L’Eglise hors du camp (1).

Article de Banner Ministries. Cet article peut être consulté en anglais à l’adresse suivante :

http ://www.banner.org.uk/dev/outside.html

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale.

Nous avons rédigé cet article en pensant à tous ceux qui ont pris la décision, souvent difficile, de quitter leur église, parce qu’ils avaient de bonnes raisons de le faire. Ils se retrouvent plus ou moins isolés, mais restent fidèles à la vérité.

Mise au point préalable importante :

 

Presque chaque jour, je reçois un E-mail d’un Chrétien désespéré, qui me dit à peu près ceci : "Nous étions mal à l’aise dans notre église depuis quelque temps. Puis notre pasteur est allé à Pensacola, et il a commencé à prêcher toutes sortes de doctrines étranges. Les anciens nous ont réprimandé quand nous avons essayé de leur montrer qu’ils n’étaient plus en accord avec la Bible. Nous avons fini par quitter l’église. Certains membres de notre famille y sont restés, et nous avons été tristes de devoir les quitter. Nous sommes inquiets à leur sujet. A présent, nous n’arrivons pas à trouver une autre église à laquelle nous pourrions nous joindre. Toutes les églises de notre région ont accepté les manifestations de Toronto, ou des choses semblables. Nous ne savons que faire, ni où aller. Pouvez-vous nous aider ?"

Est-ce que cela vous rappelle quelque chose ? Connaissez-vous des Chrétiens dans cette situation ? Ici, en Angleterre, dans une petite réunion, l’orateur a demandé à ceux qui n’étaient pas actuellement dans une église traditionnelle de lever la main. Plus de 50 % des assistants ont levé la main. Dans tout notre pays, nous avons un très grand nombre de Chrétiens qui sont obligés de quitter des églises charismatiques ou pentecôtistes, et ils n’ont aucune autre église à laquelle ils peuvent se joindre.

Un déclin dans la fréquentation des églises.

Un récent sondage national a montré que 71 % des Anglais croit en "dieu." Mais deux tiers d’entre eux croient en un esprit ou un dieu impersonnel. 70 % croient en l’existence de l'âme. 58 % croient au Ciel. 68 % connaissent ou acceptent les Dix Commandements. Quand on leur a demandé s’ils fréquentaient une église, on a découvert que 40 % de la population n’entre jamais dans une église quelconque, pas même une seule fois par an !

Moins de 8 % de la population fréquente assez régulièrement une église. Mais au cours de la seule année passée, près d’un quart d’entre eux ont cessé de la fréquenter ! Il est certain que quelque chose ne va pas. Sans mettre toute la faute sur l’Eglise, pour expliquer cette désaffection, ce qui ne serait pas juste à mon avis, il faut pourtant dire que les églises traditionnelles ne répondent plus aux besoins.

Il y a aussi eu un exode des églises charismatiques et pentecôtistes, mais pour des raisons différentes. Certes, les églises du Mouvement de la Restauration continuent à grossir leurs effectifs, mais elles attirent surtout des Chrétiens qui sortent des églises traditionnelles. Ceci pourrait être une bonne chose si cela traduisait un réveil spirituel authentique. Toutefois, depuis le début de ce que l’on a appelé la "bénédiction de Toronto," en 1994, un nombre de plus en plus grand de Chrétiens ont quitté leur église parce qu’ils refusaient de s’engager dans des compromis.

Certains sont expulsés de leur église, mais d’autres choisissent de partir d’eux-mêmes, parce qu’ils ne supportent plus la séduction, l’autorité abusive, et l’absence de respect pour les saines doctrines de la Bible. En outre, les besoins spirituels de ces Chrétiens ne sont plus satisfaits.

Certains de ces exilés arrivent à trouver une autre église. Beaucoup n’en trouvent pas. Les charismatiques, en particulier, sont confrontés à des problèmes aigus pour trouver une nouvelle église. Ils sont "trop religieux" (c’est du moins ce qu’on leur dit) pour les églises de "réveil," mais "pas assez religieux" pour les églises traditionnelles non-charismatiques.

Ceux qui ont été habitués à des réunions informelles conduites par l’Esprit, et à l’exercice des dons spirituels, ne veulent pas retourner à des églises formelles et ritualistes, dont les réunions ne laissent aucune liberté à l’expression de leur amour pour Dieu. Mais ils veulent aussi éviter les excès des églises de "réveil." Finalement, ils ne vont plus nulle part, et se retrouvent en famille et avec un ou deux autres Chrétiens qui sont en communion avec eux.

C’est pour tous ceux-ci que j’écris cet article, car je suis moi-même de leur nombre.

La situation en Grande-Bretagne.

A beaucoup d’égards, la situation des Chrétiens en Grande-Bretagne est pire que dans d’autres pays, et offre moins d’occasions de trouver une bonne église. Historiquement, les services religieux se sont toujours déroulés dans des dénominations traditionnelles très compassées et souvent mortes. Nous l’avons dit, celles-ci sont en déclin très sensible. Je crois qu’elles sont, au moins en partie, sous l’effet d’un jugement de Dieu, en raison d’un œcuménisme très engagé, des compromis dus aux activités communes entre dénominations, de l’acceptation de l’homosexualité et de l'influence des doctrines libérales, sans parler du "réveil," du globalisme et des choses semblables.

Sur le plan de l’histoire de l’Eglise, les dénominations pentecôtistes n’ont jamais eu un impact majeur sur la vie religieuse en Grande-Bretagne. Les communautés indépendantes étaient pratiquement inexistantes. Ce n’est qu’à partir des années 70 que l’on a vu se développer des églises indépendantes et des groupes de maison. Mais, au fil des ans, ces églises se sont placées sous la coupe du Mouvement de la Restauration, appelé encore Mouvement de la Pluie de l’Arrière-Saison. Dans l’ensemble, les Assemblées de Dieu et les assemblées pentecôtistes Elim ont succombé à l’influence de Toronto. Il est donc rare de trouver une communauté "pentecôtiste" solide et fondée sur la saine doctrine, bien que de telles assemblées existent.

Ce que l’on voit donc le plus souvent ici, en Grande-Bretagne (et aussi, je peux l’observer, aux Etats-Unis), c’est une majorité impressionnante d’églises dans la mouvance de la Restauration, de Toronto ou de Pensacola, qui sont sur la voie de l’Eglise mondiale, et une minorité de Chrétiens de toutes les dénominations, fondés sur la Bible, qui maintiennent quelques contacts plus ou moins fréquents entre eux par lettre ou par téléphone, et qui se retrouvent occasionnellement dans des conférences proposées par une poignée d’orateurs dignes de confiance. La plupart de ces Chrétiens ne fréquentent pas d’église, mais se rencontrent en privé dans des petits groupes de maisons, ou restent simplement en famille.

Ces Chrétiens ne sont absolument pas organisés. Ils regroupent des gens de tous les niveaux spirituels. Certains sont solidement établis sur le roc de leur foi. D’autres sont très fragiles, et sont dans l’ensemble très effrayés par le fait de se trouver "hors du camp."

J’ai pu glaner un certain nombre d’observations lors de mes rencontres avec ces Chrétiens dépossédés de leur église. Voici un résumé de ce qu’ils éprouvent en général :

  1. "Est-ce que nous sommes les seuls, et est-ce que nous ne sommes pas des gens bizarres, parce que nous "n’allons pas à l’église" ?"
  2. "Est-ce que Dieu ne va pas me châtier parce que je ne vais plus à l’église ?"
  3. "Ai-je bien pris la bonne décision ? Peut-être suis-je un rebelle ?"
  4. "Je me demande si je n’ai pas péché contre les anciens de l’église où je me trouvais…"
  5. "Je me demande si je n’aurais pas dû laisser les amis que j’avais dans mon église… Ne suis-je pas égoïste ?"
  6. "Est-ce que je ne suis pas en dehors du Royaume de Dieu ?"
  7. "Est-ce que je pourrai survivre, en tant que Chrétien, si je ne suis pas membre d’une église organisée ?"
  8. "Que faire avec les enfants ?"
  9. "Comment peut-on faire pour prendre la Cène ?"
  10. "Ne devrais-je pas aller dans n’importe quelle église, juste pour être spirituellement "couvert" ?"
  11. "Qui va m’enseigner ?"

Toutes ces questions, et bien d’autres encore, viennent à l’esprit de tous ceux qui ont pris la décision de quitter une église. Il y a bien d’autres questions que celles que je viens d’évoquer, et je ne me propose pas de répondre à toutes. Seul Dieu peut donner à un Chrétien la paix et la juste compréhension de ces choses. Toutefois, si je peux indiquer le chemin, ce sera avec joie que je le ferai.

Beaucoup de ces questions trouveront une réponse déjà dans la communion fraternelle et les échanges avec ceux qui sont dans la même situation. La peine et la culpabilité sont diminuées quand on partage notre fardeau avec quelqu’un. Il y a, dans ce "petit reste," comme nous l’appelons à présent, des gens qui ont un cœur de pasteur et qui sont capables de s’occuper de ceux qui sont plus faibles. Personne ne les a "ordonnés," mais ils ont un appel de Dieu, et certains peuvent s’occuper efficacement des autres. C’est exactement comme cela que le Corps de Christ devrait fonctionner. Je crois que nous commençons à assister à un retour au modèle biblique de fonctionnement de l’Eglise.

Hors du camp.

Il est de plus en plus évident que Dieu Lui-même engage Ses enfants bien-aimés sur une voie où ils vont apprendre un nouveau type de relations avec Lui et les uns avec les autres, au sein d’une Eglise informelle et sans structures traditionnelles. C’est ce que j’appelle une Eglise "hors du camp."

La Bible dit :

"Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le souverain sacrificateur pour le péché, sont brûlés hors du camp. C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. Car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Et n’oubliez pas la bienfaisance et la libéralité, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir. Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte ; qu’il en soit ainsi, afin qu’ils le fassent avec joie, et non en gémissant, ce qui ne vous serait d’aucun avantage. Priez pour nous ; car nous croyons avoir une bonne conscience, voulant en toutes choses nous bien conduire" (Hébreux 13 :11-18).

Le fait d’être "hors du camp," pour les Juifs, était une marque d’opprobre. On mettait hors du camp ceux qui étaient excommuniés ou impurs. C’était une place de malédiction, de punition. C’était là que l’on mettait les ordures, les excréments humains, et les cadavres (Lév. 13 :45-46 et 24 :14 ; Nombres 5 :2-3, 15 :33-35 et 31 :19 ; Deut. 23 :12-13).

Comme le dit Paul, le monde nous considère comme des "balayures" et le "rebut de tous" (1 Cor. 4 :13). Il est peu probable que l'opinion du monde change d’ici au retour du Seigneur. Nous ferions donc bien de nous y habituer. Notre place est en compagnie de notre Seigneur crucifié, hors des portes de la citadelle de la religion conventionnelle.

Certains considèrent cela comme un désastre. Mais ce n’est plus le cas pour moi. Je ne considère pas le fait de ne plus appartenir à une église traditionnelle comme quelque chose de destructeur. Je le considère au contraire comme une opportunité positive, comme le moyen de retrouver certaines des perles les plus précieuses des Ecritures, qui étaient restées cachées depuis des siècles sous des couches de poussière historique !

Je crois qu’il s’agit aussi d’une action de Dieu pour protéger Son peuple de l’erreur, et pour préserver une expression authentique de la foi, en un temps d’apostasie grandissante. Vous pourriez dire que c’est cela le vrai réveil auquel nous assistons !

Nous allons vers le Tabernacle, hors du camp.

L’Exode relate un incident que je veux porter à votre attention. Pendant la longue absence de Moïse sur le Mont Sinaï, le peuple s’est fatigué d’un Dieu qu’il ne voyait pas, et voulait en avoir "plus, plus." Il voulait sentir, voir et toucher son dieu, et expérimenter l’extase de l'adoration, comme en Egypte. Les rites religieux Egyptiens finissaient souvent par des orgies sexuelles, avec consommation de drogues et usage intensif de tous les "délices" de la chair.

Vous le savez sans doute, les Israélites ont fait don de tous leurs ornements et bijoux d’or, et ils ont fondu un veau d’or. Puis ils se sont éclaté ! Quand Moïse est redescendu, il entendit le bruit que faisait le peuple, et pensa qu’il y avait une bataille. Imaginez les cris, les hurlements et les danses ! C’était une "rêve partie" religieuse ! (Exode 32 :17-18). En outre, ils étaient nus, ce qui indique clairement la nature de leur culte ! (Exode 32 :25).

Au fait, saviez-vous que ces Israélites ont eu aussi leur poudre d’or ? Oui ! Car Moïse "prit le veau qu’ils avaient fait, et le brûla au feu ; il le réduisit en poudre, répandit cette poudre à la surface de l’eau, et fit boire les enfants d’Israël" (Exode 32 :20). Ils ont dû boire cette poudre d’or ! Les partisans du "réveil" actuel feraient peut-être bien de se rappeler que la première mention de poudre d’or dans la Bible est associée au péché et au jugement de Dieu !

La première chose que fit Moïse fut d’identifier tous ceux qui voulaient se dissocier de ce culte apostat. "Moïse se plaça à la porte du camp, et dit : A moi ceux qui sont pour l’Eternel ! Et tous les enfants de Lévi s’assemblèrent auprès de lui" (verset 26).

Il rassembla donc à l’extérieur ceux qui avaient refusé ce qui se passait, ceux qui constituaient le "reste," ceux qui s’affligeaient de l’idolâtrie et de la débauche.

Puis Dieu prononça un jugement contre les autres. Près de trois mille homme périrent à cause de ce péché. Le reste du peuple fut pendant un temps sous le nuage du courroux de Dieu.

Dieu avait pourtant délivré les Israélites de l’Egypte. Il leur avait permis d’échapper à Pharaon, et avait pourvu à leurs besoins dans le désert. A présent, "l’Eternel dit à Moïse : C’est celui qui a péché contre moi que j’effacerai de mon livre" (verset 33). Comparez à Deut. 29 :18-20 et aussi à Apocalypse 3 :4-5 :

"Cependant tu as à Sardes quelques hommes qui n’ont pas souillé leurs vêtements ; ils marcheront avec moi en vêtements blancs, parce qu’ils en sont dignes. Celui qui vaincra sera revêtu ainsi de vêtements blancs ; je n’effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges."

Puis Dieu dit à Moïse : "Monte vers ce pays où coulent le lait et le miel. Mais je ne monterai point au milieu de toi, de peur que je ne te consume en chemin, car tu es un peuple au cou roide" (Exode 33 :3).

Nous lisons ensuite que le Tabernacle de Sa présence fut dressé hors du camp !

"Et l’Eternel dit à Moïse : Dis aux enfants d’Israël : Vous êtes un peuple au cou roide ; si je montais un seul instant au milieu de toi, je te consumerais. Ote maintenant tes ornements de dessus toi, et je verrai ce que je te ferai. Les enfants d’Israël se dépouillèrent de leurs ornements, en s’éloignant du mont Horeb. Moïse prit la tente et la dressa hors du camp, à quelque distance ; il l’appela tente d’assignation ; et tous ceux qui consultaient l’Eternel allaient vers la tente d’assignation, qui était hors du camp" (Exode 33 :5-7).

Je cite l’excellent commentaire que fait Matthew Henry de ce verset :

"Il s’agit d’une marque de mécontentement que Dieu leur manifeste, pour les humilier davantage : Moïse prit la tente d’assignation et la dressa hors du camp, à quelque distance (verset 7). Ceci leur signifiait qu’ils s’étaient eux-mêmes rendus indignes d’avoir la tente au milieu d’eux. Tant que la paix ne serait pas faite avec Dieu, la tente ne reviendrait pas au milieu d’eux. Dieu voulait ainsi leur faire savoir qu’Il était en désaccord avec eux. Le Seigneur ne S’approche pas des impies. C’est ainsi que la gloire de Dieu a fini par quitter le Temple, lorsqu’il a été souillé par des idoles (Ezéchiel 10 :4 et 11 :23). Quand Dieu enlève Sa tente, c’est le signe qu’Il est en colère. Car Ses ordonnances sont le fruit de Sa faveur, et des signes de Sa présence. Quand ces signes sont présents, nous avons aussi la présence du Seigneur. Bien que la tente ait été déplacée, tous ceux qui voulaient consulter le Seigneur étaient cependant accueillis avec bienveillance."

Un principe général dans les Ecritures.

Si vous aimez la Parole de Dieu, vous devez savoir qu’elle établit un principe concernant le Temple et le peuple de Dieu. Dieu établit Sa présence au milieu de Son peuple. Mais quand la majorité de celui-ci se tourne vers l’adoration de faux dieux, Dieu Se retire du milieu d’eux, ne laissant qu’un reste méprisé et abandonné, souvent persécuté et obligé d’aller dans le désert, où il reste dans l’isolement, jusqu’à ce que Dieu le relève.

Notez de quelle manière Matthew Henry mentionne le départ du Saint-Esprit du Temple de Jérusalem profané. C’était pourtant longtemps après l’histoire du veau d’or dans le désert. Mais l’idolâtrie avait encore obligé Dieu à quitter Son lieu d’habitation au milieu des hommes (Ezéchiel 10).

Même alors, un reste est demeuré fidèle. Plus tard, le Saint-Esprit est venu demeurer dans un Temple qui n’était pas fait de main d’homme (d’abord Jésus, puis Son Corps), un Temple de pierres vivantes, composé du reste d’Israël, et des Gentils qui se sont convertis (Jean 2 :19-21 ; Marc 14 :58 ; 2 Cor. 6 :16).

Nous voyons ce même principe s’appliquer aujourd’hui. Ne soyons donc pas trop surpris ni consterné par la tournure des événements.

Méprisés et rejetés par les hommes.

Ceux qui voulaient rester fidèles à la vérité, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, constituaient en général une minorité méprisée. Quand Jésus a quitté cette terre, après trois ans de ministère public, Il a laissé derrière Lui un tout petit groupe de disciples, si petit qu’ils étaient considérés comme pratiquement inexistants. On les chassait de partout, on les excluait des synagogues. Leurs amis les méprisaient, leurs familles les rejetaient, et les mettaient même à mort pour avoir osé croire ce que Jésus leur annonçait. Malgré cela, on peut assister à la victoire de l’Evangile dans le monde entier.

Dans nos pays occidentaux "christianisés," où la majorité des habitants sont supposés être "Chrétiens" ou du moins fréquenter des églises, la fidélité est l’exception et non la règle. Il ne nous reste que peu de temps à vivre.

Vous savez que la grande majorité des Israélites qui ont tenté d’atteindre la Terre promise n’y sont pas entrés. L’Ecriture nous dit ceci : "Qui furent, en effet, ceux qui se révoltèrent après l’avoir entendue, sinon tous ceux qui étaient sortis d’Egypte sous la conduite de Moïse ? Et contre qui Dieu fut-il irrité pendant quarante ans, sinon contre ceux qui péchaient, et dont les cadavres tombèrent dans le désert ?" (Hébreux 3 :16-17).

Le fait d’avoir été choisi, béni et conduit par le Seigneur n’est pas une garantie d’atteindre le but sans problèmes ! Beaucoup d’églises et de dénominations ont été suscitées par le Seigneur. Cependant, nous voyons qu’elles sont aujourd’hui "tombées dans le désert." Mais il nous faut poursuivre la route.

Ce qui est petit et insignifiant.

Dans toute la Bible, nous voyons Dieu choisir de travailler avec ce qui est petit et insignifiant, ou avec des gens qui sont plutôt "marginaux." C’est le berger David qui devint le plus grand Roi d’Israël. Joseph, l'un des petits derniers de la portée, rejeté par ses frères, est devenu un homme puissant, le second après Pharaon en Egypte. C’est lui qui a pu ensuite subvenir aux besoins de toute sa famille. Jonas est appelé prophète, en dépit de sa crainte et de sa désobéissance. L’armée de Gédéon fut réduite à un nombre si petit qu’il lui était impossible, à vue humaine, de remporter une grande victoire. Et les murailles d’une grande cité se sont écroulées aux cris d’un petit groupe de fidèles qui sonnaient de la trompette !

Remarquez aussi combien de grands hommes de la Bible ont été contraints de passer du temps dans la solitude ou l’anonymat, pour que Dieu puisse les préparer et les faire grandir. Moïse n’a connu la grandeur qu’après avoir été un proscrit en Madian. Même le jeune David a dû s’enfuir de sa ville et a été contraint de vivre comme un sauvage, errant dans les déserts avec une petite troupe de partisans qui n’étaient pour la plupart que des canailles. Jésus Lui-même, tout de suite après Son baptême, au début de Son ministère, "fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable" (Matthieu 4 :1). Nous sommes donc en bonne compagnie !

Pour revenir au premier passage que j’ai cité, il semble évident, par les exemples donnés dans toute la Bible, et surtout par celui de Jésus, qui a été "crucifié hors du camp," que les Chrétiens authentiques sont souvent considérés comme des parias par le gros de la religion organisée. C’est ainsi que Jésus a été rejeté par Son propre peuple, les Juifs.

Culpabilité et crainte.

Pour revenir plus précisément aux questions rappelées au début de cet article, je veux faire remarquer que le système religieux établi (qui inclut chez nous un grand nombre d’assemblées appartenant au Mouvement de la Restauration) prêche partout que c’est l’Eglise qui est la porte d’entrée dans le Royaume, et qu’il faut se placer sous l’autorité d’un conducteur d’église pour avoir un salut assuré !

L’Eglise Catholique Romaine a poussé ce raisonnement à l’extrême. Elle considère en effet que tous ceux qui sont hors de son système sont des "frères séparés" qui ne peuvent pas entrer dans le Ciel. Elle utilise "l’excommunication" comme punition, croyant que tous ceux à qui l’on refuse le bénéfice des sacrements de Rome ne peuvent jamais être acceptables aux yeux du Seigneur. Ils fondent cette doctrine sur leur interprétation de Matthieu 16 :18-19, lorsque Pierre reçoit les clefs du Royaume. C’est pourquoi le Pape (le successeur supposé de Pierre) est considéré comme détenteur du pouvoir et de la responsabilité d’ouvrir ou de fermer les portes du Ciel.

Même si cette attitude est poussée à l’extrême dans le Catholicisme, nous rencontrons le même type de raisonnement dans les églises Protestantes charismatiques. On le retrouve dans toutes les assemblées et sectes fortement autoritaires. La première fois que j’ai rencontré un homme qui appartenait à la Communauté Bugbrooke, mieux connue à présent sous l’appellation "Armée de Jésus," nous avons échangé quelques remarques sur la colonne de feu qui reposait sur le camp de Dieu, et qui dirigeait le peuple dans le désert.

J’utilisais le mot "camp" d’une manière générale, pour désigner la collectivité de tous les Chrétiens. Mais cet homme ne parlait que du seul camp sur lequel reposait le Saint-Esprit, c’est-à-dire de sa propre dénomination ! Il m’a expliqué que son groupe était "son Père" (comme Dieu) pour lui, et que s’il quittait ce groupe, il n’appartiendrait plus au Royaume de Dieu. C’est sans doute ce que l’on enseignait aux membres de cette secte.

Quand on enseigne dans un groupe que l’Eglise est sur le même plan que Dieu, et qu’elle est la porte du Royaume, cela encourage les dirigeants de ce groupe à menacer tous les dissidents de ce qui ressemble beaucoup à "l’excommunication" Catholique. Cela signifie qu’ils avertissent tous ceux qui s’opposent à leur domination que le fait de défier leur autorité, ou de quitter la communauté, revient en fait à défier Dieu Lui-même, et qu'ils sont déchus de la vraie foi !

On dit à ceux qui quittent l’église qu’ils se mettent eux-mêmes en dehors de toute espérance de salut. Il est clair que cela suffit à effrayer certains et à les forcer à rester !

Jésus est la Porte.

L’enseignement affirmant que l’Eglise est la porte du salut n’est pas conforme à la Bible. Car il oblige les gens à "appartenir" à une église pour être pleinement sauvés. C’est Jésus-Christ qui est la Porte (Jean 10 :9). C’est par Lui que nous entrons dans le salut et dans la vie éternelle. Nous devenons Ses disciples, et non les disciples des hommes.

Si quelqu’un devait trouver le salut en Jésus-Christ dans un endroit où il n’y a ni pasteur ni église, il serait quand même vraiment sauvé. Selon la Bible, l’Eglise est l’assemblée de tous ceux qui ont été "appelés hors du monde." L’Eglise constitue dans le monde entier le Corps vivant de tous ceux qui sont réellement convertis. Ils sont reliés les uns aux autres par des liens spirituels invisibles, et ils ont tous Jésus à leur Tête.

Il n’y a qu’un seul Corps de Christ, même s’il existe de nombreuses expressions locales de ce Corps. Dès qu’un Chrétien considère que son église particulière est la seule véritable église, il n’est plus en accord avec ce que dit la Bible. Il est toujours tentant de proclamer que notre dénomination est la seule vraie. Mais nous devons accepter de voir qu’il y a, dans toutes les dénominations, des gens qui connaissent Jésus comme leur Sauveur. C’est pourquoi le Corps invisible de Christ est composé de personnes qui appartiennent à de nombreuses races, dénominations et traditions religieuses.

Ceci étant compris, on est débarrassé de toute crainte d’être jugé par Dieu si l’on "ne va pas à l’église !" Cette question perd tout son sens. Quand les gens parlent "d’aller à l’église," ils pensent en général au fait "d’aller dans un certain bâtiment, pour assister aux réunions organisées par une certaine dénomination."

Il est bon et utile d’appartenir à une église locale. Il faut même recommander de le faire, comme principe général de la vie chrétienne. Cependant, quand vous avez compris la différence entre le fait d’appartenir à l’Eglise Corps de Christ, et le fait d’assister à une réunion dans un bâtiment, vous comprenez que Dieu n’exige pas qu’un Chrétien se joigne à une assemblée locale pour être sauvé, surtout si ce qui s’y passe risque d’être nuisible à sa foi !

Je n’ai jamais pu comprendre le raisonnement de ceux qui sont dans une église morte, ou dans une église "de réveil" qui s’est sérieusement écartée de la vérité de l’Ecriture, et qui veulent y rester, juste pour pouvoir dire qu’ils "vont à l’église." Comme si Dieu exigeait qu’ils passent une heure par semaine à marquer des points sur leur fiche de score religieuse ! Si notre église n’est pas authentique, spirituelle, et attachée à la vérité de la Bible, et si les membres de cette église ne connaissent pas réellement le Seigneur, que peut donc signifier pour nous le mot "église" ?

Dieu ne nous demande pas non plus de nous placer sous l’autorité d’un homme qui n’a jamais été appelé par Dieu, qui s’est élevé lui-même à une position d’autorité, sans aucune considération pour les autres, simplement par amour du pouvoir ou de l’argent, et qui prêche régulièrement des erreurs ! Pourtant, certains Chrétiens se forcent à s’asseoir aux pieds de tels hommes, en croyant que s’ils ne sont pas "couverts" par une autorité quelconque, ils sont hors de la volonté de Dieu.

C’est de la folie ! Je crois que si l’on agit de cette manière, cela ne peut être causé que par la crainte et des menaces. Si vous parlez à ces Chrétiens, vous voyez qu’ils savent que leur foi est en train de souffrir. Ils savent qu’on les nourrit avec du poison ! Mais, semaine après semaine, ils vont tranquillement et patiemment se soumettre à de tels hommes, simplement parce qu’ils ont peur de "ne plus aller à l’église."

Je connais une jeune femme qui est vraiment appelée par Dieu, et qui a une merveilleuse compréhension des Ecritures. Elle est active dans le Corps de Christ dans de nombreux domaines. Pourtant, malgré tout cela, elle vient chaque dimanche se mettre sous l’autorité d’un pasteur dominateur qui enseigne toutes sortes d’erreurs. Cette pauvre femme doit écouter ces enseignements anti-bibliques, et supporter de nombreuses pratiques blessantes dans son église. Elle admet volontiers que ces choses sont parfaitement abusives. Pourtant, quand on l’interroge à ce sujet, elle refuse de quitter cette église par crainte de ne plus être "couverte" spirituellement. Comme c’est triste !

Questions pratiques.

Que dit la Bible sur la "vie d’église," et sur le rassemblement des Chrétiens ? Comment peuvent-ils obéir au Seigneur dans ce domaine ?

Notez bien que je n’encourage en aucune façon les Chrétiens à ne pas se réunir, ni à abandonner le recours biblique à des anciens. Je ne veux qu’insister sur une interprétation correcte de ces choses, afin d’éviter que des Chrétiens soient contraints de rester dans un système qui leur est nuisible.

Dieu a-t-Il ordonné dans Sa Parole qu’une réunion doive se dérouler dans un certain ordre ? Dieu nous a-t-Il montré ce que nous devons faire dans une réunion "d’église" ? La Bible nous ordonne-t-elle de nous réunir une fois par semaine dans un certain local ? Cela peut vous surprendre, mais la réponse à toutes ces questions est clairement : "Non !"

La Bible (comme l’examen de la vie de l’Eglise primitive) peut nous montrer ce que nous devons faire pour entretenir la santé spirituelle des Chrétiens, mais elle ne donne aucune instruction sur la manière de conduire une réunion, ni sur la manière "d’organiser" une église.

Distinguer les commandements des traditions.

Il est bon de rappeler ici un principe de la vie chrétienne : nous devons obéir aux commandements de Dieu, mais nous sommes libres d’observer ou non les traditions et les coutumes !

Dieu nous a ordonné dans la Bible d’obéir à certaines choses nécessaires à notre vie chrétienne. Mais, tout au long de l’histoire, les hommes ont ajouté leurs propres interprétations et traditions, qui ne sont pas obligatoires. Nous ne devons donc pas accepter de nous laisser condamner pour ne pas observer les traditions des hommes. Et nous ne devons pas croire que nous désobéissons à Dieu, lorsque nous ne faisons que nous opposer à des hommes.

Vous devez savoir que le Nouveau Testament ne dit rien quant à la nature des "réunions hebdomadaires," telles que nous les connaissons aujourd’hui. L’histoire de l’Eglise n’en parle pas jusqu’au troisième siècle ! A cette époque, vous le savez, l’Empereur Constantin a légitimé le Christianisme. C’est alors que l’on a commencé à construire des édifices publics pour les services religieux.

La vie chrétienne selon la Bible.

Que dit donc la Bible en ce qui concerne les relations entre Chrétiens et le culte à rendre à Dieu ? On peut dire simplement que la Bible insiste sur la nécessité d’entretenir des relations personnelles proches et étroites. Les Chrétiens ne peuvent ni se connaître, ni s’aider, ni s’aimer dans le cadre de grandes réunions publiques.

La Bible nous demande de laisser le Saint-Esprit nous conduire et nous guider en toutes choses, y compris quand nous nous réunissons pour rendre un culte à Dieu (Jean 4 :24). Une telle spontanéité est complètement exclue, lorsqu’une réunion "d’église" est organisée jusque dans le moindre détail. Si l’on veut permettre au Saint-Esprit de tout diriger dans une grande assemblée, cela conduit souvent au désordre, alors que cela est bien plus réalisable dans un petit groupe intime. Cela devrait nous suffire à comprendre de quelle manière un culte biblique devrait se dérouler.

Dans la Bible, le fait d’aller chaque semaine dans un bâtiment pour assister à une réunion publique est l’exception et non la règle ! Noé, Abraham, Job, ni aucun autre saint de l’Ancien Testament, ne savaient ce que signifiait "aller à l’église." Pourtant, ils avaient une riche et réelle expérience de Dieu. Même lorsqu’un Tabernacle fut dressé, pour adorer Dieu d’une manière plus formelle, Dieu n’a pas organisé les réunions d’une manière rigide et formaliste. Dieu habitait au milieu de Son peuple et le dirigeait. Le Tabernacle n’était que le modèle du Temple à venir, celui qui n’a pas été construit de main d’homme.

Plus tard, lorsque le peuple fut établi en un certain endroit, Dieu leur a permis de construire une structure fixe, le Temple de Salomon. Toutefois, ce Temple n’était pas l’accomplissement final de la promesse de Dieu concernant Son habitation au milieu des hommes. Cela n’était que l’ombre des choses à venir. La Bible nous montre que Dieu attendait de manifester Sa demeure spirituelle, d’abord en la personne de Jésus-Christ, puis en Son Corps, composé de pierres vivantes (2 Samuel 7 :12-13).

Tout cela était l’ancienne alliance, l’ombre de la réalité future, avec des "ordonnances relatives au culte," et un "sanctuaire terrestre" (Hébreux 9 :1).

Le Nouveau Testament nous confirme que la seule véritable Maison de Dieu aujourd’hui est le Temple invisible et vivant du Corps de Christ (1 Pierre 2 :5). C’est cela que Dieu a toujours voulu accomplir au milieu de Son peuple, car "le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans des temples faits de main d’homme" (Actes 17 :24).

"Mais le Très-Haut n’habite pas dans ce qui est fait de main d’homme, comme dit le prophète : Le ciel est mon trône, et la terre mon marchepied. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, ou quel sera le lieu de mon repos ?" (Actes 7 :48-49).

Même s’il disposait d’un bâtiment, le peuple de Dieu, dans l’Ancien Testament, n’allait pas "à l’église, car il n’y avait qu’un seul Temple, celui de Jérusalem. Ceux qui vivaient hors de Jérusalem n’avaient, la plupart du temps, que leur maison et leur famille pour accomplir certains rites religieux.

Les Juifs devaient respecter le Sabbat. Mais, pour eux, cela ne signifiait pas qu’ils devaient se rendre en un certain lieu public pour participer à un service religieux. Dans Néhémie 13 :15-22, nous voyons que le respect du Sabbat consistait avant tout à s’abstenir de travailler et de voyager, et non à se rendre à un culte public. En fait, à cause des restrictions du Sabbat, les Juifs n’auraient même pas pu, en général, faire le déplacement nécessaire pour se rendre à un lieu de culte ! Néhémie, dans le passage cité, reproche au peuple leurs nombreuses violations du Sabbat, mais il ne mentionne jamais la violation de l’obligation de se rendre à un lieu de culte !

Les synagogues.

Plus tard, les Juifs construisirent des synagogues locales pour accueillir des services religieux publics. Est-ce à cette époque que l’on a demandé au peuple de Dieu de se réunir régulièrement ? Il est certain que des synagogues ont été établies, mais les Ecritures n’ont rien ordonné à ce sujet.

Lorsque le temple fut profané par l’idolâtrie, puis détruit, que le peuple fut dispersé et que l’Esprit de Dieu fut parti, les exilés ont durement ressenti la cessation des rites et des Fêtes. Ils ont donc construit des "mini temples" partout où ils se trouvaient, et ils prirent l’habitude se s’y réunir. Mais ces bâtiments n’avaient ni Arche de l’alliance, ni Lieu Très Saint, ni Présence de Dieu au milieu des chérubins ! Les synagogues furent des lieux de prière et d’enseignement. Mais elles ne purent jamais ramener Israël au culte spirituel véritable que Dieu avait prévu dans le Temple !

Les synagogues ont donc été utiles pour préserver l’enseignement de la Parole de Dieu et pour administrer la communauté Juive. Mais c’étaient des coquilles vides, qui n’étaient aucunement l’expression biblique de la vie spirituelle des enfants de Dieu. Comme beaucoup d’autres bâtiments religieux aujourd’hui, les synagogues ont "une apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force" (2 Tim. 3 :5).

Ceci explique pourquoi les Juifs qui avaient accepté Jésus pour leur Messie ont fini par être expulsés de leurs synagogues. Ces deux expressions de la foi étaient trop divergentes pour pouvoir continuer à coexister. Si certains Juifs convertis à Christ ont continué à fréquenter la synagogue, ce fut uniquement pour un besoin pratique d’évangélisation. Ils allaient là où les Juifs se réunissaient pour pouvoir leur annoncer l’Evangile ! (Actes 13 :14-16, 14 :1 et 18 :4).

Le Nouveau Testament ne mentionne aucun bâtiment.

A l’époque du Nouveau Testament, aucun bâtiment n’a jamais été consacré à un "culte chrétien." Ceci est un fait, qui surprend beaucoup de gens. Les Chrétiens ont été de plus en plus persécutés, et ont fini par se réunir dans des maisons, c’est-à-dire dans leurs propres maisons. Ils en faisaient un devoir d’hospitalité.

"Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui étaient sauvés" (Actes 2 :46-47).

Notez l’utilisation du mot "Eglise" dans le verset ci-dessus. Il concerne la communauté des croyants, et non une maison ni un bâtiment !

Nous le voyons aussi dans le verset suivant, qui identifie l’Eglise avec les "saints," c’est-à-dire les Chrétiens :

"A l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus-Christ, appelés à être saints, et à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre" (1 Cor. 1 :2).

Je le répète, il n’y a dans le Nouveau Testament aucune mention de l’existence de bâtiments réservés à des réunions chrétiennes régulières, ni même l’existence d’imposantes assemblées. Il est vrai que les Chrétiens se réunissaient parfois en nombre important. Mais ils se réunissaient la plupart du temps de manière informelle, en petits groupes de maisons.

"Saluez les frères qui sont à Laodicée, et Nymphas, et l’Eglise qui est dans sa maison" (Col. 4 :15).

"Les Eglises d’Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, avec l’Eglise qui est dans leur maison, vous saluent beaucoup dans le Seigneur" (1 Cor. 16 :19).

Dieu est en train de restaurer ce modèle aujourd’hui. Les Chrétiens recommencent à se réunir en petits groupes de maison informels, de manière plus ou moins régulière. Mais il leur arrive aussi de se réunir en groupes plus importants, pour des conférences ou des réunions à un niveau régional.

En réalité, le système des réunions publiques régulières, dans un bâtiment spécialement conçu à cet effet, a été copié sur le Judaïsme, avec adjonction de nombreuses pratiques païennes (comme l’estrade ou "autel des sacrifices"), mais la Parole de Dieu ne dit pratiquement rien de ces choses. Elles ont été instituées par les hommes. Ce sont des traditions des hommes et non des commandements de Dieu !

Je ne dis pas que ces choses n’ont aucune utilité, ni que les Chrétiens ne puissent pas en faire quelque bon usage. Il est certain que Dieu agit au milieu des Chrétiens partout où Il est honoré d’un cœur sincère. Mais il reste aussi certain que nous ne devons pas nous laisser lier par ces traditions humaines, dans tout ce qui touche au culte que nous devons rendre au Seigneur.

L’Ecriture nous ordonne-t-elle de nous réunir chaque semaine ?

Que dire de la pratique qui consiste à se réunir tous les dimanches, ou pendant la semaine ? La Bible l’exige-t-elle ? Offensons-nous le Seigneur si nous manquons un culte du dimanche matin ?

La Bible ne dit pratiquement rien sur les jours de réunion des Chrétiens. Je pense qu’ils devaient se réunir quand cela leur convenait, et là où ils se sentaient en sécurité. Je crois aussi qu’ils avaient été libérés de la crainte de ne pas "observer" un jour particulier "mis à part" pour le culte. Ils recherchaient plutôt à aimer, servir et adorer Dieu continuellement et à toute occasion.

"Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats : c’était l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ" (Col. 2 :16-17).

"Et nous, nous continuerons à nous appliquer à la prière et au ministère de la parole" (Actes 6 :4).

"Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom" (Héb. 13 :15).

Aux premiers temps de l’Eglise, à Jérusalem, où les premiers Chrétiens venaient de sortir du Judaïsme, on a continué sans aucun doute à observer le Sabbat. Mais il ne s’agissait pas d’une loi de Dieu imposée à l’Eglise. Les Chrétiens mêlaient sans problème la tradition avec l’ordre biblique de se réunir. Il n’y avait pas de disputes entre eux à ce sujet. Le fait de continuer à fréquenter des Juifs dans les synagogues a certainement donné aux premiers Chrétiens l’occasion de parler de Jésus à leurs amis. Plus tard, cela devint impossible.

Cependant, rien ne leur imposait de fréquenter régulièrement la synagogue. Paul se sentait parfaitement libre d’aller ou non dans une synagogue, selon les occasions qui se présentaient. Dans Galates 4 :9-10, il réprimande ceux qui continuent à s’attacher "à ces faibles et pauvres rudiments," auxquels de nouveau ils veulent s’asservir encore, ainsi que ceux qui continuent "à observer les jours, les mois, les temps et les années !" (Galates 4 :9-10). Ces "faibles et pauvres rudiments" sont pour Paul des traditions religieuses sans puissance, qui ne peuvent nous faire aucun bien.

Et le dimanche ?

Il nous est difficile de comprendre qu’au début de l’Eglise, le dimanche n’était nullement un jour de repos, ni un jour consacré à des activités religieuses. Le monde païen ne connaissait pas le repos hebdomadaire. Il ne connaissait que les jours consacrés aux fêtes païennes. Dimanche, étymologiquement, était "le jour du soleil." C’était un jour comme les autres.

On prétend souvent que les premiers Chrétiens se réunissaient le "premier jour de la semaine," c’est-à-dire le dimanche. Pour les Juifs, le dimanche était le premier jour de travail de la semaine, comme notre lundi actuel.

Dans Actes 2 :1, le jour de la Pentecôte, nous voyons les Chrétiens réunis en un seul lieu pour louer le Seigneur. Il s’agissait bien d’un dimanche, mais uniquement parce que la Fête de la Pentecôte tombait un dimanche.

Actes 20 :7 mentionne aussi le premier jour de la semaine, mais sans mentionner qu’il s’agit d’une réunion régulière ce jour-là. Dans 1 Cor. 16 :1-2, Paul conseille aux Chrétiens de mettre à part une certaine somme d’argent "le premier jour de la semaine." Il s’agit là simplement d’une mesure pratique. Dans tout le Nouveau Testament, aucune référence précise ne nous aide à décider quel jour les Chrétiens doivent se réunir pour leur culte ! La seule référence au "jour du Seigneur," dans Apocalypse 1 :10, semble se rapporter au "Jour" eschatologique du Seigneur, et non au dimanche.

Le tombeau vide.

Pour justifier le fait que les Chrétiens doivent se réunir le dimanche, on invoque souvent le fait que c’était le jour de la résurrection de Jésus.

Cependant, les disciples et ceux qui se sont rendus au tombeau de Christ ont fait une expérience différente. Quand les femmes sont allées au tombeau après la fin du Sabbat, elles s’y sont rendues de très bonne heure, avant l’aube. Quand elles sont arrivées, elles ont constaté que le Seigneur était déjà ressuscité. Le tombeau était vide (Matthieu 28 :1-6 et Marc 16 :1-6).

Pour un certain nombre de raisons trop longues à développer ici, je crois que Jésus est ressuscité peu après le coucher du soleil, le samedi soir, et pas au lever du soleil le lendemain matin. Les premiers Chrétiens ne considéraient donc nullement que le dimanche comportait un caractère sacré particulier.

La discussion est toutefois ouverte pour savoir si les premiers Chrétiens considéraient tel jour de la semaine comme particulièrement spécial ou sacré, ou réservé au culte.

L’histoire nous prouve que le dimanche n’est devenu un jour de culte "chrétien," légalisé, qu’au cours du quatrième siècle après Jésus-Christ. Nous savons que ce jour a été choisi en grande partie pour honorer le "dieu-soleil." Ce choix n’a certainement pas été motivé par des raisons bibliques. C’est un fait historique que le dimanche n’est devenu un "jour sacré" qu’au moment où l’Eglise s’était écartée de sa pureté originelle, et avait commencé à glisser sur la pente descendante du ritualisme.

"N’abandonnez pas vos assemblées."

Le verset le plus souvent utilisé pour condamner ceux qui ont choisi de se réunir "hors du camp" est le suivant :

"N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns ; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour" (Hébreux 10 :25).

Ce verset semble nous commander de nous réunir régulièrement "à l’église." Mais étudions-le de plus près. Le texte grec dit exactement : "N’abandonnons pas le fait de nous réunir." Ce verset nous montre donc que les premiers Chrétiens se réunissaient. En revanche, il ne nous indique absolument pas :

Pourquoi donc invoquer ce verset pour en faire un commandement "d’aller à l’église" ? Ce mot n’indique rien d’autre que le fait de se réunir. Il ne parle pas du fait d’aller dans une église le dimanche matin !

Il est certain que nous devons nous réunir avec d’autres Chrétiens. Et je crois que ceux qui font partie du "reste" désirent obéir à ce verset de l’Ecriture. Pourquoi donc recherchent-ils aussi désespérément la communion fraternelle ?

S’il était vrai que ceux qui appartiennent au "reste," à l’Eglise "hors du camp," voulaient désobéir au Seigneur et refuser de se réunir, ils se contenteraient de jouer à des jeux vidéo ou d’aller à la plage, au lieu de désirer désespérément la communion fraternelle ! Je crois au contraire que ce sont ces Chrétiens qui désirent le plus se réunir ! Non, ce n’est pas le désir qui leur manque, mais l’occasion, la plupart du temps.

Est-ce que "le fait de se rassembler" implique le choix d’un jour régulier dans la semaine ? Est-ce que le fait de manquer l’une de ces réunions signifie que l’on est en train de "rétrograder" ? Dans 1 Cor. 14 :23, Paul dit : "Si donc, dans une assemblée de l’Eglise entière…" Il dit "si" et non "quand." Je crois que l’emploi de ce terme par Paul indique que ces rassemblements de "l’Eglise entière" n’étaient pas nécessairement les rassemblements les plus fréquents.

Quoi qu’il en soit, la Bible ne nous commande pas de "nous réunir" un jour spécial, ni même régulièrement. Nous devons simplement rester en contact étroit avec les autres Chrétiens véritables (même si nous ne sommes que deux ou trois), afin d’établir des relations significatives avec eux, de prier les uns pour les autres, de nous entraider concrètement, de faire tout ce qui peut contribuer à l’édification de la foi, comme étudier ensemble la Bible, prier, et louer le Seigneur. Même ceux qui sont complètement isolés, qui ne sont pas soutenus par leur famille, peuvent bénéficier de cette communion fraternelle plus ou moins régulière, par téléphone, par lettre ou E-mail, ou par des visites occasionnelles.

Bien que cela ne soit pas l’idéal, cela permet quand même de nous "réunir" comme nous le demande la Bible. Nous ne devons pas accepter de nous laisser intimider ou condamner par ceux qui nous jettent ce verset d’Hébreux à la figure, alors que nous ne faisons que lutter pour la vérité. Ce que Dieu nous commande, en réalité, ce n’est pas de suivre aveuglément des traditions d’église, mais de refuser de faire des compromis avec l’erreur doctrinale, et c’est d’obéir à l’esprit et non la lettre de la Parole.

Dieu nous commande-t-Il de continuer à fréquenter une église qui persévère dans l'erreur ?

On donne souvent l'impression (et certains pasteurs insistent là-dessus dans leurs prédications) que les Chrétiens devraient fréquenter une église locale, sans se préoccuper de ce qui s'y passe, simplement pour obéir à la Bible.

Mais vous devez savoir à quel point Dieu hait les rassemblements où l'on ne recherche pas vraiment à Lui obéir du fond du cœur. Cela s'applique aussi aux réunions où l'on contredit la Parole de Dieu, et celles où les Chrétiens se font plaisir, au lieu de rendre un culte véritable au Seigneur.

"Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de souiller mes parvis ? Cessez d'apporter de vaines offrandes : J'ai en horreur l'encens, les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ; je ne puis voir le crime s'associer aux solennités. Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes ; elles me sont à charge ; je suis las de les supporter. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux ; quand vous multipliez les prières, je n'écoute pas : vos mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions ; cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, protégez l'opprimé ; faites droit à l'orphelin, défendez la veuve" (Esaïe 1 :12-17).

"Et les pharisiens et les scribes lui demandèrent : Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens, mais prennent-ils leurs repas avec des mains impures ? Jésus leur répondit : Hypocrites, Esaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu'il est écrit : Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C'est en vain qu'ils m'honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d'hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore : vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition" (Marc 7 :5-9).

L'Eglise "organisée."

Beaucoup semblent penser que si l'on ne se trouve pas dans une "église organisée," on est condamné au désordre.

Un culte organisé a certainement sa place, et peut être édifiant. Mais il tend à s'engager dans le ritualisme. Même si une activité commence de manière spirituelle, elle perd sa signification quand elle devient une réponse conditionnée.

Je me rappelle le début du renouveau, dans les années 70, ou même le fait de frapper des mains et de les lever était une nouveauté. C'était parfois quelque chose qui choquait dans les églises ! Toutefois, ce qui était au début un mouvement spontané de joie et de louange est devenu une "tradition" charismatique. Beaucoup ont commencé à lever les mains en chantant des cantiques, simplement parce qu'il "fallait le faire" ! On avait perdu la direction de l'Esprit pour entrer dans quelque chose d'organisé.

Presque toutes les réunions, même dans les églises charismatiques, sont devenues des réunions où l'on sait d'avance ce qui va se passer. Cela encourage la paresse. Si une ou deux personnes ont la responsabilité de "conduire la louange" pour le compte de centaines de participants, non seulement cela place sur eux une lourde responsabilité, mais cela encourage tous les autres à éviter d'exercer leur initiative.

C'est ainsi que des milliers de Chrétiens ont fini par croire qu'ils sont parvenus au sommet de la spiritualité, alors qu'ils sont en fait complètement dépendants de quelqu'un d'autre. S'il se passait une crise soudaine, ils se retrouveraient incapables de prier, se rendraient compte qu'ils ignorent presque tout des Ecritures, et verraient qu'ils ne sont pas en contact personnel avec Dieu.

Je crois que Dieu préfère entendre la prière hésitante d'un croyant immature, mais qui participe lui-même à la réunion, plutôt qu'un flot de prières éloquentes mais mécaniques. Il vaut mieux s'écrier simplement  : "Jésus, Jésus !" avec un cœur rempli de louange, que réciter mille paroles qui n'ont aucune vie spirituelle.

Est-ce que cela signifie que ceux qui sont "hors du camp" rejettent toute forme d'ordre ou d'organisation ? Certainement pas ! Nous ne devons pas tomber dans l'anarchie et le désordre. Nous devons nous efforcer de conserver un équilibre entre la liberté absolue et le désordre.

Si nous éprouvons un véritable respect pour Dieu, spécialement dans des petits groupes, nous n'aurons sans doute jamais besoin d'organisation. Mais si nous sommes dans un grand groupe, avec des enfants, des non-convertis, des Chrétiens immatures ou qui ont tendance à être dominateurs, il faut sans doute que ceux qui ont reçu de Dieu la compétence nécessaire surveillent ce qui se passe, pour guider l'assemblée dans la bonne direction. Cela ne signifie pas qu'il nous faut choisir quelqu'un qui va tout faire à lui tout seul, ce qui reviendrait à tomber dans l'erreur opposée.

La question de l'organisation.

Le fait de se trouver en dehors d'une église organisée ne signifie pas qu'il faille rejeter toute forme d'organisation. Nous encourageons les rassemblements informels, mais nous ne sommes pas les avocats d'un désordre complet !

D'un côté, il nous faut éviter le formalisme excessif. Il ne faut pas forcer tout le monde à entrer dans une structure rigide, par crainte des silences pensants ou des interruptions intempestives. D'un autre côté, il ne faut pas tomber dans un excès de "spiritualité," et finir comme dans une réunion de Quakers, où toute l'assemblée reste silencieuse, attendant la "conduite de l'Esprit," dans la crainte de prononcer la moindre parole qui ne serait pas une Parole de Dieu !

L'organisation et la planification, en elles-mêmes, ne sont pas des péchés cardinaux. Certaines choses ne se passeraient jamais s'il n'y avait pas une certaine organisation pour qu'elles se produisent. Par ailleurs, si l'on veut suivre la direction du Seigneur dans un culte, nous devons veiller à ne pas troubler ce que le Seigneur a prévu pour cette réunion, parce que cela ne correspondrait pas à notre programme. Je le répète, tout est une question d'équilibre.

Dans une assemblée, le principal problème, ce sont les gens eux-mêmes ! Il y a tant de personnalités différentes, tant de degrés différents de croissance spirituelle ! Il faut un pasteur compétent pour conduire toutes ces brebis dans leurs pâturages !

Dans l'exercice de votre nouvelle liberté, vous rencontrerez sans doute certains obstacles. Ils seront causés par deux types de participants en général :

Les premiers sont trop timides, au point de s'exclure, et de prétendre qu'ils ne sont capables de rien. Ils tendent à "pomper" les autres et à demander constamment de l'aide. Si vous ne veillez pas, vous verrez que ces Chrétiens finiront par accaparer toute l'attention, sans jamais rien donner eux-mêmes. Vous devez insister pour les faire sortir de leur coquille. Encouragez-les à lire publiquement un passage de la Bible ou à faire une courte prière.

Les seconds sont en général arrogants, et pensent qu'ils ont reçu un appel de Dieu pour diriger le groupe. Ils sautent sur toute occasion de se mettre en avant. Mais vous devez veiller à constamment expliquer que l'Eglise doit fonctionner comme un Corps, afin que chacun sente qu'il a une place à occuper et un rôle à jouer. Le problème ne se présente que si vous laissez les dominateurs prendre le dessus. J'ai vu que les dominateurs finissent souvent par quitter le groupe après quelque temps, quand ils voient qu'on ne les laisse pas faire.

La motivation des "activités."

Certains craignent de ne pas pouvoir survivre s'ils ne sont pas dans une église conventionnelle. Car elle leur propose en général toutes sortes d'activités sociales, ainsi qu'un ensemble bien ficelé de réunions d'enseignement, de prière, de cultes et d'études bibliques. Certains croient que sans la motivation procurée par toutes ces activités, ils ne parviendront pas à mener une vie chrétienne normale.

Mais notre vie chrétienne ne doit pas être motivée par les autres. Jésus a appelé des hommes et des femmes à être Ses disciples, non les disciples des dirigeants d'églises. Nous avons choisi d'être aux pieds de Jésus, en esprit, et non aux pieds des docteurs et des prédicateurs éloquents. Si vous vous considérez comme disciple d'une église ou d'une dénomination, plus que disciple de Jésus-Christ, vous êtes sur une mauvaise voie. Si vous avez l'impression d'appartenir à une dénomination, plus qu'à Jésus-Christ, vous ne faites que préparer votre chute.

Si un Chrétien ne peut survivre sans les motivations que lui fournissent les autres, il a désespérément besoin de mûrir et de développer certaines qualités spirituelles d'indépendance. A l'époque où nous vivons, tous ceux qui dépendent des autres éprouveront un choc terrible quand la persécution et les troubles viendront. Même sans la persécution, le Chrétien sage est celui qui sait se tenir debout sur ses propres pieds spirituels, qui est capable de consulter Dieu lui-même pour être secouru ou guidé, qui sait comment prier, et qui entretient une bonne relation personnelle avec Dieu.

C'est justement le caractère informel des petits groupes de Chrétiens qui encourage le développement d'une vie spirituelle autonome. Cette autonomie doit cependant être toujours tempérée par un réel respect des autres et par l'amour du prochain, car nous dépendons tous les uns des autres. Dans la Bible, le Corps de Christ est représenté comme un ensemble composite de membres égaux, chacun ayant un rôle à jouer. Certains ont un rôle plus important que d'autres, mais tous sont dépendants les uns des autres, pour le bien de tout le corps.

Le Corps.

Dans notre corps physique, chaque organe et chaque membre jouent un rôle unique. Mais tous sont dépendants les uns des autres. Nous savons comment un trouble d'estomac peut affecter tous nos organes, au point que tout le corps devient malade. De même, dans le Corps de Christ, l'Eglise, chaque membre doit être encouragé à trouver sa place et son rôle particuliers, pour fonctionner parfaitement en tant que membre particulier du Corps, autonome, mais dépendant de tous les autres membres.

C'est l'une des raisons pour lesquelles nous considérons ces petites cellules de maison comme un signe positif de la croissance de l'Eglise aujourd'hui. Dieu doit sans doute être en train de former et d'équiper Son peuple, afin de passer par la persécution qui vient.

Dans presque tous les pays où a éclaté une persécution, les Chrétiens ont dû se replier dans des petits groupes discrets, abrités dans leurs maisons. Ceux qui ne pouvaient fonctionner que dans des églises traditionnelles organisées ont eu beaucoup de mal à survivre. Mais ceux que Dieu avait déjà appelés et formés auparavant étaient prêts à offrir un sanctuaire et un refuge à ceux qui étaient persécutés.

Dieu a alors suscité des responsables au milieu de Son peuple. Car la plupart des pasteurs "ordonnés" qui étaient à la tête d'églises organisées ont été emprisonnés ou mis à mort. Quand le temps est venu, certains étaient donc déjà prêts à accueillir ceux qui avaient besoin de secours et de conseil. Il y avait ainsi tout un réseau prêt à offrir une aide pratique, pour abriter les veuves, donner une aide financière aux pauvres, et s'occuper des malades.

Le mouvement actuel de développement des églises de maison dans nos nations occidentales peut très bien être le moyen choisi par Dieu pour notre temps. Nous ferions donc bien de ne "pas mépriser le jour des faibles commencements" (Zacharie 4 :10).

Direction de l'Eglise et exercice de l'autorité.

Le fait d'être hors du camp ne signifie pas que nous ne devions plus avoir aucune structure d'autorité, ni que nous n'avons plus besoin d'anciens. La Bible indique que les anciens sont une partie vitale de l'Eglise chrétienne. Cependant, je ne veux pas dire que tous les Chrétiens doivent se placer sous l'autorité d'un pasteur patenté et ordonné, sous prétexte d'être "couverts spirituellement," comme s'il y avait quelque chose de magique au fait d'avoir quelqu'un au-dessus de vous, pour vous diriger dans la foi. Ceci est un relent du passé, lorsqu'il y avait une prêtrise, et que les croyants ne pouvaient pas s'adresser directement à Dieu, ni entendre Sa voix. Ils étaient donc obligés d'aller consulter les Prophètes ou les Sacrificateurs du Temple pour tous leurs besoins religieux.

La plupart d'entre vous le savent déjà, nous avons été libérés de la nécessité de suivre les enseignements d'un prêtre ou d'un "père spirituel" (quel que soit le nom que vous lui donnez). La foi chrétienne est unique, en ce qu'elle permet à chaque Chrétien d'avoir un contact direct, libre et sans restrictions avec Dieu.

Jésus appelait Dieu Son Père. Les Juifs trouvaient cela très choquant et rejetaient cette manière de parler. Nous, Chrétiens, pensons que cela va de soi, mais nous ne saisissons pas toujours le sens de cette expression. Nous ne sommes pas liés par des lois. Nous ne sommes pas sous la coupe d'un Maître autoritaire. Mais nous avons une relation de famille avec notre Père Céleste. Nous Lui devons respect, obéissance et honneur. Nous ne Lui obéissons pas par devoir, mais parce que nous L'aimons, et parce qu'Il nous aime !

Il ne faut pas risquer d'endommager cette relation, en nous plaçant d'une manière excessive sous l'autorité des anciens et des hommes. Trop de Chrétiens se soumettent exagérément à des responsables et à des pasteurs, au point qu'ils sont incapables de réfléchir par eux-mêmes, et qu'ils ne peuvent plus rien faire sans être "guidés" par quelqu'un. C'est le meilleur moyen d'aller à un désastre, surtout dans ces derniers jours, où nous sommes tous attaqués par des esprits séducteurs avides de nous détourner de la vérité.

Le système ecclésiastique classique a mis au point ses propres moyens de nommer des anciens. Mais ces moyens reflètent des traditions séculaires. Toutefois, lorsque nous sommes "hors du camp," nous n'avons plus besoin de lire les petites annonces dans les journaux chrétiens pour chercher un pasteur "ordonné," qui va venir de l'autre bout du pays pour nous "diriger." Nous n'avons pas besoin de nommer un inconnu venant de loin pour être notre berger, mais nous prions Dieu qu'Il fasse lever des anciens dans le Corps local, et nous nous attendons à ce qu'Il le fasse.

Nous ne faisons pas non plus une distinction artificielle et non-biblique entre le "clergé" et les "laïcs," distinction grâce à laquelle un petit groupe d'hommes domine sur la majorité.

Dans tout le Nouveau Testament, nous voyons que les anciens étaient nommés au milieu de la communauté des Chrétiens, après que Dieu leur ait laissé un certain temps pour mûrir. Ils n'étaient pas recherchés en dehors de la ville. Toutefois, ces anciens ne devenaient pas célèbres. Ils n'exerçaient pas d'importants ministères internationaux, avec toutes sortes de diplômes affichés sur les murs de leurs bureaux, et un agenda pour prendre leurs rendez-vous avec tous les membres de l'église.

En fait, environ 20 ans après la Pentecôte, Paul décrit les anciens (y compris des personnages comme Pierre, Jacques et Jean) comme "ceux qui sont regardés comme des colonnes" (Galates 2 :1-9). L'Eglise ne semblait donc pas dirigée par un "gouvernement ecclésiastique" bien établi, après plus de deux décennies de Christianisme !

Différents ministères.

Les dirigeants n'étaient pas des hommes "bien en vue." Ils faisaient partie du peuple de Dieu. Les anciens se considéraient comme des membres du Corps, et non comme des personnages importants qui tenaient les rênes du gouvernement de l'Eglise ! Il est intéressant de voir les différents termes employés pour désigner les anciens et leurs assistants, dans le Nouveau Testament. Ils nous donnent une impression très différente des conceptions modernes :

Chacun de ces mots désigne la fonction de celui qui rend un service, et non de celui qui domine sur les autres ! La tâche des anciens est expliquée dans 1 Pierre 5 :1-7. Il doit "paître le troupeau" (voir aussi Actes 20 :28) et le "surveiller" comme un berger surveille son troupeau. Il doit accomplir son ministère "sans contrainte" et sans "dominer" sur le troupeau, mais en étant son modèle. Puis Pierre poursuit :

"De même, vous qui êtes jeunes, soyez soumis aux anciens. Et tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d'humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'il vous élève au temps convenable ; et déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous" (1 Pierre 5 : 5-8).

L'ordination.

Comment sont nommés les anciens ? Dieu désignera ceux qui sont capables et doués pour être des anciens, car Il veut prendre soin de Son peuple. Le mot "ordination" n'existe pas dans la Bible. Il désigne le fait de reconnaître ceux qui sont passés dans un Institut biblique ou une Faculté de Théologie. En réalité, la Bible parle simplement "d'établir" quelqu'un dans une certaine tâche (Hébreux 8 :3).

Nous avons besoins de bergers remplis de sagesse et d'amour, pour empêcher les brebis de s'égarer, et pour les protéger des loups. Les anciens qui ont un appel de pasteur commencent toujours par exercer leur ministère localement, même à un faible degré, et nous savons instinctivement qui est appelé pour être "ancien" dans un groupe. Ne croyez pas que ce seront toujours ceux qui ont le plus d'expérience ou ceux qui sont les plus sociables dans le groupe ! Rappelez-vous comment Dieu a choisi David pour être Roi d'Israël !

Un ancien, par conséquent, ne devrait pas dresser des obstacles devant les brebis. Il ne doit pas être autoritaire. Jésus l'a ordonné ainsi, dans Marc 10 :42-44. Toutefois, quand Dieu suscite des anciens dans une assemblée, quelle que soit sa taille, Il attend que tous les respectent et suivent leurs décisions.

"Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte ; qu'il en soit ainsi, afin qu'ils le fassent avec joie, et non en gémissant, ce qui ne vous serait d'aucun avantage" (Hébreux 13 :17).

Les Chrétiens qui ont de la sagesse reconnaîtront et respecteront les anciens que Dieu leur a donnés, mais ne deviendront pas leurs esclaves en toutes choses. La Bible permet de ne pas être d'accord avec un ancien, pour autant que l'on puisse lui montrer qu'il s'est écarté de l'Ecriture, ou qu'il n'est plus animé par la sagesse de Dieu. Mais dans la vie quotidienne normale de l'assemblée ou du groupe, nous pouvons considérer les décisions d'un ancien comme l'action d'une main bienveillante sur un gouvernail, sachant qu'il se soucie du bien de tous.

Le rôle des anciens dans les réunions.

Nous nous trompons si nous pensons que les anciens doivent diriger et prendre en charge toutes les réunions. La Bible demande à chaque Chrétien de participer aux réunion ou au culte. Il ne s'agit pas de laisser les anciens tout faire ! Certes, ils doivent surveiller la bonne marche de la réunion, et intervenir parfois pour redresser ce qui dévie. Mais nous ne voyons jamais dans la Bible les anciens diriger toutes les réunions et imposer leurs enseignements, leurs prières, le choix des cantiques, ou prendre l'initiative de tout ce qui peut se passer au cours d'une réunion.

Le ministère de chaque membre.

Les réunions qui sont les plus profitables, en matière de croissance et de vie spirituelle du troupeau, sont celles où les anciens ne se mettent pas en avant, et encouragent les autres à prendre une part active à la réunion.

Tous ne voudront pas intervenir, certains peuvent se sentir trop timides ou penser qu'ils manquent de connaissances bibliques essentielles. Toutefois, chaque Chrétien doit grandir dans la fonction qu'il doit occuper dans l'Eglise et dans les dons qu'il doit exercer. Accepter que quelqu'un reste passif est un échec pour tous, en particulier pour les anciens, qui devraient encourager activement chacun à participer à la réunion ou à la louange.


Les anciens devraient encourager avec douceur les membres du groupe à prier, à lire un passage de l'Ecriture, à partager une pensée, à jouer un instrument, à chanter, ou à faire tout ce qui pourrait édifier les autres. Chacun a toujours quelque chose à donner, une contribution à apporter, quelle que soit son ancienneté dans le Seigneur !

En revanche, il est nécessaire que les anciens interviennent si la réunion commence à dérailler sérieusement, que ce soit dans l'erreur ou dans la confusion. Il faut que tous sachent que les anciens sont là pour reprendre les dominateurs, pour corriger les comportements non conformes à la Bible, ou pour encourager les faibles. Mais ils ne doivent pas tout prendre en mains ! Il n'est même pas nécessaire que ce soient les anciens qui apportent toujours l'enseignement.

Les anciens qui sont sages savent laisser leur place aux membres du groupe qui ont reçu une parole du Seigneur et qui veulent la partager. Ils sont sensibles à la conduite du Saint-Esprit. S'ils sentent que le Saint-Esprit veut dire ou faire quelque chose, ils doivent Lui donner l'occasion de le faire, en Le laissant utiliser la personne de Son choix. Et ce ne sont pas toujours les anciens reconnus qui sont choisis !

"Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent ; et si un autre qui est assis a une révélation, que le premier se taise. Car vous pouvez tous prophétiser successivement, afin que tous soient instruits et que tous soient exhortés. Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes ; car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix" (1 Cor. 14 :29-33).

Ce verset parle des prophéties, mais il peut aussi s'appliquer à d'autres situations. Remarquez que Paul dit que "les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes." En d'autres termes, les Chrétiens ne sont pas "saisis" de force par le Saint-Esprit. Celui-ci ne contraint jamais personne à parler, à prophétiser ou à prononcer une parole, ni à faire quoi que ce soit dans une réunion.

Nous devons être très sensibles à tout ce qui se passe dans la réunion. Si quelqu'un a reçu une révélation ou une parole, au moment où vous vous prépariez à ouvrir votre bouche pour parler, restez tranquille, et attendez une autre occasion. Si tous veulent parler en même temps, cela ne peut conduire qu'au désordre et à la confusion, ce qui ne serait pas du Saint-Esprit !

 

(Suite à la deuxième partie).