A297. Lettre du Paraguay.

Reproduction autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.

Nous avons reçu cette lettre de Marion, jeune missionnaire anglaise que nous avons connue au Paraguay, et dont nous avons publié le témoignage dans l'une de nos dernières lettres de nouvelles. Marion s'occupe des enfants des rues à Ciudad del Este, ville frontière avec le Brésil et l'Argentine. Victime récemment d'une double rupture d'anévrisme au cerveau, elle a vu le ciel. Le Seigneur l'a rétablie, après lui avoir permis de revenir sur terre.

Vous avez sans doute entendu parler du dramatique incendie d'un supermarché d'Asunción, la capitale du Paraguay : plus de 400 morts, autant de disparus, et des centaines de blessés. C'est beaucoup trop pour un petit pays de 6 millions d'habitants, l'un des plus pauvres de l'Amérique latine ! Nous devons bientôt retourner au Paraguay, et nous comptons aider Marion.

Chers tous,

Excusez-moi de n'avoir pas eu le temps de vous écrire…

J'ai été tellement impliquée dans les conséquences de ce tragique incendie à Asunción, la semaine dernière !

Tout d'abord, merci, merci beaucoup pour vos prières ! Nous en avons tellement besoin !

J'ai eu tellement de travail ici ! J'étais tellement occupée !

J'essaye de me procurer des médicaments au Brésil et en Argentine, pour les envoyer à Asunción. Je prends des contacts, je recueille des dons, je mets les gens en relation, etc…

Avec cet argent que je reçois, j'achète des anti-douleurs et des antibiotiques, surtout au Brésil, où ils sont de bonne qualité, et je les envoie aux hôpitaux d'Asunción… Dès que je les achète, c'est comme s'ils me brûlent les doigts, je dois m'en débarrasser au plus vite !

Comme je vis à la frontière (du Brésil et de l'Argentine), il est facile de me les procurer. Je les envoie à des amis chrétiens, pour être certaine qu'ils arrivent entre les bonnes mains.

Je ne peux pas supporter l'idée de savoir que des enfants souffrent ! Je ne peux pas le supporter !

C'était très dur d'entendre et de voir tout cela ! Nous connaissons tous quelqu'un qui est mort. Ce pays est si petit !

Je n'ai pas de nouvelles du Docteur Fretes, si gentil ! C'est lui qui m'avait opérée à Asunción. J'ai entendu dire que ses enfants ou ses neveux ont péri, mais nous n'en sommes pas encore certains ! Il y avait une fête d'anniversaire pour des enfants dans le supermarché, avec énormément d'enfants !

Nous connaissons tous quelqu'un qui est mort ou porté disparu dans cette tragédie. Au moins 64 personnes de notre ville de Ciudad del Este ! De nombreuses écoles sont durement touchées, 21 élèves de la même classe…

On annonce déjà plus de 400 morts, et 500 blessés. Ce pays est tellement mal préparé à de telles catastrophes ! Nous connaissons des personnes qui sont encore portées disparues, ou qui sont sérieusement brûlées, dans des unités de soins intensifs, plusieurs dans l'hôpital Baptiste…

Je m'efforce de me procurer des médicaments au Brésil et en Argentine. Beaucoup d'infections éclatent chez les blessés, et il n'y a pas assez d'antibiotiques… Quelle terrible réalité ! Les hôpitaux sont pourtant très généreux et soignent gratuitement…

Les compagnies d'assurances ne peuvent pas couvrir les frais. Beaucoup de contrats indiquent, en petits caractères, que seuls trois jours de soins intensifs sont couverts… Des gens ont donc été renvoyés, abandonnés… Personne ne s'en occupe… Je crois que cela va changer pas mal de choses ici ! Cela va mettre au grand jour les pratiques des compagnies d'assurances…

Les médecins et les infirmières sont épuisés… Beaucoup de mamans doivent s'efforcer de reconnaître leurs enfants, dont les restes sont souvent méconnaissables…

Une bonne nouvelle toutefois : les professeurs d'une école que je viens de visiter mardi matin se sont tous effondrés, et se sont mis à crier à Dieu, au cours d'une réunion de professeurs.

En tant que Chrétiens, nous devons nous lever et répondre à ce défi !

Le plus grand problème est celui des médicaments et des fournitures hospitalières… Ce pays en manque cruellement ! Les besoins sont immenses. C'est un tout petit pays, et la richesse est concentrée entre quelques mains. 74 % des terres appartiennent à 0,4 % de la population ! La corruption est très répandue. Selon les critères internationaux, 69 % des Paraguayens vivent dans la pauvreté absolue.

Vous pouvez donc imaginer que, quand une catastrophe comme celle-ci se produit, elle a d'énormes conséquences ! Je ne suis pas certaine que même la ville de Londres puisse affronter une telle masse de morts et de grands brûlés… Imaginez donc ce que cela peut être ici !

Je viens d'apprendre que plusieurs personnes se sont suicidées la nuit dernière. Des gens qui ont perdu trop de membres de leurs familles, ou des gens qui n'en peuvent plus. C'est quelque chose de très inhabituel pour le Paraguay. Normalement, peu de gens choisissent de se suicider ici. Mais plusieurs l'ont fait la nuit dernière. Ils étaient désespérés ! Si j'avais été à leur place, j'aurais probablement fait la même chose !

J'ai eu la nausée en regardant le site web de la BBC, et en voyant que leur plus gros problème était de savoir si Sven Erickson avait eu une nouvelle liaison ou non !

Beaucoup d'enfants ont échappé à l'incendie, mais ont perdu le contact avec leurs parents. C'est terrible, réellement tragique ! Des mamans ont eu le temps d'envelopper leurs bébés dans des serviettes mouillées et de les mettre dans des coins, mais elles ont péri dans l'incendie. D'autres mamans se sont couchées sur leurs enfants. Elles sont mortes brûlées, mais leurs enfants ont survécu. Un petit garçon s'est caché dans un frigidaire. Il a été sauvé, mais toute sa famille est morte.

Quelle terrible tragédie ! On dit que le propriétaire a fait fermer les portes, parce qu'il craignait que les gens pillent le supermarché, ou sortent sans payer… Pouvez-vous imaginer cela ? Les gens se sont donc trouvés enfermés dans le magasin.

De telles catastrophes remettent les choses en place, et nous montrent que certaines choses ont réellement peu d'importance !

La semaine dernière, j'ai reçu un e-mail d'un ami d'Asunción, qui me réclamait de l'aide pour sa sœur, Maria Luisa Vera, 29 ans, brûlée à 95 %. Il était désespéré. Les médecins et les infirmières étaient épuisés, et manquaient de tout. La situation est tellement mauvaise que j'ai reçu beaucoup de messages d'amis qui me suppliaient de les aider à trouver du sang !

Mais Maria Luisa est morte le lendemain…

Hier soir, j'ai eu une réunion avec des adolescents ici. Ils étaient tous très abattus par ce qui s'est passé. La télévision ne nous épargne aucun détail, et toutes ces images nous sont jetées au visage…

Voici un extrait d'une lettre qui m'a été adressée par l'une de mes amies d'Asunción, qui voulait épancher son cœur :

"Des élèves ont commencé à sonner chez moi pour me dire que Liz, la meilleure élève de notre classe, était morte, ainsi que sa sœur et son neveu de 2 ans. J'ai servi un chocolat chaud à certains pendant que j'écrivais une carte. Certains professeurs avaient eu le temps de venir. Nous sommes tous allés dans une petite maison de planches, où trois cercueils remplissaient la maison. La maman sanglotait, et était soutenue par une amie. Finalement, elle s'est écroulée sur ses genoux. Le papa pleurait d'une manière incontrôlable. La petite pièce était bondée d'amis, et tous pleuraient abondamment.

"Je ne peux pas calculer combien de vies auraient été épargnées, si l'on n'avait pas donné l'ordre de fermer toutes les portes, y compris les grilles du parking souterrain. Dans le parking, deux voitures ont explosé. Tout ce qu'il reste, dans un grand nombre de voitures, ce sont des squelettes calcinés. Dans une voiture, il y avait les restes de trois enfants enlacés, qui avaient été enfermés par leur mère, partie faire quelques courses.

"Gloria n'est pas hors de danger. Elle n'est pas complètement consciente, et lutte pour surmonter de sérieux problèmes respiratoires. Dieu merci, elle fait partie de ceux qui ont pu recevoir de l'oxygène, avant qu'il n'y en ait plus !

"Quand un corps est identifié, il est immédiatement placé dans un cercueil offert gratuitement, et emporté. L'impact de cette tragédie est tellement profond que beaucoup ne peuvent pas le supporter. Toute la ville se lamente…

"Le doyen de l'université qui est à côté de chez nous, ainsi que toute sa famille, sauf une personne, n'ont pas eu la même opportunité de s'en sortir. Ils ont tous été brûlés, de même que le doyen de l'une de nos facultés techniques.

"Quand l'explosion s'est produite dans le supermarché, les propriétaires ont ordonné e fermer toutes les portes. Des gardes ont même cadenassé certaines portes pour empêcher les gens de s'enfuir du magasin sans payer. On a trouvé 36 morts devant une porte fermée !

"Des voisins entendaient crier à l'intérieur, et quand ils ont compris ce qui se passait, ils ont percé un trou dans le mur, et ils ont réussi à sauver quelques personnes…"

Je ne le dirai pas assez : ce qui s'est passé remet toutes choses dans une juste perspective ! Si j'entends encore quelqu'un se plaindre de détails sans importance, se plaindre de son physique ou de choses futiles, je ne peux pas garantir quelle sera ma réaction !

Tout est si dur ici ! Nous sommes confrontés à tant de besoins !

OK ! Je vous en dirai davantage plus tard. Merci pour vos prières ! Continuez à annoncer la Bonne Nouvelle, la meilleure nouvelle de toutes ! Nous ne savons pas ce qui nous attend sous peu !

Il y a autour de nous tout un monde qui a besoin d'entendre parler de Jésus, de savoir qu'Il a donné Son sang pour sauver chacun d'entre nous !

Et ici, nous avons l'exemple de gens qui voulaient simplement aller dans un supermarché, et qui sont maintenant dans l'éternité !

Avec mon amour fraternel,

Marion

PS : Je vous en prie, priez pour notre Président du Paraguay. C'est un Chrétien, et il est placé devant un tel défi ! Il s'appelle Nicanor Duarte. Il a besoin de beaucoup de sagesse.

J'ai le sentiment que la population est actuellement triste, mais que cette tristesse va bientôt se changer en colère, quand les gens verront que beaucoup de gens auraient pu être sauvés si l'on avait ouvert les portes…

Pour ceux qui comprennent l'espagnol, vous pouvez vous connecter sur le site officiel de la Présidence de la République du Paraguay : http://www.presidencia.gov.py/

Vous pourrez y obtenir plus d'informations générales, ainsi que sur les besoins médicaux.

Note de Parole de Vie :

Il est vrai que de telles catastrophes représentent un grand défi pour les Chrétiens, mais aussi une grande opportunité de pouvoir partager l'amour et la consolation de Christ. Prions pour le Paraguay, et pour qu'à l'occasion de cette catastrophe, beaucoup de cœurs se tournent vers le Seigneur.

Nous ne savons pas quelles sont les causes spirituelles de cette tragédie. Mais ce que nous pouvons dire, c'est que tous ceux qui ont péri dans cet incendie n'étaient pas plus pécheurs que les autres. Rappelons-nous ce que Jésus a dit, à propos des personnes qui avaient été tuées par l'écroulement de la tour de Siloé :

"Ou bien, ces dix-huit personnes sur qui est tombée la tour de Siloé et qu'elle a tuées, croyez-vous qu'elles fussent plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également" (Luc 13 :4-5).

Le temps des terribles jugements de Dieu sur la terre approche ! Tant que la porte de la grâce est encore ouverte, entrons dans le salut de Dieu ! Nous pouvons Lui demander pardon pour tous nos péchés, au nom de Jésus-Christ, et recevoir un plein pardon !

Si vous ne l'avez pas encore fait, c'est aujourd'hui le moment de vous tourner vers le Seigneur Jésus, pour L'accepter comme votre Sauveur et Seigneur !

Si vous voulez lire le témoignage détaillé de Marion, relisez notre lettre de nouvelles N° 25, dans notre page "Nouvelles".