Hitler, le Vatican et les jésuites

Les films "Amen" et "le pianiste" ont rappelé au grand publics les relations très ambiguës entre Hitler et l'église Catholique, relations sur lesquelles l'histoire officielle répugne à revenir.
Au point que les jeunes ignorent totalement ce qui s'est donc passé à l'époque. Faisons un petit rappel historique:

Voyons d'abord comment une personnalité particulièrement "autorisée", le très catholique Franco, chevalier de l'Ordre du Christ, a confirmé la collusion vaticano-nazie. Voici, d'après "Réforme", ce que publiait la presse du dictateur espagnol, le 3 mai 1945, jour de la mort d'Hitler :

"Adolf Hitler, fils de l'Eglise catholique, est mort en défendant la Chrétienté On comprendra donc que notre plume ne trouve pas de mots pour pleurer sa mort, alors qu'elle en avait tant trouvé pour exalter sa vie. Sur ses restes mortels se dresse sa figure morale victorieuse. Avec la palme du martyre. Dieu remet à Hitler, les lauriers de la Victoire."
« Réforme », 21 juillet 1945.

Dans cet éloge funèbre du chef nazi, retentissant comme un défi aux alliés vainqueurs, on peut penser que c'est la voix même du Saint-Siège qui s'exprime sous le couvert de la presse franquiste. Autant dire un communiqué du Vatican, via Madrid.

Par ailleurs, Hitler, se disait ouvertement catholique et n'hésitait pas à reconnaître ce qu'il devait à l'église catholique, et tout particulièrement à l'ordre des jésuites. Ecoutons ce témoignage d'un ancien chef nazi:

"J'ai surtout appris de l'Ordre des Jésuites, m'a dit Hitler... Jusqu'à présent, il n'y a jamais rien eu de plus grandiose sur la terre que l'organisation hiérarchique de l'Eglise catholique. J'ai transporté directement une bonne part de cette organisation dans mon propre parti .... Je vais vous livrer un secret. Je fonde un Ordre ... Dans mes "Burgs" de l'Ordre, nous ferons croître une jeunesse devant laquelle le monde tremblera... Hitler s'arrêta et déclara qu'il ne pouvait en dire davantage..."
Hermann Rauschning, ancien chef national-socialiste du Gouvernement de Dantzig, « Hitler m'a dit » (Ed. Coopération, Paris 1939, pp. 266, 267, 273 ss.).

Un autre hitlérien de haut grade, Walter Schellenberg, ex-chef du contre-espionnage allemand, a complété après la guerre cette confidence du Führer :

"L'organisation des SS avait été constituée par Himmler suivant les principes de l'Ordre des Jésuites. Les règlements de service et les Exercices spirituels prescrits par Ignace de Loyola constituaient un modèle que Himmler chercha soigneusement à copier...
Le "Reichsführer SS" - titre de Himmler comme chef suprême des SS - devait correspondre au "Général" de l'Ordre des Jésuites et toute la structure de la direction était calquée sur l'ordre hiérarchique de l'Eglise catholique."

Walter Schellenberg, « Le Chef du contre-espionnage nazi vous parle » (Julliard, Paris 1957, pp. 23-24).

De leur côté, les meilleures plumes théologiques s'évertuaient à démontrer l'étroite parenté des deux doctrines, la catholique et la nazie. Et il va de soi que, dans cette entreprise, les jésuites étaient au premier rang. Voyons par exemple en quels termes Michaele Schmaus, théologien jésuite, présentait au public une collection d'études sur ce sujet :

"Empire et Eglise" est une série d'écrits qui doit servir à l'édification du IIIe Reich par les forces unies de l'Etat national-socialiste et du christianisme catholique... Le mouvement national-socialiste est la protestation la plus vigoureuse et la plus massive contre l'esprit des 19, et 20e siècles... Entre la foi catholique et la pensée libérale il n'y a pas de compromis possible... Rien n'est plus contraire au catholicisme qu'une conception de l'être démocratique... Le sens de nouveau éveillé de l'autorité stricte rouvre le chemin d'une nouvelle intelligence de l'autorité ecclésiastique... Sur la doctrine catholique du péché originel se fonde la méfiance envers la liberté... Les Tables de la Loi national-socialiste et celles de l'impératif catholique indiquent la même direction..."
« Begegnungen zwichen Katholischen Christentum und nazional-sozialitischer Weltanchauung », par Michaele Schmaus, professeur à la Faculté de Théologie de Munich (Aschendorf, Münster 1933).

Des citations de ce genre, on pourrait en donner par milliers. Celui qui avait si bien démontré cette concordance, "le Jésuite Michaele Schmaus", était, dix ans après la guerre, qualifié par La Croix de "grand théologien de Munich" , et élevé par Pie XII à la dignité de Prince de l'Eglise.
"La Croix", 2 septembre 1954.

Un autre, très directement informé puisqu'il fut la cheville ouvrière du pacte entre le Saint-Siège et Berlin, Franz von Papen, camérier secret et chambellan pontifical, se montrait encore plus explicite :

"Le IIIe Reich est la première puissance du monde, non seulement à reconnaître, mais à traduire dans la pratique les hauts principes de la papauté."
Robert d'Harcourt, de l'Académie française, « Franz von Papen, l'homme à tout faire... » (L'Aube, 3 octobre 1946).

Le bilan de cette pratique, est-ce donc les millions de victimes des camps de concentration ?