Inquisition

Sont-ils vraiment périmés aujourd'hui, les principes de l'inquisition, ces principes d'extermination des "hérétiques"? Sont ils rejetés officiellement par le Vatican parmi les erreurs d'un ténébreux passé ? Ce n'est pas si sûr.

Ouvrons, par exemple, la « Grande Apologétique » de l'abbé Jean Vieujan, oeuvre qui passerait difficilement pour moyenâgeuse, étant datée de 1937. Qu'y lisons-nous ?


« Pour accepter l'Inquisition dans son principe, il suffit d'avoir une mentalité chrétienne et c'est ce qui manque à beaucoup de chrétiens... L'Eglise n'a pas de ces timidités. »
Abbé Jean Vieujan, « Grande Apologétique » (Bloud et Gay, Paris 1937, p. 1316).

C'est clair.

Veut-on une autre référence, non moins orthodoxe et moderne ? Ecoutons le R. P. Janvier, fameux conférencier de Notre-Dame :

« L'Eglise a-t-elle au moins le droit, en vertu de son pouvoir indirect sur les choses temporelles, de faire appel aux Etats catholiques en vue d'obtenir la répression des hérétiques par des peines qui peuvent aller jusqu'à la mort ?

Et voici la réponse :

« Je le pense, messieurs : jusqu'à la mort !... Je le pense, en m'appuyant d'abord sur la pratique, puis sur l'enseignement de l'Eglise même, et je suis convaincu qu'aucun catholique ne professera l'idée contraire sans errer gravement »
R. P. Janvier, Conférence du 25 mars 1912.

Ce théologien dit l'essentiel sur : le droit que s'arroge l'Eglise romaine d'exterminer ceux qui ne pensent pas comme elle : l' « enseignement » qui oblige, la « pratique » qui légitime par tradition, et jusqu'à l' «appel aux Etats chrétiens» (Cf. Hitler, le Vatican et les jésuites).

Ce n'est pas non plus des ténèbres du moyen âge que nous parviennent ces paroles, également dénuées de toute ambiguïté :

«L'Eglise peut condamner des hérétiques à la mort, car ils n'ont de droits que par tolérance, et ces droits ne sont qu'apparents.»

L'auteur en est le général des Jésuites (de 1906 à 1915) Franz Wernz, et sa double appartenance, congréganiste et allemande, n'est pas sans donner plus de force encore à son affirmation.

Au 20e siècle également, le cardinal Lépicier, notoire prince de l'Eglise, écrit :

« Si quelqu'un fait publiquement profession d'hérésie ou cherche à pervertir les autres, soit par ses paroles, soit par son exemple, non seulement il peut, absolument parlant, être excommunié, mais il peut aussi être justement tué... »
« De stabilitate et progressu dogmatis », 1re partie, art. VI. 9. I. (« Typographia editrix romana, Romae 1908 »).
Voir aussi Sol Ferrer - Francisco Ferrer. Un Martyr au XXe siècle (Fischbacher. Paris).

Désire-t-on une caution plus haute, celle du Pape lui même ? Nous la trouvons sous la plume d'un pape moderne, à qui les cléricaux intransigeants reprochaient son « libéralisme », le Jésuite Léon XIII : - « Anathème à celui qui dirait : le Saint-Esprit ne veut pas qu'on tue l'hérétique ».

Les principes de la papauté demeurent inchangés et, entre autres, l'extermination pour la Foi reste valable dans son principe, aussi canonique aujourd'hui que par le passé. Cela n'est d'ailleurs pas sans relation avec ce qui se passa en Europe de 1939 à 1945.

L'encyclique « Quanta cura » et le « Syllabus » sont formels :

« Anathème à qui dira : chaque homme est libre d'embrasser ou de professer la religion qu'il aura réputée vraie d'après les lumières de sa raison. » (« Syllabus », article XV).

« ... Un délire : l'opinion que la liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme. » (Encyclique « Quanta cura »).

Combien y a t'il eu de victimes de l'inquisition (au sens large) depuis la mise en place de l'église catholique romaine au IVè siècle?

Les estimations varient de quelques centaines de milliers à plusieurs millions.