A335. Pourquoi le nouveau Pape s'est-il appelé Benoît ?

Article du Dr Clive Gillis. L'original peut être consulté en Anglais à l'adresse suivante :

http://www.ianpaisley.org/article.asp?ArtKey=benedict

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.

 

Le fait que le nouveau Pape se soit appelé Benoît donne de précieuses indications sur ses intentions réelles !

Parmi les 265 Papes, neuf ont choisi, au cours du premier millénaire, de s'appeler "Benoît" (ce qui signifie "Béni" en Latin, "Benedictus"), et six au cours du second millénaire.

Les Chrétiens ont l'habitude de donner à leurs enfants certains prénoms, en espérant que ces derniers accompliront les espérances portées par ces prénoms ! Dans l'occultisme, les prénoms ont aussi une signification importante. Certains changent leur prénom pour vivre à la hauteur de ce que leur nouveau prénom suggère. La Babylone moderne, construite sur les sept collines de Rome, est "une habitation de démons et un repère de tout esprit impur" (Apocalypse 18 :2).

C'est là que le Cardinal Chilien Jorge Arturo Medina Estivez a secrètement demandé au nouveau Pape : "Acceptez-vous votre élection canonique en tant que Pontife Suprême ?" Puis il a ensuite demandé à Ratzinger : "De quel nom voulez-vous être appelé ?" Ratzinger est ensuite allé dans la "Chambre des Pleurs" pour se lamenter sur la gravité de ses responsabilités, en tant que Benoît XVI. La première chose qui fut annoncée au monde fut le nom du nouveau Pape : "Je vous annonce une grande joie. Nous avons un Pape ! (Habemus Papam !) Le très éminent et révérend Seigneur Cardinal Ratzinger, Cardinal de la Sainte Eglise Romaine, qui s'est choisi le nom de Benoît".

Si Ratzinger a choisi ce nom, c'est pour une bonne raison !

Une gigantesque lutte de pouvoir.

L'élection de Ratzinger contrevint à toutes les règles. Il est le Cardinal le plus âgé à avoir jamais été élu Pape. Pourtant, il était entré dans le Conclave en tant que candidat favori et, contrairement à tout protocole, il en a émergé en tant que Pape, en dépit de son âge.

Qui plus est, il ne s'était pas produit d'élection de deux Papes non-Italiens successifs depuis la "captivité de Babylone," quand, au 14e siècle, l'épicentre du pouvoir papal et de la politique européenne s'était déplacé à Avignon.

En dépit de tous les systèmes sophistiqués que le Vatican avait mis en place pour éviter les faux-pas, les journaux Italiens semblaient savoir qu'une gigantesque lutte de pouvoir était en train de se dérouler, lors du second jour du conclave. Le camp Ratzinger avançait comme une division de panzers, écrasant tout sur son passage. Quel qu'ait pu être l'intensité de son travail d'enfantement dans la "Chambre des Larmes," Ratzinger en sortit en tant que Pape, souriant comme un matou.

Les marchés financiers le savaient !

Stephen Evans, correspondant économique de la BBC en Amérique du Nord, nous donne un indice pour interpréter ces événements : "Si vous vouliez savoir quel Cardinal était en meilleure position pour devenir Pape, il ne faut pas écouter les spécialistes ! Il ne faut pas écouter non plus les observateurs du Vatican, qui étudient les arcanes de la politique de l'Eglise Catholique. Vos meilleures prévisions, vous les auriez reçues des marchés à terme en ligne ! Ils ont visé juste ! Le marché à terme avait déjà parié sur Ratzinger depuis longtemps. En plus, ce marché, (ou plutôt les dizaines de milliers d'intervenants sur ce marché), avait déjà prévu qu'il y avait 60 % de chances qu'il s'agirait d'un Pape Européen."

Les milieux des affaires savaient ! Il fallait que l'Europe Catholique Romaine soit restaurée ! Et qui aurait pu être mieux qualifié, pour incarner un nouveau Vatican recentré sur l'Europe, qu'un vétéran de l'ère fasciste, originaire du centre de l'Europe, Joseph Ratzinger ?

Non à la Turquie.

Ratzinger a défini l'Europe comme un continent dont l'unité était "culturelle" et non géographique. On retrouve directement le Livre de l'Apocalypse. Il en est de même pour la définition des limites de l'Europe. Le Cardinal Ratzinger déclarait au Figaro, en août 2004 : "La Turquie, tout au long de l'Histoire, a toujours représenté un autre continent. Elle a toujours été en contraste permanent avec l'Europe… Ainsi, ce serait une erreur d'affirmer que la Turquie fait partie de notre continent."

Questionné par Le Monde, il avait aussi déclaré : "La Turquie doit chercher son avenir auprès des organisations Islamiques, et non dans une Europe enracinée dans le Christianisme."

Selon l'agence de presse Turque Zaman, le Président du Synode des évêques Catholiques de Turquie, George Marovitch, a répliqué, sur un ton plutôt consterné : "Je n'approuve pas les remarques du Cardinal Ratzinger au sujet de la Turquie."

Le Cardinal Ratzinger n'avait fait qu'exposer ses opinions politiques personnelles en la matière. Les Catholiques n'étaient pas liés par ces paroles concernant l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne. Mais ils le sont, à présent que ce cardinal est devenu Pape.

Considérations financières.

Un conclave aussi court n'a pu être que le bienvenu sur le plan financier, pour un Vatican qui est repassé dans le rouge. Paul Marcinkus, l'ancien banquier du Vatican tombé en disgrâce, avait déclaré : "Vous ne pouvez pas gérer cette Eglise à coups de "Je vous salue Marie" ! On ne peut le faire non plus en faisant de la politique, ou en comptant sur les aspirations religieuses des innombrables, mais pauvres, Catholiques Romains d'Amérique Latine ou d'Afrique. Le magazine Time a révélé que les procès pour pédophilie ont déjà coûté à l'Eglise Catholique, dans les seuls Etats-Unis, 840 millions de dollars ! Les Etats-Unis sont, de loin, les plus gros contributeurs au denier de Saint-Pierre. Dans le reste du monde, une quantité d'autres procès semblables sont en préparation. Mais, avec la chute du dollar et la menace qui pèse sur l'économie américaine, en provenance de l'orient, il est temps pour la "femme revêtue de pourpre" de s'accrocher fermement à la "Bête" européenne, et de s'attaquer vigoureusement à l'athéisme et l'indifférence religieuse des Européens !

Saint Benoît, un Européen.

Saint Benoît est le saint Européen préféré du Pape. (NDE : Saint Benoîts est officiellement le patron de l’Europe). Le sanctuaire de Subiaco, où Saint Benoît fonda l'Ordre des Bénédictins, en l'an 529, est situé près de Rome. La règle monastique de Saint Benoît ressemble à celle de Ratzinger, "conservatrice, mais pas trop austère." Pendant un millénaire, les Bénédictins exercèrent la responsabilité de maintenir l'Europe assujettie au Pape. Tout au long du Moyen Age, Rome s'est servi des réseaux bénédictins pour contrôler les migrations économiques dans toute l'Europe. De la même manière, Rome cherche toujours à maintenir son influence sur les migrations économiques des Espagnols, des Portugais, des Polonais et des Européens de l'Est.

En passant, nous pouvons remarquer que le Cardinal Anglais Hume était un Bénédictin, et incarnait parfaitement l'idéal Bénédictin. Il était cette "main d'acier dans un gant de velours," si appréciée de Rome. Il a incarné la "guérison définitive" des "blessures" entraînées par la Réforme Anglicane de Henri VIII en Angleterre.

Un autre Saint Benoît, le saint pèlerin.

Le 16 avril est la date de l'anniversaire du Cardinal Ratzinger, devenu le Pape Benoît XVI. C'est aussi la date de l'anniversaire d'un autre Bénédictin, Saint Benoît Joseph Labre, connu comme étant le "saint pèlerin." Ce jeune homme à la constitution fragile a parcouru toute l'Europe et a fini par se fixer à Rome. Tous les jours, il visitait les églises, et il dormait la nuit dans le Colisée, sans aucun confort. Un jour, il finit par s'effondrer dans une église. Saint ou pas, il fut rapidement emporté chez un boucher voisin, où il expira. Ratzinger ne verrait sans doute que très peu de ressemblance entre Saint Benoît Joseph Labre et lui-même, si ce n'est que lui aussi est sans doute très près de sa fin.

Le Pape Benoît XV.

Le Cardinal Meisner a déclaré que son ami Ratzinger avait choisi de s'appeler Benoît parce que le dernier Pape Benoît, Benoît XV, "avait beaucoup fait pour la paix du monde." C'était un petit homme infirme, qui s'asseyait comme un enfant sur le trône papal. Le Vatican a tenté de cacher son infirmité. Il fut emporté assez tôt par une pneumonie.

Ratzinger a subi une hémorragie cérébrale en 1991, et a connu plusieurs autres attaques subséquentes. Le frère du Pape pense que le conclave a signé l'arrêt de mort du nouveau Pape. Si Ratzinger peut éviter un nouvel accident cérébral, il n'est pas impossible, si ses facultés intellectuelles sont diminuées par une mauvaise circulation sanguine dans le cerveau, qu'il entraîne le Vatican dans des prises de positions de plus en plus fanatiques. Qui peut à présent s'opposer à lui ?

En quoi la vie de Benoît XV pourrait nous renseigner sur les intentions du Pape actuel ?

Giacomo Della Chiesa (ce qui signifie "Jacques de l'Eglise") est devenu Benoît XV le 3 septembre 1914. Ce n'est qu'à la fin du 20e siècle que l'on a appris qu'au cours des trois jours de conclave et des dix tours de vote, le Cardinal Della Chiesa avait été irrésistiblement poussé vers le devant de la scène. Contrairement à ce que Rome avait toujours affirmé, son élection n'avait pas été le résultat d'un compromis de la dernière heure.

Della Chiesa tranchait avec les autres papes, en ce qu'il n’était pas issu de la petite paysannerie Catholique Italienne, comme cinq autres Papes Italiens du 20e siècle. Il ne provenait pas non plus d'un milieu intellectuel urbain comme Pie XII, le Pape de la dernière guerre mondiale. Della Chiesa appartenait à l'authentique haute noblesse. C'était un aristocrate Génois, un peu court de taille, mais avec une généalogie qui remontait à mille ans d'Histoire. Sa propre mère appartenait en outre à une famille qui avait déjà donné un Pape à l'Eglise. C'était donc un pur produit de la vieille Europe Catholique, comme l'avait été aussi Pie XII, et comme l'est aujourd'hui Ratzinger.

Il fallait châtier les Orthodoxes.

Della Chiesa dut affronter un schisme concernant le modernisme. Il trouva des solutions de compromis, étant toujours du côté des conservateurs. Il s'efforça de regagner la France en canonisant Jeanne d'Arc. Il s'attela ardemment à ramener sous le contrôle du Vatican les puissances européennes au bord de la guerre. Quand l'Archiduc François Ferdinand fut assassiné à Sarajevo par un activiste Serbe, le Cardinal Jésuite Merry del Val intervint fermement pour que la Serbie, qui représentait l'Eglise Orthodoxe Orientale, ennemie mortelle du Vatican, soit sévèrement "châtiée." Rome craignait que le déclin de l'Empire Ottoman favorise l’essor à Istanbul de l'Eglise Orthodoxe. Le successeur de l'apôtre André, soutenu par la Russie, aurait ainsi fait une dangereuse concurrence au successeur de Pierre à Rome.

Aujourd'hui, le Patriarche Bartholomé Ier, 270e successeur d'André, vit toujours enfermé dans ses quartiers du Phanar, à Istanbul. Les visiteurs ne peuvent plus pénétrer dans le Phanar par l'entrée principale, parce qu'elle fut condamnée en 1821, quand les Turcs Ottomans pendirent le Patriarche Grégoire V au linteau de cette porte. Ses battants noirs sont restés scellés depuis cette date.

Comme Benoît XV avant lui, Benoît XVI doit faire face à la menace de l'Eglise Orthodoxe Orientale. Il a besoin d'une Eglise Romaine forte, centrée sur l'Europe, ainsi que d'une Turquie qui reste Islamique, pour pouvoir résister à l'Orthodoxie. A moins qu'il réussisse à séduire le Patriarche Bartholomé, pour lui faire accepter un compromis œcuménique.

Benoît XV fit de nombreuses propositions de paix, au cours de la première guerre mondiale. Ses encycliques font beaucoup appel aux sentiments, et sont remplies de généralités, propres à ne déranger personne. Elles ressemblent à celles que Pie XII écrivit plus tard, lors de la seconde guerre mondiale. Les efforts pacifistes de Benoît XV ont été décrits de la manière suivante : "Il proposa une trêve de Noël généralisée à la fin de 1914, pour mettre un terme à ce qu'il appelait "le suicide de l'Europe." Cette trêve fut initialement acceptée par les Allemands, mais rejetée par les Alliés." En outre, "en Italie même, ses interventions régulières furent présentées comme ayant une influence néfaste sur l'ardeur combattive de la nation, et diminuèrent son influence à partir de 1915… Le traité de Londres, conclu en 1915, comportait des clauses secrètes, par lesquelles les Alliés, en accord avec l'Italie, avaient décidé d'ignorer les propositions de paix du Pape à l'égard des Puissances Centrales. En conséquence, le plan de paix en sept points proposé en août 1917 par Benoît XV fut carrément ignoré par toutes les parties, sauf par l'Autriche-Hongrie. Le Vatican, qui avait demandé à jouer un rôle dans la conclusion de la paix, fut exclu de la Conférence de Paix de Paris, en 1919."

Alors qu'il reposait sur son lit de mort, Benoît XV était assisté par Monseigneur Giuseppe Pizzardo, un jeune diplomate du Vatican, qui était chargé de transmettre l'aide du Vatican aux Soviets affamés, en court-circuitant secrètement Lénine. Pizzardo était membre d'une conspiration secrète, visant à "convertir en masse" les Orthodoxes. Il disposait d'une armée de missionnaires entraînés et hyper motivés par une bonne propagande, prêts à accueillir les masses Orthodoxes qui devaient se convertir au Catholicisme. Comme l'a écrit un expert digne de confiance : "Jusqu'à la fin, le Pape fut motivé par l'espoir que l'Eglise Catholique pourrait devenir l'héritière de l'Orthodoxie. Même pendant la nuit où il mourut de pneumonie brutale, le 22 janvier 1922, Benoît XV convoqua Monseigneur Pizzardo par trois fois à son chevet, pour lui demander : "Est-ce que nous avons reçu les visas que les Bolcheviks devaient nous envoyer ?"

Aujourd'hui, près d'un siècle après Benoît XV, un autre Benoît fait face à la nécessité d'unir l'Europe sous la férule du Catholicisme Romain, de construire un rempart contre une Eglise Orthodoxe rénovée, de maintenir la Turquie dans l'Islam, et d'infiltrer la Russie par toutes sortes de moyens, honnêtes ou pas. Pendant ce temps, l'Amérique Latine et l'Afrique devront tout faire pour attirer l'attention du Pape !