A358. Ne touchez pas à mes oints !

Article de Hank Hanegraaf. L'original peut être consulté en Anglais à l'adresse suivante :

http://www.myfortress.org/TouchNotMineAnointed.html

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.

 

On entend à longueur de temps que nous ne devons jamais critiquer les ministères, qui sont les "oints" de Dieu, sous peine d'être sévèrement jugés par le Seigneur. Ceux qui disent cela veulent en général réduire au silence tous ceux qui remettent en question un ministère ou ses enseignements. On veut ainsi nous empêcher d'utiliser le discernement spirituel dont nous avons tellement besoin en ces temps d'apostasie ! Mais que veut réellement dire le Seigneur ?

Les intouchables.

Dans Son Sermon sur la Montagne, Jésus-Christ exhorte Ses disciples à ne pas juger les autres d'une manière hypocrite, ou pour défendre leur propre justice. Mais est-ce cela que font les Chrétiens, quand ils remettent en question les enseignements de certains évangélistes et prédicateurs, présentés comme les "oints de Dieu" ? Beaucoup d'entre eux, qui se proclament "oints," prétendent qu'on ne doit pas les critiquer, et beaucoup de leurs partisans nous disent, quand on critique leur champion : "Ne touchez pas aux oints de Dieu !"

Certains ministères ajoutent que de telles critiques entraînent littéralement de graves conséquences. Kenneth Copeland, célèbre "prédicateur de la foi," affirme, dans l'un de ses messages enregistrés sur cassette : "Certains, aujourd'hui, tentent de se poser en juges du ministère dont je suis responsable, ou du ministère dont Kenneth Hagin est responsable… Je connais plusieurs personnes qui nous ont critiqués, et qui nous ont accusé de faire partie de la "secte de Tulsa." Certains d'entre elles sont aujourd'hui mortes prématurément, et plusieurs souffrent de cancer."

En outre, on peut constater les mêmes dispositions dans de nombreux groupes impliqués dans la "couverture spirituelle", ou d'autres formes de direction autoritaire, dans toutes sortes d'églises, établies ou marginales. Les dirigeants de ces groupes sont considérés en général comme ayant un appel divin unique, qui leur donne le droit d'exercer une autorité inconditionnelle. Contester la moindre de leurs paroles ou de leurs actions revient pratiquement à contester Dieu Lui-même !

Les avocats d'une telle autorité affirment que les Ecritures confirment leurs vues. L'un de leurs passages essentiels est le Psaume 105 : 15 : "Ne touchez pas à mes oints, Et ne faites pas de mal à mes prophètes !" Toutefois, un examen attentif de ce passage révèle qu'il n'a rien à voir avec le fait de remettre en question les enseignements de ces dirigeants.

Il faut d'abord bien noter que, dans l'Ancien Testament, les "oints de Dieu" font référence aux rois d'Israël (1 Samuel 12 : 3, 5 ; 24 : 6, 10 ; 26 : 9, 11, 16, 23 ; 2 Samuel 1 : 14, 16 ; 19 : 21 ; Psaume 20 : 6 ; Lam. 4 : 20). Parfois, cette expression caractérise la descendance royale de David (Psaume 2 : 2 ; 18 : 50 ; 89 : 38, 51). Elle ne concerne pas en général les prophètes et les enseignants de la Parole. Certes, le Psaume 105 : 15 mentionne aussi les prophètes. Mais, dans le contexte de ce Psaume, cette référence concerne les patriarches en général (voir les versets 8 à 15 et 1 Chroniques 16 : 15-22), et Abraham en particulier, que Dieu appelle "prophète" (Genèse 20 : 7). Il est donc très discutable de prétendre que ce verset puisse être appliqué à des dirigeants chrétiens aujourd'hui, au sein du Corps de Christ.

Même si ce texte pouvait être appliqué à certains ministères modernes, nous devrions respecter le contexte de ce verset. En effet, les expressions "ne touchez pas" et "ne faites pas de mal" signifient qu'il ne faut pas leur porter physiquement atteinte. Ce sont des expressions associées à des mauvais traitements physiques. Il est donc clair que ce verset du Psaume 105 : 15 ne peut absolument pas concerner le problème de la remise en question des enseignements d'un quelconque "oint de Dieu."

En outre, même si nous avons accepté cette mauvaise interprétation du Psaume 105 : 15, comment allons-nous reconnaître ceux que nous ne devons pas "toucher" ? Qui sont réellement les "oints et les prophètes de Dieu" ? Devrions-nous reconnaître comme prophètes ceux qui se proclament tels, comme Sun Myung Moon, Elizabeth Clare Prophet, et pratiquement tous les dirigeants de sectes ? Parce qu'on raconte qu'ils ont accompli des miracles ? L'Antichrist et la Faux Prophète eux-mêmes correspondront à ces critères (Apoc. 13 : 13-15 ; 2 Thes. 2 : 9) ! Non, les représentants de Dieu sont connus avant tout pour la pureté de leur caractère et de leur doctrine (Tite 1 : 7-9 ; 2 : 7-8 ; 2 Cor. 4 : 2 ; voir aussi 1 Tim. 6 : 3-4). Si tous ceux qui prétendent parler au nom de Dieu ne peuvent pas correspondre aux critères bibliques du caractère et de la doctrine, nous n'avons aucune raison d'accepter leurs prétentions, et aucune raison de craindre d'être rejetés par Dieu si nous les critiquons, ou si nous critiquons leurs enseignements.

En fin de compte, si un seul Chrétien peut être considéré comme "oint," tous les Chrétiens peuvent l'être aussi. Car c'est uniquement dans ce sens que ce mot est employé dans le Nouveau Testament, le cas de Christ mis à part. Il est écrit dans 1 Jean 2 : 20 : "Pour vous (tous les Chrétiens), vous avez reçu l'onction de la part de celui qui est saint, et vous avez tous de la connaissance." Ainsi, aucun Chrétien n'a le droit d'invoquer un statut spirituel spécial, au-dessus des autres, en tant "qu'oint de Dieu" intouchable !

Aucun enseignement, aucune pratique, ne doit pouvoir échapper à notre jugement biblique critique, surtout s'il s'agit de conducteurs influents. Bibliquement, quand on exerce l'autorité, on doit en rendre compte (par exemple, dans Luc 12 : 48). Plus notre responsabilité est grande, et plus nous devons en rendre compte, devant Dieu et devant Son peuple.

Les docteurs et les enseignants doivent prendre un soin extrême à ne pas égarer les Chrétiens, car leur appel est associé à un jugement divin très strict (Jacques 3 : 1). Ils devraient donc être reconnaissants, quand certains Chrétiens sincères prennent le temps de corriger des erreurs de doctrine qu'ils peuvent prêcher aux foules. Et même si ces critiques n'étaient pas fondées, ils devraient y répondre comme le demandent les Ecritures : pour corriger une critique doctrinale injustifiée, en instruisant avec douceur (2 Tim. 2 : 25).

Ce problème comporte aussi un autre aspect : souvent la critique vient d'un esprit mal disposé et pécheur, qui pousse à la rébellion et à la division inutile. Les Chrétiens doivent respecter leurs conducteurs, ceux que Dieu leur a donnés (Héb. 13 : 17). Car ils ont la tâche d'assister l'Eglise dans sa croissance spirituelle, et pour la compréhension de la doctrine (Ephésiens 4 : 11-16). En même temps, les Chrétiens doivent savoir que des faux docteurs se lèveront au milieu d'eux (Actes 20 : 28 ; 2 Pierre 2 : 1). Il est donc impératif pour nous de juger toutes choses selon les Ecritures, qui loue, par exemple, les Béréens pour ce qu'ils ont fait : examiner soigneusement les enseignements de Paul, à la lumière des Ecritures (Actes 17 : 11).

La Bible est utile non seulement pour prêcher, enseigner et encourager, mais aussi pour corriger, censurer et reprendre (2 Tim. 4 : 2). En fait, les Chrétiens ont la responsabilité de proclamer toute la volonté de Dieu, et de mettre en garde les autres contre les faux enseignements et les faux docteurs (Actes 20 : 26-28 ; voir aussi Ezéchiel 33 : 7-9 et 34 : 1-10).

Nous ferions donc bien n'écouter les avertissements répétés de l'Ecriture, qui nous met en garde contre les fausses doctrines (Rom. 16 : 17-18 ; 1 Tim. 1 : 3_' et 4 : 16 ; 2 Tim. 1 : 13-14 ; Tite 1 : 9 et 2 : 1), et qui nous demande aussi de les signaler aux Chrétiens (2 Tim. 4 : 6). Puisque la Bible nous demande si souvent de le faire, nous ne pouvons être accusés d'agir contrairement à la Bible, si nous le faisons.

Voici ce que Charles Spurgeon disait, à propos des faux docteurs :

"Je ne peux pas supporter les fausses doctrines, quelle que soit la beauté de leur emballage. Voudriez-vous que je mange un mets empoisonné, simplement parce qu'il m'est présenté dans la plus fine vaisselle ? Je suis indigné quand j'entends un homme présenter au peuple un autre Evangile avec des paroles séductrices. Il n'hésite pas à faire un véritable commerce d'âmes. Je m'étonne que l'on puisse employer de douces paroles à l'égard d'un tel homme. On peut m'accuser de bigoterie. Appelez cela comme vous le voulez. Mais c'est la même bigoterie que celle de Jean, le disciple de l'amour, qui écrivait : "Prenez garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine récompense. Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n'a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! car celui qui lui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres" (2 Jean 8-11).

"Puisse Dieu faire que nous agissions tous ainsi ! Sinon, nous privons notre vie spirituelle de toute colonne vertébrale, et nous remplaçons une honnête virilité par un fatras de flatteries mutuelles et de timide bouille verbale. Celui qui ne hait pas le mensonge n'a aucun amour pour la vérité ! Et celui qui met la parole des hommes sur le même plan que la Parole de Dieu n'est pas lui-même régénéré dans son cœur. Oh, si certains de vous étaient comme vos pères, vous n'auriez pas toléré aujourd'hui que l'Evangile soit enfoui sous des tonnes d'ordures par les hommes que vous avez vous-mêmes choisis ! L'apôtre était bien inspiré par Dieu quand il a dit : "Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit maudit !" (Galates 1 : 8). Selon l'esprit efféminé qui règne aujourd'hui, il aurait dû dire : "Parlons-lui gentiment en privé, mais sans faire de vagues ! Sûrement que ce cher frère a ses propres manières originales de penser. Nous ne devons pas remettre en question sa liberté. Il croit certainement la même chose que nous. Il n'y a qu'une petite différence dans les termes !"

"Ce n'est que de la trahison envers Christ, de la perfidie à l'égard la vérité, et de la cruauté envers les âmes. Si nous aimons notre Seigneur, nous garderons Ses paroles, et nous tiendrons ferme dans la foi ! Nous nous séparerons des faux docteurs ! Cela n'est pas contraire à l'amour. Car la meilleure preuve d'amour pour ceux qui sont dans l'erreur consiste à ne pas fraterniser avec eux dans leur erreur, mais de rester fidèles à Jésus-Christ en toutes choses."

Voici encore ce que ce même Charles Spurgeon disait, à propos de la "lamentable indifférence" qu'il rencontrait à son époque :

"Ceux qui s'opposent à nous nous ont comparés au petit garçon de la fable qui criait : "Au loup !" Toutefois, la comparaison est mauvaise, car, quand il criait : "Au loup !", il n'y en avait aucun. Alors que quand nous crions : "Au loup !", il y en a des douzaines, qui hurlent si fort qu'il nous serait superflu de crier, s'il n'y avait cette lamentable indifférence qui a plongé dans un profond sommeil ceux qui devraient garder le troupeau. Ces choses sont si évidentes pour nous que nous pensons que nos déclarations sont seulement destinées à exprimer ce qui est de notoriété publique. Ou bien c'est nous qui rêvons, ou ce sont nos frères qui rêvent ! Que les fidèles jugent qui sont ceux qui dorment !"

J. Gresham Machen avait exprimé certaines pensées profondes en ce qui concerne les conducteurs qui se contentent "d'aimer" tout le monde, sans s'occuper de ce qu'ils enseignent :

"Ce désastre préfigure ce qui va se produire, en raison de l'optimisme des églises d'aujourd'hui. En apparence, notre vie ecclésiastique semble progresser, comme elle l'a toujours fait : les cabines sont confortables et pleines de passagers ; l'orchestre joue des airs entraînants ; les rangées de fenêtres illuminées brillent joyeusement dans la nuit. Mais, pendant ce temps, la mort rôde en dessous. Dans cette époque de tous les périls, il y a des conducteurs qui disent que tout va très bien ; il y a des conducteurs qui refusent toute controverse et qui poussent à la paix à tout prix. Ils proclament que l'Eglise est parfaitement loyale et véridique en tout. Que Dieu leur pardonne une telle attitude, frères ! Je le dis de tout mon cœur : que Dieu puisse leur pardonner tout le mal qu'ils font aux enfants du Seigneur ; que le Saint-Esprit leur ouvre les yeux, tant qu'il est encore temps ! Pendant ce temps, pour beaucoup d'églises, le grand navire vogue en prenant, au mieux, le risque d'une grande catastrophe."

Voici encore ce que déclarait Charles Spurgeon, en ce qui concerne le fait de prendre position :

"Nous sommes prêts à admirer un homme qui était ferme dans la foi, il y a quatre cents ans… Mais aujourd'hui, un tel homme serait une peste, et devrait être réduit au silence… Imaginez pourtant qu'à cette lointaine époque des hommes comme Luther, Zwingli ou Calvin aient dit : "Le monde est détraqué. Si nous essayons de le changer, nous n'allons faire qu'un grand chahut, et nous allons attirer sur nous l'opprobre. Enfermons-nous dans notre chambre, mettons nos bonnets de nuit, dormons sans tenir compte de ces temps mauvais, et peut-être, quand nous nous réveillerons, que les choses iront mieux !"

"Une telle conduite de leur part ne nous aurait laissé qu'un héritage d'erreur et de mensonge. Siècle après siècle, nous aurions sombré dans des profondeurs infernales, et les marécages empestés de l'erreur nous auraient tous engloutis. Ces hommes ont trop aimé la foi et le nom de Jésus pour supporter qu'on les foule aux pieds.

"Il en est aujourd'hui comme au temps de la Réforme. Il est urgent de prendre une décision. Ce jour appelle un homme, où donc est l'homme de ce jour ? Nous qui avons reçu l'Evangile de la main des martyrs, oserions-nous le traiter avec négligence, oserions-nous rester assis en écoutant des traîtres le renier, eux qui prétendent l'aimer, mais qui, à l'intérieur, en rejettent chaque ligne ! Attention, messieurs, il y a encore des temps qui viennent. Si le Seigneur ne Se hâte pas de paraître, d'autres générations viendront, et ces générations seront souillées et lésées, si, aujourd'hui, nous ne sommes pas fidèles à Dieu et à Sa vérité ! Nous sommes parvenus à un croisement. Si nous tournons à droite, dans la bonne direction, nos enfants et les enfants de nos enfants nous suivront sur ce chemin. Mais si nous tournons à gauche, les générations à venir maudiront nos noms, parce que nous aurons été infidèles à Dieu et à Sa Parole !"

"Aussitôt les frères firent partir de nuit Paul et Silas pour Bérée. Lorsqu'ils furent arrivés, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs. Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d'empressement, et ils examinaient chaque jour les Ecritures, pour voir si ce qu'on leur disait était exact" (Actes 17 : 10-11).

"Ecris à l'ange de l'Eglise d'Ephèse : Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main droite, celui qui marche au milieu des sept chandeliers d'or. Je connais tes œuvres, ton travail, et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants ; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs ; que tu as de la persévérance, que tu as souffert à cause de mon nom, et que tu ne t'es point lassé. Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour. Souviens-toi donc d'où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières œuvres ; sinon, je viendrai à toi, et j'ôterai ton chandelier de sa place, à moins que tu ne te repentes" (Apoc. 3 : 1-5).