrés et honnis, les fils de Loyola ne s'en maintiennent pas moins en France, sous le masque, car l'Ordre y est toujours officiellement aboli. Louis-Philippe, Napoléon III les tolèrent. La République elle-même ne les disperse qu'en 1880, sous le ministère Jules Ferry. Encore faut-il attendre la loi de séparation de 1901 pour que la fermeture de leurs maisons devienne enfin effective.

Au cours du XIXe siècle, dans la moitié de l'Europe et en Amérique, l'histoire de la Compagnie, en lutte contre l'esprit nouveau, est aussi mouvementée que par le passé.

« Partout où les libéraux l'emportaient, les Jésuites étaient chassés. Toutes les fois, au contraire, que la réaction triomphait, alors ils se réinstallaient tranquillement pour défendre le trône et l'autel. C'est ainsi qu'ils furent expulsés du Portugal en 1834, d'Espagne en 1820, 1835 et 1868, de Suisse en 1848, d'Allemagne en 1872, de France en 1880 et en 1901.

« En Italie, depuis 1859, on leur a peu à peu enlevé toutes leurs écoles et leurs maisons, si bien qu'ils doivent renoncer à continuer leur activité dans la forme prescrite par leurs statuts. Il en fut de même dans les républiques de l'Amérique latine. L'Ordre a été supprimé au Guatémala en 1872, au Mexique en 1873, au Brésil en 1874, dans l'Équateur et la Colombie en 1875, à Costa-Rica en 1884.

« Les seuls pays où les Jésuites existent en paix sont les Etats en majorité protestants : l'Angleterre, la Suède, le Danemark, les Etats-Unis de l'Amérique du Nord. Au premier abord, ce fait est surprenant. Mais il s'explique par cette raison que, dans ces pays, les Pères n'ont jamais pu songer à exercer une influence politique. Sans doute, ils s'y sont résignés plus par nécessité que par inclination. Autrement ils ne se seraient pas montrés si réservés, mais auraient saisi toutes les occasions pour agir dans leur sens sur la législation et l'administration, soit directement en travaillant habilement les classes dirigeantes, soit indirectement en remuant constamment les masses catholiques ». (32)

 

A vrai dire, cette immunité des pays protestants à l'égard des entreprises jésuitiques est loin d'être complète.

« Aux Etats-Unis, écrit M. Fülöp-Miller, la Compagnie, qu'aucune loi n'entrave, déploie depuis longtemps une activité méthodique et féconde...

« La résurrection des Jésuites ne me plaît pas, avait déjà écrit en 1816 l'ancien président de l'Union John Adams, à son successeur Thomas Jefferson. N'en aurons-nous pas ici des nuées qui se présenteront sous autant d'aspects et de travestissements que n'en a jamais pris un chef de bohémiens, déguisés en typographes, en éditeurs, en écrivains et en maître d'école ? Si jamais association de gens a mérité la damnation éternelle sur terre et en enfer, c'est bien cette Société de Loyola. Pourtant avec notre système de liberté religieuse nous ne pouvons que leur offrir un asile à eux aussi... » Et Jefferson avait répondu à son prédécesseur : « Comme vous, Je désapprouve le rétablissement des Jésuites, car ce fait marque un recul de la lumière vers l'obscurité ». (33)

 

Les craintes ainsi exprimées ne devaient se révéler que trop justes, un siècle plus tard, comme on le verra par la suite.

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5 LE SECOND EMPIRE ET LA LOI FALLOUX LA GUERRE DE 1870

 

Nous avons signalé dans le chapitre précédent la large tolérance dont jouit en France, sous Napoléon III, la Société de Jésus, bien qu'elle fût toujours officiellement interdite. Il ne pouvait en aller autrement, du reste, sous un régime qui devait son existence même - au moins pour une large part - à l'Eglise romaine, et auquel l'appui de celle-ci ne manqua jamais, tant qu'il dura. Mais ce tic fut pas sans qu'il en contât fort cher à la France.

 

A vrai dire, les lecteurs du « Progrès du Pas-de-Calais », organe dans lequel le futur empereur publia divers articles en 1843 et 1844, ne pouvaient alors le soupçonner de faiblesse à l'égard de « l'ultramontanisme », à en juger par des passages tels que celui-ci :

« Le clergé réclame, sous le nom de liberté d'enseignement, le droit d'instruire la jeunesse. L'Etat, de son côté, réclame pour son propre intérêt le droit de diriger seul l'instruction publique. Cette lutte vient nécessairement d'une divergence d'opinions, d'idées, de sentiments entre le gouvernement et l'Eglise. Chacun voudrait, à son profit, influencer en sens contraire les générations qui naissent. Nous ne croyons pas, comme un illustre orateur, que, pour faire cesser cet état de diversion, il faille briser tous les liens qui rattachent le clergé au pouvoir civil. Malheureusement les ministres de la religion en France sont en général opposés aux intérêts démocratiques ; leur permettre d'élever sans contrôle des écoles, c'est leur permettre d'enseigner au peuple la haine de la révolution et de la liberté ».

 

Et plus loin :

« Le clergé cessera d'être ultramontain dès qu'on le forcera à s'élever, comme jadis, dans les sciences, et à se confondre avec le peuple, en puisant sa propre éducation aux mêmes sources que la généralité des citoyens ».

 

Se référant à la façon dont étaient formés les prêtres en Allemagne, l'auteur précise ainsi sa pensée :

« Au lieu d'être, dès l'enfance, séquestrés du monde, et de puiser dans les séminaires un esprit hostile à la société au milieu de laquelle ils doivent vivre, ils apprennent de bonne heure à être citoyens avant d'être prêtres ». (34)

 

Voilà qui n'annonçait pas le cléricalisme politique chez le futur souverain, alors « carbonaro ». Mais l'ambition de monter sur le trône allait bientôt l'inciter à plus de docilité envers Rome. Celle-ci ne l'a-t-elle pas aidé puissamment à gravir le premier échelon ?

« Nommé. président de la République le 10 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte s'entoure de ministres parmi lesquels on remarque M. de Falloux. Qu'est-ce que M. de Falloux ? Un instrument des Jésuites... Le 4 janvier 1.849, il institue une commission chargée de préparer « une large réforme législative sur l'enseignement primaire et sur l'enseignement secondaire »... Au cours de la discussion, M. Cousin prend la liberté de faire remarquer que l'Eglise a peut-être tort de lier son sort à celui des Jésuites. Mgr Dupanloup défend énergiquement la Société, de Jésus... On prépare une loi sur l'enseignement qui sera une « réparation » aux Jésuites. On a autrefois défendu l'Etat, l'Université contre les envahissements des Jésuites ; ou a eu tort, on a été injuste ; on a exigé du gouvernement l'application des lois vis-à-vis de ces agents d'un gouvernement étranger ; on leur en demande pardon. Ce sont de bons citoyens qu'on a méconnus, calomniés ; que peut-on bien faire pour leur témoigner l'estime et le respect auxquels ils ont droit ?

 

« Leur livrer l'enseignement des jeunes générations.

« Tel est, en effet, le but de la loi du 15 mars 1850. Cette loi institue un conseil supérieur de l'Instruction publique où le clergé a la haute main (art. 1er) ; elle rend le clergé maître des écoles (art. 44) ; elle reconnaît aux associations religieuses le droit de fonder des écoles libres, sans s'expliquer sur les congrégations non autorisées (Jésuites) (art. 17, 2) ; elle porte (art 49) que les lettres d'obédience tiendront lieu de brevet de capacité. En vain M. Barthélémy Saint-Hilaire démontre à la tribune que le but des auteurs du projet est d'arriver à la constitution d'un monopole en faveur du clergé, que la loi porterait une atteinte funeste à l'Université... En vain, Victor Hugo s'écrie - « Cette loi est un monopole aux mains de ceux qui tendent à faire sortir l'enseignement de la sacristie et le gouvernement du confessionnal ». (35)

 

Mais l'Assemblée reste sourde à ces protestations. Elle préfère écouter M. de Montalembert, qui s'écrie : « Nous serons engloutis si nous ne remontons pas d'un bond vigoureux le courant du rationalisme, de la démagogie. Or, vous ne le remonterez qu'avec le secours de l'Eglise ».

« Comme s'il craignait de n'avoir pas suffisamment caractérisé l'esprit de la loi, M. de Montalembert ajoute ces mots : « A l'armée démoralisatrice et anarchique des instituteurs, il faut opposer l'armée du clergé ». La loi fut votée. Jamais en France les Jésuites n'avaient obtenu un triomphe plus complet.

 

M. de Montalembert le reconnaissait hautement... Il disait : « Je crois défendre la justice en soutenant de mon mieux le gouvernement de la République, qui a tant fait pour sauver l'ordre, pour maintenir l'union des Français, et qui, surtout, a rendu à la liberté de l'Eglise catholique plus de services qu'aucun des pouvoirs qui ont régné en France depuis deux siècles ». (36)

 

Tout cela, qui date de plus de cent ans, ne fleure-t-il pas un certain parfum d'actualité ? Mais voyons comment agissait, sur le plan international, la « République » présidée par le prince Louis-Napoléon.

La révolution de 1848 avait, entre autres répercussions en Europe, provoqué le soulèvement des Romains contre le pape Pie IX, leur souverain temporel, et celui-ci avait dû s'enfuir à Gaëte. La République romaine était proclamée. Par un scandaleux paradoxe, ce fut la République française qui, d'accord avec les Autrichiens et le roi de Naples, se chargea de rétablir sur son trône l'indésirable souverain.

« Il fallut l'intervention d'un corps français, qui vint mettre le siège devant Rome et emporta la ville le 2 juin 1849, pour restaurer le pouvoir pontifical. Encore celui-ci ne se maintint-il que grâce à la présence d'une division d'occupation française, qui n'abandonna Rome qu'au lendemain des premiers désastres de la guerre franco-allemande de 1870. » (37)

 

Ce début était prometteur.

« Le coup d'Etat (2 décembre 1851) s'accomplit, l'Empire est proclamé. Louis-Napoléon, président de la République, avait favorisé les Jésuites de toutes ses forces. Devenu empereur, il n'a rien à refuser à ses alliés et complices. Le clergé déverse abondamment ses bénédictions et ses « Te Deum » sur les massacres et les proscriptions du 2 décembre. L'auteur de cet abominable guet-apens est, à ses yeux, un sauveur providentiel : « L'archevêque de Paris, Mgr Sibour, qui a eu sous les yeux les massacres du boulevard, s'écrie :

« L'homme que Dieu tenait en réserve a paru jamais le doigt de Dieu ne fut plus visible que dans les événements qui ont amené ce grand résultat. »

 

L'évêque de Saint-Flour dit en pleine chaire :

« Dieu a montré du doigt Louis-Napoléon ; il l'avait nommé d'avance empereur. Oui, mes très chers frères, Dieu l'a sacré d'avance par la bénédiction de ses pontifes et de ses prêtres ; il l'a acclamé lui-même. Pourra-t-on ne pas reconnaître l'Elu de Dieu ? »

L'évêque de Nevers salue dans le parjure « l'instrument visible de la Providence ».

 

« Ces misérables adulations, dont il serait facile de multiplier les échantillons, méritaient une récompense. Cette récompense fut une liberté complète laissée aux Jésuites pendant toute la durée de l'empire. La Société de Jésus fut véritablement maîtresse de la France pendant dix-huit ans... elle put s'enrichir, multiplier ses établissements, accroître son influence. Son action se fait sentir dans tous les événements 'importants du règne, et notamment dans l'expédition du Mexique et la déclaration de guerre de 1870. » (38)

« L'empire, c'est la paix », avait proclamé le nouveau souverain. Mais, deux ans à peine après son accession au trône, éclatait la première de ces guerres qui allaient se succéder tout au long du règne, au gré d'inspirations qui paraîtraient incohérentes aux regards de l'Histoire, si l'on ne distinguait pas ce qui en fait l'unité : la défense des intérêts de l'Eglise romaine. La guerre de Crimée, première de ces folles entreprises qui nous affaiblissaient sans aucun profit national, est caractéristique à cet égard.

 

Ce n'est pas un anticlérical, c'est l'abbé Brugerette qui écrit :

« Il faut lire les discours que le célèbre théatin (le Père Ventura) prêcha à la chapelle des Tuileries, pendant le carême de 1857. Il y présentait la restauration de l'Empire comme l'oeuvre de Dieu... et louait Napoléon 111 d'avoir défendu la religion en Crimée et fait ainsi resplendir une seconde fois en Orient les beaux jours des Croisades... La guerre de Crimée fut regardée comme le complément de l'expédition romaine... Elle fut célébrée par tout le clergé, plein d'admiration pour la ferveur religieuse des troupes qui assiégèrent Sébastopol. Et Sainte-Beuve raconta avec attendrissement l'envoi par Napoléon III d'une image de la Vierge à la flotte française. » (39)

 

Que fut cette expédition qui déchaînait ainsi l'enthousiasme des cléricaux. M. Paul Léon, membre de l'Institut, va nous le dire :

« Une simple querelle de moines réveille la question d'Orient : elle est née de rivalités entre latins et orthodoxes pour la garde des lieux saints. A qui appartiendra la surveillance des églises de Bethléem, la possession des clefs, la direction des travaux ? Qui peut penser que de si minimes intérêts opposeront deux grands empires ?... Mais, derrière les moines latins, nantis d'anciens privilèges, s'agite le parti catholique en France, appui du nouveau régime ; derrière l'exigence croissante des orthodoxes, de plus en plus nombreux, se devine l'influence russe. » (40)

 

Le tsar invoque la protection des orthodoxes qu'il lui appartient d'assurer, et pour la rendre effective, demande le libre passage des Dardanelles pour sa flotte. Refus de l'Angleterre, soutenue par la France, et la guerre éclate.

« France et Angleterre ne peuvent atteindre le tsar que par la mer Noire et l'alliance turque... Dès lors, la guerre de Russie devient la guerre de Crimée et se résume tout entière dans le siège de Sébastopol, épisode coûteux, sans issue. Poursuivi à travers de sanglantes batailles, des épidémies meurtrières et des souffrances surhumaines, il coûta cent mille morts à la France. » (41)

 

Il est vrai que ces cent mille morts n'étaient rien de moins que des soldats du Christ, de glorieux « martyrs de la foi », s'il faut en croire Mgr Sibour, archevêque de Paris, qui déclarait à cette époque : « La guerre de Crimée, faite par la France à la Russie, n'est point une guerre politique, mais une guerre sainte ; ce n'est point une guerre d'Etat à Etat, de peuple à peuple, mais uniquement une guerre de religion, une Croisade... » (42)

 

L'aveu est sans ambiguïté. Au reste, n'avons-nous pas entendu cela, de nos jours, durant l'occupation allemande, développé en termes identiques par les prélats de Sa Sainteté Pie XII, qui se faisaient les recruteurs de la L.V.F., et par Pierre Laval lui-même, président du Conseil de Vichy ?

 

En 1863, c'est l'expédition du Mexique. De quoi s'agit-il ? De transformer une république laïque en un empire, pour l'offrir à Maximilien, archiduc d'Autriche. Or, l'Autriche, c'est le pilier numéro un de la papauté. Au surplus, on compte élever ainsi un barrage qui contiendra l'influence des Etats-Unis protestants sur les Etats d'Amérique du Sud, fiefs de l'Eglise romaine.

« La guerre tendant à établir un empire catholique au Mexique viole le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et, comme la campagne de Syrie et les deux campagnes de Chine, elle tend surtout à servir les intérêts catholiques », écrit avec sagacité M. Albert Bayet. (43)

On sait comment, en 1867, l'armée française s'étant rembarquée, Maximilien, champion malheureux du Saint-Siège, fut fait prisonnier à la reddition de Queretaro et fusillé, laissant la place à une république présidée par le vainqueur, Juarez.

Cependant, le temps approchait où la France allait payer beaucoup plus cher encore l'appui politique que le Vatican assurait au trône impérial. Tandis que l'armée française versait son sang aux quatre coins du monde, et s'affaiblissait d'autant, pour y défendre des intérêts qui n'étaient pas les nôtres, la Prusse, sous la rude main du futur « chancelier de fer », travaillait à porter au plus haut point sa puissance militaire afin d'unir les Allemagnes en un bloc homogène. L'Autriche est la première victime de sa volonté de puissance. D'accord avec la Prusse pour que celle-ci s'empare des duchés danois du Schleswig et du Holstein, elle est frustrée par sa complice. C'est la guerre, bientôt terminée par la victoire prussienne à Sadowa, le 3 juillet 1866. Coup terrible pour la vieille monarchie des Habsbourg. dont sonne l'heure du déclin, mais coup non moins terrible pour le Vatican dont l'Autriche a été si longtemps l'homme-lige dans les pays germaniques. Désormais, ce sera la Prusse protestante qui exercera sur eux son hégémonie. A moins que... l'Eglise romaine ne trouve un « bras séculier » capable d'arrêter net l'expansion de cette puissance « hérétique ».

 

Mais qui peut jouer ce rôle en Europe, sinon l'Empire français ? A Napoléon III, l' « homme providentiel », écherra l'honneur de venger Sadowa. L'armée française n'est pas prête. « L'artillerie est très en retard. Nos canons se chargent encore par la bouche », écrit Rothan, notre ministre à Francfort, qui voit venir le désastre. « La Prusse n'ignore rien de sa supériorité et de notre impréparation », déclare-t-il encore, avec bien d'autres observateurs. Peu importe aux fauteurs de guerre. La candidature d'un prince de Hohenzollern au trône vacant d'Espagne fournit l'occasion du conflit, d'autant mieux que Bismarck le désire. Au cours des tractations diplomatiques, la dépêche d'Ems, truquée par ses soins, donne beau jeu aux bellicistes, qui soulèvent l'opinion publique.

 

Et c'est la France elle-même qui déclare la guerre, cette « guerre de 1870 qui fut, c'est un fait acquis à l'histoire, l'oeuvre des Jésuites », comme l'écrit M. Gaston Bally.

 

Il faut, en effet, avoir bien présente à l'esprit la composition du gouvernement qui lança la France dans cette funeste aventure. Nous la trouvons décrite en ces quelques lignes de l'éminent historien catholique Adrien Dansette :

« Napoléon III commence par sacrifier Victor Duruy, puis se résout à appeler an gouvernement les hommes du tiers parti (janvier 1870). Les nouveaux ministres sont presque tous des catholiques sincères ou des cléricaux par conservatisme social. » (44)

 

On comprend, dès lors, ce qui semblait d'abord inexplicable : la précipitation que mit ce gouvernement à tirer un « casus belli » des termes d'une dépêche tronquée, dont on n'attendit même pas de recevoir confirmation.

« Conséquence: l'effondrement de l'Empire et le contre-coup qui s'ensuivit pour le trône papal... L'édifice impérial et l'édifice papal couronnés par les Jésuites, s'écroulaient dans la même boue, malgré l'Immaculée Conception, malgré l'infaillibilité papale ; mais, hélas 1 c'était sur les cendres de la France. » (45)

 

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6 LES JESUITES A ROME LE SYLLABUS

 

On lit dans un ouvrage de l'abbé Brugerette, au chapitre « Le clergé sous le Second Empire » :

« Les dévotions particulières, anciennes ou nouvelles, étaient de plus en plus en honneur, à une époque où le romantisme exaltait encore le sentiment au préjudice de l'austère raison. Le culte des saints et de leurs reliques, contenu si longtemps par le souffle glacial du rationalisme, avait repris une vigueur nouvelle. Le culte de la sainte Vierge, grâce aux apparitions de La Salette et de Lourdes, acquit une popularité extraordinaire. Les pèlerinages se multiplièrent en ces lieux privilégiés par le miracle.

« L'épiscopat français... favorisa les dévotions nouvelles. Il accueillit avec empressement et reconnaissance, en 1854, l'encyclique de Pie IX, proclamant le dogme de l'Immaculée-Conception... C'est encore l'épiscopat, réuni à Paris en 1856, pour le baptême du Prince impérial, qui demanda à Pie IX que la fête du Sacré-Coeur_ devint une fête solennelle de l'Eglise universelle. » (46)

 

Ces quelques lignes témoignent clairement de l'influence prépondérante des Jésuites sous le Second Empire, tant en France qu'auprès du Saint-Siège. Nous l'avons vu plus haut, ils furent et demeurent les grands propagateurs de ces « dévotions particulières, anciennes ou nouvelles », de cette piété « sensible » et quasi matérielle, propre à exalter la religiosité des foules et plus spécialement celle de l'élément féminin. En cela, on ne peut contester qu'ils fassent preuve de réalisme. Le temps est loin - il l'était déjà sous Napoléon 111 - où le public en son ensemble, les savants comme les ignorants, se passionnait pour les questions théologiques. Sur le plan intellectuel, le catholicisme a fini sa carrière.

 

C'est donc par nécessité, autant que par l'effet de leur formation propre, que les fils d'Ignace, en manière de contrepoids au « rationalisme », se sont efforcés - au cours du XIX, siècle et de nos jours - de réveiller la religiosité superstitieuse, notamment chez les femmes, qui forment désormais le plus clair du troupeau des fidèles.

 

Pour l'enseignement secondaire des jeunes filles, l'Ordre a favorisé la création de plusieurs congrégations de femmes. « La plus célèbre et la plus active a été la « Congrégation des Dames du Sacré-Coeur » ; en 1830, elle comptait 105 maisons avec 4.700 maîtresses et a exercé une très grande influence sur les classes élevées de la société ». (47)

 

Quant à la « mariolâtrie », qui fut toujours si chère aux Jésuites, elle reçoit, sous le' Second Empire, une impulsion puissante par les « apparitions » - fort opportunes - de la Vierge à une petite bergère de Lourdes, deux ans après que le pape Pie IX eut défini et promulgué le dogme de l'Immaculée-Conception (1854), à l'instigation de la Compagnie de Jésus. Les principaux actes de ce pontificat sont, d'ailleurs, autant de victoires pour les Jésuites, dont la toute-puissante influence sur la Curie romaine ne cesse de s'affirmer. En 1864, Pie IX publie l'encyclique « Quanta cura », accompagnée du « Syllabus », qui jette l'anathème sur les principes politiques les mieux établis des sociétés contemporaines.

 

« Anathème à tout ce qui est cher à la France moderne La France moderne veut l'indépendance de l'Etat le « Syllabus » enseigne que la puissance ecclésiastique doit exercer son autorité sans la permission et l'assentiment du pouvoir civil. La France moderne veut la liberté de conscience et la liberté des cultes ; le « Syllabus » enseigne que l'Eglise romaine a le droit d'employer la force et réhabilite l'Inquisition. La France moderne reconnaît l'existence de plusieurs cultes : le « Syllabus » déclare que la religion catholique doit être considérée comme l'unique religion de l'Etat, à l'exclusion de tous les autres cultes.

La France moderne proclame la souveraineté du peuple ; le « Syllabus » condamne le suffrage universel. La France moderne professe que tous les Français « sont égaux devant la loi; le « Syllabus» soutient que les ecclésiastiques doivent être soustraits aux tribunaux ordinaires, civils et criminels.

« Voilà les doctrines que les Jésuites enseignent dans leurs collèges. Ils sont l'avant-garde de l'armée de la contre-révolution... Leur mission consiste à élever la jeunesse confiée à leurs soins dans la haine des principes sur lesquels repose la société française, telle « que l'ont constituée au prix des plus douloureux efforts les générations qui nous ont précédés. Ils tendent par leur enseignement à diviser la France en deux peuples, et à remettre en question tout ce qui s'est fait depuis 1789. Nous voulons la concorde, ils «veulent la discorde ; nous voulons la paix, ils veulent la guerre ; nous voulons la France libre, ils la veulent asservie. Ils sont une société de combat aux ordres de l'étranger ; ils nous combattent, défendons-nous, ils nous menacent, désarmons-les. » (48)

 

Les prétentions toujours vivantes du Saint-Siège à régenter la société civile étaient donc affirmées une fois de plus, comme Renan l'avait dit déjà en 1848, dans un article intitulé « Du libéralisme clérical » :

« Il démontrait que la souveraineté du peuple, la liberté de conscience, toutes les libertés modernes étaient condamnées par l'Eglise. Il présentait l'Inquisition comme « la conséquence logique de tout le système orthodoxe », comme « le résumé de l'esprit de l'Eglise ». Il ajoutait : « L'Eglise, quand elle le pourra, ramènera l'Inquisition, et, si elle ne le fait pas, c'est qu'elle ne le peut pas » (49).

 

La prépotence des Jésuites au Vatican se marquait plus fortement encore, quelques années après le « Syllabus », par la définition et promulgation du dogme de l'Infaillibilité pontificale, qui devait, écrit l'abbé Brugerette, « jeter sur les années tragiques de 1870-1871, qui endeuillèrent la France, la clarté d'une grande espérance chrétienne ».

Le même auteur ajoute:

« On peut dire que, pendant la première moitié de l'année 1870, l'Eglise de France n'est plus en France ; elle est à Rome, et passionnément occupée du Concile « général que Pie IX vient de réunir au Vatican...

« Suivant le mot de Mgr Pie, ce clergé français avait achevé de se dépouiller de ses livrées particulières, maximes, libertés gallicanes . Faisant, ajoutait l'évêque de Poitiers, ce sacrifice au principe d'autorité en même temps qu'à la saine doctrine et au droit commun, il a placé tout cela sous les pieds « du souverain pontife, lui en a fait un trône et a sonné de la trompette en disant : Le pape est notre roi ; non seulement ses volontés sont pour nous des ordres, mais ses désirs sont pour nous des règles » (49 bis).

 

On ne saurait annoncer plus clairement la démission complète de tout un clergé « national » entre les mains de la Curie romaine et, par là, l'asservissement des catholiques français aux volontés d'un despote étranger qui, sous couleur de dogme ou de morale, allait leur imposer, sans opposition désormais, ses directives politiques. En vain, les catholiques libéraux s'élevèrent contre l'exorbitante prétention du Saint-Siège à dicter sa loi aux consciences au nom de l'Esprit Saint. Leur chef, M. de Montalembert, publiait dans la « Gazette de France », nous dit l'abbé Brugerette, « un article où il protestait de toute son âme contre ceux qui « immolent la justice et la vérité, la raison et l'histoire en holocauste à l'idole qu'ils se sont érigée au Vatican ». (50)

 

Quelques évêques, des religieux notoires, comme le Père Hyacinthe Loyson et le Père Gratry prenaient la même position, ce dernier non sans vivacité :

« Il avait fait successivement paraître ses quatre Lettres à Mgr Deschamps. Il n'y discutait pas seulement des faits historiques, comme la condamnation du pape Honorius, qui s'opposaient selon lui à la proclamation de l'infaillibilité pontificale, mais, dans « un style incisif et amer, il dénonçait encore le mépris « des catholiques autoritaires pour la vérité et la probité scientifique. L'un d'eux, un candidat ecclésiastique au Doctorat en théologie, n'avait-il pas osé justifier les fausses décrétales devant la Faculté de Paris, « en déclarant que ce n'était pas une fraude « odieuse » ? N'affirme-t-on pas aujourd'hui encore, ajoutait Gratry, qu'il fut opportun de condamner « Galilée » ?

« Hommes de peu de foi et de bas esprit et de coeur misérable, vos ruses ne sont-elles pas devenues le scandale des âmes ? Le jour où la grande science de la nature s'est élevée sur le monde, vous l'avez condamnée.

« Ne vous étonnez pas si les hommes, avant de vous « pardonner, attendent de vous l'aveu, la pénitence, la « contrition profonde et la réparation de votre « faute » (51).

 

Mais on pense bien que les Jésuites, inspirateurs de Pie IX et tout-puissants sur le Concile, ne se souciaient guère d'aveu, de pénitence, de contrition ni réparation, au moment même où ils touchaient au but qu'ils s'étaient fixé dès le Concile de Trente, au milieu du XVI' siècle. Lainez n'y soutenait-il pas déjà la thèse de l'infaillibilité du pape ?

A vrai dire, il ne s'agissait que de consacrer sous forme de dogme une prétention presque aussi vieille que la papauté. Aucun Concile jusque-là n'avait voulu l'entériner, mais le moment apparaissait propice : outre que le patient travail des Jésuites avait préparé les clergés nationaux à l'abandon de leurs dernières libertés, la chute imminente du pouvoir temporel du pape - elle allait se produire avant le vote du Concile - appelait un renforcement de son autorité spirituelle, aux dires des ultramontains. L'argument prévalut, et les « dictatus papae » de Grégoire VII, principes de la théocratie médiévale, triomphèrent ainsi en plein XIXe siècle.

 

Ce que le nouveau dogme consacrait surtout, c'était l'omnipotence dans l'Eglise romaine de la Compagnie de Jésus.

« Sous le couvert de la congrégation des jésuites qui s'est installée au Vatican, depuis que les puissances séculières les ont rejetés de tous les pays libres ainsi qu'une association de malfaiteurs, la papauté s'est élevée à de nouvelles ambitions. Ces hommes néfastes, qui ont fait de l'Evangile un spectacle de sang et de larmes et qui demeurent les pires ennemis de la liberté de penser et de la démocratie, dominent la curie romaine et concentrent tous leurs efforts pour maintenir dans l'Eglise leur prépondérance malsaine et la honte de leurs doctrines ».

« Acquis à la cause de la centralisation à outrance, irréductibles apôtres de la théocratie, ils sont les maîtres reconnus du catholicisme contemporain et marquent de leur empreinte sa théologie, sa piété officielle, sa politique tortueuse »:

« Véritables janissaires du Vatican, ils inspirent tout, règlent tout, pénètrent partout, instaurant la délation comme système de gouvernement, fidèles à une casuistique dont l'histoire nous a révélé la profonde immoralité et qui nous a valu les pages immortelles de Pascal, ce railleur sublime. Par le Syllabus de 1864 qu'ils ont édifié et codifié de leurs mains propres, Pie IX a déclaré la guerre à toute pensée libre et sanctionné quelques années plus tard le dogme de l'infaillibilité, qui est un véritable anachronisme historique et dont la science moderne ne « saurait vraiment s'émouvoir » (52).

 

Pour ceux qui, contre toute vraisemblance, s'obstineraient à voir une exagération malveillante, un parti-pris de dénigrement dans les lignes que nous venons de citer, nous ne pouvons mieux faire que de leur mettre sous les yeux la confirmation même de ces faits, due à la plume très orthodoxe de M. Daniel-Rops. Notons que cette confirmation a d'autant plus de poids que le texte qui la contient a été publié en 1959, sous le titre « Le Rétablissement de la Compagnie de Jésus », par la propre revue des Jésuites, « Etudes ». C'est donc dans un véritable plaidoyer « pro domo », qu'on peut lire :

« A bien des points de vue, cette reconstitution de « la Compagnie de Jésus eut une importance historique « considérable. Le Saint-Siège retrouva en elle cette « troupe fidèle, toute dévouée à sa cause, dont elle « aurait bientôt besoin. De nombreux Pères devaient « tout au long du siècle et jusqu'à nous, exercer une « influence, discrète mais profonde, sur certaines prises « de position pontificales ; une formule proverbiale « eut même cours à Rome : « Les porte-plumes du « pape sont jésuites ». Leur influence se marqua, à ce « qu'il semble, aussi bien dans le développement du « culte du Sacré-Coeur que dans la proclamation du « dogme de l'« Immaculée-Conception », dans la rédaction du « Syllabus » aussi bien que dans la définition de l'« Infaillibilité ». La « Civiltà Cattolica », « fondée par le jésuite napolitain Carlo Curci, passa « pendant la plus grande partie du pontificat de « « Pie IX... pour refléter la pensée du pape » (53).

Voilà qui est bien net. Il n'y a qu'à enregistrer cet aveu sans détours. Nous ferons seulement observer aux mânes du pieux académicien qu'en bonne logique, et à en juger par tout le contexte précédent, c'était plutôt la pensée du pape qui reflétait celle de la « Civiltà Cattolica ».

Il va sans dire que les Jésuites, tout-puissants à Rome, devaient - du fait même de l'esprit de leur Ordre - engager de plus en plus la papauté dans l'action politique internationale, comme l'écrit encore M. Louis Roguelin :

« Depuis la perte de son pouvoir temporel, l'Eglise romaine n'a négligé aucune occasion de regagner par une recrudescence d'activité diplomatique tout le terrain abandonné par contrainte, cherchant toujours le meilleur parti à tirer des conjonctures, dans le dessein savamment dissimulé de diviser pour régner ».

Selon le plan des fidèles de Loyola, le dogme de l'infaillibilité pontificale a puissamment favorisé cette action du Saint-Siège, dont on peut mesurer l'importance par le fait que la plupart des Etats ont un représentant diplomatique accrédité auprès de lui. C'est que sous couleur de dogme ou de morale, matières auxquelles se borne, en principe, la dite infaillibilité, le pape dispose aujourd'hui d'une autorité sans limites sur la conscience des fidèles.

 

Ainsi, on verra au XXe siècle le Vatican se mêler activement à la politique intérieure et extérieure des Etats, jusqu'à les gouverner grâce aux partis confessionnels. Plus encore, on le verra soutenir des hommes « providentiels », des Mussolini, des Hitler, qui forts de son appui déchaîneront les pires catastrophes.

Le vicaire du Christ ne pouvait manquer de reconnaître hautement les services de la fameuse Société, qui a si bien oeuvré en sa faveur. Ces « fils de Satan » comme ne craignent pas de les qualifier même certains ecclésiastiques, sont unanimement flétris, mais ils peuvent se glorifier, en revanche, de l'auguste satisfecit que leur accorda naguère le défunt pape, S.S. Pie XII, dont le confesseur, on le sait, était un Jésuite allemand.

 

Dans ce texte publié par « La Croix » du 9 août 1955 on peut lire : « L'Eglise ne demande pas d'auxiliaires d'un autre modèle à cette Compagnie... que les fils d'Ignace s'efforcent de suivre les traces des anciens... ». Ils n'y manquent pas, aujourd'hui comme hier, pour le plus grand mal des nations.


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