A280. Conformes à la mort de Christ.

Article de Evan Hopkins (1837-1919). L'original peut être consulté à l'adresse suivante :

http://www.searchlight-missions.org/light_for_life/through_death_to_life.html

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.

Notre marche dans la sainteté et la perfection doit être quelque chose de très pratique. Elle exige la victoire concrète sur le péché et toute sa puissance, par notre identification à la mort et à la résurrection de Jésus-Christ.

Pour nous présenter la marche pratique dans la sainteté, les Ecritures nous donnent l'image du fruit. Qu'est-ce qu'un fruit ? C'est le résultat final de l'action de la sève. C'est le produit ultime de toutes les activités internes de l'arbre, le résultat de la vie cachée qui part des racines, qui passe ensuite dans le tronc et les branches, et qui se manifeste par un bourgeon, puis une fleur, et, finalement, par le fruit. Quand le fruit est formé et parvenu à la maturité, l'arbre a atteint l'objectif ultime de son activité et de sa croissance. La vie a parfaitement achevé son cycle.

Par conséquent, le fruit illustre un aspect bien précis de la vie spirituelle : ce qui est sacrifié pour le bien des autres. Andrew Murray a écrit : "Le fruit est une production de la branche qui permet aux hommes d'être nourris et rafraîchis. Le fruit n'est pas pour la branche, mais pour ceux qui viennent le cueillir et s'en nourrir. Dès que le fruit est mûr, la branche s'en sépare. Mais ce n'est que pour recommencer son œuvre de bénédiction, et pour préparer un nouveau fruit pour la prochaine saison. Un arbre qui porte du fruit ne les porte pas pour lui-même, mais uniquement pour que d'autres puissent s'en nourrir et s'en rafraîchir. En outre, la seule raison d'être d'une branche est de pouvoir servir de support au fruit en formation. Son seul objectif, sa sécurité et sa gloire, c'est de faire la joie du jardinier".

Jésus a dit : "Si vous portez beaucoup de fruit, c'est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples" (Jean 15 :8).

Le principe vital d'une sainteté pratique.

La sainteté pratique, par conséquent, n'est pas quelque chose qui se fabrique. Il faut bien plus qu'une méthode parfaite pour que nous puissions être conformes à l'image du Fils de Dieu. La sainteté ne consiste pas simplement à imiter le Seigneur.

Il est possible d'accomplir nos obligations et toutes sortes de bonnes œuvres, et d'appeler tout cela "porter du fruit". Wilberforce a écrit : "Vous pouvez suspendre une demi-douzaine de belles grappes de raison sur votre vieux parapluie, ce n'est pas cela qui fera de vous un cep ! Vous pourrez les attacher aussi soigneusement que possible, mais vous ne les ferez pas croître. C'est pourtant ce que des multitudes de Chrétiens s'efforcent de faire !"

La sainteté pratique ne consiste pas d'abord à faire quelque chose, mais à être quelqu'un ! Ce n'est pas quelque chose que l'on construit patiemment, comme vous construisez une maison, pierre après pierre. Ce n'est pas s'efforcer de respecter une foule de lois morales, ni une compilation de mérites, ni une succession de certains actes.

Nous pouvons avoir une foule d'activités diverses qui sont très bonnes en elles-mêmes. Mais cela ne constitue pas un "fruit". Ce que demande l'apôtre Paul, en s'adressant aux Colossiens, c'est qu'ils puissent "marcher d'une manière digne du Seigneur et lui être entièrement agréables, portant des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres et croissant par la connaissance de Dieu" (Colossiens 1 :10). En d'autres termes, leur service devait être le produit direct de la vie divine qui demeurait en eux. Il est possible d'être très zélé et très actif, d'accomplir une foule de bonnes œuvres, sans jamais porter du fruit. Quand le véritable fruit est présent, toutes les activités seront le résultat naturel d'une vie qui jaillit de l'intérieur.

La source de la sainteté pratique.

Qu'est-ce donc que la source de toute sainteté pratique ? Cette sainteté doit provenir d'une source. Chaque fruit de l'arbre est relié de manière vitale à la racine. Quelle est donc cette source qui nous permet de produire du fruit ? Il s'agit de notre nature régénérée. "Ce qui est né de l'esprit est esprit" (Jean 3 :6). Grâce à une action directe de Dieu, par le Saint-Esprit, nous avons reçu une nouvelle nature spirituelle à notre nouvelle naissance. Mais le fruit n'est pas le produit direct de notre nouvelle nature, de même que le fruit n'est pas le produit direct de la branche. C'est la branche qui porte le fruit, mais c'est la racine qui le produit. Il s'agit véritablement du "fruit de l'Esprit", du Saint-Esprit. Un mauvais arbre ne peut produire un bon fruit. Il faut nécessairement passer par une nouvelle naissance pour que nous puissions produire un bon fruit. Mais notre nouvelle nature n'est pas la source de ce fruit. C'est Christ Lui-même qui est la Source.

Notre sainteté pratique ne peut avoir qu'une seule source, car il n'existe qu'une seule vie sainte : "C'est de moi que tu recevras ton fruit" (Osée 14 :8). Quand Jésus a dit : "Je suis la Vie", Il n'a pas voulu dire qu'Il était le modèle de la vie parfaite, ni qu'Il était simplement le Donateur de la vie. Il a dit cela parce qu'Il est véritablement la Vie en Lui-même. "Car auprès de toi est la source de la vie" (Psaume 36 :9).

Cette Source de Vie est Christ qui vit en nous. L'apôtre a dit : "Ce n'est plus moi qui vis", bien qu'il ait été racheté. "Ce n'est plus moi qui vis", bien qu'il ait été régénéré et qu'il ait reçu la vie éternelle. "Si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi" (Galates 2 :20).

C'est ce Christ qui avait été promis dans l'Evangile de Jean : "Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle" (Jean 4 :14).

Notre compréhension de Christ en tant que Vie se fait de plus en plus claire. Notre cœur reçoit une révélation de plus en plus claire de ce fait. La vie nous est d'abord révélée en tant que source universelle (Jean 1 :4), ensuite en tant que don de Dieu (Jean 3 :16), puis en tant que principe demeurant en nous (Jean 4 :14), et enfin en tant que fleuve jaillissant de nous (Jean 7 :38). C'est à cette dernière étape que nous portons du fruit, qui n'est autre que la manifestation de Christ demeurant en nous.

Voilà la source de toute sainteté pratique. Il est donc important de mettre l'accent sur la source de cette vie en nous : "Christ qui vit en moi".

Produire du fruit.

Que faut-il donc, pour que cette vie qui demeure en nous puisse produire un fruit abondant pour Dieu ?

Il est clair que la vie divine n'a pas besoin de recevoir quelque chose de l'homme pour augmenter sa vitalité ! Elle n'a pas besoin de nos efforts pour entretenir sa puissance. Pensez à cette réalité que nous possédons, si Christ vit en nous ! Ce n'était pas une simple figure de style employée par l'apôtre, quand il déclarait que Christ vivait en lui. Ce qui était vrai pour Paul peut être également vrai pour chacun d'entre nous.

Que possédons-nous donc ? C'est LUI que nous possédons, Lui en qui demeure toute la plénitude de la vie, et en qui sont contenues toutes les ressources infinies qui nous sont nécessaires. Nous pouvons trouver en LUI absolument tout ce qu'il nous faut pour notre continuelle croissance, pour notre rafraîchissement perpétuel, et pour le fruit abondant que nous devons produire. Toute puissance, toute grâce, toute pureté, toute plénitude, absolument tout ce qui fait abonder Sa grâce en notre faveur, en nous, et au travers de nous, tout est contenu en Celui qui demeure véritablement en nous !

Puisqu'il en est ainsi, que devons-nous faire ? Allons-nous essayer d'aider Christ à vivre en nous ? Allons-nous nous efforcer de rendre Christ un peu plus vivant en nous ? Devons-nous L'aider à manifester Sa puissance en nous ? En d'autres termes, devons-nous nous efforcer de croître, pour produire du fruit ? Sûrement pas ! Et pourtant, n'est-ce pas la grossière erreur que font des multitudes de Chrétiens ?

Pourtant, il faut faire quelque chose. Nous avons besoin d'approfondir notre vie spirituelle. Tous les Chrétiens nés de nouveau ont Christ en eux, et possèdent donc en eux toutes les ressources de la puissance spirituelle qui peut leur faire produire du fruit en abondance. Pourtant, tous les Chrétiens ne produisent pas ce fruit abondant pour Dieu. Pour quelle raison ?

La raison est la suivante : Bien que nous ne puissions pas aider Christ à vivre davantage en nous, bien que nous ne puissions rien ajouter à la plénitude infinie de Sa vie, de Sa pureté et de Sa puissance, nous pouvons empêcher la manifestation de Sa vie en nous.

L'obstacle de l'incrédulité.

L'un des obstacles les plus sérieux est l'incrédulité. L'incrédulité est à la racine de tous les obstacles. Certes, on peut s'empresser de dire que Christ détient la puissance de briser cet obstacle. Il est capable de briser tous les obstacles. Nous savons, bien entendu, que le Seigneur est capable, et qu'Il pourrait balayer toutes les barrières de l'incrédulité humaine. Mais est-ce bien ainsi qu'Il veut agir ? Est-ce ainsi qu'Il a décidé d'agir avec les hommes ?

Nous Le voyons entrer dans un certain village. Il y avait là des multitudes de pauvres et de nécessiteux, et Il était tout prêt à les bénir. On amenait à Ses pieds les malades et les estropiés. Mais que lisons-nous ? "Et il ne fit pas beaucoup de miracles dans ce lieu, à cause de leur incrédulité" (Matthieu 13 :58). Il y a bien eu quelques manifestations de Sa puissance : "Il imposa les mains à quelques malades, et il les guérit". Mais Marc ajoute : "Il ne put faire là aucun miracle" (Marc 6 :5).

Cet événement peut éclairer bien des moments de notre propre expérience spirituelle. Les faiblesses et les échecs que nous avons connus ne sont pas causés par un manque de puissance de Celui qui demeure en nous, mais par un manque de confiance et de foi de notre part. Le Seigneur exige toujours de nous la foi. Nous avons limité le Saint-Esprit par notre incrédulité. Nous avons "dressé un obstacle" devant Sa puissance, alors que le Seigneur avait la volonté de nous délivrer, de nous garder et de nous sauver.

Pour que notre vie spirituelle puisse s'approfondir, il est nécessaire que tous les obstacles soient ôtés. Quand nous commençons à nous intéresser à l'incrédulité, nous nous attaquons à la racine même de tous les autres obstacles.

Mais c'est là que la difficulté réside. On pourrait répondre : "En nous montrant qu'il s'agit un problème de foi et non d'efforts personnels, vous ne nous donnez pas la solution du problème. Vous ne faites que soulever un nouveau problème. Comment puis-je avoir plus de foi ? Je sais qu'il s'agit d'un manque de foi de ma part, mais que puis-je faire pour avoir plus de foi ?"

Cela nous conduit à notre point principal. En vérité, nous avons besoin de deux puissances : de la puissance pour briser l'obstacle, et de la puissance pour produire du fruit ; de la puissance qui nous permet d'être coupé du mal, et de la puissance qui nous permet d'être transformé et d'être rendu conforme à la volonté de Dieu.

La vie jaillit de la mort.

Nous pouvons trouver ces deux puissances en Christ. Ce sont la puissance de Sa mort, et la puissance de Sa vie. Nous n'avons pas le droit de ne plus nous occuper de la puissance de Sa mort, sous prétexte que nous avons reçu la vie. Non ! Si nous voulons connaître la puissance de la vie de résurrection de Christ, il est nécessaire que nous devenions "conformes à Lui dans Sa mort" (Philippiens 3 :10).

La vie véritable, celle qui triomphe du péché et qui ne cesse de produire du fruit, est une vie qui jaillit de la mort.

L'apôtre Paul a prononcé des paroles d'une portée spirituelle très profonde, paroles que nous ne comprenons pas au premier abord : "Portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps" (2 Corinthiens 4 :10). Il nous montre ici que la mort est la condition de la vie. La manifestation continuelle de la vie dépend de notre constante conformité à la mort de Christ.

La mort implique une séparation complète, et la vie implique l'union. En étant de plus en plus conformes à la mort de Christ, qui est une mort au péché, nous sommes de plus en plus séparés de la corruption et de la souillure du péché. Il ne s'agit pas seulement du fait d'être séparé du péché. Mais il s'agit d'une séparation de la vie du "vieux moi", du "vieil homme".

Le plus grand obstacle à la manifestation de la vie de Christ est la présence et l'activité de la vie du "vieux moi", de la vie du "vieil homme". Cela doit cesser ! Cette vie mauvaise doit être complètement mise à mort ! Seule la mise à mort du Seigneur Jésus-Christ peut accomplir cela en nous. Etre conformes à la mort de Christ signifie que nous devons nous séparer complètement, dans notre cœur et dans nos pensées, de la source des activités, des motivations et des désirs de notre ancienne vie.

Notre part dans la manifestation de la vie divine.

Cette "conformité" est la condition de la manifestation de la vie divine en nous. Comme nous l'avons déjà observé, la "vie de Jésus" n'a pas besoin de nos énergies et de nos efforts pour accroître sa puissance en nous. Tout ce que Dieu exige, c'est que nous puissions accepter avec amour les conditions qu'Il pose pour que les obstacles soient ôtés. Acceptons de nous soumettre à Ses conditions, et la vie jaillira aussitôt, spontanément, sans aucun effort et sans aucun stress. Nous ne pourrons jamais créer ni accroître cette vie par nos efforts personnels. Mais il est clair que nous pourrons augmenter la manifestation de cette vie, si nous acceptons de nous plier aux conditions divines.

Notre part consiste donc à accepter de descendre dans la mort de Christ. La part du Seigneur est de manifester Sa vie dans notre vie, tout comme l'eau jaillit d'une fontaine ou d'une source. C'est alors que nous connaîtrons ce que le grand apôtre a voulu dire, quand il a écrit : "Christ vit en moi". Quand nous permettons à Christ, qui demeure en nous, d'agir pleinement comme Il le veut, nous connaîtrons une croissance régulière, une fraîcheur perpétuelle, et nous porterons du fruit en abondance. Notre vie sera marquée par l'aisance et la spontanéité, parce qu'elle sera "naturelle" dans l'Esprit.

S'identifier avec Christ dans Sa mort.

Nous voyons donc qu'il est impossible d'exagérer l'importance de la compréhension de la signification de la mort de Christ. Nous devons comprendre que le Seigneur n'est pas seulement "mort pour le péché", mais "mort au péché". Dans le premier sens de cette expression, Il est mort seul. Nous ne pouvions pas mourir avec Lui. Il est passé seul au pressoir. En tant qu'offrande pour le péché, Lui seul est devenu une victime propitiatoire pour notre péché. Mais, dans le second sens de cette expression, nous sommes morts avec Lui. Il faut absolument que nous sachions ce que signifie "être rendus conformes à Lui" dans Sa mort au péché.

Dans ce sens, notre union avec Christ est bien le moyen d'être concrètement séparés de nos péchés et de leurs convoitises mauvaises, mais aussi d'être séparés de notre vieux moi égoïste. Notre identification à la mort de Christ n'est pas un acte isolé, c'est un état mental que nous devons constamment maintenir et approfondir. "Ainsi donc, Christ ayant souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée. Car celui qui a souffert dans la chair en a fini avec le péché, afin de vivre, non plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu, pendant le temps qui lui reste à vivre dans la chair" (1 Pierre 4 :1-2).

Notre identification à la mort de Christ est la grande vérité que nous pouvons apprendre, notamment par rapport à la Sainte Cène. Quand nous rompons le pain et quand nous versons le vin, n'avons-nous pas, dans ces symboles, la représentation de la mort du Seigneur ? Sur quoi mettons-nous l'accent, et que proclamons-nous au travers de ces actes ? "Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne" (1 Cor. 11 :26). En partageant ces éléments, nous sommes également identifiés à Christ dans Sa mort. Et nous partageons aussi Sa vie, dans la mesure où nous pénétrons dans Sa mort, et où nos pensées et nos sentiments sont rendus conformes à Sa mort.

La puissance contre le péché.

La mort de Christ possède la puissance de nous séparer complètement du péché. Toute purification implique une séparation. Quand nous nettoyons un vêtement, nous le séparons de la saleté qui le souillait. Dire que le "sang de Jésus purifie" signifie en fait que "le sang de Jésus nous sépare de tout péché". Or, le sang de Jésus nous parle de la mort de Jésus. Plus nous nous identifierons à cette mort, et plus nous saurons ce que signifie "être purifié de toute iniquité".

Lors de la consécration d'Aaron et de ses fils, nous pouvons voir ces principes affirmés avec une merveilleuse clarté. Dieu avait ordonné ceci à Moïse :

"Tu égorgeras le bélier ; tu prendras de son sang, tu en mettras sur le lobe de l'oreille droite d'Aaron et sur le lobe de l'oreille droite de ses fils, sur le pouce de leur main droite et sur le gros orteil de leur pied droit, et tu répandras le sang sur l'autel tout autour. Tu prendras du sang qui sera sur l'autel et de l'huile d'onction, et tu en feras l'aspersion sur Aaron et sur ses vêtements, sur ses fils et sur leurs vêtements. Ainsi seront consacrés Aaron et ses vêtements, ses fils et leurs vêtements" (Exode 29 :20-21).

Nous pouvons comprendre ici une vérité qui s'applique à tous les enfants de Dieu. L'oreille, la main et le pied doivent tous être consacrés à Dieu. Le contact avec le sang parle de la conformité à la mort de Christ. C'est ce qui fait de cette consécration une réalité. Quand nous sommes, dans nos cœurs, unis à la mort de Christ, nous devenons non seulement sanctifiés, "mis à part pour Dieu", mais nous sommes séparés de tout obstacle qui nous empêcherait d'entendre la voix de Dieu, d'accomplir les œuvres de Dieu, et de marcher dans la volonté de Dieu.

Ces "membres" (Romains 6 :13) sont consacrés à Dieu et à Son service, grâce à la séparation effectuée par le sang. Mais ils sont aussi purifiés de toute souillure, et oints d'huile, de la vie de l'Esprit. Ils deviennent "utiles pour Dieu" (2 Timothée 2 :21). Quand nous sommes "aspergés de sang et d'huile", nous sommes confrontés à la mort et à la vie. La mort et la vie nous seront toujours nécessaires, tout au long de notre vie terrestre.

Unis avec Christ en Sa mort.

Prenons bien soin de ne pas chercher à partager la vie, sans nous être d'abord plongés dans la mort de Christ ! N'est-il pas possible que nos erreurs passées et notre manque de vigueur spirituelle soient dues à notre ignorance de la puissance de la croix, en ce qui concerne notre sanctification ? Peut-être avons-nous été tentés de croire que la mort de Christ n'avait servi qu'à assurer notre justification, et que notre sanctification ne dépendait dorénavant que de Sa vie. Ceci peut nous avoir conduit à croire, comme c'est le cas de beaucoup de Chrétiens, qu'il nous suffisait de contempler Christ crucifié, et de comprendre qu'Il avait fait l'expiation pour nous sur la croix pour nous donner la justification. Nous avons ensuite considéré qu'il s'agissait d'une expérience passée, que nous pouvions laisser derrière nous, parce que nous étions à présent entrés dans une union vivante avec Christ ressuscité.

Toutefois, nous commençons à présent à comprendre plus profondément ce que signifie la mort du Seigneur Jésus, l'essence de Sa croix, si nous pouvons employer cette expression. Nous commençons à comprendre que nous devons garder constamment à l'esprit la signification de Sa mort, en ce qui concerne notre "vieille nature". Car il faut que nous nous maintenions constamment séparés, à chaque instant, de la vie égoïste de notre "vieux moi". Il ne s'agit pas d'une expérience effectuée une fois pour toutes dans notre passé.

La mort de Christ au péché concerne donc de très près, et de manière très pratique, notre sanctification concrète. L'unique condition d'un réel progrès spirituel consiste à être rendu conforme à la mort de Christ. Si nous acceptons de mourir au péché avec Christ, ce sera la preuve véritable que nous aurons réellement avancé dans l'accomplissement de notre désir d'être remplis de Sa vie.

C'est alors seulement que nous comprendrons réellement la vraie signification à la fois du baptême et de la Sainte Cène. Par le baptême, nous sommes plongés avec Christ dans la mort, une fois pour toutes. Par la Sainte Cène, nous devenons de plus en plus conformes à Christ dans Sa mort. Nous sommes conduits à une communion de plus en plus profonde avec la pensée de Christ crucifié.

Par conséquent, la croix de Christ n'est pas seulement le lieu où nous pouvons trouver la vie nouvelle, mais aussi le lieu où nous abandonnons notre ancienne vie. "Porter la mort du Seigneur Jésus" porte un coup mortel à la vie "selon la chair", parce que notre "vieil homme", notre ancien moi rebelle, a été crucifié avec Christ. Etre conduit à être uni à cette mort, à être tellement identifié avec Christ dans Sa mort, au point de porter cette mort avec nous en permanence, cela revient à marcher dans une délivrance permanente de la vie du vieux moi, et à voir la vie de Jésus constamment manifestée dans notre marche quotidienne.

Tous les privilèges spirituels sont conditionnels. La condition de la "vie abondante" consiste à être identifié à la pensée et aux sentiments de Celui qui est mort au péché, et d'être "armé" de cette pensée et de ces sentiments.

"Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix" (Philippiens 2 :5-8).

Je le répète, il ne s'agit pas d'une expérience isolée, d'un acte unique. Il s'agit d'un état d'esprit, de sentiments, d'une condition spirituelle que nous devons maintenir en permanence, et approfondir continuellement.

Nous n'avons donc pas besoin de faire appel à nos propres forces pour augmenter la vie en nous. C'est Christ, vivant en nous, qui manifestera Sa propre puissance et Sa propre vie. Nous ne manquerons jamais de vitalité. Mais, pour cela, Dieu exige que nous nous soumettions volontairement à la mort, non pas par un effort personnel de notre volonté, mais en ayant les sentiments et les pensées de Celui qui est mort au péché une fois pour toutes, et qui vit à présent pour Dieu.

La puissance croissante de la vie de Christ en nous.

La compréhension du fait que nous sommes identifiés à Christ, quand Il est mort sur la croix, produit souvent des résultats soudains et décisifs dans l'expérience et la vie pratique du Chrétien. Elle nous coupe brusquement de notre ancienne manière de vivre, et nous réalisons que nous sommes glorieusement émancipés de la puissance du péché et de ses liens. Mais ce résultat, quoique soudain et immédiat, est suivi par une œuvre intérieure qui est progressive et continuelle. Après la révélation brutale de notre mort avec Christ et des effets de cette mort, nous passons par un approfondissement de l'assimilation de la croix de Christ, au niveau de nos sentiments et de nos pensées, et nous devenons de plus en plus conformes au Seigneur dans Sa mort au péché.

A mesure que cette œuvre s'approfondit, notre union avec Christ dans Sa mort devient une réalité de plus en plus pratique, ce qui fait croître en même temps la vie de Christ en nous. Le Seigneur vivant et ressuscité manifeste Sa puissance, et remplit notre âme de Sa plénitude. Notre véritable vie, c'est-à-dire la vie de Christ en nous, est une vie qui jaillit constamment de la mort. Nous pouvons réellement affirmer : "Je meurs chaque jour". Il s'agit d'une affirmation pleine de signification, quel que soit le sens que lui a donné l'apôtre Paul.

A mesure que nous nous identifions, de manière pratique, à Christ dans Sa mort, nous voyons disparaître tous les obstacles à la manifestation de Sa vie. C'est d'ailleurs la seule manière de voir ces obstacles disparaître. Nous ne pourrons jamais les éliminer par nos propres efforts. Toutes nos résolutions échoueront lamentablement, et nous laisseront dans le plus profond désespoir.

Dieu nous offre donc une puissance capable de détruire tous les obstacles. Cette puissance réside dans la mort de Christ. Pour bénéficier de cette puissance, nous devons accepter de nous soumettre à cette mort, et de nous identifier pleinement à Celui qui est mort au péché. Nous trouvons dans la croix la puissance qui nous libère de la domination des ténèbres, et qui nous transporte réellement dans le Royaume du Fils Bien-Aimé de Dieu. De même, nous possédons aussi dans cette mort la puissance qui nous permet d'être séparé de la vie du moi égoïste, et qui nous assure une délivrance permanente.

En marchant dans la lumière, comme Lui-même est dans la lumière, nous ressentons de plus en plus profondément la nécessité de cette constante séparation du péché. Le Seigneur nous a donné le moyen de répondre à ce besoin. Nous devenons de plus en plus conscients de la puissance de la mort de Christ pour nous séparer de tout péché. C'est ainsi que nous pouvons maintenir notre communion avec Dieu. Cette communion devient la réalité la plus glorieuse de notre expérience de tous les jours.