A421. Voyage en Israël.

Article de Parole de Vie.

Reproduction autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.

 

Du 25 au 29 septembre 2006, Henri Viaud-Murat a participé à une délégation nationale Française de responsables d'églises et de mouvements évangéliques, invités en Israël par le Ministère Israélien du Tourisme. Voici son compte-rendu.

Ce voyage était conçu et organisé par Fabienne Petit, directrice d'Antipodes-Evénements, voyagiste chrétien, avec le concours de la Compagnie El Al et le partenariat du Ministère du Tourisme de l'Etat d'Israël. Après avoir présenté les objectifs de ce voyage, je décrirai son déroulement, avec mes commentaires ressentis sur le vif. Je ferai ensuite une synthèse des impressions de notre voyage, avant d'aborder brièvement certains problèmes de fond et de faire quelques propositions.

Les objectifs principaux de ce voyage étaient les suivants :

Déroulement du voyage :

Lundi 25 septembre :

Nous sommes accueillis à Roissy-Charles-de-Gaulle par Fabienne Petit, par Albert Benamou, Directeur de l'Office du Tourisme d'Israël, venu spécialement nous souhaiter la bienvenue, par Déborah, une jeune et charmante déléguée de la compagnie El A1, et par Nicolas, un jeune représentant de l'Office du Tourisme Israélien de Paris, qui dépend du Ministère du Tourisme d'Israël. Fabienne, Déborah et Nicolas doivent nous accompagner tout au long de notre périple.

La délégation proprement dite comprend 31 pasteurs et responsables de fédérations ou groupements d'églises et d'œuvres chrétiennes, et 7 journalistes ou responsables de sites Internet chrétiens. L'un de ces journalistes était le directeur d'une publication non-chrétienne, qui s'était joint à notre groupe pour couvrir ce déplacement et faire un reportage sur Israël.

Après quatre heures trente de voyage confortable et sans histoire, nous sommes accueillis à l'aéroport Ben Gourion par Raphy Dekel, notre guide officiel, une personnalité haute en couleurs et un vrai puits de science pour tout ce qui concerne Israël et son histoire. Je suis étonné de voir la pluie tomber à notre sortie de l'aéroport. Raphy nous dit que c'est un signe de bénédiction, car la pluie est rare en cette saison ! Nous partons aussitôt pour la Basse Galilée, pour être hébergés au Kibboutz Lavi ("Lionne" en hébreu).

Mardi 26 septembre :

Nous commençons la journée par une visite rapide du Kibboutz, guidés par David, originaire de Voiron, près de Grenoble, installé au kibboutz depuis une trentaine d'années.

Il reste en Israël 273 Kibboutzim, regroupant 120.000 personnes, soit 2% de la population. La plupart ont été créés pour des besoins stratégiques. Ils assurent encore 40% de la production agricole du pays, mais ont dû se diversifier pour survivre et se développer.

Le Kibboutz Lavi regroupe, sur 600 hectares, 165 familles, comprenant 300 enfants et jeunes. Chaque famille dispose de sa maison et d'un bout de terrain. Les enfants couchent à présent avec leurs parents, mais sont pris en charge sur place dès le berceau, depuis la crèche et l'école maternelle, jusqu'à l'école primaire et le collège, ce dernier faisant aussi office de collège régional. Plus tard, le kibboutz prend entièrement à son compte les frais d'études universitaires de ses jeunes qui sont choisis pour poursuivre des études supérieures. Un quart seulement des jeunes décident ensuite de rester travailler au kibboutz. Un nombre important de membres du kibboutz travaillent aussi à l'extérieur, jusqu'à Tel-Aviv.

L'activité agricole est très importante : cultures diversifiées (agrumes, fruits divers, blé, maïs, sésame, légumes, melon, coton, foin…), un poulailler qui livre sur le marché 900.000 volailles par an, 1.000 veaux et bœufs pour la viande, un millier de vaches laitières qui produisent un record de 3 millions de litres de lait par an. Le personnel du kibboutz ne suffit pas, et l'on a recours à la main-d'œuvre arabe des environs. L'agriculture est hautement informatisée et consommatrice de haute technologie. Toutes sortes de capteurs reliés à des ordinateurs calculent la durée et la fréquence des arrosages, ainsi que la qualité et la quantité de la nourriture à distribuer à chaque animal.

Le kibboutz a construit un magnifique hôtel quatre étoiles de 176 chambres et suites, dotées de tout le confort. Le Kibboutz Lavi est l'un des 18 Kibboutzim religieux d'Israël, et organise toutes sortes d'événements dans ce domaine : cérémonies, conférences, congrès, réceptions et festivités, dans une atmosphère traditionnelle.

L'essentiel des revenus du kibboutz provient cependant de la menuiserie industrielle spécialisée dans la fabrication de meubles religieux, pour les synagogues du monde entier : bancs, sièges, pupitres et meubles divers. Là encore, tout y est informatisé. Les machines découpent, gravent et laquent les planches de bouleau importées de l'ancienne Yougoslavie. Des menuisiers du kibboutz accompagnent les livraisons dans le monde entier, pour les monter sur place.

Je sens que David, notre guide, est très fier de son kibboutz. Il faut l'interrompre dans les explications qu'il nous donne dans une salle de réunion, face à la belle synagogue, car Raphy et le bus nous attendent. Si l'idéal original des kibboutzim n'est plus le même qu'à leur début, et si l'égalité ne fait plus recette, le concept de la vie en collectivité reste très fort. Pour survivre, les kibboutzim ont dû effectuer une réévaluation radicale de leur concept original.

Nous partons ensuite sur les pas de Jésus en Galilée : le Mont des Béatitudes, Capernaüm, et le Kibboutz Ginossar, où se trouve exposée une barque retrouvée récemment dans la vase du lac de Tibériade, et datant de l'époque du Seigneur. A Capernaüm, les fouilles ont dégagé les restes d'une très ancienne "maison de prière," construite très probablement à l'emplacement de la maison de Pierre, à une cinquantaine de mètres de l'ancienne synagogue. Il est émouvant de penser que notre Seigneur a foulé les dalles de ces ruelles, et que c'est devant cette petite place, devant la maison de Pierre, qu'Il a délivré les démoniaques, et guéri "tous les malades, afin que s'accomplisse ce qui avait été annoncé par Esaïe, le prophète : Il a pris nos infirmités, et il s'est chargé de nos maladies" (Matthieu 8 : 17).

Je ne suis nullement sensible à "l'onction" qui pourrait se dégager aujourd'hui de vieilles pierres ou de "lieux sacrés," puisque c'est en Christ, dans la Nouvelle Alliance, que nous sommes devenus les temples vivants du Seigneur, que nous devons servir en esprit et en vérité. Toutefois, il est émouvant de penser que notre Seigneur a foulé jadis cet endroit, et que Ses yeux ont contemplé le même paysage. Je me rappelle cette parole de Jésus : "Et toi, Capernaüm, seras-tu élevée jusqu'au ciel ? Non. Tu seras abaissée jusqu'au séjour des morts ; car, si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient été faits dans Sodome, elle subsisterait encore aujourd'hui. C'est pourquoi je vous le dis : au jour du jugement, le pays de Sodome sera traité moins rigoureusement que toi" (Matthieu 11 : 23-24). Effectivement, de Capernaüm, il ne reste aujourd'hui que quelques ruines informes. Prenons au sérieux les avertissements du Seigneur, en particulier quand Il nous demande, en cette fin des temps, de veiller et de prier, pour ne pas être entraînés loin de la Vérité par la séduction rampante et l'apostasie prédite pour la fin des temps !

La prochaine étape nous conduit au Mont des Béatitudes, où Jésus aurait prononcé Son magnifique Sermon sur la Montagne. La vue sur le Lac de Tibériade est splendide. L'un de nous apporte une brève exhortation, et nous entonnons un vibrant chœur d'hommes à la gloire du Seigneur. Je me rappelle cette phrase du Sermon sur la Montagne : "Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait" (Matthieu 5 : 48). Saurons-nous un jour satisfaire pleinement le cœur du Seigneur ? Les anciens de son troupeau prennent-ils vraiment à cœur, comme leur priorité absolue, le perfectionnement des saints, jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à la mesure de la stature parfaite de Christ ? (Ephésiens 4 : 11-13). Nous nous rendons ensuite au Kibboutz Ginossar, où est exposée la barque retrouvée dans la vase du Lac, il y a quelques années, et qui date de l'époque de Jésus. Elle est assez bien conservée, et il est facile d'imaginer le Seigneur, monté sur une barque semblable, évangélisant les foules massées sur la berge. Puissent Ses paroles résonner dans notre cœur aussi fort qu'elles ont résonné ici il y a 2.000 ans ! Elles sont esprit et vie, et ne passeront jamais !

Vers la mi-journée, nous allons à Tibériade visiter des frères Juifs messianiques et leur pasteur Claude Ezagouri. Ce dernier nous explique son travail, qui a commencé par des réunions de maison chez lui, il y a une vingtaine d'années. Puis un jeune frère (américain ou sud-africain), à partir de la parabole des dix vierges, nous donne une exhortation très émouvante sur la nécessité d'être remplis de l'Esprit, si nous voulons être enlevés. Il est convaincu que beaucoup de Chrétiens qui se contentent de leur nouvelle naissance, sans avoir purifié leur âme des impuretés de la chair, ne pourront pas être prêts au retour du Seigneur. J'en suis également convaincu. Nous passons un court moment à prier et à louer le Seigneur ensemble. Hélas, les impératifs de l'horaire nous empêchent de prolonger cette rencontre. Nous nous dirigeons vers l'embarcadère, pour monter sur un bateau en bois (mais à moteur) qui doit nous faire traverser le Lac de Tibériade, pour nous conduire au Kibboutz Ein Gev, où nous devons déjeuner. Sur le bateau se trouve avec nous le pêcheur-chanteur-compositeur Daniel Carmel, qui nous donne un aperçu de son répertoire, ainsi qu'une démonstration de pêche à l'épervier.

Le Kibboutz Ein Gev a été construit sur la rive est du Lac, non loin du lieu où se produisit l'épisode de la délivrance du démoniaque de Gadara. Avant 1967, le kibboutz était directement dominé par les positions Syriennes, et constamment menacé. Aujourd'hui, la conquête du Golan par les Israéliens lui a rendu son calme. Mais le site est désert, alors qu'il devrait grouiller de touristes à cette époque de l'année. La dernière guerre du Liban a ruiné la saison touristique.

Après avoir apprécié le fameux poisson Saint-Pierre, une variété locale de tilapia, nous reprenons le bus pour "monter à Jérusalem." A la sortie du Lac de Tibériade, le Jourdain fait une courbe accentuée. Non loin de là, se trouve le site présumé du baptême de Jésus. Des baptêmes de pèlerins y sont organisés en permanence. Deux membres de notre groupe éprouvent le besoin de se faire "rebaptiser," à l'indignation de quelques autres. Il est vrai que ce "baptême" touristico-sentimental était bien superflu !

Nous longeons ensuite la vallée du Jourdain jusqu'à Jéricho, que nous contournons pour nous diriger vers l'ouest. La frontière avec la Jordanie est entièrement fermée par une double barrière électrifiée, seuls quatre ponts permettant le passage. Nous admirons le paysage somptueux, ainsi que la mince bande de verdure au fond de la vallée. Depuis la signature de la paix avec Israël, les villages se sont multipliés du côté Jordanien, formant une longue bande presque ininterrompue. Les pompages constants de l'eau du Jourdain, aussi bien du côté Jordanien que du côté Israélien, ont presque complètement tari le Jourdain à son entrée dans la Mer Morte. Celle-ci se dessèche de plus en plus, et son niveau n'arrête pas de baisser, mettant en péril toute l'écologie de la région. Le guide Raphy nous explique qu'Israël envisage la réalisation d'un projet gigantesque, qui permettra de pomper l'eau de la Méditerranée pour la faire descendre ensuite dans la Mer Morte. Pourtant, la Bible nous révèle qu'un jour, bientôt, au début du Millénium, après le retour de Jésus-Christ, sortira du Temple de Dieu à Jérusalem un torrent impétueux qui ira assainir la Mer Morte et la transformer en lac verdoyant et poissonneux ! (Ezéchiel 47 : 1-12).

Il fait nuit quand nous arrivons à Jérusalem, après avoir longé en cours de route la célèbre auberge du "Bon Samaritain." Soudain, après un dernier tunnel, les myriades de lumières de la ville scintillent sous nos yeux. Nous nous arrêtons un moment sur le Mont Scopus pour admirer ce spectacle grandiose. Raphy nous fait écouter la traditionnelle "bénédiction des pèlerins," en distribuant du pain et du vin. De notre côté, nous remercions le Seigneur pour ce pain et ce vin, qui nous rappellent le corps et le sang de Jésus. Chacune de ces coutumes juives nous rappelle un élément de la personne ou de l'œuvre du Seigneur Jésus, mais le voile qui couvre les yeux de nos amis Juifs les empêche toujours de le réaliser ! Je ressens le besoin accru de prier pour que les yeux du peuple Juif s'ouvrent sur la réalité de son Messie. Je sais qu'un jour, tous ceux qui auront échappé à la Grande Tribulation se convertiront, mais après combien de souffrances !

Le soir, après dîner, nous avons une réunion avec Jean-Marc Rosenfeld, Juif Orthodoxe, Directeur Europe du Centre Historique du Temple de Jérusalem. Il doit nous parler de la signification du Temple pour les Juifs, et du projet de reconstruction du Troisième Temple. Quelle tristesse pour moi de voir cet homme, tellement instruit dans tout ce qui touche au Judaïsme, complètement fermé à la révélation de ses propres prophètes concernant Yeshoua, le Messie d'Israël ! Quelle richesse constituerait pour l'Eglise un tel homme, s'il était rempli de l'Esprit ! Il est clair qu'il place les écrits rabbiniques et le Talmud sur le même plan que les Ecritures Saintes ! Je lui demande d'ailleurs s'il se rend compte que tous les détails du Temple, de sa disposition et de son fonctionnement, ont une signification spirituelle directe pour nous Chrétiens. Il est clair qu'il connaît les textes de l'Evangile, mais il n'a pas reçu leur révélation spirituelle. Manifestement, nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde !

Certes, nous n'étions pas là, officiellement, pour l'évangéliser. Il n'était pas question de l'agresser. Mais cette volonté persistante de ne jamais "parler des choses qui fâchent" avec les Juifs me met fort mal à l'aise. Il devrait être possible de leur expliquer, avec amour, et prophéties bibliques à l'appui, pourquoi nous croyons que Jésus est le Messie d'Israël. Le véritable amour de Christ est dépourvu de mépris et d'esprit de jugement et de supériorité. Bien au contraire, la proximité des jugements finaux et d'Harmaguédon, devrait nous stimuler à exhorter tous les hommes, et les Juifs en priorité, à la repentance et à la foi en Jésus !

L'un d'entre nous osa affirmer à M. Rosenfeld sa foi en Jésus-Christ, à l'occasion d'une question. Celui-ci réagit assez vivement, disant que nous n'étions pas là pour parler de ce qui nous divise, mais pour parler du Temple, sujet qui devrait au contraire, selon lui, nous unir. Ce qui m'a étonné, c'est la réaction de certains membres de notre groupe, qui étaient manifestement irrités contre ce frère qui avait osé témoigner de sa foi, au risque de déplaire à un Juif Orthodoxe de ce calibre. Un frère me dit en aparté à la fin de la réunion : "Un peu plus, et c'est lui qui les aurait convertis au Judaïsme !" C'était une boutade, mais qui avait une part de vérité. Les multiples citations faites par M. Rosenfeld, tirées du Talmud et des commentaires rabbiniques, risquaient de donner à certains l'impression que ce rabbin avait des connaissances qui nous manquaient ! Sous le prétexte de démontrer notre amour aux Juifs, il ne faut pas perdre de vue la nécessité de les conduire au salut. Il est clair que nous devons être remplis de sagesse, et qu'il faut, par l'amour, démontrer tout d'abord aux Juifs que des Chrétiens peuvent les aimer sincèrement. Les Juifs ne sont pas sauvés parce qu'ils sont Juifs, et ils ont besoin du Messie et de la prédication de l'Evangile, tout autant que les Gentils ! Notre véritable union avec les Juifs, en esprit et en vérité, ne pourra jamais se faire en-dehors de la foi en Christ. Tout autre rapprochement serait illusoire, et ne pourrait que favoriser l'action de l'Antichrist, déjà à l'œuvre dans l'œcuménisme entre Catholiques et Protestants. Gardons-nous de tomber dans une telle séduction !

En raison de leur portée spirituelle, j'ai retenu deux anecdotes rapportées par Jean-Marc Rosenfeld. Il nous a rappelé que les Juifs entraient dans le Temple par les trois portes de Hulda, et en ressortaient par une autre porte. Personne ne devait entrer par la porte de sortie, sauf ceux qui étaient en deuil, ou qui avaient besoin de consolation. Tous ceux qui sortaient savaient immédiatement que ceux qui entraient par la porte de sortie avaient besoin d'être consolés. Mais, plus tard, les relations entre Juifs se sont dégradées, et ceux qui sortaient se sont mis à haïr ceux qui entraient, et n'exerçaient plus leur devoir fraternel de consolation. Cette dégradation des relations d'amour au sein du peuple de Dieu serait l'une des raisons de la destruction du Temple. Il en est de même pour nous, Chrétiens. Le Temple vivant que nous sommes en Christ sera détruit si nous ne manifestons pas l'amour fraternel les uns envers les autres.

La deuxième anecdote concerne le Roi Hérode. Il avait fait mettre à mort tous les membres du Sanhédrin, sauf un seul, à qui il avait fait crever les yeux. Plus tard, il interrogea cet homme pour lui demander ce qu'il pensait d'Hérode, sans dévoiler son identité. Cet homme refusa de dire le moindre mal du roi, malgré l'insistance d'Hérode à le faire parler. Cette attitude finit par toucher le cœur endurci du roi, qui dévoila son identité, et demanda à l'aveugle ce qu'il pouvait faire pour réparer le tort qu'il avait fait. Ce dernier lui suggéra alors de reconstruire et d'embellir le Temple, ce qu'Hérode se décida à faire. Cette anecdote doit aussi nous parler, pour nous montrer à quel point le fait de ne pas médire les uns des autres peut avoir un effet positif sur la construction du Temple vivant !

Ayant quitté notre groupe à la fin de la réunion, j'appris par la suite qu'une discussion assez vive avait opposé certains d'entre nous, quant à l'attitude à avoir envers les Juifs. Certains prétendaient qu'il suffisait pour le moment de les aimer, et d'établir des contacts, et que le Seigneur ferait le reste, tandis que d'autres affirmaient le besoin d'avoir une action d'évangélisation plus directe, à l'image des disciples de Jésus après l'Ascension. Il me semble que les deux attitudes ne sont pas contradictoires. Il nous faut aimer, soutenir et bénir les Juifs de toutes les manières possibles, mais nous ne devons jamais oublier la nécessité de leur parler de Jésus leur Messie. Nous reparlerons plus loin en détail de ce problème.

Mercredi 27 septembre :

Le matin, nous partons visiter le Mémorial de la Shoah, Yad Vashem. Le nouveau musée de la Shoah est très bien fait, et très impressionnant. Il montre bien la progression de l'idéologie nazie dans l'Europe d'avant-guerre, et la mise en œuvre systématique de l'élimination industrielle des Juifs. On nous divise en deux sous-groupes. Nos guides sont remarquables par leur culture et leur compétence. Notre groupe est guidé par une Juive Hollandaise. En nous quittant, je peux lui dire rapidement que nous sommes ici pour manifester au peuple Juif notre amour et notre reconnaissance, et pour lui dire que nous ne sommes pas les mêmes que les prétendus Chrétiens qui les ont massacrés. Elle est très touchée par ces simples paroles.

Nous sommes ensuite allés rallumer la flamme et déposer une gerbe, en tant que délégation officielle. Les deux frères Tziganes membres de notre groupe ont été justement choisis pour conduire cette cérémonie. Dans son bref discours, l'un des pasteurs Tziganes a pu rappeler à quel point son peuple avait aussi souffert de la barbarie nazie, ce qui lui permettait de mieux comprendre les souffrances des Juifs. L'émotion de tous était palpable, et je suis certain que le directeur du site, ainsi que tous les Juifs présents, ont ressenti l'amour sincère que nous éprouvions pour eux et pour leur peuple.

Nous avons ensuite été reçus à l'Ambassade Chrétienne Internationale de Jérusalem. Le magnifique bâtiment était auparavant l'ambassade officielle de l'un des pays dont les ambassades étaient jadis fixées à Jérusalem. Après 1980, quand Israël décida de faire de Jérusalem réunifiée sa capitale éternelle, presque toutes les ambassades étrangères se sont repliées sur Tel-Aviv, en signe de protestation. Les deux dernières qui restaient à Jérusalem, celle du Costa-Rica et du Salvador, ont fini par quitter cette ville tout récemment. L'Ambassade Chrétienne Internationale, qui n'a aucun statut diplomatique, est une œuvre chrétienne destinée à "consoler le peuple Juif" et à lui manifester concrètement l'amour et le soutien des Chrétiens Evangéliques du monde entier.

Nous sommes reçus par le Directeur International, Jürgen Bühler, et par Nathalie Charron, de l'antenne France. Le Directeur International nous donne un message profond sur l'œuvre actuelle de l'Esprit de Dieu au milieu des Juifs. Selon lui, l'échec de l'armée Israélienne, au cours de la dernière guerre du Liban, a profondément marqué la population d'Israël, habituée à des victoires brillantes et rapides. Cette guerre est la plus longue depuis la guerre d'indépendance de 1948. Le Hezbollah s'est révélé un redoutable ennemi, armé jusqu'aux dents, véritable Etat dans l'Etat Libanais. L'offensive Israélienne n'est pas parvenue à le désarmer, malgré les terribles destructions infligées au Liban. Israël aussi a dû subir de sérieux dégâts, et n'a pu empêcher les missiles Kassam de pleuvoir sur son territoire. Pour Jürgen Bühler, il s'agit d'un avertissement du Seigneur à Israël, qui ne pourra se tourner vers son Dieu que dans des temps difficiles. Il est convaincu que l'Esprit de Dieu est en train de préparer Israël à la venue du Messie.

Pour ma part, je n'oublie pas que l'Antichrist doit venir avant le Seigneur Jésus, et qu'il séduira les Juifs, avant de se retourner contre eux pour leur faire subir la Grande Tribulation de Jacob. Parallèlement à l'action de l'Esprit de Dieu, l'esprit de l'Antichrist est donc aussi à l'œuvre pour séduire la grande majorité d'Israël. Seul un faible reste recevra aujourd'hui la vérité concernant le Messie. Mais ceux qui échapperont à l'Holocauste final se convertiront tous, au moment du retour du Seigneur sur la terre. Que de souffrances encore en perspective, quand on relit Zacharie 12 à 14 ! Combien les douleurs de l'enfantement seront grandes ! Combien nous languissons après ce jour béni où Jésus règnera à Jérusalem, et où "la Loi sortira de Sion, et de Jérusalem la Parole du Seigneur" ! (Esaïe 3 : 3).

L'Ambassade Chrétienne a produit une œuvre musicale majeure, l'Alliance (The Covenant). Cette œuvre décrit le long pèlerinage d'Israël, depuis 4.000 ans, ainsi que la fidélité de Dieu qui continue à veiller sur Son peuple, malgré toutes les vicissitudes de son histoire troublée. Il ne s'agit pas d'une action d'évangélisation, et l'on n'y annonce pas le salut en Jésus. Seule une courte mention de l'épisode de la femme adultère permet aux spectateurs de se poser la question : "Qui est cet Homme ?" Il est clair que les Juifs qui voient cette œuvre, sachant qu'elle a été produite par des Chrétiens, doivent se demander quelle est la motivation profonde de ces derniers. Mais l'impact extraordinaire de cette production, dans toute la société Israélienne, aura tout au moins prouvé aux Juifs que des Chrétiens peuvent les aimer au point d'exalter leur histoire, et de les inciter à se tourner de nouveau vers le Dieu d'Israël et la BIble. Il est également capital que les Juifs puissent savoir qui sont ces véritables Chrétiens, et pourquoi ces derniers les aiment autant ! Sur ces plans, cette œuvre est une complète réussite. Puisse-t-elle inciter les Juifs à chercher à découvrir Celui qui a mis cet amour pour eux dans le cœur des Chrétiens, le Seigneur Jésus !

Nous allons ensuite déjeuner au Kibboutz Ramat Rachel, le kibboutz de Jérusalem, bien connu pour les multiples conventions chrétiennes qu'il héberge. Tom Hess y organise justement la sienne en ce moment. Les allées et les pelouses sont remplies de Chrétiens du monde entier, ce qui fait dire à l'un de nous : "Mais c'est le Millénium !" Quand Jésus règnera, la terre entière sera remplie de la gloire et de la connaissance du Seigneur ! Viens, Seigneur Jésus !

Nous sommes accueillis par une représentante francophone de la Mairie de Jérusalem, qui nous souhaite la bienvenue au nom du maire, Uri Lupolianski. Après le déjeuner, le directeur du kibboutz nous conduit rapidement jusqu'au terre-plein qui domine Bethlehem, de l'autre côté de la vallée. La ligne de cessez-le-feu passait juste au long de la clôture du kibboutz, et les incidents avec les Jordaniens étaient nombreux.

Notre programme prévoit ensuite une visite en territoire Palestinien, à Bethlehem, pour y rencontrer le Pasteur Baptiste Khoury dans son église. Notre guide Raphy doit nous quitter avant la frontière, car les Israéliens ont l'interdiction de la franchir. Un immense mur en béton sépare à présent les deux communautés, pour tenter d'empêcher les terroristes de pénétrer en Israël. Près du poste de passage, nous pouvons lire sur le mur une grande inscription à la gloire de Jésus le Messie. Qui a eu le courage d'écrire cela ?

Le contraste entre Israël et le territoire de l'Autorité Palestinienne est saisissant. Bethlehem nous semble une ville morte. Le tourisme a chuté de 90%. La situation économique de ces territoires est certainement catastrophique. Il est clair que le peuple Palestinien souffre terriblement de ce conflit. Mais ceux qui souffrent le plus sont les Chrétiens Arabes qui vivent au milieu de la majorité musulmane. Ils doivent s'expatrier de plus en plus pour fuir les persécutions dont ils sont l'objet. Le jeune Pasteur Steven Khoury nous décrit son travail en Palestine, à Jéricho et à Jérusalem Est, au milieu de bien des difficultés. Il est plein de feu, prêche l'Evangile et témoigne avec courage, souvent au péril de sa vie. Il enseigne inlassablement aux Chrétiens Arabes à aimer les Juifs et à leur pardonner.

Leur église a été bombardée ou plastiquée 14 fois ! On a tiré trois fois sur son père, le Pasteur Khoury, qui a échappé à chaque fois miraculeusement aux balles. Mais leur oncle Georges, qui habitait le quartier ultra musulman du Mont des Oliviers, a péri à coup de barres de fer parce qu'il témoignait trop à ses voisins. Plusieurs membres de l'église ont été tués, dont deux sœurs de 17 et 19 ans, assassinées parce qu'elles étaient accusées d'être des prostituées. L'autopsie a prouvé qu'elles étaient vierges. Il n'est pas rare que des jeunes Chrétiennes soient enlevées et violées, pour les déconsidérer complètement et les empêcher de se marier.

Le Pasteur Steven Khoury nous manifeste sa joie de recevoir une délégation de pasteurs Français. Il n'a pratiquement jamais aucune visite de responsables Chrétiens, et il avoue que les Chrétiens de Palestine se sentent complètement abandonnés de tous. Son témoignage poignant nous révèle un aspect de la vie des Chrétiens en Palestine que nous ignorions largement. Ces derniers sont réellement pris entre le marteau et l'enclume, entre Israël et les musulmans. Ils ne peuvent réellement se confier qu'en Dieu seul. Ayant manifesté le désir d'envoyer une vingtaine de jeunes de l'église à l'étranger, l'un des pasteurs de notre groupe lui offre leur séjour en France, pour une prochaine convention de jeunesse. Encore faudra-t-il que le Seigneur pourvoie pour leur voyage !

Nous voulons réellement attirer l'attention des Chrétiens francophones sur la situation de nos frères Arabes de Palestine. Il est vrai que les Juifs qui se convertissent en Israël subissent des persécutions, mais elles ne sont pas comparables à celles que subissent les Arabes Chrétiens de Palestine. Nous devons prier pour eux, et trouver des moyens de les aider concrètement. Au rythme actuel, la Palestine pourrait être vidée de ses Chrétiens dans quelques années !

Certes, il existe des Musulmans modérés, et même des Musulmans qui soutiennent Israël, mais ils ne sont pas de taille à résister à la majorité, ni au fanatisme des Islamistes extrémistes. Pourtant, il existe dans le Coran de nombreux versets qui affirment que la terre d'Israël a été donnée par Allah aux Juifs, et qu'il faut les y laisser vivre en paix ! Voici quelques versets du Coran, que tout bon Musulman devrait connaître et respecter :

Sourate 2 : 40. O enfants d'Israël, rappelez-vous Mon bienfait dont Je vous ai comblés. Si vous tenez vos engagements vis-à-vis de Moi, Je tiendrai les miens. Et c'est Moi que vous devez redouter.

2 : 47. O enfants d'Israël, rappelez-vous Mon bienfait dont Je vous ai comblés, (Rappelez-vous) que Je vous ai préférés à tous les peuples.

2 : 122. O enfants d'Israël, rappelez-vous Mon bienfait dont Je vous ai comblés et que Je vous ai favorisés par dessus le reste du monde.

5 : 20. (Souvenez-vous) lorsque Moïse dit à son peuple : "O, mon peuple ! Rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous, lorsqu'Il a désigné parmi vous des prophètes. Et Il a fait de vous des rois. Et Il vous a donné ce qu'Il n'avait donné à nul autre au monde.
5 : 21. O mon peuple (enfants d'Israël) ! Entrez dans la terre sainte qu'Allah vous a prescrite. Et ne revenez point sur vos pas, car vous retourneriez perdants.
7 : 137. Et les gens qui étaient opprimés, Nous les avons fait hériter les contrées orientales et occidentales de la terre que Nous avons bénie. Et la très belle promesse de ton Seigneur sur les enfants d'Israël s'accomplit pour prix de leur endurance. Et Nous avons détruit ce que faisaient Pharaon et son peuple, ainsi que ce qu'ils construisaient.
10 : 93. Certes, Nous avons établi les Enfants d'Israël dans un endroit honorable, et leur avons attribué comme nourriture de bons aliments.
17 : 104. Et après lui, Nous dîmes aux Enfants d'Israël : "Habitez la terre". Puis, lorsque viendra la promesse de la (vie) dernière, Nous vous ferons venir en foule.
32 : 23. Nous avons effectivement donné à Moïse le Livre - ne sois donc pas en doute sur ta rencontre avec lui -, et l'avons assigné comme guide aux Enfants d'Israël.

La sourate 17 : 104 dit clairement qu'à la fin des temps, Dieu fera revenir en foule les enfants d'Israël dans le pays qu'Il leur a donné. Aucun Musulman ne devrait donc interférer avec ce processus de retour des Juifs dans leur terre promise, retour clairement annoncé par leur propre Coran !

Nous finissons la journée du mercredi par une visite à la plus grande assemblée messianique de Jérusalem, l'église "The King of Kings." Son Pasteur Wayne Hilsden nous explique de quelle manière le Seigneur leur a permis d'acquérir le plus grand cinéma du centre ville de Jérusalem, au rez-de-chaussée d'une tour de 15 étages, ainsi que le dernier étage de cette tour, transformé en "tour de prière." Au moment où nous visitons la grande salle de réunions, nous rencontrons l'évangéliste américain Morris Cerullo, venu préparer la réunion du soir en cet endroit.

Le luxe et le confort de cette grande salle de 600 places ne m'impressionnent pas. Il est certain que ce lieu favorise la louange collective, ou certains enseignements particuliers, mais il ne se prête certainement pas à la vie d'église quotidienne. Cette vie d'église se développe bien mieux au sein de petits groupes de maisons dont les membres vivent proches les uns des autres, et peuvent apprendre à se connaître et à s'entraider.

Wayne Hilsden nous révèle que les Juifs Messianiques en Israël sont passés de 500 environ, il y a dix ans, à près de 10.000 aujourd'hui. Il y a incontestablement un mouvement de l'Esprit au milieu des Juifs. Toutefois, même si beaucoup se convertissent aujourd'hui, ils ne sont encore qu'une petite minorité de la population.

Du haut de la tour de prière, la vue est magnifique. Nous prions pour la paix de Jérusalem.

Jeudi 28 septembre :

La journée commence par une visite du tunnel souterrain le long du Mur des Lamentations, ainsi que des fouilles archéologiques qui s'y déroulent. Notre guide est une jeune Juive Orthodoxe nommée Laura, née dans la banlieue parisienne. Quand nous lui demandons quelle impression elle ressent en guidant un groupe de Chrétiens, elle nous répond en souriant que cela lui fait plaisir. Elle a conscience de l'amour que nous lui portons, comme elle me le confie à la fin de la visite. Cela lui fait réellement du bien de savoir qu'il existe des Chrétiens qui aiment les Juifs !

Nous pouvons constater avec quel acharnement les Romains de Titus ont voulu "renverser pierre sur pierre", jusqu'au socle rocheux du Mont Morija ! Les fouilles ont dégagé certaines pierres provenant du haut de la muraille du Temple, tombées de leur hauteur, et restées sur place. L'une des pierres de fondement est un énorme bloc de roche taillée, d'un poids de plus de 600 tonnes, de la taille d'un grand autobus ! Les Romains n'ont pu la renverser ni la déplacer. On voit encore au sommet de cette pierre les coups de marteaux rageurs des légionnaires qui ont tenté sans succès de la casser ! Par la suite, tous ces vestiges ont été enfouis et recouverts par toutes sortes de débris, et l'on a reconstruit dessus.

Les Juifs disent que le rocher conservé au centre de la Mosquée d'Omar, à l'emplacement du Temple détruit, était celui qui se trouvait aussi dans le Lieu Très Saint, et sur lequel reposait l'Arche de l'Alliance. D'après leur tradition, c'est sur ce rocher qu'Adam aurait été créé, et là aussi qu'Abraham avait lié Isaac pour le sacrifier. M. Rosenfeld nous avait affirmé que les rabbins savaient très bien où avait été cachée l'arche de l'alliance, au moment où Jérusalem était assiégée par Nebucadnetsar, mais que ce n'était pas le moment de la sortir de sa cachette. Elle sortira quand le Troisième Temple sera rebâti. Je lui avais dit, en aparté, que j'avais lu que l'arche se trouvait cachée dans l'un des nombreux souterrains creusés sous le Temple, à la verticale du Lieu Très Saint. Il m'avait répondu malicieusement : "Vous n'avez peut-être pas tort !"

Nous sortons du tunnel dans le quartier Musulman. Laura nous regroupe et nous fait accompagner par deux jeunes gardes armés. Depuis que des touristes ont été poignardés dans la Vieille Ville, les groupes de touristes sont escortés. Après un nouveau portique électronique et une nouvelle fouille, nous regagnons l'esplanade du Temple. De nombreux groupes Juifs sont présents, fêtant des bar-mizvot. Certains dansent et sonnent du shofar. L'allégresse de tous ces Juifs est touchante.

Nous allons ensuite visiter les fouilles à l'extérieur du Temple, du côté sud, là où se trouvaient les "portes de Hulda", qui étaient les portes d'entrée dont nous avons déjà parlé, et la porte de sortie du Temple, par laquelle n'entraient que ceux qui avaient besoin d'être consolés. On a dégagé récemment les marches monumentales qui conduisaient à ces portes. Ces marches sont alternativement larges et étroites, pour ralentir la montée des pèlerins vers le Temple. Ce sont les marches d'époque, que Jésus et Ses disciples ont empruntées pour entrer dans le Temple. Nous restons un moment à méditer, sous un soleil de plomb.

Notre prochaine station est la visite du Centre Davidson, centre archéologique dans lequel on pénètre à partir de l'esplanade du Temple. On nous présente un film en trois dimensions, très bien fait, qui reconstitue le Temple de l'époque de Jésus, et permet de le visiter comme si nous y étions.

Le temps pressant toujours, nous reprenons le bus pour vivre une "petite expérience dans le désert." Fabienne nous a programmé une visite dans le désert de Judée, à une demi-heure de trajet de Jérusalem. Ce sont des petites collines arrondies mais très escarpées, où l'on se représente bien David fuyant avec sa bande de renégats devant Saül. Ces collines sont recouvertes d'une maigre végétation complètement grillée par le soleil, et qui sert de nourriture aux chèvres et aux brebis. Notre guide nous dit que, si nous étions venus ici en hiver, nous aurions vu un tapis de verdure parsemé de millions de fleurs multicolores. Dès les premières pluies, la vie éclate et se hâte de se reproduire, avant la sécheresse de l'été.

Nous arrivons près d'une sorte de caravansérail perdu dans le désert. Quelques chameaux se reposent au soleil. Non loin, un petit village est perché sur une colline. Nous pensons que c'est là que nous devons prendre notre déjeuner qui, d'après l'aspect des lieux, ne peut être que très frugal. Cela nous changera de l'abondante cuisine de nos hôtels quatre étoiles ! Nous sommes accueillis par une sorte de Bédouin. Je ne parviens pas à discerner tout de suite s'il est Juif ou Musulman. Il parle un anglais parfait, mais nous fait son discours de bienvenue en Hébreu, traduit par Raphy. Il nous explique qu'il s'appelle Eliezer, comme le serviteur d'Abraham, et nous montre sur une carte le parcours de ce dernier, depuis Ur en Chaldée. Il nous dit qu'Abraham est passé par ici même, et qu'il a campé non loin. Puis il nous propose de rejoindre à pied et en chameau le "campement d'Abraham," qui, selon lui, nécessite deux heures de marche environ, et autant pour revenir. Pour cela, nous devons nous revêtir de sortes de djellabas. Certains, déjà épuisés par les marches de la matinée, commencent à trouver la plaisanterie saumâtre ! Mais Eliezer reste intraitable. Les plus fatigués se hissent sur les cinq chameaux à deux places, et nous partons, caravane plutôt tristounette de pasteurs Français épuisés, assoiffés et affamés dans le désert de Juda !

A la sortie du premier virage, invisible jusque-là, nous apparaît un autre caravansérail, beaucoup plus grand, fait de tentes basses et rectangulaires, dominant un magnifique paysage qui s'étend jusqu'à la Mer Morte. Nous commençons à espérer une heureuse fin de notre périple. A quelques dizaines de mètres des tentes, Eliezer nous demande d'appeler Abraham. Nous voyons sortir ce dernier de ses tentes : un "pur type Juif traditionnel" à barbe blanche, habillé à l'ancienne, et d'une hospitalité débordante. Il nous lave les mains avec empressement, et nous introduit dans sa tente, où nous constatons avec soulagement que tout était dressé pour un festin à l'antique : tables basses, matelas couverts de tapis…

C'était la surprise de Fabienne ! Toute cette mise en scène, sans doute, pour tester nos réactions, et voir si nous allions nous comporter selon la chair ou selon l'esprit ! Il faut dire que s'il y a eu des plaintes et des murmures, comme celles des Hébreux dans le désert, elles n'ont pas trop eu le temps de se manifester vraiment, et l'honneur des pasteurs Français (et du Seigneur) a été sauf !

Nous nous sommes tous rattrapés en faisant honneur au festin qui nous était servi. Abraham nous a fortement incités à lui amener nos futurs groupes de pèlerins-touristes, en nous vantant tous les charmes d'un petit séjour dans son campement, où tout est conçu pour nous faire vivre à l'époque biblique.

Avec deux heures de retard sur le programme, nous nous rendons à notre dernière étape : la visite du parc biblique Neot Kedumim, entre Jérusalem et Tel-Aviv, où l'on a reconstitué la flore et la faune de l'époque biblique, que l'on s'efforce de réintroduire en Israël. C'est aussi là que nous devons planter un arbre du souvenir, et être reçus par le représentant du Ministre du Tourisme lors d'un dîner officiel. L'ancien ambassadeur d'Israël à Paris, Nissim Tzvili, doit aussi être présent.

Il fait nuit quand nous arrivons à Neot Kedumim. Mais le parc est éclairé, et nous pouvons faire une visite rapide, guidée par Ronit, une Israélienne francophone très sympathique. Sur ces lieux, on a retrouvé les vestiges d'une vie agricole intense, notamment de nombreux pressoirs à vin et à huile creusés dans le roc. Des étangs ont été installés, et des centaines de variétés de plantes et d'arbres réacclimatés dans un cadre exceptionnel. Ronit nous conduit sur "l'aire de Boaz et de Ruth," et nous présente les sycomores d'Amos et de Zachée. Ce sont de beaux arbres de la famille des figuiers, couverts de petites figues roses très sucrées. Près d'un pressoir à vin, nous partageons à nouveau le pain et le vin en prononçant la bénédiction, et nous plantons un sycomore du souvenir, pour symboliser la durée de notre amitié. Ronit nous explique que le sycomore est "l'arbre qui ne meurt jamais" ! Quand il est coupé, il repousse toujours. Il est un symbole de régénération et de réhabilitation, ce qui nous permet de mieux comprendre le symbolisme de Zachée monté sur son sycomore, et réhabilité par Jésus.

Un peu plus loin, nous faisons la connaissance de Zacharias, un jardinier, qui est aussi scribe. Dans sa famille, ils sont scribes de père en fils. Il a installé son stand au milieu des palmiers. Il nous explique qu'en tant que scribe, il recopie les textes de la Torah sur des parchemins, à l'intention des synagogues. Il doit fabriquer une encre noire "casher" selon une formule millénaire secrète, à base de plantes et de minéraux. Quand il se trompe, il doit soigneusement gratter la lettre mal écrite. Le seul mot qu'il n'a jamais le droit de gratter est le nom du Seigneur. En cas d'erreur, il doit entourer le mot mal écrit, et religieusement enterrer le parchemin dans un "cimetière de parchemins sacrés."

La représentante du Ministre du Tourisme nous accompagne. C'est aussi une Israélienne d'origine française. Pour revenir au bâtiment où nous devons dîner, nous embarquons dans un petit train sur pneus, et je me retrouve assis à côté d'elle. Nous engageons une courte conversation, et j'ai le temps de lui dire que j'aime les Juifs, que nous sommes ici une délégation de Chrétiens venus pour manifester notre amour pour le peuple Juif, et que tout Israël devrait savoir que les Chrétiens Evangéliques sont actuellement les seuls amis véritables d'Israël. Elle est très émue par ces paroles, et me répond : "Nous commençons à nous en rendre compte !" Nous avons cependant pu lui dire aussi que notre amour pour Israël ne signifiait pas que nous approuvions aveuglément toutes les décisions des divers gouvernements de l'Etat d'Israël. Même sans faire de politique, nous ne pouvons pas dire, par exemple, que la rétrocession du Goush Katif (Bande de Gaza) aux Palestiniens puisse se justifier, bibliquement parlant, ni qu'elle serve les intérêts du peuple Juif.

En arrivant au restaurant, nous apprenons que l'ambassadeur Nissim Tzvili vient d'avoir un malaise et ne pourra pas se joindre à nous. Nous prions aussitôt pour lui, ce qui émeut profondément Déborah, la représentante d'El Al. Avant de dîner, nous entonnons un puissant chœur d'actions de grâces, qui me semble impressionner tous les Juifs présents. Puis l'un de nous prie. La représentante du Ministre nous lit ensuite le message que ce dernier a rédigé à notre intention.

Manifestement, nous sommes les bénéficiaires d'une opération de relations publiques. Le Gouvernement Israélien s'est rendu compte que les Chrétiens Evangéliques aiment Israël, et veut les attirer en plus grand nombre dans ce pays, ce qui ne peut qu'être profitable à l'économie Israélienne en ces temps difficiles. Mais nous pouvons aussi y voir une démarche prophétique : Juifs et Gentils ne peuvent être rapprochés que par la foi en Jésus le Messie, Celui qui a renversé le mur de séparation et d'inimitié. Si Juifs et Chrétiens se rapprochent actuellement, cela ne peut être que l'œuvre de l'Esprit de Dieu !

Il est plus de minuit quand nous regagnons notre hôtel à Jérusalem, et nous devons nous réveiller à deux heures et demie pour partir à l'aéroport ! La nuit sera brève !

Synthèse des impressions de notre voyage :

Globalement, les objectifs fixés pour ce voyage me semblent atteints :

Fabienne Petit est une vraie professionnelle, qui a remarquablement organisé ce déplacement. Compte tenu du temps disponible, il fallait faire des choix, et elle les a bien faits. Nous ne pouvons que la recommander chaudement, en tant que directrice chrétienne d'une agence de voyage, pour tous vos déplacements, quels qu'ils soient, mais surtout si vous désirez vous rendre en Israël ! Son amour pour ce pays et pour le peuple Juif est débordant et communicatif ! Elle a manifestement le don d'établir des contacts et de mettre les gens en relation, ce qui est précieux.

Il faut enfin signaler que le directeur du périodique non-chrétien qui s'était joint à nous, ainsi que nos deux accompagnateurs officiels, Déborah et Nicolas, ont été très touchés. Déborah a même pu dire à certains de nous qu'elle ne savait pas que des Chrétiens puissent aimer autant Israël ! Il est temps que les Israéliens et les Juifs en général le sachent!

Quelques problèmes de fond :

Il était clair dès le départ que notre voyage n'était pas un voyage destiné à évangéliser les Juifs. Toutefois, tout au long de ce séjour, j'ai profondément ressenti le désir ardent d'avoir des occasions de présenter à ce peuple son Messie, à partir des textes de sa propre Bible. J'ai donc été frustré de ne pas pouvoir le faire.

J'étais entièrement d'accord avec Fabienne sur le fait que le peuple Juif, qui a, dans le passé, été si souvent persécuté ou massacré par des "Chrétiens," a besoin de consolation et d'amour, et doit savoir qu'il existe des vrais Chrétiens qui l'aiment sincèrement. C'est cet amour de Christ qui doit toucher son cœur et l'amener à s'interroger sur la source de cet amour. Ce travail préparatoire est donc absolument nécessaire. Mais il ne doit pas s'arrêter là.

Il est clair que l'on ne peut pas évangéliser le peuple Juif d'une manière agressive, compte tenu des relations passées entre (faux) Chrétiens et Juifs. Ce serait provoquer un blocage immédiat qui ne produirait aucun fruit. Il faut d'abord que les Juifs apprennent à connaître les vrais Chrétiens, ceux qui ont été transformés par l'amour de Jésus. Comme avec tous les peuples, nos rapports avec le peuple Juif doivent d'abord manifester le changement que Dieu a produit dans nos vies par la conversion à Christ. Notre message doit correspondre à notre vie. Notre message ne sera pas cru, si nos interlocuteurs ne voient pas Jésus vivant en nous et au travers de nous.

Par ailleurs, le message de l'Evangile que nous pourrons transmettre aux Juifs (comme aux Gentils) perdra toute sa force de conviction s'il n'est pas accompagné de la puissance de l'Esprit, telle qu'elle est décrite dans Marc 16 : 20 : "Et ils s'en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l'accompagnaient." Nous devons nous repentir devant Dieu de ne pas voir plus de miracles accompagner notre évangélisation !

Les Juifs, comme les Gentils, et avant même les Gentils, doivent donc avoir l'occasion d'entendre clairement l'Evangile de Jésus-Christ. Avant d'aller plus loin, il me semble que nous devrions simplement relire certains passages écrits par l'apôtre Paul, dans ces magnifiques chapitres 9 à 11 de l'épître aux Romains (j'ai souligné certains versets capitaux) :

"Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience m'en rend témoignage par le Saint-Esprit : J'éprouve une grande tristesse, et j'ai dans le cœur un chagrin continuel. Car je voudrais moi-même être anathème et séparé de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair, qui sont Israélites, à qui appartiennent l'adoption, et la gloire, et les alliances, et la loi, et le culte, et les promesses, et les patriarches, et de qui est issu, selon la chair, le Christ, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement. Amen !

"Ce n'est point à dire que la parole de Dieu soit restée sans effet. Car tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas Israël, et, pour être la postérité d'Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants ; mais il est dit : En Isaac sera nommée pour toi une postérité, c'est-à-dire que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme la postérité…

"… Esaïe, de son côté, s'écrie au sujet d'Israël : Quand le nombre des fils d'Israël serait comme le sable de la mer, un reste seulement sera sauvé. Car le Seigneur exécutera pleinement et promptement sur la terre ce qu'il a résolu. Et, comme Esaïe l'avait dit auparavant : Si le Seigneur des armées ne nous eût laissé une postérité, nous serions devenus comme Sodome, nous aurions été semblables à Gomorrhe.

"Que dirons-nous donc ? Les païens, qui ne cherchaient pas la justice, ont obtenu la justice, la justice qui vient de la foi, tandis qu'Israël, qui cherchait une loi de justice, n'est pas parvenu à cette loi. Pourquoi ? Parce qu'Israël l'a cherchée, non par la foi, mais comme provenant des œuvres. Ils se sont heurtés contre la pierre d'achoppement, selon qu'il est écrit : Voici, je mets en Sion une pierre d'achoppement et un rocher de scandale, et celui qui croit en lui ne sera point confus.

"Frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c'est qu'ils soient sauvés. Je leur rends le témoignage qu'ils ont du zèle pour Dieu, mais sans intelligence : ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu ; car Christ est la fin de la loi, pour la justification de tous ceux qui croient. En effet, Moïse définit ainsi la justice qui vient de la loi : L'homme qui mettra ces choses en pratique vivra par elles.

"Mais voici comment parle la justice qui vient de la foi : Ne dis pas en ton cœur : Qui montera au ciel ? c'est en faire descendre Christ ; ou : Qui descendra dans l'abîme ? c'est faire remonter Christ d'entre les morts. Que dit-elle donc ? La parole est près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur. Or, c'est la parole de la foi, que nous prêchons. Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car c'est en croyant du cœur qu'on parvient à la justice, et c'est en confessant de la bouche qu'on parvient au salut, selon ce que dit l'Ecriture : Quiconque croit en lui ne sera point confus.

"Il n'y a aucune différence, en effet, entre le Juif et le Grec, puisqu'ils ont tous un même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l'invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler ? Et comment en entendront-ils parler, s'il n'y a personne qui prêche ? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés ? selon qu'il est écrit : Qu'ils sont beaux Les pieds de ceux qui annoncent la paix, de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles !

"Mais tous n'ont pas obéi à la bonne nouvelle. Aussi Esaïe dit-il : Seigneur, qui a cru à notre prédication ? Ainsi la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ. Mais je dis : N'ont-ils pas entendu ? Au contraire ! Leur voix est allée par toute la terre, Et leurs paroles jusqu'aux extrémités du monde. Mais je dis : Israël ne l'a-t-il pas su ? Moïse le premier dit : J'exciterai votre jalousie par ce qui n'est point une nation, je provoquerai votre colère par une nation sans intelligence. Et Esaïe pousse la hardiesse jusqu'à dire : J'ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté à ceux qui ne me demandaient pas. Mais au sujet d'Israël, il dit : J'ai tendu mes mains tout le jour vers un peuple rebelle et contredisant.

"Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Loin de là ! Car moi aussi je suis Israélite, de la postérité d'Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n'a point rejeté son peuple, qu'il a connu d'avance. Ne savez-vous pas ce que l'Ecriture rapporte d'Elie, comment il adresse à Dieu cette plainte contre Israël : Seigneur, ils ont tué tes prophètes, ils ont renversé tes autels ; je suis resté moi seul, et ils cherchent à m'ôter la vie ? Mais quelle réponse Dieu lui fait-il ? Je me suis réservé sept mille hommes, qui n'ont point fléchi le genou devant Baal.

"De même aussi dans le temps présent il y a un reste, selon l'élection de la grâce. Or, si c'est par grâce, ce n'est plus par les œuvres ; autrement la grâce n'est plus une grâce. Et si c'est par les œuvres, ce n'est plus une grâce ; autrement l'œuvre n'est plus une œuvre. Quoi donc ? Ce qu'Israël cherche, il ne l'a pas obtenu, mais l'élection l'a obtenu, tandis que les autres ont été endurcis, selon qu'il est écrit : Dieu leur a donné un esprit d'assoupissement, des yeux pour ne point voir, et des oreilles pour ne point entendre, jusqu'à ce jour. Et David dit : Que leur table soit pour eux un piège, un filet, une occasion de chute, et une rétribution ! Que leurs yeux soient obscurcis pour ne point voir, et tiens leur dos continuellement courbé !

"Je dis donc : Est-ce pour tomber qu'ils ont bronché ? Loin de là ! Mais, par leur chute, le salut est devenu accessible aux païens, afin qu'ils fussent excités à la jalousie. Or, si leur chute a été la richesse du monde, et leur amoindrissement la richesse des païens, combien plus en sera-t-il ainsi quand ils se convertiront tous. Je vous le dis à vous, païens : en tant que je suis apôtre des païens, je glorifie mon ministère, afin, s'il est possible, d'exciter la jalousie de ceux de ma race, et d'en sauver quelques-uns. Car si leur rejet a été la réconciliation du monde, que sera leur réintégration, sinon une vie d'entre les morts ? Or, si les prémices sont saintes, la masse l'est aussi ; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi.

"Mais si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, tu as été enté à leur place, et rendu participant de la racine et de la graisse de l'olivier, ne te glorifie pas aux dépens de ces branches. Si tu te glorifies, sache que ce n'est pas toi qui portes la racine, mais que c'est la racine qui te porte. Tu diras donc : Les branches ont été retranchées, afin que moi je fusse enté. Cela est vrai ; elles ont été retranchées pour cause d'incrédulité, et toi, tu subsistes par la foi. Ne t'abandonne pas à l'orgueil, mais crains ; car si Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, il ne t'épargnera pas non plus.

"Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sévérité envers ceux qui sont tombés, et bonté de Dieu envers toi, si tu demeures ferme dans cette bonté ; autrement, tu seras aussi retranché. Eux de même, s'ils ne persistent pas dans l'incrédulité, ils seront entés ; car Dieu est puissant pour les enter de nouveau. Si toi, tu as été coupé de l'olivier naturellement sauvage, et enté contrairement à ta nature sur l'olivier franc, à plus forte raison eux seront-ils entés selon leur nature sur leur propre olivier. Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous regardiez point comme sages, c'est qu'une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, jusqu'à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit : Le libérateur viendra de Sion, et il détournera de Jacob les impiétés ; et ce sera mon alliance avec eux, lorsque j'ôterai leurs péchés.

"En ce qui concerne l'Evangile, ils sont ennemis à cause de vous ; mais en ce qui concerne l'élection, ils sont aimés à cause de leurs pères. Car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel. De même que vous avez autrefois désobéi à Dieu et que par leur désobéissance vous avez maintenant obtenu miséricorde, de même ils ont maintenant désobéi, afin que, par la miséricorde qui vous a été faite, ils obtiennent aussi miséricorde. Car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire miséricorde à tous. O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles ! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? Qui lui a donné le premier, pour qu'il ait à recevoir en retour ? C'est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles ! Amen !"

Notre position vis-à-vis d'Israël doit donc rester équilibrée. Les Juifs sont aimés à cause de leurs pères, et Dieu ne les a pas rejetés. L'Eglise n'a jamais remplacé Israël. Il est nécessaire de nous faire connaître aux Juifs, et de leur manifester notre amour. Mais il faut aussi que notre message soit clair. Les Juifs ne sont pas dupes. Ils savent très bien que les Chrétiens, quel que soit leur amour pour eux, auront toujours dans leur cœur le désir de les conduire à Jésus. Il faut donc leur dire la vérité, comme Paul l'a fait devant Agrippa : "Que ce soit bientôt ou que ce soit tard, plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m'écoutent aujourd'hui, vous deveniez tels que je suis" (Actes 26 : 29). En leur disant la vérité dans l'amour, les choses seront claires, et ils ne pourront pas nous accuser de duplicité ni d'hypocrisie.

Il nous faut donc absolument parvenir au point où les Israélites finiront par entendre la prédication de la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ, car seule cette prédication pourra les sauver. Et si personne ne prêche, comment croiront-ils et pourront-ils être sauvés ?

Il y a un temps pour les aimer en silence, et un temps pour témoigner de Jésus, pour parler et pour prêcher. Nous n'aurons jamais d'opposition de la part des Juifs si nous nous contentons de les aimer en silence, en espérant seulement qu'ils finiront par nous poser quelques questions. Les oppositions ne viendront que quand nous commencerons à prêcher et à parler ! Exactement comme au début de l'Eglise ! Les premiers Chrétiens, qui étaient des Juifs, étaient remplis d'amour envers leurs frères Juifs, et ils ont certainement eu de multiples occasions de le leur prouver. Ils n'avaient pas derrière eux une longue histoire de persécuteurs, qui aurait terni leur image aux yeux des Juifs. Mais ils ne se sont pas contentés de les aimer. Ils leur ont prêché la repentance et la foi en Jésus. La réaction a été immédiate : les Juifs qui appréciaient leur amour tant qu'ils ne prêchaient pas, se sont mis à les persécuter violemment quand ils ont commencé à prêcher ! (Voir Actes 8 : 1). Les vrais Chrétiens n'ont jamais persécuté les Juifs.

Il ne faut donc pas oublier que, historiquement, ce sont les Juifs qui ont commencé à persécuter les Chrétiens ! N'inversons pas les rôles ! Ils sont devenus persécuteurs parce que les disciples de Jésus osaient leur dire que l'on ne pouvait pas être justifié, ni recevoir un plein pardon des péchés, par les œuvres de la Loi, mais simplement par la foi en Jésus crucifié et ressuscité.

Plus tard, les (faux) Chrétiens ont commencé à leur tour à persécuter les Juifs, à les convertir de force ou à les massacrer. C'est cette attitude qu'il nous faut dénoncer, en prouvant par notre vie et nos paroles que nous n'avons rien à faire avec ces (faux) Chrétiens, qui ont déshonoré le nom de Christ. Ces (faux) Chrétiens sont tout autant nos ennemis qu'ils sont les ennemis des Juifs !

Israël a besoin de prophètes qui dénoncent son péché et sa rébellion, et qui l'exhortent avec amour, comme Paul et les premiers disciples, à revenir au Dieu d'Israël et à Sa Parole, en commençant par la Torah et le Tanak, et à reconnaître en Yeshoua son Messie ! C'est là que se manifestera pleinement notre amour chrétien pour Israël. Nous avons le sentiment d'une urgence absolue. Il y va du salut de nombreuses âmes, des âmes du peuple d'Israël ! Les jugements finaux s'approchent rapidement, et nous n'avons pas le droit de rester silencieux ! Il faut aussi que les Juifs aient la preuve, en nous voyant vivre et agir, que Jésus est vraiment ressuscité !

Avant que les armées de Nebucadnetsar et de Titus ne détruisent la ville sainte et le temple, Dieu avait envoyé depuis longtemps Ses prophètes pour prévenir Son peuple et l'amener à la repentance. Il en est de même aujourd'hui : avant l'Holocauste final prédit par l'Apocalypse, Dieu veut prévenir Son peuple et le conduire à la repentance et à la foi en Jésus. Le sang des Juifs ne doit pas nous être redemandé par le Seigneur ! Il nous le redemandera, si nous ne les prévenons pas ! Un véritable amour pour les Juifs doit nous pousser à les prévenir !

Chacun doit certainement répondre à l'appel qu'il a reçu de Dieu. Mais il me semble qu'aujourd'hui, par rapport à tous ceux qui ont reçu l'appel de donner aux Juifs un témoignage actif, mais silencieux, de consolation, de solidarité et d'amour, il y en a trop peu qui semblent avoir reçu l'appel de leur prêcher l'Evangile, dans la puissance du Saint-Esprit, comme les apôtres l'ont fait dès le jour de la Pentecôte ! Puissent ceux qui ont reçu cet appel y répondre hardiment !

Quelques propositions :

Je ne peux qu'encourager la poursuite de voyages d'étude, d'échanges et de contacts de Chrétiens Evangéliques en Israël, tels que ceux qu'organise Fabienne Petit. Ils sont indispensables. Mais je souhaite aussi que davantage de groupes de Chrétiens (et de Juifs Messianiques) puissent annoncer clairement la Bonne Nouvelle aux Juifs d'Israël et du monde entier, en mettant simplement en pratique les recommandations de notre Seigneur dans l'Evangile : prêcher la repentance et la foi en Jésus, baptiser d'eau, et enseigner les disciples à observer tout ce que le Seigneur nous a prescrit.

L'un des moyens que nous pourrions développer, car il doit déjà certainement être employé, serait d'organiser des rencontres entre Juifs et Chrétiens de bonne volonté, pour que nous puissions écouter ce qu'ils ont à nous dire, pour dissiper les malentendus, et aussi pour expliquer à ces Juifs, sans agressivité, sans sentiment de supériorité, mais dans l'amour, pourquoi, et comment, nous avons été persuadés que Jésus de Nazareth est le Messie d'Israël. A l'occasion de ces rencontres, nous n'aurions comme texte de base que la Bible des Juifs, que nous appelons l'Ancien Testament, et nous n'évoquerions que les prophéties de l'Ancien Testament, comme Paul et les premiers disciples le faisaient : "Paul discourait dans la synagogue chaque sabbat, et il persuadait des Juifs et des Grecs. Mais quand Silas et Timothée furent arrivés de la Macédoine, il se donna tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus était le Christ" (Actes 18 : 4-5). "Car il (Apollos) réfutait vivement les Juifs en public, démontrant par les Ecritures que Jésus est le Christ" (Actes 18 : 28). Les Ecritures dont Apollos disposait étaient uniquement les textes de l'Ancien Testament. Ce sont surtout ceux-là qui pourront pleinement persuader les Juifs. L'étude sérieuse des prophéties de l'Ancien Testament suffit pleinement pour être persuadé que Yeshoua est le Messie d'Israël, quand on recherche honnêtement la Vérité.

Serait-il possible d'envisager à l'avenir de telles rencontres, avec des familles Juives ou des Juifs de bonne volonté, croyants ou non, dans des maisons, des synagogues, ou tout autre lieu propice à l'échange, pour leur expliquer pourquoi et comment nous avons cru, par leurs propres Ecritures ? Il ne faut surtout pas leur donner le sentiment que nous sommes là pour détruire leur religion et les "convertir" de force à une autre ! Mais il faut ouvrir avec eux leur Bible, et l'étudier honnêtement ensemble, dans un souci commun de recherche de la Vérité.

Si c'est la volonté de Dieu, Il continuera à ouvrir des portes ! En tout cas, personnellement, c'est ce qui m'a manqué le plus dans ce voyage : avoir le temps, avec quelques Juifs ouverts à la discussion, de partager leurs Ecritures en profondeur. Mais j'espère vivement que cette opportunité me sera donnée bientôt !

Fabienne PETIT - ANTIPODES-EVENEMENTS - B.P. 40180 - 86962 FUTUROSCOPE Chasseneuil Cedex - www.antipodes-evenements.com

Ce voyage a été intégralement financé par les contributions et les dons généreux du Ministère du Tourisme Israélien, de l'Office National Israélien du Tourisme à Paris, de la Compagnie El Al, de certains établissements hôteliers qui nous ont reçus, ainsi que par Antipodes-Evénements, en la personne de Fabienne Petit. Qu'ils soient tous chaleureusement remerciés pour leur générosité !