A336. Un Catholique américain juge Jean-Paul II.

Article de Jim Connolly. L'original peut être consulté en Anglais à l'adresse suivante :

http://www.counterpunch.org/connolly04052005.html

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.

 

Cet article a été publié par le magazine américain Counterpunch le 5 avril 2005, après la mort du Pape Jean-Paul II, mais avant l'élection du Cardinal Ratzinger. Il a été écrit par un Catholique américain, qui exprime sans doute l'opinion d'une bonne partie des Catholiques. Son point de vue nous a semblé intéressant à connaître, et nous le ferons suivre de nos remarques personnelles.

Cette semaine, vous serez inondés de notices nécrologiques honorant la mémoire de Karol Wojtila, le Pape Jean-Paul II. Je n'ai pas écrit cet article pour honorer Karol Wojtila. Très franchement, il recevra cette semaine plus d'honneurs que n'en mériterait n'importe quel être humain. J'écris en tant que témoin de tous les préjudices que cet homme a pu faire subir, au cours de ses 26 années de pontificat, à la cause de la liberté et de la paix dans le monde entier.

Il y aura bien peu de voix comme la mienne qui s'exprimeront à l'occasion de la mort de Karol Wojtila. Mais quelqu'un doit dire la vérité. Beaucoup de mes remarques étonneront, et peut-être surprendront, ceux qui ne sont pas Catholiques. En ce qui concerne les Catholiques, j'écris pour leur rappeler ceux que tous savent très bien, mais reconnaissent rarement. Karol Wojtila a contraint les meilleurs esprits à quitter l'Eglise Catholique ou, tout au moins, à demeurer complètement en marge de l'Eglise. Karol Wojtila a sanctifié les épouvantails sexuels qui infestent l'Eglise Catholique, tout en s'efforçant de réduire le clergé et les laïcs Catholiques, sur le plan idéologique, à l'état de simples robots.

Certes, il a été un remarquable ambassadeur de la bonne volonté, auprès des Protestants, des Juifs et des Musulmans. Mais il a dilapidé les richesses de la foi et de la tradition Catholiques, en les réduisant à l'état de manifestations aveugles de loyauté. L'organisation archaïque de l'Eglise avait donné quelques signes rafraîchissants de rénovation sous les pontificats de Jean XXIII et de Paul VI. Mais ces avancées sociales pleines de promesses ont été méthodiquement et brutalement réintroduites dans le moule d'une réaction culturelle et idéologique. Il est clair que Karol Wojtila fut un homme charmant, un maître dans les relations publiques internationales, mais il a été, sur le plan politique et culturel, un réactionnaire de la pire espèce.

Rappelez-vous que, comme tant d'autres, je ne suis pas devenu Catholique par raison, ni par une décision volontaire. Des siècles avant ma naissance, des systèmes complexes de coutumes, de loyautés et d'alliances politiques ont conduit les paysans Irlandais et Bavarois, qui représentent l'essentiel de mes ancêtres, à s'enraciner dans l'Eglise Catholique. J'étais un bébé quand ma famille m'a fait entrer dans l'Eglise Catholique par le rite du baptême. Jeune garçon, je fus élevé dans des écoles Catholiques. Dans ma jeunesse, la loyauté envers ma famille et l'Eglise Catholique était bien plus importante que la loyauté à ma nation. Même si j'ai pu me définir comme un simple individu vivant dans une société séculière, les liens de l'hérédité, du sang, des premières expériences de ma vie, et de mon éducation, ont fait de moi, à de nombreux égards, un "authentique Catholique."

Mais, en grande partie à cause des actions de Karol Wojtila, il est fort peu probable que mes propres petits-enfants soient élevés en tant que Catholiques. Pendant de nombreuses années, j'ai tout fait pour ne pas permettre que l'Eglise Catholique tombe dans ce vil système réactionnaire symbolisé par le Pape Jean-Paul II. J'ai lutté pendant des années pour rester l'un de ceux qui pourraient garder vivantes les belles choses que nous possédions, dans nos riches traditions religieuses et culturelles Catholiques.

Mais, au cours des deux dernières années, j'ai fini par comprendre qu'une telle quête ne pouvait plus être menée à bien au sein de l'institution actuelle de l'Eglise Catholique Romaine. Même après sa mort, le système réactionnaire mis en place par Karol Wojtila continuera certainement à dominer l'Eglise, car il n'a "transformé" cette dernière qu'en promouvant à des postes de responsabilité les plus rigides et les plus dévoués de ses partisans.

Ne pensez plus aux articles de presse délirants nous parlant des nombreux voyages du Pape, et de la manière dont il embrassait le sol des pays qu'il visitait ! Ignorez sa reconnaissance d'Israël ! Oubliez ce mensonge ridicule qui prétend que Jean-Paul II a lutté pour les "droits de l'homme" ! Ignorez les articles dithyrambiques s'efforçant de prouver à quel point Karol Wojtila, comme Nixon, Reagan, Bob Hope et, bientôt, Margaret Thatcher, furent de "grandes" figures internationales ! Voici quelques-uns des dégâts causés par cet archi-réactionnaire, et une liste des forces régressives qu'il a lâchées au sein de l'Eglise Catholique :

  1. L'une des premières actions de Karol Wojtila, en tant que Pape, fut de s'attaquer à la liberté de parole et d'investigation, au sein des universités Catholiques. Tout ce qui ressemblait à une théologie progressiste, à une pensée féministe, ou à une "théologie de la libération," fut interdit dans le discours Catholique et considéré comme inacceptable. Les universités Catholiques d'Europe et d'Amérique du Nord ont ainsi perdu leurs meilleurs spécialistes en sciences humaines et sociales, et ont été réduites à l'état de ghettos intellectuels misérables, pour tout ce qui touche à l'Histoire, la Philosophie, la Théologie et les disciplines associées.
  2. Karol Wojtila redonna vie et vigueur à l'Office de l'Inquisition, sous la direction du tristement célèbre Cardinal Ratzinger. Le "Saint Office" (tel était le nom de l'ancienne Inquisition avant son pontificat), avait été sur le point d'être dissout par les deux précédents pontifes, mais Wojtila se servit de l'Inquisition comme d'une troupe de choc, ou d'une "force spéciale," dans ses campagnes incessantes pour réduire au silence tous ceux qui ne pensaient pas comme lui. La répression de toute pensée libre et indépendante, au niveau des diocèses et des paroisses, redevint la règle, après les "printemps rafraîchissants" que nous avions connus dans les années 60 et 70.
  3. Poursuivant le combat anticommuniste fanatique qu'il avait mené toute sa vie, Karol Wojtila, au début des années 80, fit pression sur des Chrétiens Démocrates réticents, en Italie, en Allemagne et en Hollande, pour qu'ils acceptent l'installation de missiles de croisière en Europe. A la suite de cette provocation directe inspirée par les Etats-Unis, une guerre nucléaire entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique se profila encore plus nettement que lors de la crise de Cuba. Il aurait pu en résulter une annihilation nucléaire de la planète. En dépit de Karol Wojtila, la planète a survécu. C'est donc un pur mensonge que de considérer Karol Wojtila comme un grand avocat de la paix dans le monde, comme lui-même aimait à se définir.
  4. Karol Wojtila est intervenu constamment dans la politique électorale de son pays natal, la Pologne, depuis la fin des années 80, pour installer au pouvoir des partis socialement conservateurs, prêts à obéir à ses ordres en ce qui concerne les droits des femmes, l'avortement et le "matérialisme," c'est-à-dire son opposition au développement trop rapide de la consommation. En dépit de certaines promesses culturelles et économiques de la fin des années 80, la Pologne a été handicapée par une importante émigration des Polonais éduqués, et par la paralysie de son économie. S'ils sont honnêtes, les Polonais émigrés vous diront que Karol Wojtila et la puissance de l'Eglise Polonaise sont en train de détruire leur pays.
  5. Karol Wojtila a harcelé les évêques et archevêques progressistes d'Amérique Latine (oui, il y en avait quelques-uns !) pour qu'ils arrêtent de soutenir les coopératives, les initiatives locales des paysans, et l'organisation de collectivités, dans sa tristement célèbre campagne pour éradiquer la "théologie de la libération." Seuls les candidats sûrs, traditionalistes et idéologiquement à droite, furent promus dans la hiérarchie Catholique. Karol Wojtila dénonça la "théologie de la libération," et expulsa ses partisans de l'Eglise Catholique, au Nicaragua et dans beaucoup d'autres pays.
  6. Aux Etats-Unis, en 1980, Karol Wojtila a forcé le Père Robert Drinan, l'un des représentants élus au Congrès par la nation, politicien progressiste, de démissionner de son poste de représentant au Congrès, sous peine d'être exclu de la prêtrise. Au même moment, Karol Wojtila encouragea l'alliance des évêques Catholiques de Droite avec la "Droite Chrétienne" Evangélique, pour tout ce qui concerne l'avortement, les droits des femmes et l'homosexualité. Que ce soit en Amérique du Nord ou ailleurs, des critères différents ont été appliqués par Karol Wojtila dans ses rapports avec les membres du clergé engagés dans des causes politiques. Le fait de défendre des causes progressistes était interdit, et considéré comme "politiquement incorrect," tandis que lutter contre l'avortement, la contraception et les droits des femmes, même en s'alliant avec des Chrétiens Evangéliques, était approuvé, et reconnu comme nécessaire pour "témoigner" en faveur des valeurs Catholiques.
  7. Karol Wojtila a systématiquement purgé les ordres religieux qui étaient auparavant culturellement et politiquement progressistes, comme ceux des Jésuites et des Franciscains. Ces purges, opérées au niveau mondial, ont été mises en œuvre par des protégés de Karol Wojtila, qui ont été nommés par lui à la tête de ces ordres. Dans certains cas, les supérieurs de ces ordres qui étaient progressistes ont été contraints de prendre une retraite anticipée, afin que leurs remplaçants réactionnaires puissent prendre plus vite les rênes.
  8. Karol Wojtila a toujours refusé de reconnaître aux femmes un rôle central dans l'Eglise Catholique. Non seulement il s'est opposé à l'ordination des femmes à la prêtrise (malgré le fait que les Ecritures démontrent que les femmes jouaient un rôle important dans l'Eglise primitive), mais encore il a interdit à beaucoup d'ordres religieux féminins de s'adapter aux conditions modernes. En conséquence, ces ordres féminins sont actuellement moribonds, et tout le clergé de l'Eglise Catholique est devenu un club privé exclusivement masculin.
  9. Dans les pays non occidentaux, Karol Wojtila a interdit toute forme d'expression des cultures indigènes dans les services religieux Catholiques. Oubliés les merveilleux hymnes et messes d'Afrique et d'Amérique Latine, qui ont inspiré les services Catholiques dans les années 60 et 70 ! Dans les pays occidentaux, il a insisté pour que les bâtiments de l'Eglise soient exclusivement réservés aux services religieux, en dépit de leur grande valeur comme lieux de concerts, d'expositions artistiques et d'activités associatives diverses. Le fait que les lieux de culte aient servi à d'autres usages était une tradition qui remontait au Moyen Age. Les grandes cathédrales de l'Europe avaient été conçues pour accueillir des manifestations diverses.
  10. En dépit des besoins criants, et des engagements pris au cours du Concile de Vatican II, Karol Wojtila a refusé de moderniser les conditions de travail du clergé Catholique. Les prêtres Catholiques restent les religieux les moins bien payés et les plus surchargés de travail de toutes les dénominations chrétiennes. En outre, au sein du clergé, la promotion régulière des prêtres de la base, qui faisait traditionnellement contrepoids à l'oppression de la hiérarchie, a été pratiquement réduite à néant par Karol Wojtila.
  11. Rejetant les précédents historiques et le bon sens le plus ordinaire, Karol Wojtila a toujours systématiquement refusé de réétudier le problème du célibat des prêtres, et même de promouvoir les diacres à une position centrale dans le ministère. Il faut franchement reconnaître que le célibat des prêtres est une coutume qui remonte au Moyen Age, et qui n'avait pour but que de maintenir les biens de l'Eglise entre les mains de Rome. Cette coutume a été bien plus souvent violée que respectée ! En outre, jusqu'à notre époque moderne, les diacres avaient toujours accompli des fonctions sacramentelles. Jusqu'au 16e siècle, la restriction de ces fonctions sacramentelles à la prêtrise (célibataire) n'avait même pas été une doctrine officielle de l'Eglise Catholique. Le refus de Karol Wojtila d'aborder ces sujets, et même d'en discuter, a entraîné une grande pénurie de prêtres, et a détourné de l'Eglise Catholique un grand nombre d'hommes talentueux et énergiques, qui ne pouvaient pas exercer de ministère dans ces conditions au sein de leur propre Eglise.
  12. Il existait une longue tradition d'autonomie partielle des clergés nationaux au sein de l'Eglise Catholique. Cette tradition a été brisée par Karol Wojtila. Traditionnellement, les conseils nationaux des évêques Catholiques, dans chaque pays, possédaient une large marge de manœuvre dans la direction des églises locales. Contrairement à tous ses prédécesseurs modernes, Karol Wojtila est régulièrement intervenu personnellement, ou a cassé des décisions prises par ces conseils nationaux, dans l'organisation de détails de la pratique religieuse, ou la nomination de certaines personnes.
  13. Karol Wojtila a aggravé et intensifié les obsessions doctrinales de ses prédécesseurs les plus réactionnaires, pour tout ce qui touche à la reproduction. Les positions doctrinales officielles de l'Eglise Catholique, en matière d'avortement et de contraception, sont le produit de théologiens du 19e siècle, obscurs, bizarres et sexuellement déséquilibrés, qui vivaient reclus dans leurs instituts théologiques de Rome. Ces doctrines n'étaient pas fondées sur les doctrines et pratiques des Eglises primitive ou médiévale. En raison de l'influence considérable exercée par Karol Wojtila au sein des organisations internationales, et de son alliance avec la "Droite religieuse" américaine, les programmes internationaux de contrôle des naissances ont été réduits à la portion congrue depuis près de vingt ans. En conséquence, des dizaines de millions d'enfants Africains, Asiatiques ou Latino-Américains ont vécu et sont morts dans la misère !
  14. En dépit de la réputation de "libéral" dont bénéficiait Karol Wojtila à l'extérieur de l'Eglise, les Catholiques savent que leur Pape était l'allié fidèle d'un mouvement Catholique extrémiste et très secret, connu sous le nom d'Opus Dei. Karol Wojtila a favorablement accueilli et encouragé les pratiques de l'Opus Dei, qui est une sorte "d'Eglise dans l'Eglise." Il a promu les membres du clergé qui étaient affilés à l'Opus Dei aux plus hautes positions dans l'Eglise. Les membres de l'Opus Dei se réunissent en secret dans des costumes qui ressemblent à ceux du Ku Klux Klan, et s'engagent dans des pratiques bizarres, comme l'auto-flagellation. Ils entretiennent un réseau de monastères secrets et de maisons discrètes, où les jeunes Catholiques, surtout ceux qui proviennent de familles aisées et éduquées, sont enfermés pour des sessions intensives d'endoctrinement. Certains anciens membres "déprogrammés" de l'Opus Dei ont raconté que leur Ordre travaillait à des programmes de création de nouveaux ghettos pour les Juifs, ou participaient à des croisades militaires internationales contre l'Islam. L'un des juges de la Cour Suprême des Etats-Unis, Antonin Scalia, est un membre dirigeant de l'Opus Dei en Amérique du Nord. L'un des successeurs les plus probables de Jean-Paul II est l'Archevêque de Milan, l'ultra réactionnaire Dionigi Tettamanzi (connu en Italie sous le nom de "Bête de Milan"), qui passe pour être l'un des principaux dirigeants de l'Opus Dei, cette secte secrète.
  15. Karol Wojtila a méthodiquement purgé le Collège des Cardinaux de tout individu créatif doté d'une pensée originale. Presque tous les membres du Collège actuel des Cardinaux, qui vont à présent choisir le successeur de Wojtila, sont des robots conservateurs nommés par Karol Wojtila. L'Eglise Catholique est ainsi assurée d'avoir une direction réactionnaire, qui va se perpétuer jusque dans un avenir indéfini.
  16. Toutes les tentatives de démocratisation du gouvernement de l'Eglise Catholique, qui s'étaient manifestées dans les années 60 et 70, ont été étouffées dans l'œuf par Wojtila. Les Catholiques Américains ne parlent même plus de la possibilité de faire participer des laïcs aux décisions majeures prises par l'Eglise. Les nombreux laïcs compétents et dévoués qui assurent la gestion quotidienne des paroisses et diocèses Catholiques sont traités avec mépris, et les plus capables ont déjà quitté leur poste, ou sont en train de le quitter.
  17. Karol Wojtila a cruellement abandonné les Catholiques d'Irlande du Nord, qui font face à une oppression politique, et au déni de leurs droits humains fondamentaux. Les Catholiques d'Irlande du Nord sont les seuls Catholiques Européens qui subissent une persécution systématique en raison de leurs croyances religieuses. On aurait pu penser que le Pape Jean-Paul II se serait fait le champion des droits de l'homme, en faveur des Catholiques d'Irlande du Nord. Au lieu de cela, Wojtila n'a jamais protesté officiellement contre la terrible oppression que subissent ses coreligionnaires d'Irlande du Nord. Sa seule contribution au problème de l'Irlande du Nord fut sa condamnation des violences de l'IRA, sans condamner en même temps les violences de l'armée Britannique ou des Protestants loyalistes. Il a exigé la cessation des activités de l'IRA, ce qui laisserait les Catholiques d'Irlande du Nord complètement sans défense aux mains de leurs oppresseurs.
  18. Enfin, et surtout, Karol Wojtila a prouvé sa profonde banqueroute morale dans la manière horrible avec laquelle il a abordé les scandales pédophiles dans les Eglises nationales des Etats-Unis, du Canada, d'Irlande, de Grande-Bretagne et de plusieurs autres pays. Wojtila n'a jamais pu se décider à présenter clairement des excuses publiques officielles, ni reconnaître les méfaits ou la responsabilité institutionnelle de l'Eglise Catholique, en ce qui concerne toutes ces pratiques d'intimidation, d'abus sexuel et de viol de dizaines de milliers d'enfants et d'adolescents. Pis encore, Wojtila a privé les évêques Catholiques des Etats-Unis de la responsabilité de discipliner eux-mêmes les prêtres pédophiles de leur pays, attribuant les pratiques horribles et la corruption morale de l'Eglise Catholique américaine à une sorte de maladie culturelle propre à l'Amérique.

Visiter une synagogue et une mosquée, faire quelques déclarations sur l'Irak et la Palestine, s'opposer à la peine de mort sur le plan individuel, avec quelques autres actions symboliques de ce genre, tout cela fut utilisé pour "prouver" l'apostolat de paix" et "l'humanité" de Jean-Paul II. Désolé, mais cela sonne bien creux aux oreilles d'un Catholique Américain, violemment coupé de son Eglise et de ses traditions par un fanatique de droite originaire d'Europe Orientale, habillé en Pape.

Note de Parole de Vie :

L'auteur de cet article, un Catholique Américain, représente sans doute l'opinion d'un grand nombre de Catholiques qui vivent dans les pays occidentaux, et qui constituent, au sein de l'Eglise de Rome, son plus grand réservoir de fidèles aisés et éduqués.

L'auteur est l'exemple typique de l'humaniste cultivé moderne, soucieux des droits de l'homme, de la femme et des minorités, partisan d'une démocratie éclairée sur les plans religieux et politique.

Cela explique le choix de ses arguments pour dénigrer le pontificat de Jean-Paul II. Ce ne sont pas des arguments théologiques fondés sur la Parole de Dieu, seuls arguments acceptables aux yeux d'un vrai Chrétien. Mais ce sont des arguments humanistes et progressistes, fondés sur des valeurs morales et intellectuelles.

Il est clair que tous les Catholiques qui ressemblent à cet Américain ont sans doute été désorientés par le caractère profondément réactionnaire et régressif du règne de Jean-Paul II. A ce titre, la confession de cet Américain est significative, et même touchante. Il a écrit :

Rappelez-vous que, comme tant d'autres, je ne suis pas devenu Catholique par raison, ni par une décision volontaire. Des siècles avant ma naissance, des systèmes complexes de coutumes, de loyautés et d'alliances politiques ont conduit les paysans Irlandais et Bavarois, qui représentent l'essentiel de mes ancêtres, à s'enraciner dans l'Eglise Catholique. J'étais un bébé quand ma famille m'a fait entrer dans l'Eglise Catholique par le rite du baptême. Jeune garçon, je fus élevé dans des écoles Catholiques. Dans ma jeunesse, la loyauté envers ma famille et l'Eglise Catholique était bien plus importante que la loyauté à ma nation. Même si j'ai pu me définir comme un simple individu vivant dans une société séculière, les liens de l'hérédité, du sang, des premières expériences de ma vie, et de mon éducation, ont fait de moi, à de nombreux égards, un vrai "Catholique."

C'est la description typique de la situation de la plupart des Catholiques : "enracinés" depuis des siècles dans une religion qui a profondément marqué leur être conscient et subconscient, et qui les enserre dans un réseau dense de loyautés familiales, sociales et religieuses qui les dépassent et les emprisonnent.

Leur seul espoir de sortir de cette prison est une profonde conviction de péché, que donne le Saint-Esprit à ceux qui recherchent honnêtement la Vérité. Sans cette conviction de péché, il est impossible d'être attiré par Jésus-Christ, l'unique Sauveur du monde. Lui seul a pu, par Son sacrifice substitutif à la Croix, recevoir le châtiment qui nous revenait, c'est-à-dire la mort. C'est par la foi en Lui seul que l'on peut recevoir, non seulement le pardon de nos péchés, mais aussi un esprit nouveau, une nouvelle vie d'en haut, qui fait de nous des membres vivants du Corps de Christ, appelés à marcher non plus selon la chair et le train de ce monde, mais selon l'Esprit du Seigneur, qui est un Esprit de liberté !

Le monde qui nous entoure n'a guère évolué en ce qui concerne le péché. Mais il a profondément évolué sur le plan social, culturel et politique. L'éducation et la culture se sont développées, les systèmes participatifs et démocratiques se sont généralisés dans la société moderne, même si ce n'est souvent qu'en apparence. Les gens n'acceptent plus de se laisser diriger comme des esclaves ou des marionnettes. Les hommes politiques ont dû profondément modifier et adapter leur discours, pour mieux manipuler les foules et recueillir leurs suffrages. Aujourd'hui, ce sont les "droits de l'homme et du citoyen", le "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes," le "droit de choisir son mode de vie ou de mort," qui priment.

Il est clair que, dans ce contexte, les pratiques despotiques d'une Eglise Catholique contrôlée en majorité par une clique de vieillards réactionnaires, ne peuvent que désorienter, et même dégoûter de leur religion, un grand nombre de Catholiques cultivés et "éclairés," attachés à la liberté de pensée et d'expression.

Nous croyons donc qu'il s'agit actuellement, pour les Chrétiens évangéliques, d'une opportunité unique de pouvoir témoigner dans la vérité à ces Catholiques désorientés, sur le point d'être "déracinés." Non pas pour profiter de leur désarroi pour les entraîner dans un nouveau système religieux souvent pire que celui qu'ils viennent de quitter, mais pour leur faire goûter la liberté unique que donne le Seigneur ressuscité, dans la joie et la paix d'une véritable nouvelle naissance.

L'œcuménisme auquel on a habitué les Catholiques dans leur religion n'a été qu'une stérile union de surface, en dehors de toute recherche de la Vérité. Il n'a d'ailleurs souvent réussi qu'à faire revenir dans le bercail Catholique des "brebis" mal affermies dans la foi, et "égarées" dans des églises Protestantes, Libérales ou même Evangéliques.

En revanche, si l'on met ces Catholiques en présence d'une expression vivante du Corps de Christ, d'une cellule composée de Chrétiens régénérés et marchant réellement par l'esprit, dans l'amour inimitable de Christ, il est certain que leur cœur ne pourra qu'être profondément touché, et qu'ils seront irrésistiblement attirés vers Celui qui est la Source de toute Vie et tout Amour véritables.

Il s'agit d'un grand défi pour la véritable Eglise de Jésus-Christ. Si elle veut attirer au Seigneur, non seulement les Catholiques en quête de vérité, mais tous les hommes, qui sont tous des brebis sans berger, l'Eglise de Jésus-Christ doit accepter de faire passer par la mort tout ce qui est charnel dans sa propre vie, tout ce qui est religieux et légaliste, tout ce qui est faux et hypocrite, afin de permettre à la vie de Christ de s'exprimer pleinement. C'est de cela qu'ont besoin ceux qui nous entourent, c'est-à-dire, dans notre pays, bien souvent, des Catholiques désorientés.

Jésus a dit, peu avant d'aller à la Croix :

"Ce n'est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un, moi en eux, et toi en moi, afin qu'ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé" (Jean 17 :20-23).

Une telle unité dans l'amour ne peut être que l'œuvre de l'Esprit chez ceux qui ont accepté de tout abandonner pour le Seigneur Jésus, y compris leur propre vie, pour se charger chaque jour de leur croix.

Que ce désir ardent du cœur de Jésus soit exaucé dans notre vie et dans l'Eglise !