A392.
Essai inédit sur la Trinité.Article de Jonathan Edwards. L'original peut être consulté en Anglais à l'adresse suivante :
http://www.ccel.org(Christian Classics Ethereal Library, Calvin College).
Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu quelle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.
Dans ce texte inédit et important, le célèbre prédicateur lève un coin du voile qui recouvre le profond mystère de la nature réelle du Dieu de la Bible, sans pouvoir en épuiser la profondeur. A notre connaissance, c'est la première fois que ce texte est traduit en Français.
S'agissant du bonheur divin, il est commun de dire que Dieu est infiniment heureux de pouvoir jouir de Lui-même, dans la contemplation parfaite et l'amour infini de Sa propre perfection et de Sa propre essence. On doit donc supposer que le Seigneur jouit perpétuellement d'une perception infiniment parfaite de Lui-même, comme s'Il pouvait contempler éternellement devant Lui une image exacte et une représentation parfaite de ce qu'Il est. De cette contemplation jaillit en permanence une énergie pure et parfaite, qui est en fait l'essence même de l'amour divin, de Sa joie et de Son contentement.
La connaissance que Dieu a de Lui-même doit nécessairement être considérée comme quelque chose de distinct de Sa propre existence. L'image réfléchie que nous pouvons avoir de nous-mêmes possède quelque chose d'imparfait. Toutefois, dans le cas de Dieu, s'Il Se contemple Lui-même, en trouvant en Lui-même une joie et un délice parfaits, il est nécessaire qu'Il devienne Lui-même le propre objet de Sa contemplation. Il est nécessaire qu'il y ait en Lui une sorte de dédoublement : il y a d'une part Dieu, et d'autre part l'idée de Dieu, ou l'image de Dieu, s'il est possible d'appeler ainsi ce qui est quelque chose de purement spirituel.
Si un homme pouvait avoir une idée absolument parfaite de tout ce qui s'est passé et de tout ce qui a existé dans sa pensée, ne serait-ce que pendant une heure, s'il était possible qu'il ait, comme une image parfaitement réfléchie, une vision complète et parfaite de toutes ses pensées et de toutes ses idées pendant cette période, on pourrait dire que cet homme se serait réellement dédoublé pendant ce court laps de temps. L'image réfléchie qu'il aurait de lui-même serait en réalité lui-même ! C'est comme s'il était un en deux.
En parlant d'image réfléchie de tout ce qui se passe dans la pensée, je ne veux pas simplement parler de la conscience que l'on a de soi-même. Il y a une grande différence entre le simple fait d'être conscient de soi-même, et le fait d'avoir en permanence en face de soi (si cela était possible pour nous, et si nous étions parfaits !) une image vivante réfléchissant parfaitement tout ce que nous sommes et tout ce que nous pensons, au point de pouvoir nous contempler nous-mêmes dans toute notre beauté et dans toute l'excellence de notre nature réelle ! Ou alors, il faudrait que la simple conscience de soi et de ce qui se passe dans notre pensée soit en fait la capacité de pouvoir en permanence contempler tout ce qui se passe en nous, comme si cela se déroulait sur un miroir réfléchissant.
Ce qui est impossible pour nous est possible pour Dieu. Avec une parfaite clarté et une pleine puissance, Il peut Se comprendre Lui-même, et contempler en permanence ce qu'Il est dans Son essence parfaite. Par conséquent, l'idée que Dieu a de Lui-même est absolument Lui-même, sans distinction de substance ni d'action. La représentation que Dieu Se fait de Sa propre nature n'est autre que Sa propre nature elle-même. (NDE : Ce n'est pas une simple image passive comme celle que réfléchit un miroir, mais une Personne vivante qui est l'image parfaite de Dieu). Un même Dieu Tout-Puissant est ainsi "engendré", infini et éternel, même Dieu que Celui qui L'a engendré, possédant la même nature divine et la même essence que Lui, mais constituant une Personne distincte de celle de Celui qui L'a ainsi engendrée, par réflexion de Lui-même.
Cette Personne n'est autre que la seconde Personne de la Trinité, le Fils unique de Dieu, le Fils Bien-Aimé du Père. Il est l'Idée vivante, l'Image vivante que Dieu Se fait de Lui-même, Idée divine éternelle, nécessaire, parfaite, et personnelle, identique en essence à Dieu le Père, même Dieu que Dieu le Père, et ayant la même nature divine que Dieu le Père. Cela me semble abondamment confirmé par la Parole de Dieu.
Rien ne me semble mieux correspondre à la description que l'Ecriture nous donne du Fils de Dieu, existant en forme de Dieu, et étant Son image et Son expression parfaites :
"Si notre Evangile est encore voilé, il est voilé pour ceux qui périssent ; pour les incrédules dont le dieu de ce siècle a aveuglé l'intelligence, afin qu'ils ne vissent pas briller la splendeur de l'Evangile de la gloire de Christ, qui est l'image de Dieu" (2 Cor. 4 : 3-4).
"Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu" (Philippiens 2 : 5-6).
"Rendez grâces au Père, qui vous a rendus capables d'avoir part à l'héritage des saints dans la lumière, qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création" (Colossiens 1 : 12-15).
"Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde, et qui, étant le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, a fait la purification des péchés et s'est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts, devenu d'autant supérieur aux anges qu'il a hérité d'un nom plus excellent que le leur" (Hébreux 1 : 1-4).
Il est écrit dans Exode 33 : 14 : "L'Eternel répondit : Je marcherai moi-même avec toi, et je te donnerai du repos." Mais le texte hébreu dit en réalité : "Ma face vous guidera, et je te donnerai toute sécurité." Nous savons que c'est Christ qui a guidé les Hébreux dans le désert. Christ est donc appelé "la face de Dieu." Le mot hébreu traduit par "face" signifie aussi "apparence, forme, image." On peut donc dire que Dieu a une parfaite idée de Lui-même, par laquelle Il peut, en permanence, contempler Sa propre essence. Cette "idée" est aussi appelée "la face de Dieu," de même qu'un homme peut contempler sa face en regardant un miroir. C'est par cette face, forme, image ou apparence, que Dieu S'apparaît éternellement à Lui-même.
La racine de ce mot hébreu vient d'un verbe qui signifie "regarder" ou "contempler." Ce que Dieu regarde ou contemple d'une manière si éminente est la propre Image de Lui-même, qui peut aussi être appelée Sa propre "Idée" parfaite. C'est également ce que la Bible appelle par ailleurs "l'ange de Dieu," "la présence de Dieu," ou "la face de Dieu."
"Dans toutes leurs détresses, ils n'ont pas été sans secours, et l'ange qui est devant sa face les a sauvés ; il les a lui-même rachetés, dans son amour et sa miséricorde, et constamment il les a soutenus et portés, aux anciens jours" (Esaïe 63 : 9).
Le fait que le Fils de Dieu soit l'Image parfaite et éternelle de Dieu, la propre "Idée" qu'Il a de Lui-même, est quelque chose que la Parole de Dieu révèle de la manière la plus claire. Tout d'abord, Christ est appelé "la Sagesse de Dieu." Si les Ecritures nous enseignent que Christ n'est autre que la Sagesse ou la Connaissance de Dieu, elles nous enseignement aussi qu'Il est l'Image ou l'Idée parfaite et éternelle de Dieu. Nous l'avons déjà observé, et je suppose que personne ne peut le nier.
"Nous, nous prêchons Christ crucifié ; scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs" (1 Cor. 1 : 23-24).
"C'est pourquoi la sagesse de Dieu a dit
: Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; ils tueront les uns et persécuteront les autres" (Luc 11 : 49). Comparez avec ces paroles de Jésus : "C'est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes" (Matthieu 23 : 34).Le Livre des Proverbes parle aussi beaucoup de Christ, sous la forme de la Sagesse personnifiée, notamment au chapitre 8.
La Personne divine du Fils est ainsi engendrée éternellement dans l'amour, par l'idée que Dieu a de Lui-même. Cette Personne est distincte de celle du Père. Le Père et le Fils mettent d'un dans l'autre toute leur affection et tout leur amour, car leur joie et leur amour sont mutuels. "J'étais (la Sagesse) à l'uvre auprès de lui, et je faisais tous les jours ses délices, jouant sans cesse en sa présence" (Proverbes 8 : 30).
De cette relation entre le Père et le Fils procède aussi une Energie infiniment sacrée et sainte, qui est "action" pure. Cette "action" est éternelle et absolument parfaite, inhérente à la nature divine. Dieu agit éternellement de la manière la plus parfaite possible. Quand Dieu agit, Il devient Lui-même action, par laquelle l'essence divine S'écoule et Se manifeste, comme un souffle d'amour et de joie. C'est là que procède la Troisième Personne de la Trinité, c'est-à-dire le Saint-Esprit, qui est Dieu en action. Car il n'y a pas d'autre action que celle de la volonté.
La Parole de Dieu nous apprend que Dieu, dans Sa nature et Son essence divines, subsiste dans l'amour. "Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour" (1 Jean 4 : 8). Le contexte de ce verset nous suggère clairement que c'est le Saint-Esprit qui est cet Amour : "Personne n'a jamais vu Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. Nous connaissons que nous demeurons en lui, et qu'il demeure en nous, en ce qu'il nous a donné de son Esprit" (versets 12-13).
C'est le même argument qui est développé dans ces deux versets. Au verset 12, l'apôtre affirme que "si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous." Au verset 13, il développe la force de son argument, en disant que cet amour est l'Esprit de Dieu. Comme l'Esprit de Dieu demeure en nous, Dieu demeure donc en nous, car l'Esprit de Dieu est Dieu. Il est également évident que Dieu, qui demeure en nous, et Son amour, qui demeure aussi en nous, sont une seule et même réalité. La même vérité est affirmée dans le dernier verset du chapitre précédent. A partir du verset 18 de ce chapitre, l'apôtre parle de l'amour, comme un signe sûr de notre sincérité et de notre acceptation par Dieu, et il résume son argument dans le dernier verset :
"Petits enfants, n'aimons pas en paroles et avec la langue, mais en actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité, et nous rassurerons nos curs devant lui ; car si notre cur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cur, et il connaît toutes choses. Bien-aimés, si notre cur ne nous condamne pas, nous avons de l'assurance devant Dieu. Quoi que ce soit que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable. Et c'est ici son commandement: que nous croyions au nom de son Fils Jésus-Christ, et que nous nous aimions les uns les autres, selon le commandement qu'il nous a donné. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous connaissons qu'il demeure en nous par l'Esprit qu'il nous a donné " (1 Jean 3 : 18-24).
L'Ecriture semble souvent parler de l'amour qui est déversé dans le cur des Chrétiens comme étant le même que l'Esprit de Dieu en eux. L'amour divin est la première manifestation, et la plus naturelle, du souffle de l'Esprit dans leur âme.
"Si donc il y a quelque consolation en Christ, s'il y a quelque soulagement dans la charité, s'il y a quelque union d'esprit, s'il y a quelque compassion et quelque miséricorde, rendez ma joie parfaite, ayant un même sentiment, un même amour, une même âme, une même pensée" (Philippiens 2 : 1-2).
" par la pureté, par la connaissance, par la longanimité, par la bonté, par un esprit saint, par une charité sincère" (2 Cor. 6 : 6).
"Je vous exhorte, frères, par notre Seigneur Jésus-Christ et par l'amour de l'Esprit, à combattre avec moi, en adressant à Dieu des prières en ma faveur" (Romains 15 : 30).
" et qui nous a appris de quelle charité l'Esprit vous anime" (Colossiens 1 : 8).
"Or, l'espérance ne trompe point, parce que l'amour de Dieu est répandu dans nos curs par le Saint-Esprit qui nous a été donné" (Romains 5 : 5).
"Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair ; mais rendez-vous, par la charité, serviteurs les uns des autres. Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde que vous ne soyez détruits les uns par les autres. Je dis donc : Marchez selon l'Esprit, et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair" (Galates 5 : 13-16).
L'apôtre soutient que la liberté chrétienne ne doit pas être l'occasion de satisfaire les convoitises de la chair, en nous mordant et nous dévorant les uns les autres. Mais l'amour, qui est l'accomplissement de la loi, permet d'empêcher cela, comme le dit le verset 16 du passage ci-dessus.
La troisième et dernière fonction du Saint-Esprit est de réconforter et de réjouir l'âme des brebis du Seigneur. L'un de Ses noms est donc le Consolateur. Nous trouvons aussi cette expression : "la joie du Saint-Esprit."
"Et vous-mêmes, vous avez été mes imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la parole au milieu de beaucoup de tribulations, avec la joie du Saint Esprit" (1 Thes. 1 : 6).
"Car le royaume de Dieu, ce n'est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint-Esprit" (Romains 14 : 17).
" L'Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie, s'édifiant et marchant dans la crainte du Seigneur, et elle s'accroissait par l'assistance du Saint-Esprit" (Actes 15 : 31).
Tout cela nous montre bien que le Saint-Esprit est la personnification de la joie et du bonheur suprêmes de Dieu.
"Paul et Barnabas secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds, et allèrent à Icone, tandis que les disciples étaient remplis de joie et du Saint-Esprit" (Actes 13 : 51-52). Je suppose qu'ils étaient remplis d'une joie spirituelle.
Cela est confirmé par le symbole du Saint-Esprit, c'est-à-dire la colombe, emblème d'amour. Ce mot est souvent employé dans l'Ecriture, surtout dans le Cantique des Cantiques :
"Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes" (1 : 15 et 4 : 12).
"Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux" (5 : 12).
"Ouvre-moi, ma sur, mon amie, ma colombe, ma parfaite!" (5 : 2 et 6 : 9).
Je crois que c'est pour cela que la colombe était le seul oiseau à être accepté pour être offert en sacrifice (à l'exception des oiseaux mentionnés pour la purification du lépreux, et qui semblent être des moineaux), parce que la colombe est l'emblème de l'amour, et que l'amour est le sacrifice que Dieu considère comme le plus acceptable. C'est sous la forme d'une colombe que le Saint-Esprit est descendu sur Jésus-Christ depuis le Père, lors du baptême du Seigneur. Cette colombe représentait l'amour infini du Père pour le Fils, qui est le véritable David, le Bien-Aimé. La même chose fut ainsi confirmée publiquement. Cette descente du Saint-Esprit fut accompagnée d'une voix qui dit : "Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, en qui j'ai mis toute mon affection."
L'amour et la bonté de Dieu sont donc personnifiés par le Saint-Esprit. Cela semble évident quand on lit ce passage du Psaume 36 : "Combien est précieuse ta bonté, ô Dieu ! A l'ombre de tes ailes les fils de l'homme cherchent un refuge. Ils se rassasient de l'abondance de ta maison, et tu les abreuves au torrent de tes délices. Car auprès de toi est la source de la vie ; par ta lumière nous voyons la lumière" (Psaume 36 : 7-9).
Il ne fait pas de doute que la bonté de Dieu, l'abondance de Sa maison, le torrent de Ses délices, et la lumière de Dieu, représentent la même chose. Nous savons que l'huile sainte qui était conservée dans la Maison de Dieu était un type du Saint-Esprit, et représentait l'amour de Dieu. De même, le fleuve d'eau de la vie, dont parle la chapitre 22 de l'Apocalypse, le torrent qui sort du trône de Dieu et de l'Agneau, est le même que le torrent de la vision d'Ezéchiel. Cette rivière, ce fleuve, ou ce torrent, est appelé dans ce Psaume 36 "le torrent des délices de Dieu," et la "source de la vie." Il s'agit de l'amour et de la bonté de Dieu.
Christ Lui-même a enseigné très clairement que les sources spirituelles, et les fleuves d'eau vive, représentent le Saint-Esprit (Jean 4 : 14 et 7 : 38-39). Nous comprenons que le torrent des délices de Dieu est le même que le fleuve d'eau de la vie mentionné dans Apocalypse 22, si nous comparons ces versets avec Révélation 21 : 23-24 et 22 : 1, 5. En comparant tous ces passages attentivement, nous serons convaincus qu'ils font référence à la plénitude de bonheur évoquée par le Psaume 36.
Cela s'accorde aussi très bien avec toutes les autres métaphores employées pour représenter le Saint-Esprit, comme l'eau, le feu, le souffle, le vent, l'huile, le vin, le printemps, une rivière. Il s'agit de quelque chose qui s'écoule, qui est déversé ou répandu. Tout cela permet de représenter parfaitement l'amour du Saint-Esprit, Son affection et Sa joie, qui peuvent être répandus comme de l'eau, ou s'écouler comme un vent. De telles métaphores ne seraient pas très appropriées pour désigner l'image, la pensée ou l'idée de Dieu.
Il est normal de parler de la chaleur d'une affection, ou de comparer l'amour à un feu. Mais cela ne serait pas naturel d'utiliser les mêmes comparaisons pour caractériser la raison ou la perception. On peut dire que l'âme déverse son affection, ou que l'amour se répand : "l'amour de Dieu est répandu dans nos curs par le Saint-Esprit qui nous a été donné" (Romains 5 : 5). Mais ces comparaisons ne seraient pas adéquates pour caractériser tout autre aspect d'un être spirituel.
C'est ce fleuve d'eau de la vie, dont parle le chapitre 22 de l'Apocalypse, qui sort du trône du Père et du Fils. Car ce fleuve d'eau vive, ou d'eau de la vie, est le Saint-Esprit, comme Jean le dit dans son Evangile (Jean 7 : 38-39). Comme le Saint-Esprit fait aussi les délices et le plaisir infinis de Dieu, ce fleuve, ou ce torrent, est aussi appelé le "torrent des délices de Dieu," et non "le torrent de Dieu qui procure des délices." Je suppose que c'est aussi l'équivalent de "l'abondance de la Maison de Dieu." Ceux qui font confiance au Seigneur seront abreuvés, et bénéficieront de l'abondance de la Maison de Dieu. Tout cela est aussi représenté par l'huile.
C'est la confirmation que le Saint-Esprit est bien l'amour et les délices de Dieu, car la communion des saints avec leur Dieu consiste à recevoir Son Saint-Esprit. La communion des saints présente deux aspects : la communion de chacun avec Dieu, et la communion des uns avec les autres.
"Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ" (1 Jean 1 : 3).
La communion consiste à partager ce qui est bon, ce qui est excellent, et ce qui procure le bonheur. Quand il est dit que les saints sont en communion avec le Père et avec le Fils, cela signifie qu'ils partagent avec le Père et le Fils ce qui est bon, ce qui est excellent, et ce qui fait leur gloire.
"Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu, lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise" (2 Pierre 1 : 3-4).
"Nos pères nous châtiaient pour peu de jours, comme ils le trouvaient bon ; mais Dieu nous châtie pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté" (Hébreux 12 : 10).
"Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un, moi en eux, et toi en moi, afin qu'ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé." (Jean 17 : 22-23).
"Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu'ils aient en eux ma joie parfaite" (Jean 17 : 13).
Notre communion avec Dieu consiste à partager le Saint-Esprit, car le Saint-Esprit est l'amour et la joie de Dieu, Sa beauté et Son bonheur parfaits.
"Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu, et la communication du Saint-Esprit, soient avec vous tous !" (2 Cor. 13 : 14).
Il ne s'agit pas de trois bénédictions différentes. Mais il s'agit d'une seule et même bénédiction, celle du don du Saint-Esprit. En partageant le Saint-Esprit, nous possédons et nous jouissons de l'amour et de la grâce du Père et du Fils, car le Saint-Esprit est cet amour et cette grâce. Je suppose que c'est ce que signifie 1 Jean 1 : 3 : "Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ."
Il est écrit que nous sommes en communion avec le Père et le Fils, mais pas avec le Saint-Esprit. Parce que notre communion avec le Père et avec le Fils consiste justement à partager avec eux le Saint-Esprit.
Notre communion avec le Fils consiste en ceci, que nous buvons le même Esprit. L'unité de tous les saints, source d'une pleine joie et d'un plein bonheur, est le "lien de la perfection," par lequel ils sont un dans le Père et le Fils, de même que le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père.
Au début de chacune de ses épîtres, l'apôtre Paul invoque pour les saints la grâce et la paix du Père et du Seigneur Jésus-Christ, sans jamais mentionner le Saint-Esprit. Nous le voyons treize fois dans la salutation initiale de ses épîtres. Pour expliquer cela, nous dirons simplement que le Saint-Esprit est Lui-même l'amour, la grâce et la paix de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ.
Dans la bénédiction finale de 1 Corinthiens 13, quand l'apôtre Paul mentionne les trois Personnes divines, il parle de la grâce du Seigneur Jésus-Christ et de l'amour de Dieu, puis il ajoute : "et la communication du Saint-Esprit." Cela signifie que les bénédictions que donnent le Père et le Fils sont reçues par la communication et le partage du Saint-Esprit. La bénédiction que donne le Saint-Esprit, c'est la communication de Lui-même ! Christ nous dit que Lui et Son Père aimeront Ses disciples (Jean 14 : 21-23). Mais Il ne fait aucune mention du Saint-Esprit. La Bible mentionne souvent l'amour de Christ et l'amour du Père, mais ne mentionne jamais l'amour du Saint-Esprit.
Je suppose que c'est aussi pour cela que nous ne voyons nulle part écrit que le Saint-Esprit "aime le Père ou le Fils," ou que "le Fils ou le Père aiment le Saint-Esprit," ni que "le Saint-Esprit aime les saints," alors que c'est souvent dit des deux autres Personnes divines. Car l'amour du Père et du Fils, c'est justement le Saint-Esprit.
Voilà de quelle manière je conçois la réalité des Trois Personnes bénies constituant notre Dieu Unique. Le Père est le Dieu fondamental, originel et absolu, Dieu dans Son Existence directe et absolue. Le Fils est Dieu "généré" par Dieu le Père, en tant qu'Idée, ou "Image" de Lui-même, et subsistant dans cette Idée. Le Saint-Esprit est Dieu existant en action d'amour, Essence divine répandue par l'amour infini de Dieu. Je crois que toute l'Essence de la Divinité subsiste véritablement et distinctement dans l'Idée divine et dans l'Amour divin, et que ces trois aspects de la Divinité constituent les trois Personnes distinctes d'un seul et même Dieu.
On dit souvent que tout ce qui est en Dieu est Dieu, à condition de parler de Ses attributs réels, et non de simples modalités. Par exemple, si quelqu'un me dit que l'immuabilité de Dieu est Dieu, que l'omniprésence de Dieu est Dieu, ou que l'autorité de Dieu est Dieu, je serais incapable de comprendre la signification rationnelle de ces paroles. Je préfère dire que Dieu est un Dieu qui ne change pas, que Dieu est un Dieu omniprésent, et que Dieu est un Dieu qui a le droit de gouverner toutes Ses créatures.
En revanche, si l'on me parle des attributs réels de Dieu, par exemple de Son amour ou de Sa connaissance, en me disant que Son amour est Dieu, ou que Sa connaissance est Dieu, je peux le comprendre, en fonction de ce qui vient d'être expliqué. Car Dieu subsiste distinctement dans Son amour et dans Sa connaissance. Ce sont des Personnes divines distinctes.
L'une des principales objections auxquelles je pense concerne la Personne du Saint-Esprit : ce que nous venons d'expliquer ne semble pas bien correspondre à une personne, qui possède à la fois la connaissance et la volonté. Si les trois Entités divines sont des Personnes, chacune d'entre elles doit avoir la connaissance. Comment donc la Connaissance peut être une Personne distincte, et l'Amour une autre Personne distincte ? Je commencerai par dire que les trois Personnes divines n'ont pas trois connaissances distinctes, mais qu'elles possèdent une seule et même connaissance.
Afin de clarifier cette question, considérons le fait que la Divinité tout entière doit véritablement subsister dans chacune des trois Personnes divines. C'est-à-dire que Dieu, Sa Connaissance et Son Amour, forment une merveilleuse union. D'une manière ineffable et inconcevable pour l'intelligence humaine, chaque Personne divine est dans les deux autres, et chacune est en communion parfaite avec les deux autres. Ce que l'on peut dire de l'une peut aussi être dit des autres. Jésus a dit : "Je suis dans le Père, et le Père est en moi." Concernant les trois Personnes de la Trinité, on peut donc dire que le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père, que le Saint-Esprit est dans le Père et le Père dans le Saint-Esprit, et que le Fils est dans le Saint-Esprit et le Saint-Esprit dans le Fils. Le Père connaît toutes choses, parce que Son Fils, qui est la Connaissance et la Sagesse divines, est en Lui. Le Père aime, parce que le Saint-Esprit est en Lui. De même, le Fils aime parce que le Saint-Esprit est en Lui et procède de Lui. Le Saint-Esprit connaît aussi toutes choses, parce que le Fils, la Connaissance divine, est en Lui.
La connaissance est associée à l'amour, parce qu'il s'agit de l'Amour de la Connaissance, à la fois objectivement et subjectivement. Dieu aime la connaissance, et cette connaissance est aussi répandue dans l'amour. De sorte que la Connaissance divine subsiste en Dieu et dans Son Amour. Il ne s'agit pas d'un amour aveugle. Dieu a donné la conscience à Ses créatures humaines. Cette conscience est incluse dans la nature même de la volonté de l'âme. Quand Dieu agit, Il le fait d'une manière infiniment plus parfaite que l'homme, de sorte que c'est toute l'Essence même de Dieu qui S'exprime et qui subsiste dans chacun de Ses actes. Le Fils est dans le Saint-Esprit, bien qu'Il ne procède pas de Lui, car la connaissance doit être considérée comme venant avant la volonté, l'amour ou l'action, que ce soit dans la création ou dans le Créateur. Toutefois, la connaissance est aussi dans l'Esprit, car il est écrit que l'Esprit connaît toutes choses, et sonde toutes choses, même les profondeurs de Dieu.
Les trois composantes de la Divinité sont toutes les trois des Personnes, car elles ont toutes la connaissance et la volonté. Le Père possède la connaissance et la volonté, car le Fils et le Saint-Esprit sont en Lui et procèdent de Lui. La connaissance et la volonté sont bien dans le Fils, car Il est la Connaissance, et parce que le Saint-Esprit, Volonté d'action divine, est en Lui et procède de Lui. La connaissance et la volonté sont aussi dans le Saint-Esprit, car Il est la Volonté divine, et parce que le Fils est en Lui.
Nous ne devons pas considérer comme étrange et déraisonnable de dire que les Personnes de la Trinité ont toutes la connaissance, la volonté et l'amour en Elles, car nous pouvons conclure, par les Ecritures, que le Père, par exemple, possède la sagesse et la connaissance, parce que le Fils est en Lui, et que le Fils est la Sagesse et la Connaissance. La Bible nous informe que le Fils est la Sagesse, la Raison et la Vérité de Dieu. Par conséquent, Dieu est sage, parce que Jésus, Sa propre Sagesse, demeure en Lui. La connaissance et la sagesse sont dans le Père, parce que le Fils est en Lui, et procède de Lui. La connaissance est dans le Saint-Esprit, parce que le Fils est en Lui, non pas parce qu'Il procède de Lui, mais parce qu'Il S'exprime en Lui et au travers de Lui.
Je ne prétends pas expliquer pleinement la nature de Dieu, et je suis sensible aux centaines d'objections qui peuvent être faites, aux questions embarrassantes et aux doutes qui peuvent surgir, et que je ne peux pas résoudre. Je suis loin de pouvoir prétendre expliquer la Trinité, au point d'en éclairer tout le mystère. Je crois qu'il s'agit là du plus profond et du plus grand de tous les mystères divins, quoique je puisse en dire ou en penser. Je n'ai donc pas l'intention d'expliquer la Trinité. Mais c'est avec raison que les Ecritures peuvent me conduire à dire des choses qui vont un peu plus loin que les choses habituellement comprises, quoiqu'il reste encore beaucoup de choses incompréhensibles.
Il me semble toutefois que ce que j'ai exposé ici concernant la Trinité est parfaitement en accord avec la prédication de l'Evangile, et conforme au contenu de tout le Nouveau Testament, tout en illustrant abondamment les doctrines de l'Evangile, en espérant que cela n'allonge pas excessivement mon discours.
Brièvement, je voudrais simplement observer que ce que j'ai expliqué peut être confirmé par ce qu'enseignent les théologiens orthodoxes concernant la Trinité. Nous avons vu, par exemple, que le Père est la source, la fontaine de la Divinité. Quand l'Ecriture parle du Père, elle affirme souvent cette vérité. Elle le désigne très souvent sous l'appellation de "Dieu," sans aucune autre addition ou distinction. C'est ce qui a fait croire à certains que Lui seul était véritablement Dieu. Nous pouvons voir, dans l'économie des Personnes de la Trinité, pourquoi le Père doit être revêtu de la dignité divine, car Il est de la prérogative du Père de soutenir et de maintenir les droits fondamentaux de la Divinité. Il est Dieu, non seulement par essence même, mais aussi, si l'on peut dire, par Sa fonction dans l'économie de la Trinité.
Nous avons aussi illustré la doctrine du Saint-Esprit. Il procède à la fois du Père et du Fils. Nous voyons de quelle manière il est possible pour le Fils d'être engendré par le Père, et pour le Saint-Esprit de procéder à la fois du Père et du Fils. Pourtant, ces trois Personnes sont co-éternelles. Nous pouvons donc comprendre plus clairement l'égalité absolue, en tout point, de ces trois Personnes.
Elles sont égales en honneur. Outre l'honneur commun qui Leur revient à toutes les trois, car chacune est Dieu, chaque Personne reçoit un honneur particulier. Bien qu'elles soient égales dans leur essence, l'honneur particulier du Père est qu'Il est, pour ainsi dire, l'Auteur de la Sagesse parfaite et infinie. L'honneur du Fils est qu'Il est Lui-même cette Sagesse divine parfaite. De l'excellence de cette Sagesse découle justement l'honneur de Celui qui en est l'Auteur ou le Générateur. L'honneur du Père et du Fils est qu'Ils sont infiniment excellents, car c'est d'Eux que procède cette excellence infinie. Mais l'honneur du Saint-Esprit est égal, car Il est Lui-même cette divine Excellence et cette divine Beauté.
C'est l'honneur du Père et du Fils que d'être infiniment Saints, et d'être la Fontaine de toute sainteté. Mais l'honneur du Saint-Esprit est d'être cette Sainteté elle-même. L'honneur du Père et du Fils est d'être infiniment heureux, et d'être la Fontaine originale du bonheur. L'honneur du Saint-Esprit est égal, car c'est Lui qui est cette Joie et ce Bonheur infinis.
L'honneur du Père est qu'Il est la Fontaine de la Divinité, de Qui procèdent la Sagesse divine, ainsi que l'Excellence et le Bonheur. L'honneur du Fils est égal, car Il est Lui-même la Sagesse divine. Et c'est de Lui que procèdent l'Excellence et la Bonheur divins. L'honneur du Saint-Esprit est aussi égal, car Il est le Bonheur, l'Excellence et la Beauté des deux autres Personnes.
Par là, nous pouvons aussi pleinement comprendre l'égalité de chaque Personne de la Trinité concernant l'uvre de rédemption, ainsi que l'égalité des rachetés devant Elles, dans leur dépendance d'Elles, et dans la louange et l'honneur qui Leur sont dus. La gloire appartient au Père et au Fils, parce qu'Ils ont tant aimé le monde : au Père, car Il a tant aimé le monde qu'Il a donné Son Fils unique ; au Fils, parce qu'Il a tant aimé le monde qu'Il S'est donné Lui-même.
Mais une gloire égale appartient au Saint-Esprit, car c'est Lui qui est cet Amour du Père et du Fils pour le monde. De même que les deux premières Personnes se glorifient Elles-mêmes en prouvant l'étonnante grandeur de Leur amour et de Leur grâce, ainsi, cette grâce et cet amour merveilleux glorifient Celui qui est le Saint-Esprit. Cela prouve la dignité et l'excellence infinies du Père, car le Fils a tellement aimé et recherché l'honneur et la gloire de Son Père qu'Il S'est infiniment abaissé, afin que le salut de l'humanité s'accomplisse réellement à l'honneur et à la gloire du Père.
L'excellence et la valeur infinie du Fils sont aussi prouvées par le fait que le Père ait mis tout Son plaisir en Lui. C'est en vertu de cet amour du Père pour Son Fils qu'Il a accepté de renoncer à Sa colère et d'accueillir avec faveur ceux qui méritaient un juste châtiment éternel. Ce qui a été accompli par le Père et le Fils démontre aussi l'excellence et la valeur suprême du Saint-Esprit, qui est véritablement ce Délice que le Père et le Fils éprouvent l'un pour l'autre, Délice qui doit nécessairement être infini. Si nous faisons notre délice de quelque chose, ce délice a autant de valeur que cette chose elle-même qui nous procure une telle joie !
Nous dépendons d'une manière égale des trois Personnes divines. C'est le Père qui a donné le Rédempteur et qui L'a investi de Sa mission, tout en garantissant et en acceptant de payer le prix de ce rachat. Le Fils est ce Rédempteur, qui S'est offert Lui-même, et qui est le prix qui a dû être payé. Et le Saint-Esprit est Celui qui nous communique immédiatement ce qui a été racheté pour nous, en Se communiquant Lui-même. Il est aussi tout ce qui a été racheté. Tout ce que Christ a racheté pour les hommes se trouve inclus dans le Saint-Esprit : "Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois, afin que la bénédiction d'Abraham eût pour les païens son accomplissement en Jésus-Christ, et que nous reçussions par la foi l'Esprit qui avait été promis" (Galates 3 : 13-14).
Ce que Christ a racheté pour nous, c'est le fait que nous puissions être en communion avec un Dieu bon, en partageant Son Saint-Esprit. Comme nous l'avons vu, la bénédiction des rachetés consiste dans le fait qu'ils peuvent partager la plénitude de Christ, c'est-à-dire partager Son Esprit, qui ne leur a pas été donné avec mesure. L'huile versée sur la tête de l'Eglise s'écoule sur tous les membres de Son Corps, jusqu'au bord de Son vêtement (Psaume 133 : 2). Christ a racheté tout cela pour nous, afin que nous puissions avoir la faveur de Dieu, et que nous puissions jouir de Son amour. Et Son Amour est le Saint-Esprit.
Certains supposent parfois que l'uvre du Saint-Esprit dans la rédemption ne doit pas être mise sur le même plan que l'uvre du Père et du Fils, et qu'il ne faut donc pas attribuer au Saint-Esprit une gloire égale à celle du Père et du Fils. Ils disent que l'uvre du Saint-Esprit est simplement de nous transmettre les bénédictions divines rachetées pour nous, et que c'est relativement peu de chose, comparativement au prix infini qui a dû être payé par Christ, en S'offrant Lui-même en sacrifice, ou au prix qui a dû être payé par le Père, en donnant Son Fils Bien-Aimé en sacrifice pour nous, pour nous assurer toutes les bénédictions de ce rachat.
Toutefois, même dans ce domaine il y a une parfaite égalité. Pour le Saint-Esprit, le fait d'être l'Amour de Dieu pour le monde est aussi important que, pour le Père et le Fils, le fait d'avoir tant accompli par amour pour le monde. Ce qui a été racheté a autant de valeur que le prix qui a dû être payé pour ce rachat. Une chose achetée a autant de valeur que le prix consenti pour la racheter. Il est donc tout aussi important de nous transmettre tout ce qui a été racheté pour nous. La gloire qui revient à Celui qui nous transmet la bénédiction découle de la valeur même de cette bénédiction et, à ce titre, le Saint-Esprit mérite la même gloire et le même honneur. La gloire de la bénédiction est représentée par sa valeur, et c'est aussi la gloire de Celui qui nous la transmet.
Il y a, dans la création, deux images remarquables de la Trinité. La première est dans la création spirituelle, il s'agit de l'âme humaine. Elle comprend l'intelligence, (ou la connaissance, l'idée), la volonté, et les affections ou émotions. La seconde image est dans la création visible, il s'agit du soleil. Le Père est la substance du soleil. Je ne prends pas le mot "substance" dans son sens philosophique, mais je veux parler de la constitution interne du soleil. Le Fils est l'éclat et la gloire du disque solaire, cette forme brillante et glorieuse qui apparaît à nos yeux. Le Saint-Esprit est l'action du soleil, qui part de l'intérieur du soleil, de sa chaleur interne, pour se diffuser ensuite à l'extérieur, sous forme de lumière et de chaleur, qui donnent la vie au monde et le réconfortent. L'Esprit de Dieu est l'Amour divin infini. Il est en Lui-même amour et bonheur parfaits. C'est par Lui, comme pour la chaleur interne du soleil et l'émanation de ses rayons, que Dieu Se communique Lui-même au monde.
Les magnifiques couleurs des différents rayons du soleil représentent bien le Saint-Esprit. Ils représentent tous les aspects de l'amour et la grâce de Dieu. C'est pour cela que Dieu a utilisé l'image de l'arc-en-ciel après le déluge, et je suppose qu'il en est de même pour l'arc-en-ciel qu'Ezéchiel a vu autour du trône de Dieu, ou que Jean a vu autour de la tête de Christ (Ezéchiel 1 : 28, Apoc. 10 : 1. Voir aussi Apoc. 4 : 3). Il représente l'excellence multiforme des diverses grâces et vertus de l'Esprit. Ces magnifiques couleurs des rayons solaires sont employées dans l'Ecriture pour représenter les grâces de l'Esprit, comme dans le Psaume 68 : 13 : "Tandis que vous reposez au milieu des étables, les ailes de la colombe sont couvertes d'argent, et son plumage est d'un jaune d'or." Comme la lumière solaire se décompose en diverses couleurs magnifiques, les couleurs des ailes et du plumage de la colombe représentent les grâces de la Colombe Céleste, le Saint-Esprit.
Je suppose qu'il en était de même pour les diverses couleurs magnifiques des pierres précieuses serties dans le pectoral du Souverain Sacrificateur. Les ornements spirituels de l'Eglise sont aussi représentés par les couleurs des fondations et des portes de la Jérusalem Céleste (Apoc. 21 ; Esaïe 54 : 11, etc ), ainsi que des divers matériaux utilisés pour la construction du Temple de Salomon (1 Chroniques 29 : 2).
Je crois que le soleil et les splendides couleurs de ses rayons ont été spécialement conçus par le Créateur dans ce dessein précis. En réalité, c'est toute la création visible qui n'est que l'ombre des réalités spirituelles, et qui a été entièrement conçue pour représenter et symboliser ces réalités divines. Il ne s'agit pas là d'une simple supposition de ma part, mais d'une révélation divine qui nous est clairement présentée dans les Saintes Ecritures.
Je suis sensible aux diverses objections qui pourraient m'être faites, à propos de tout ce que je viens de dire, et des difficultés qui pourraient être soulevées : "Comment cela se peut-il ? Comment est-ce possible ?"
Loin de moi l'idée de vouloir expliquer tout ce mystère, qui présente sans cesse de nouveaux aspects de sa complexité mystérieuse et incompréhensible. Je crois que si ce que j'ai pu dire contribue à amoindrir certaines difficultés, en revanche, d'autres difficultés peuvent apparaître, accroissant d'autant le nombre des choses qui semblent mystérieuses, merveilleuses et incompréhensibles. Ce que je présente n'est qu'un aspect supplémentaire de ce que la vérité divine de la Parole de Dieu nous dévoile concernant ce grand mystère.
Je crois que la Parole de Dieu nous enseigne beaucoup plus de choses, concernant ce mystère, que ce que nous pouvons savoir de manière générale, et qu'elle contient bien plus de choses glorieuses et merveilleuses que ce que nous savons déjà. Elle nous révèle bien plus de merveilleux mystères que ceux que nous connaissons déjà. Il n'est donc pas étonnant que plus nous recevons de révélations concernant les choses qui sont infiniment au-dessus de notre compréhension humaine, et plus s'accroît aussi le nombre des nouveaux mystères apparents.
Quand nous parlons à un enfant d'une petite chose concernant Dieu, il ne comprend sans doute pas le centième de ce qu'un étudiant de théologie peut comprendre des nombreux mystères qui caractérisent la nature et les attributs de Dieu, Ses uvres dans la création ou Sa divine Providence. Mais je crains humblement que tout ce que l'on a pu accumuler comme connaissances nouvelles concernant Dieu n'a fait qu'accroître le nombre des mystères qui touchent à la nature de Dieu.
Par exemple, sous l'ancienne alliance, le peuple de Dieu ne connaissait que bien peu de choses sur la Trinité, par rapport à ce que connaît l'Eglise du Seigneur. Mais tout ce que nous révèle le Nouveau Testament, bien que cela ait élargi considérablement notre connaissance de la nature de Dieu, a aussi accru le nombre des mystères apparents, qui nous semblent excessivement merveilleux et incompréhensibles. L'Eglise reçoit d'ailleurs bien plus d'enseignements sur l'incarnation de Christ et Son ministère, ainsi que sur les autres doctrines de l'Evangile.
Ce qui est vrai pour les choses divines l'est aussi pour les choses naturelles. Celui qui étudie une plante, ou une certaine partie du corps d'un animal, ou tout autre uvre de la Nature, s'il l'observe à une grande distance, n'en aura qu'une obscure compréhension. Cela pourra lui sembler merveilleux, mais échappera à sa compréhension. Mais si cet observateur se rapproche et étudie la chose de bien plus près, il en recevra une meilleure compréhension, mais cela accroîtra aussi le nombre des choses mystérieuses et incompréhensibles qu'il va découvrir. S'il se rapproche encore plus et utilise un microscope, le nombre des choses merveilleuses qu'il va découvrir va encore s'accroître, et pourtant, le microscope lui donnera une connaissance bien plus complète que celle dont il disposait auparavant.
Pour prendre un exemple de ce paradoxe, la Bible ne nous dit jamais que Dieu aime le Saint-Esprit. Elle ne nous parle d'aucune manifestation d'amour envers le Saint-Esprit, tandis que tant de choses nous sont dites à propos du Fils : Il est l'Elu de Dieu, le Bien-Aimé, Celui en Qui Dieu a mis toute Son affection, Celui de Qui Dieu fait tous Ses délices, etc De telles épithètes sont constamment associées au Fils, en tant qu'objet d'amour, comme s'Il était justement l'objet d'un amour exclusif, et comme si personne d'autre ne pouvait partager cet amour du Père pour Son Fils. C'est pour cela qu'Il est appelé le Fils Unique de Dieu, de Qui il est dit : "En lui j'ai mis toute mon affection."
La Bible ne nous dit nulle part que le Saint-Esprit fasse l'objet d'un tel amour, ni qu'il existe un tel amour entre le Saint-Esprit et les deux autres Personnes de la Trinité. Elle ne nous commande pas non plus d'aimer le Saint-Esprit, ni de trouver notre pleine jouissance spirituelle dans le Saint-Esprit, alors que la Bible nous commande de le faire pour les deux autres Personnes. (NDE : On peut le comprendre, dans la mesure où Jonathan Edwards a expliqué plus haut que le Saint-Esprit était l'Amour de Dieu répandu. On ne peut aimer le Père et le Fils que par le Saint-Esprit)
Le monde a été créé spécifiquement pour le Fils. Car Dieu a créé le monde pour Lui-même, par amour pour Lui-même. Mais Dieu le Père S'aime Lui-même d'une manière non égoïste, en aimant Son Image réfléchie, Son Fils, qui est engendré de Lui et qui est Son égal. Il S'aime Lui-même au travers de l'Image engendrée de Lui. Le Père voit dans le Fils Sa propre image, et c'est ainsi qu'Il S'aime Lui-même.
Il a créé le monde pour Lui-même de la même manière, en le créant pour le Fils engendré de Lui. Quand Dieu veut créer quelque chose pour Lui-même, Il Se présente Lui-même devant Lui-même, et Se considère Lui-même comme Sa propre fin ultime. Le Père, ayant créé le monde pour Lui-même, ne peut que l'avoir créé pour Son Fils engendré de Lui.
L'amour de Dieu qui s'écoule de Lui est entièrement déterminé et dirigé par la Sagesse divine. Les objets de Son amour sont ceux qui ont été choisis par la Sagesse divine. Ainsi, la création du monde a été faite pour pouvoir répandre cet amour divin, selon l'exercice de la Sagesse divine. Or Christ est cette Sagesse divine. Ainsi, le monde a été créé pour recevoir l'amour divin manifesté par Christ, ou encore pour manifester l'amour qui est dans le cur de Christ. Il a été aussi créé pour pouvoir présenter à Christ Son Epouse. Les créatures que la Sagesse divine choisit comme objets de l'amour divin sont les élus de Dieu qui constituent l'Epouse de Christ. Ce sont les créatures élues de Dieu, réunies par la Sagesse divine, à l'exclusion de toutes les autres créatures.