A268. Les deux voies de l'Eglise primitive (12)

Par David A. Anderson. L'original peut être consulté en anglais à l'adresse suivante :

http://www.en.com/users/anders/chapter2.html

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées. Publié originellement en anglais en 1997, revu et corrigé en 1999. Adresse de l'auteur : David A. Anderson, 924 Richmond Road, Lyndhurst, OHIO 44124 (USA). E-mail : anders@en.com

Nous publions ici, sous forme d'une série d'articles, et avec l'accord de l'auteur, un livre écrit par David Anderson. Ce livre nous semble éclairer particulièrement bien le conflit qui existait au sein de l'Eglise primitive entre la loi et la grâce, les partisans de la loi étant conduits par Jacques, le frère du Seigneur, et ceux de la grâce par l'apôtre Paul. Ce livre est parfaitement d'actualité, car le même conflit peut toujours être observé dans l'Eglise aujourd'hui. Il continue d'opposer ceux qui marchent selon la chair et ceux qui marchent selon l'esprit. La publication complète de cet ouvrage s'étalera sur plusieurs semaines, d'autres articles pouvant aussi être publiés en même temps.

Chapitre 11 : L'issue finale.

"Comme il parlait ainsi pour sa justification, Festus dit à haute voix : Tu es fou, Paul ! Ton grand savoir te fait déraisonner. Je ne suis point fou, très excellent Festus, répliqua Paul ; ce sont, au contraire, des paroles de vérité et de bon sens que je prononce. Le roi est instruit de ces choses, et je lui en parle librement ; car je suis persuadé qu'il n'en ignore aucune, puisque ce n'est pas en cachette qu'elles se sont passées. Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa ?... Je sais que tu y crois. Et Agrippa dit à Paul : Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien !" (Actes 28 :24-28).

Les quatre derniers chapitres et demi du Livre des Actes décrivent la captivité de Paul, tout d'abord à Césarée, puis à Rome. Le début d'Actes 23 nous raconte de quelle manière Paul a évité une mort certaine à Jérusalem. Le tribun Claudius Lysias avait été informé par le neveu de Paul d'un complot visant à éliminer Paul. Quarante Juifs, dont l'identité nous est inconnue, avaient fait un vœu, s'engageant avec serment de ne rien manger ni boire tant qu'ils n'auraient pas tué Paul. Ils avaient manifestement l'intention de supprimer Paul à la première occasion. Actes 23 :14 nous montre clairement qu'ils étaient de connivence avec le Souverain Sacrificateur et le Sanhédrin.

Nous ne savons donc pas qui étaient ces quarante hommes. Nous ignorons s'ils étaient Pharisiens, Sadducéens, Esséniens, Zélotes, Juifs convertis ou non convertis. Nous savons seulement qu'ils étaient en contact avec le Souverain Sacrificateur et le Sanhédrin. Nous pouvons donc en conclure qu'il ne s'agissait pas de simples paysans. Il semble clair qu'ils n'avaient pas été engagés directement par le Souverain Sacrificateur ou le Sanhédrin pour assassiner Paul, car ils avaient eux-mêmes pris l'initiative de ce complot. Ils voulaient faire paraître Paul dans un endroit public pour pouvoir le tuer plus facilement. Ce n'étaient pas des "méchantes gens de la populace", comme dans Actes 17 :5, ni de simples "faux témoins" comme dans Actes 6 :13.

Si Luc nous avait donné plus de détails sur l'identité de ces hommes, nous aurions certainement mieux compris la nature de la situation à Jérusalem. Pourtant, nous ne devons pas en conclure que le silence de Luc signifie que ces détails étaient sans importance. Il est aussi possible que Luc ait pu considérer comme "imprudent" de préciser qui étaient ces quarante hommes, surtout s'ils faisaient partie de la "multitude des Juifs qui avaient cru, et qui étaient zélés pour la loi". Puisque Paul a été délivré de leurs mains, il est probable qu'ils sont tous morts de faim, car c'étaient des Juifs très pieux, qui s'étaient engagés par un serment "avec imprécations" envers les principaux sacrificateurs et les anciens (Actes 23 :14). Il semble clair que leur haine de Paul a été causée par leur zèle religieux, plus que par l'appât du gain. Il leur a donc été difficile de revenir sur les "imprécations" qu'ils avaient prononcées contre eux-mêmes ! S'ils l'ont fait, ils ont dû être couverts de honte, et ont dû avoir du mal à le supporter.

Luc ne nous dit pas non plus de quelle manière le neveu de Paul a eu connaissance du complot, qu'il a révélé d'abord à Paul, puis au tribun Lysias. Cela nous aurait également permis de mieux connaître ce qui se passait à Jérusalem à cette époque. Peut-être que l'un des membres du Sanhédrin avait révélé le complot au neveu de Paul, parce qu'il était partisan de Paul, ou qu'il pensait que ce projet était injuste. Mais cela aurait été entièrement différent, si la connaissance de ce complot était largement répandue, et si le neveu de Paul en avait eu connaissance "par accident". Nous voyons que le tribun Claudius Lysias compris aussitôt que cette information était de la plus haute importance, car il recommanda au neveu de Paul "de ne parler à personne de ce rapport qu'il lui avait fait" (Actes 23 :22). Puis il ordonna immédiatement à 470 soldats de se préparer à escorter Paul à Césarée, en plein milieu de la nuit (versets 23-33).

Au risque de me répéter, je ne peux qu'attirer à nouveau votre attention sur le fait que Luc consacre près du tiers du Livre des Actes aux événements concernant la dernière visite de Paul à Jérusalem et aux conséquences de cette visite. Nous avons besoin de savoir pour quelle raison il attache une telle importance à ces événements. Nous avons vu que tous ceux qui avaient rencontré Paul avant son voyage l'avaient supplié de ne pas se rendre à Jérusalem. Luc consacre trois chapitre entiers à décrire la visite de Paul à Jérusalem, autant que sa description de l'ascension, de la Pentecôte, et des deux premières années de l'Eglise primitive, jusqu'à la guérison du boiteux à la porte du Temple. Il se peut donc, comme je l'ai déjà indiqué au chapitre précédent, que le récit de Luc ait été rédigé dans le but précis de servir à la défense de Paul devant César.

Le silence de l'Eglise de Jérusalem.

Le récit de Luc concernant le dernier séjour de Paul à Jérusalem comporte des silences frappants ! Luc, après avoir dit que Paul et ses amis avaient été "reçus avec joie" par les frères (Actes 21 :17), nous apprend que Paul avait raconté à Jacques et à "tous les anciens" tous les prodiges que Dieu avait accomplis au milieu des Gentils par son ministère. Les interlocuteurs de Paul avaient alors "glorifié le Seigneur". Après cela, brusquement, il n'est plus fait aucune mention de l'Eglise de Jérusalem, pendant tout le séjour de Paul dans cette ville. Nous ne savons pas si l'Eglise s'était réunie pour prier, comme Luc nous l'avait dit dans Actes 4 :23-31, près de 23 ans auparavant, ou dans Actes 12 :12-17, près de 12 ans auparavant. Nous ne savons pas si Jacques ou l'un des anciens ont intercédé en faveur de Paul. La dernière chose que Luc nous dit, en ce qui concerne l'Eglise de Jérusalem, concerne les instructions données par Jacques à Paul, pour que tous voient clairement que Paul se comportait bien en observateur de la loi. A ce propos, Jacques avait fait remarquer à Paul combien de "dizaines de milliers" de Juifs avaient cru, qu'ils étaient "zélés pour la loi", et qu'ils avaient "entendu dire des choses" sur Paul (Actes 21 :20-25). Jacques dit clairement à Paul que ces Juifs convertis n'avaient pas une bonne opinion de Paul !

Nous l'avons déjà dit à propos des contacts de Paul avec l'Eglise de Jérusalem, nous ne pouvons pas ignorer la "toile de fond" de ces dizaines de milliers de Juifs convertis à Jérusalem. Si Paul était tellement haï à Jérusalem, pourquoi donc Jacques n'était-il pas l'objet d'une pareille haine ? Pourquoi les anciens de Jérusalem n'étaient-ils pas haïs de la même manière ? Comment se faisait-il que des dizaines de milliers de Chrétiens avaient pu se laisser dominer par une telle haine ? Où étaient donc les apôtres, en particulier Pierre et Jean, au moment où Paul était l'objet de toutes ces attaques ? Comme Luc ne mentionne aucun des apôtres dans son récit, nous en concluons qu'ils ne devaient plus se trouver à Jérusalem à cette époque. Pourquoi ne faisaient-ils plus partie de ces "dizaines de milliers" de Juifs convertis ? Avaient-ils été obligés de quitter Jérusalem ? Dans l'affirmative, quand et comment cela s'était-il produit ? Dans l'épître aux Galates, Paul nous apprend que Pierre craignait Jacques. Cela s'était-il arrangé par la suite ? Ce sont des questions sérieuses, qui exigent des réponses sérieuses. Il me semble que nous pouvons trouver la réponse à toutes ces questions dans cette déclaration de Jacques : "Tu vois, frère, combien de (dizaines de) milliers de Juifs ont cru, et tous sont zélés pour la loi" (Actes 21 :20).

Il peut vous sembler révolutionnaire de penser que Jacques, le frère de Jésus, ait pu se trouver dans le camp opposé à celui de Paul. Je me contenterai de prouver, en examinant les faits décrits par le Livre des Actes, que cela était effectivement le cas. Cela me suffit, même si je peux aussi mettre en contraste l'épître de Jacques avec celles de Paul, de Pierre et de Jean. Le Livre des Actes nous montre très clairement quelle était la position de Jacques : il considérait avec bienveillance et approbation par ces "dizaines de milliers" de Juifs convertis qui étaient "tous zélés pour la loi". Cela me permet de mieux comprendre un verset de l'épître de Jacques, quand il écrit : "Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous" (Jacques 2 :10). Si Jacques était réellement un défenseur de la loi de Moïse, comme nous le montre le Livre des Actes, nous ne pouvons ignorer ce verset, qui nous prouve à quel point Jacques, et toute l'Eglise de Jérusalem, s'opposaient à Paul. Nous pouvons ainsi mieux comprendre le silence de Jacques et de l'Eglise de Jérusalem vis-à-vis de Paul. C'est comme si Jacques avait dit à Paul, par rapport à la loi : "Coupable !", alors que Paul proclamait : "Non coupable !" En ce qui concerne l'épître de Jacques, j'espère qu'un examen plus approfondi nous permettra de comprendre qu'elle figure dans la Bible surtout pour servir de contraste à la grâce. Car j'ai la conviction que cette épître met plus en valeur la loi que la grâce.

La comparution de Paul devant Félix.

En livrant Paul au gouverneur de la Judée, Félix, le tribun Lysias lui envoie aussi une lettre pour lui expliquer la situation (Actes 23 :26-30). Il conclut en disant que Paul est accusé de "questions relatives à leur loi", et qu'il n'a rien découvert qui puisse justifier l'emprisonnement de Paul, ni, bien entendu, son exécution. Alors que toute la ville de Jérusalem a jugé Paul coupable, le tribun romain écrit au gouverneur qu'il ne le juge coupable de rien !

Il faut insister sur le fait que Paul n'a rien fait de contraire à la loi pendant qu'il était à Jérusalem, ni, d'ailleurs, dans tout son ministère. Il l'a dit devant le Sanhédrin : "Hommes frères, c'est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu'à ce jour devant Dieu" (Actes 23 :1). Ce n'était pas un homme à profiter de la grâce pour vivre selon la chair, ou pour se laisser aller à pécher. Concernant la loi, il était irréprochable. Combien pourraient l'affirmer aujourd'hui ? Paul a dû vivre une vie d'une parfaite intégrité. Nous ne mentionnerons pas pour le moment tout ce qu'il a souffert, ses emprisonnements, ses flagellations, ses lapidations, etc… Le fait de pouvoir proclamer hardiment : "C'est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu'à ce jour devant Dieu", représente quelque chose de remarquable ! Le fait qu'un tel homme ait pu être tellement haï à Jérusalem représente quelque chose d'encore plus remarquable !

Aujourd'hui, à la lecture d'Actes 22 et 23, combien de gens pourraient sans hésiter proclamer l'innocence de Paul ? J'entends déjà les murmures de certains : "Il n'y a pas de fumée sans feu !" "Ses ennemis ne peuvent pas tous avoir tort !" "Pour qui se prend-il donc ?" "S'il est si bien, pourquoi n'est-il pas plus riche ?" "Je savais bien qu'il aurait des ennuis !" Combien il est facile de se ranger du côté de la majorité, et combien c'est confortable ! On a l'impression d'être du côté des gagnants ! On bombe un peu le torse, on relève la tête et le menton, et le fait de nous sentir dans la majorité nous donne l'impression d'avoir raison. Quel orgueil ! Je crois bien qu'aujourd'hui, il n'y aurait pas un pour cent des gens qui auraient pris le parti de Paul !Il est beaucoup plus facile d'évaluer l'importance d'une foule, que de discerner la vérité dans les cœurs ! Et pourtant, Paul pouvait proclamer : "Hommes frères, c'est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu'à ce jour devant Dieu !"

Même le tribun Lysias, ce "monument d'objectivité romaine", n'a pas pu résister à la tentation de couvrir sa propre complicité par un petit mensonge. Lui aussi avait apprécié la réaction de la foule, et en avait déduit que Paul était coupable. Il n'a donc vu aucun mal à soumettre Paul à la question pour obtenir de lui une confession. Mais, après avoir réalisé qu'il avait commis une grosse faute, il écrit à Félix ceci : "Cet homme, dont les Juifs s'étaient saisis, allait être tué par eux, lorsque je survins avec des soldats et le leur enlevai, ayant appris qu'il était Romain" (Actes 23 :27).

Si les actions de Lysias n'étaient pas typiques de la nature humaine, nous aurions pu lui dire : "Allons, Claudius, ne raconte pas des histoires ! Tu sais très bien que tu as soumis Paul à la question avant de découvrir qu'il était Romain !" Pourtant, il me semble qu'il a pris quelques risques en mentant au gouverneur. Peut-être pensait-il que le risque que le gouverneur découvre qu'il avait soumis à la question un citoyen romain était plus grand encore. Cela se serait certainement très mal passé si l'un des soldats avait dit au gouverneur que Claudius Lysias avait menti ! Quoique le gouverneur ne l'aurait probablement pas cru.

Cinq jours après le départ de Paul de Jérusalem, le Souverain Sacrificateur et le Sanhédrin se rendirent à Césarée, accompagnés de leur "avocat" Tertulle. C'était sans doute le meilleur qu'ils aient pu trouver. Il connaissait bien le droit romain,, et il "avait des relations". Il a commencé sa plaidoirie en disant à Félix : "Nous avons trouvé cet homme, qui est une peste" (Actes 24 :5). Les Chrétiens qui ont étudié les épîtres de Paul ne peuvent que réaliser à quel point cette déclaration est grotesque. Cet homme, appelé par Jésus-Christ Lui-même, était considéré comme une "peste" par le Souverain Sacrificateur et le Sanhédrin d'Israël !

Trois charges sont présentées à l'encontre de Paul. Il est accusé de sédition, d'être le "chef de la secte des Nazaréens", et d'avoir "tenté de profaner le Temple". "Les Juifs se joignirent à l'accusation, soutenant que les choses étaient ainsi" (Actes 24 :9). Je peux les imaginer hochant tous la tête, et disant : "Ouais ! C'est vrai ! Paul est coupable de tout cela !"

Paul répond en faisant remarquer qu'il n'y avait que douze jours qu'il était monté à Jérusalem pour adorer (Actes 24 :11). Si nous considérons que, le premier jour, il fut accueilli par l'Eglise, que, le second jour, il se rendit chez Jacques, qu'il dut attendre deux jours à Jérusalem avant de partir pour Césarée, et que cinq jours s'étaient écoulés depuis son départ de Jérusalem pour Césarée, cela ne laisse que trois ou quatre jours à Paul pour s'être comporté "comme une peste" ! C'est pendant ce court laps de temps que Paul se purifia avec les quatre hommes (Actes 21 :23). Cela a donc laissé à Paul très peu de temps pour se comporter comme une "peste". Félix n'a pu manquer de le remarquer, même si l'histoire raconte de lui qu'il était un homme "adonné à toutes sortes de vices et de cruautés, qui exerçait le pouvoir d'un roi avec le caractère d'un esclave".

Paul affirme qu'il n'a rien fait de mal à Jérusalem, et fait remarquer que ses accusateurs ne peuvent pas prouver ce qu'ils avancent. Cela était évident, car ils n'avaient emmené aucun témoin avec eux. Il est intéressant de noter la différence entre l'accusation portée contre Paul, selon laquelle il aurait "tenté de profaner le Temple", et la rumeur d'Actes 21 :28 : "Il a même introduit des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu". Je ne peux m'empêcher de penser que Félix devait se demander qui représentaient la plus grande "peste", Paul, ou le Souverain Sacrificateur et ses sbires. Paul ajoute qu'il est revenu à Jérusalem après de nombreuses années d'absence, pour "faire des aumônes à ma nation, et pour présenter des offrandes" (Actes 24 :17). Cela n'est pas tombé dans les oreilles d'un sourd, car Luc nous fait remarquer plus tard que Félix "espérait en même temps que Paul lui donnerait de l'argent" (24 :26). Peut-être Luc savait-il cela parce qu'il avait lui-même été contacté par Félix à cet effet.

Le fait le plus révélateur de la comparution de Paul devant Félix, est sans doute la mention que ce dernier "savait assez exactement ce qui concernait cette doctrine". Le fait que le gouverneur romain de Judée ait pu avoir une bonne connaissance de la doctrine chrétienne prouve à quel point le Christianisme pouvait être répandu. Luc nous apprend même que Félix et sa femme Drusille, qui était Juive, firent appeler Paul "pour l'entendre sur la foi en Christ" (Actes 24 :24). Nous ne savons pas s'ils sont passés par une nouvelle naissance, mais nous l'espérons ! Le verset 25 nous apprend aussi que Félix fut effrayé, "comme Paul discourait sur la justice, sur la tempérance, et sur le jugement à venir". En outre, nous savons que Félix espérait obtenir de l'argent de Paul. C'est sans doute l'une des raisons qui le poussa à garder Paul en prison pendant deux ans. Au verset 26, nous lisons que Félix envoyait chercher Paul "assez fréquemment, pour s'entretenir avec lui".

Beaucoup de gens pensent que Félix était un homme mauvais, parce qu'il espérait recevoir de l'argent de Paul. Certes, les historiens n'ont pas grand-chose de bon à dire de Félix. Certains disent qu'il n'était pas très compétent, et qu'il ne devait son poste qu'à son frère Paulus, qui était influent à Rome. D'autres font remarquer qu'il fit assassiner Jonathan, l'un des Souverains Sacrificateurs, parce que ce dernier protestait contre certaines actions de Félix. On raconte même que Félix séduisit sa femme et la poussa à se séparer de son premier mari, avec l'aide d'un magicien. Tout cela nous montre qu'il n'était pas un homme apparemment très recommandable, tout du moins pendant une partie de sa vie.

Toutefois, il est possible de présenter certains éléments pour sa défense. Il est possible que l'argent qu'il attendait de Paul ait correspondu au paiement d'une amende, et non d'un pot-de-vin. En tant que gouverneur, Félix faisait face à une situation très instable. A peine six années plus tard, le sacrifice quotidien à César fut interrompu, ce qui déclencha une guerre qui aboutit à la destruction de Jérusalem. Si Félix avait déclaré Paul innocent et l'avait relâché, il aurait sans doute fait face à des conséquences politiques déplaisantes. S'il avait pu, toutefois, convaincre Paul de payer une amende, ce qui aurait obligé l'apôtre à admettre sa responsabilité, il aurait pu relâcher Paul sans provoquer de troubles en Judée.

Nous évoquons cette possibilité pour montrer qu'il est très possible que Félix et sa femme soient devenus Chrétiens, après avoir "souvent" discuté avec Paul. Leur vie passée n'était certainement pas pire que celle de Paul, qui faisait mettre à mort les Chrétiens. Quand nous considérons la grâce de Dieu, nous pouvons penser que cela ressemblerait très bien à Dieu d'accorder la vie éternelle à Félix et à Drusille ! Luc dit bien que Félix et sa femme eurent l'occasion d'entendre Paul leur parler de la foi en Christ, et que Félix faisait souvent convoquer Paul pour discuter avec lui. Ils ne devaient certainement pas se contenter de parler de la pluie et du beau temps. N'oublions pas que Paul avait été appelé à témoigner aux Juifs et aux Gentils, mais aussi aux rois et aux puissants, et que Félix était le gouverneur romain de la Judée.

Nous pourrions aussi citer un autre point en faveur de Félix. Les historiens nous apprennent qu'il fut révoqué de son poste parce que la nation juive était mécontente de son administration, et intervint à Rome pour qu'il soit remplacé. Quand on étudie le récit des Actes, on peut se demander si Félix n'avait pas été révoqué surtout à cause du traitement relativement favorable qu'il avait réservé à Paul. Cela n'a certainement pas plu aux Juifs, surtout si le gouverneur s'était finalement converti à Christ. Si le Souverain Sacrificateur et le Sanhédrin l'avaient appris, Paul serait devenu à leurs yeux bien pire qu'une "peste", un "monstre préhistorique" ! Car la grâce aurait à nouveau triomphé de la loi !

Que Félix se soit ou non converti, nous devons aussi mentionner que Césarée était devenue, pendant deux ans, le quartier général de Paul, et que le centenier qui gardait Paul avait reçu pour instructions de lui laisser "une certaine liberté", et de n'empêcher "aucun des siens de lui rendre des services" (Actes 24 :23). La condition de Paul ressemblait à celle qui serait la sienne un peu plus tard, au cours de ses deux années d'emprisonnement à Rome, où "il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus-Christ, en toute liberté et sans obstacle" (Actes 28 :30-31). Nous pouvons nous demander combien de personnes ont dû entendre l'Evangile à Césarée pendant ces deux années ! Paul avait déjà accompli de grandes choses en moins de temps dans d'autres villes ! Il n'avait pas changé, même si Jérusalem avait changé pour le pire.

Le procès de Paul devant Festus.

Actes 25 :1 renforce notre conviction que Félix fut écarté en raison de son attitude envers Paul. Trois jours à peine après son entrée en fonctions, son successeur Festus se rendit à Jérusalem. "Les principaux sacrificateurs et les principaux d'entre les Juifs lui portèrent plainte contre Paul. Ils firent des instances auprès de lui, et, dans des vues hostiles, lui demandèrent comme une faveur qu'il le fît venir à Jérusalem. Ils préparaient un guet-apens, pour le tuer en chemin" (Actes 25 :2-3).

La manière dont ces versets sont rédigés nous pousse à penser que le Souverain sacrificateur et les "principaux d'entre les Juifs" parlèrent franchement à Festus, pour lui dire, en fait : "Fais-nous une faveur ! Fais venir Paul ici, et nous le tuerons en chemin ! Cela permettra de régler un gros problème !" Il est possible qu'ils n'aient pas parlé de leur projet à Festus, mais la rédaction du texte pourrait aussi nous laisser penser le contraire. Si Paul a bien été la raison de la révocation de Félix, Festus devait donc savoir que le plus gros dossier qui l'attendait à son arrivée à Césarée était celui de Paul. Quoi qu'il en soit, Festus décline la proposition des Juifs. Devant retourner à Césarée sous peu, il leur propose de s'y rendre avec lui, et de lui présenter leurs accusations en bonne et due forme.

"Festus ne passa que huit à dix jours parmi eux, puis il descendit à Césarée" (Actes 25 :6). Ce court délai prouve que Festus savait qu'il avait un dossier urgent à régler. Il n'était resté que trois jours à Césarée, à peine le temps de défaire ses paquets, puis il n'avait passé que huit à dix jours à Jérusalem. Dès le lendemain de son retour à Césarée, il fait venir Paul à son tribunal. Une telle célérité ne peut que prouver que "l'affaire Paul" représentait bien un dossier brûlant ! Cela me conforte dans la pensée que la révocation de Félix avait bien été provoquée par son attitude envers Paul, notamment si l'ancien gouverneur s'était converti !

"Quand (Paul) fut arrivé, les Juifs qui étaient venus de Jérusalem l'entourèrent, et portèrent contre lui de nombreuses et graves accusations, qu'ils n'étaient pas en état de prouver" (Actes 25 :7). Le fait que les Juifs avaient voyagé avec Festus prouve que le gouverneur était "de mèche" avec eux. Nous pouvons nous représenter le Souverain Sacrificateur et toute sa compagnie présenter une longue litanie d'accusations, qu'ils avaient concoctées depuis deux années : "En plus, Paul ne se lave même pas les mains avant de manger ! Et il a éternué mercredi dernier… !" Ces Juifs dévots avaient eu tout le loisir de peaufiner leurs accusations, surtout quand on sait de quelle haine ils étaient animés à l'encontre de Paul ! Quelle longue accusation cela dut être ! Quand Luc écrivait ces lignes, nous pouvons presque l'imaginer hochant la tête, et se disant : "Quand je pense que rien de tout cela n'est vrai !"

Luc résume la défense de Paul en un seul verset : "Je n'ai rien fait de coupable, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César" (Actes 25 :8). Paul ne prend même pas la peine de consacrer beaucoup de temps à sa défense. Il connaissait la situation générale. Sa relative liberté lui avait sans doute permis d'être bien informé de tout ce qui se passait en Judée et à Jérusalem. Il est aussi probable que Paul savait pourquoi Félix avait été révoqué, notamment si ce dernier s'était converti.

Actes 25 :9 nous révèle le piège que Festus avait préparé pour Paul : "Festus, désirant plaire aux Juifs, répondit à Paul : Veux-tu monter à Jérusalem, et y être jugé sur ces choses en ma présence ?" Beaucoup d'historiens affirment que Festus était un homme meilleur que Félix. Ils n'ont pas dû lire le Livre des Actes ! Ce verset nous montre que Festus était une parfaite crapule ! S'il est vrai que le Souverain Sacrificateur et le Sanhédrin s'étaient "entendus" avec Félix à Jérusalem pour faire assassiner Paul pendant son transfert à Jérusalem, le gouverneur ne pouvait alors être qu'un homme de la pire espèce, un traître et une ordure ! Luc nous dit bien qu'il voulait plaire aux Juifs (verset 9). Il est évident qu'il ne se souciait pas du tout de la sécurité de Paul, ni de son bien-être. Au moins Félix avait-il assuré la protection de Paul pendant deux ans à Césarée ! Alors que Festus n'était pas encore en Judée depuis deux semaines qu'il voulait persuader Paul de monter à Jérusalem pour y être jugé !

Paul répondit : "C'est devant le tribunal de César que je comparais, c'est là que je dois être jugé. Je n'ai fait aucun tort aux Juifs, comme tu le sais fort bien" (Actes 25 :10). Le fait que Paul dise "comme tu le sais fort bien" éclaire parfaitement la scène. Au verset suivant, Paul rappelle à Festus qu'il n'a aucun pouvoir pour le livrer aux Juifs. Le fait que Paul se permette de parler ainsi à Festus prouve que le problème qu'il représentait devait être suivi avec beaucoup d'attention, non seulement à Jérusalem, mais aussi à Rome. Autrement, on ne pourrait pas imaginer que Paul puisse rappeler à Festus ses limitations. Un homme libre aurait à peine osé parler de la sorte au gouverneur, à plus forte raison un prisonnier ! Toutefois, Paul savait qu'il serait jugé à Jérusalem dans une atmosphère de haine, et que la loi ne serait pas appliquée. Il n'était pas décidé à laisser Festus se dessaisir de son cas pour le confier au Souverain Sacrificateur et au Sanhédrin, même si Festus avait assuré à Paul qu'il serait lui-même présent à Jérusalem pour le juger. Cette tentative de Festus de convaincre Paul d'accepter d'être jugé à Jérusalem ne pouvait être motivée que par le désir de plaire aux Juifs.

Paul achève sa réponse en disant : "J'en appelle à César" (Actes 25 :11). Le verset suivant nous apprend que Festus a "délibéré avec le conseil". Nous pouvons bien imaginer leur consternation ! Personne ne pouvait rien y faire, pas même Festus. Celui-ci répondit à Paul : "Tu en as appelé à César ; tu iras devant César".

Il faut remarquer que Festus aurait pu libérer Paul, puisqu'il n'y avait aucune preuve contre lui. Le fait qu'il ne l'ait pas libéré prouve que la justice était déjà bafouée. Paul était impliqué dans un violent conflit de pouvoirs. D'un côté, il y avait Festus et les Juifs, avec tous leurs intérêts politiques et financiers. De l'autre, il y avait Paul, dont le seul droit était d'en appeler à César. Bien entendu, Paul avait avec lui Jésus-Christ, détenteur de toute puissance dans le ciel et sur la terre !

L'audience de Paul devant le roi Agrippa.

Comme le tribun Claudius Lysias auparavant, Festus fut incapable d'expliquer toute l'affaire au roi Agrippa, quand le Roi des Juifs vint à Césarée pour souhaiter la bienvenue au nouveau gouverneur. Festus ne mentionne pas sa complicité avec le Souverain Sacrificateur, ni son désir de faire une faveur aux Juifs. Il dit simplement qu'il a été surpris par les accusations portées contre Paul. Il s'est bien gardé de dire qu'il avait passé huit à dix jours à Jérusalem avec les Juifs avant de retourner à Césarée. Il précise à Agrippa qu'il s'agit de problèmes relatifs à un certain Jésus, qui était mort, et que Paul prétendait vivant. Festus ajoute ensuite, d'un air très innocent, qu'il avait demandé à Paul de venir être jugé à Jérusalem. Mais il cache soigneusement à Agrippa son désir de plaire aux Juifs ! (Actes 25 :9).

Agrippa dit à Festus qu'il voudrait entendre Paul personnellement. Actes 25 :23 nous raconte cette rencontre. Il s'agit d'un récit très révélateur. Luc nous a déjà raconté beaucoup de choses concernant le dernier voyage de Paul à Jérusalem. Il est clair que Paul avait bien été appelé à témoigner aux rois et aux puissants.

"Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice vinrent en grande pompe, et entrèrent dans le lieu de l'audience avec les tribuns et les principaux de la ville. Sur l'ordre de Festus, Paul fut amené" (Actes 25 :23). Le lieu de cette rencontre n'était pas la salle du tribunal, mais "le lieu de l'audience". Il s'agissait de comparaître devant le Roi Hérode Agrippa II, Roi des Juifs, et fils d'Agrippa I, qui avait été élevé avec l'empereur Claude à Rome, et qui était devenu son ami et son conseiller. Ce fut cet Agrippa I qui, dans Actes 12, avait fait mettre l'apôtre Jacques à mort, puis avait fait emprisonner Pierre, avant de mourir "rongé par les vers". Quatorze ans environ s'étaient écoulés depuis la mort d'Agrippa I. Son fils, Agrippa II, n'en référait qu'à l'empereur lui-même. Ses rapports avec Festus n'étaient pas ceux d'un subordonné à son supérieur, mais ceux d'un roi à un administrateur romain.

Il ne s'agissait donc pas d'un procès, mais d'une simple audience. Il n'y avait aucun procureur, aucun acte d'accusation, aucune preuve à charge. On ne sait pas si le Souverain Sacrificateur ou ses représentants ont été invités. La réunion se tient dans une ville païenne, sur l'ordre du Roi des Juifs. Tous les chefs militaires romains ont été invités, ainsi que les principaux citoyens de la ville de Césarée. Il s'agit d'une réunion très importante, convoquée dans le but unique d'entendre Paul. Dieu n'aurait vraiment pas pu réunir davantage de personnalités importantes pour écouter le message de la grâce (à l'exception de l'empereur Néron lui-même, qui devait entendre Paul plus tard) ! Le Livre des Actes nous a déjà appris que des villes entières étaient souvent venues écouter Paul. Mais l'apôtre n'avait jamais eu l'occasion de témoigner au Roi des Juifs en personne. Beaucoup de lecteurs des Actes n'ont pas vraiment perçu l'importance capitale de cette réunion, peut-être parce qu'ils croyaient qu'il s'agissait d'un simple procès. Mais il ne s'agissait pas d'un procès. Il s'agissait d'une audience officielle devant un roi, qui était désireux d'entendre ce que Paul avait à dire, qui avait convoqué cette réunion, et qui avait invité tous les personnages les plus influents de la ville pour entendre Paul avec lui.

Après avoir fait venir Paul, Festus s'adresse au roi et à tout l'auditoire, et dit : "Roi Agrippa, et vous tous qui êtes présents avec nous, vous voyez cet homme au sujet duquel toute la multitude des Juifs s'est adressée à moi, soit à Jérusalem, soit ici, en s'écriant qu'il ne devait plus vivre" (Actes 25 :24). Quand nous entendons Festus tenir un tel discours devant le roi et toute l'assemblée, nous avons presque envie d'avoir pitié de lui ! Il était arrivé depuis peu, et la plupart des gens présents ne devaient pas le connaître. L'auditoire était sans doute composé presque exclusivement de Gentils. La scène est vraiment dérisoire. En fait, voici ce que dit Festus : "Vous voyez cet homme ! Depuis mon arrivée, il a occupé la plus grande partie de mon temps. J'ai l'impression que presque tous les Juifs ici se sont écriés qu'il ne devait plus vivre !"

Festus ajoute qu'il n'avait rien pu trouver en Paul qui soit digne de mort. Mais, puisque Paul en avait appelé à César, il avait décidé de l'envoyer à César. Le verset 26 nous montre dans quel état Festus avait été réduit en si peu de temps, depuis sa prise de fonctions : "Je n'ai rien de certain à écrire à l'empereur sur son compte ; c'est pourquoi je l'ai fait paraître devant vous, et surtout devant toi, roi Agrippa, afin de savoir qu'écrire, après qu'il aura été examiné". Quel tableau pitoyable ! On peut imaginer les sourires discrets, les murmures et les chuchotements dans l'assistance : "Mais qui est donc ce Festus ? Pourquoi ne relâche-t-il pas cet homme ? Il n'a même pas une seule preuve contre lui !"

Pour bien aggraver son cas, Festus termine par ces paroles : "Car il me semble absurde d'envoyer un prisonnier sans indiquer de quoi on l'accuse" (verset 27). En voyant Festus s'expliquer ainsi devant un auditoire aussi illustre, à propos d'une affaire aussi ridicule, nous aurions pu éprouver de la compassion pour le gouverneur, si nous n'avions pas déjà vu quelle était sa personnalité véritable. Nous aimerions donc plutôt lui dire : "Tais-toi, insensé, et laisse Paul parler !"

Le chapitre 26 nous raconte le discours de Paul devant Agrippa et toutes les personnalités importantes de la ville de Césarée. Le cadre est merveilleux, le discours splendide et, surtout, l'issue est magnifique ! En fait, l'issue est si magnifique que beaucoup ont eu du mal à l'accepter ! Presque tous les commentaires que j'ai pu lire n'en parlent pas. C'est pourquoi j'ose affirmer ma conviction sans hésitation, et sans avoir à m'en excuser. Si je me trompe, cela ne blessera personne. Mais si j'ai raison, j'aurai montré que la grâce de Dieu dépasse tout ce que l'on peut imaginer !

Le discours de Paul, comme tout le reste de ce chapitre, semble pourtant clair et facile à comprendre. En fait, le seul mot qui pourrait prêter à confusion est le mot "bientôt", au verset 28. Ce mot est repris par Paul au verset 29. Il s'agit de la traduction du mot grec "oligos". Ce mot est employé ailleurs dans la Bible. Mais c'est ici le seul endroit où il a été traduit par "bientôt" ! Partout ailleurs, il a été justement traduit par "petite quantité", "brièvement", "en peu de temps", etc…

Le mot "bientôt" signifie que le Roi Agrippa n'aurait pas encore été complètement persuadé par Paul de devenir Chrétien. En revanche, si nous mettons la bonne traduction, la phrase d'Agrippa change complètement de sens, et devient : "En peu de temps, tu m'as persuadé de devenir Chrétien !" Nous comprenons alors que Paul, en quelques brèves paroles, a effectivement persuadé Agrippa de devenir Chrétien !

Laissons un moment ce verset, et considérons le contexte, qui nous permettra de mieux l'expliquer. Au verset 24, Festus interrompt Paul au milieu de son message. Il le fait même "à haute voix". Ce n'est pas Agrippa qui a interrompu Paul, ni quelqu'un de l'auditoire. C'est Festus qui a interrompu Paul "à haute voix". Sa voix est aussi véhémente que son comportement. Il dit : "Tu es fou, Paul ! Ton grand savoir te fait déraisonner".

Nous devons nous poser la question suivante : "Pourquoi Festus a-t-il pris l'initiative d'interrompre Paul, alors que c'était le Roi Agrippa qui avait permis à Paul de parler ?" (Actes 26 :1). Si Agrippa avait voulu interrompre Paul, il lui aurait suffi de faire un simple geste de la main, ou de dire : "Assez !" Festus avait déjà entendu Paul s'expliquer. Il avait même dit à Agrippa que Paul croyait que Jésus était vivant (Actes 25 :19). Pourquoi se permet-il de dire, "à haute voix", que Paul était "fou" ?

Ma conclusion est claire : Festus sentait qu'Agrippa était en train d'être influencé positivement. En tout cas, Festus n'était pas animé de bonnes intentions. Peut-être avait-il été "soudoyé" par le Souverain Sacrificateur, et jugeait-il que le témoignage de Paul provoquait une situation qui commençait à lui échapper complètement ? Peut-être était-il possédé, comme le magicien Bar-Jésus, dans Actes 13 :6-12, lorsque Paul parlait au proconsul Sergius Paulus, sur l'île de Paphos ? Le proconsul avait été "frappé par la doctrine du Seigneur", et s'était converti.

Quelle que soit la raison qui a poussé Festus à interrompre Paul, il est clair qu'il ne se montre pas très courtois. Apparemment, personne ne lui a demandé d'interrompre Paul. Dans sa réponse, Paul assure Festus qu'il n'est pas fou, mais qu'il a prononcé "des paroles de vérité et de bon sens" (Actes 26 :25). Paul met ensuite en opposition Festus et Agrippa, en disant : "Le roi est instruit de ces choses, et je lui en parle librement ; car je suis persuadé qu'il n'en ignore aucune, puisque ce n'est pas en cachette qu'elles se sont passées" (verset 26). En d'autres termes, Paul affirme qu'Agrippa comprend très bien ce qu'il dit, même si Festus ne comprend rien ! Il fait aussi remarquer à Festus que c'est Agrippa qui l'a autorisé à parler.

La phrase de Paul nous confirme une fois encore que la résurrection de Jésus-Christ ne s'était pas "passée en cachette" ! D'après la phrase de Paul : "Le roi est instruit de ces choses, et je lui en parle librement ; car je suis persuadé qu'il n'en ignore aucune", il semble plus que probable que le Roi Agrippa connaissait déjà la conversion de Paul sur le chemin de Damas, bien avant cette audience.

Le verset suivant m'a fait le même effet que si j'avais reçu une tonne de briques sur la tête, quand j'ai commencé à comprendre que le Roi Agrippa avait très bien pu être sauvé ce jour-là. En effet, Paul dit : "Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa ?... Je sais que tu y crois". Le texte grec dit en fait : "JE SAIS QUE TU CROIS !" (Actes 26 :27). Rien ne saurait être plus clair ! Paul affirme qu'il sait que le Roi Agrippa croit ! Certains affirmeront qu'il ne s'agit qu'un vague intérêt du Roi pour les prophètes de l'Ancien Testament. Mais tout le contexte du discours de Paul nous permet de rejeter une telle affirmation. L'intervention intempestive de Festus est pour moi une indication claire que Paul avait touché le cœur d'Agrippa. Car c'est alors qu'Agrippa a dit (selon le texte original) : "Paul, en peu de temps, tu viens de me persuader de devenir Chrétien !" Les mots sont insuffisants pour décrire cette scène de manière adéquate ! Car il s'agit d'une chose vraiment bouleversante !

Le verset suivant donne la réponse de Paul à la déclaration du roi : "Que ce soit bientôt ou que ce soit tard, plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m'écoutent aujourd'hui, vous deveniez tels que je suis, à l'exception de ces liens !" (Actes 26 :29). Là encore, le mot grec "oligos" a été traduit par "bientôt". En fait, il aurait fallu traduire : "Que ce soit en peu de temps ou à plus longue échéance, plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m'écoutent aujourd'hui, vous deveniez tels que je suis, à l'exception de ces liens !" Il est impossible que Paul ait voulu dire à cette illustre assemblée : "J'aurais bien aimé que vous soyez tous "à moitié chrétiens" comme Agrippa, ou, encore mieux, "pleinement chrétiens" comme moi" ! C'est impensable, car Paul se serait montré sarcastique envers le Roi Agrippa ! Alors que l'apôtre avait répondu avec beaucoup de courtoisie à l'interruption intempestive de Festus. La seule conclusion qui me satisfasse vraiment, c'est que Paul est parvenu ce jour-là à conduire à la nouvelle naissance non seulement le Roi Agrippa, mais peut-être même une bonne partie de l'auditoire !

Ceux qui ne croient pas que le Roi Hérode Agrippa II se soit converti ce jour-là, sont ceux qui refusent d'admettre qu'un tel homme ait pu devenir Chrétien ! C'est sans doute pour cette raison que la plupart des traducteurs ont traduit ainsi la réponse du roi : "Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien !" C'est aussi pour cela que l'on a si peu cherché à prouver que le roi s'est effectivement converti ! Après plus de deux mille ans, il serait enfin temps que les Chrétiens se réjouissent d'avoir le Roi Hérode Agrippa II pour frère en Christ !

Pour comprendre si Agrippa s'est réellement converti ou non ce jour-là, nous devons aussi prendre en considération le verset 30 : "Le roi, le gouverneur, Bérénice, et tous ceux qui étaient assis avec eux se levèrent". L'audience était terminée. Rien ne nous montre que le roi Agrippa ait été irrité. Il n'a rien dit pour répondre au souhait final de Paul. Nous ne pouvons que constater que tout le monde est parti tranquillement, en réfléchissant à toutes les paroles de Paul.

Nous ne savons pas combien de personnes se sont converties à la suite du discours de Paul. Nous ne le saurons qu'au retour du Seigneur ! Nous pouvons aussi imaginer qu'il ne leur était pas possible de trop manifester leur joie en présence du roi. S'il est vrai que le roi s'était réellement converti pendant cette audience, il n'y avait effectivement plus rien à dire, et la réunion était terminée. La manière dont Luc décrit la fin de cette réunion prouve clairement que le message de Paul a touché les cœurs, par la proclamation de cette vérité que Jésus-Christ était véritablement le Seigneur !

Les deux derniers versets du chapitre 26 nous montrent qu'Agrippa et sa femme ont reconnu que Paul ne méritait ni la mort ni l'emprisonnement. Agrippa dit même à Festus que Paul aurait pu être relâché, s'il n'en avait pas appelé à César. Ce ne sont certes pas les paroles d'un roi que Paul aurait insulté ! Plus probablement, ce sont les paroles d'un roi qui, après avoir entendu souvent parler du Christianisme, a fini par accepter Christ, après avoir entendu le bref mais puissant message de Paul.

Le verset 31 nous montre que la discussion était générale. Elle s'est sans doute poursuivie dans toute la ville de Césarée ! Tous étaient d'accord pour reconnaître que l'emprisonnement de Paul était totalement injuste.

Le fait qu'Agrippa dise à Festus : "Cet homme pouvait être relâché, s'il n'en eût pas appelé à César" n'implique pas que Festus faisait partie de ceux qui pensaient que Paul était innocent. Ce que nous connaissons du caractère de Festus nous laisse penser que le gouverneur devait plutôt chercher à se cacher ! Il est aussi possible que la remarque d'Agrippa laissait entendre à Festus qu'il aurait dû relâcher Paul, avant que celui-ci soit obligé d'en appeler à César.

Il est certain que Paul n'était pas responsable de son emprisonnement. Il est probable que Paul lui-même aurait préféré être relâché, plutôt que d'être obligé de faire appel à César. Mais la machine judiciaire était à présent lancée. Il est vrai que le Souverain Sacrificateur, et Festus lui-même, allaient avoir des ennuis, si Paul comparaissait devant César sans aucune accusation sérieuse portée contre lui ! La loi romaine était sévère à l'encontre de ceux qui portaient des accusations injustifiées, et les faux témoins étaient rigoureusement punis, surtout s'ils avaient fait perdre son temps à César lui-même ! Paul n'était donc pas directement responsable de son maintien en prison, sous prétexte qu'il avait dû faire appel à César. De toute manière, il est évident que le Roi Agrippa, ainsi que tous les citoyens importants de Césarée, avaient déclaré Paul non coupable !

Paul se rend à Rome.

Actes 27 décrit le voyage de Paul à Rome, suite à son appel. Certains pourront dire que Paul était responsable de son long emprisonnement, parce qu'il n'aurait jamais dû se rendre à Jérusalem, comme on le lui conseillait. Certes, il aurait évité presque cinq années d'emprisonnement, s'il ne s'était pas rendu à Jérusalem. Mais ce n'était pas la faute de Paul s'il avait été emprisonné. Le tribun Claudius Lysias, le chef de la garnison romaine de Jérusalem, avait déclaré Paul non coupable (Actes 23 :29). Félix l'avait déclaré non coupable (Actes 24 : 22, 27). Agrippa l'avait déclaré non coupable, de même que toute la ville de Césarée (Actes 26 :31). Il est évident que Paul n'était pas coupable. Il n'avait été gardé en prison qu'en raison de la haine que lui portaient les Juifs de Jérusalem.

Le récit fait par Luc du dernier voyage de Paul à Jérusalem ne pourrait pas tracer une distinction plus claire entre Paul et Jacques. Pendant que Paul était emprisonné à Césarée, Jacques, et les "dizaines de milliers de Juifs convertis", se trouvaient à Jérusalem. Si nous pouvons en croire l'historien Josèphe, dans le récit qu'il fait de l'assassinat de Jacques (à peu près à la même époque que celle de la fin des Actes, et au moment où Paul comparaît devant Néron, en l'an 62), il nous dit que "Jacques était tenu en honneur par les citoyens les plus considérés". Nous trouvons étrange que Josèphe ne mentionne jamais Paul, quand nous voyons à quel point la controverse causée par Paul était générale à Jérusalem. Josèphe était présent à Jérusalem à cette époque, et il semble connaître la réputation dont Jacques jouissait dans cette ville. Il faut aussi noter que Josèphe a écrit son "Histoire" près de trente ans après la publication des Actes des Apôtres. Il aurait très bien pu se procurer le Livre des Actes s'il avait voulu le lire.

Josèphe nous dit aussi qu'il faisait partie d'une famille de sacrificateurs aristocratiques, et qu'il était intime avec le Souverain Sacrificateur et les anciens de la ville. Il est donc très improbable qu'il n'ait jamais entendu parler de Paul. Pourtant, il parle de Jacques d'une manière élogieuse, et ne dit pas un mot sur Paul. Cela suffit à nous montrer la différence qui existait entre Jacques et Paul. Les historiens nous apprennent aussi qu'Agrippa a fait destituer le Souverain Sacrificateur qui avait fait assassiner Jacques, afin de prouver au nouveau gouverneur romain, à son arrivée, que l'assassinat de Jacques était un acte illégal qu'il n'avait pas approuvé. Le fait que l'assassinat de Jacques ait été désapprouvé par "les citoyens les plus considérés, qui n'aimaient pas voir violer les lois", selon les termes de Josèphe, nous laisse penser que ces mêmes citoyens n'auraient pas réagi de la même manière, si Paul avait été assassiné à Jérusalem !

Nous apprenons, dans Actes 27 :1, que Paul et d'autres prisonniers furent remis à la garde d'un centenier nommé Julius, pour être conduits à Rome. Nous possédons certains éléments historiques qui nous permettent de penser que ce même Julius fut nommé plus tard Préfet de la Garde Prétorienne. A ce poste, il occupait la seconde place dans la hiérarchie de l'empire, juste après l'empereur. Si cela est vrai, cela nous prouve que l'homme qui avait été chargé de conduire Paul à Rome n'avait pas été choisi à la légère. Plus tard, quand les soldats voulurent tuer les prisonniers, après le naufrage d'Actes 27 :41, nous voyons que le centenier ordonna de les laisser en vie, parce qu'il voulait "sauver Paul". Actes 27 :3 nous apprend que "Julius, qui traitait Paul avec bienveillance, lui permit d'aller chez ses amis et de recevoir leurs soins". Tout semble indiquer que Julius avait reçu des ordres précis concernant Paul. Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que le Roi Agrippa devait être à l'origine de ces ordres, et qu'il avait dû se préoccuper de la sécurité de Paul pendant son voyage vers Rome. A Rome même, quand le centenier livra Paul au préfet du prétoire, Paul bénéficia de mesures particulières, lui permettant de vivre dans une maison qu'il avait louée, avec une pleine liberté pour recevoir tous ceux qui désiraient le voir (Actes 28 :16).

Actes 27 et 28 nous relatent le voyage de Paul et son naufrage. Ces chapitres nous montrent clairement que Dieu n'avait pas abandonné Paul. Au contraire, les miracles et les guérisons, ainsi que la sagesse donnée à Paul pour sauver tous les passagers du bateau, 276 en tout (Actes 27 :37), nous montrent que le ministère de Paul ne s'est aucunement ralenti. Sur l'île de Malte, le père du principal personnage de l'île fut guéri. A cette nouvelle, tous les autres malades de l'île se présentèrent, et furent aussi guéris ! Paul fut même mordu par une vipère, qui aurait dû le tuer, mais il n'en ressentit aucun mal. Nous pouvons imaginer de quelle manière tous ces événements ont permis à Paul de proclamer hardiment la Parole de Dieu. Les événements vécus par Paul au cours de ce voyage n'avaient rien d'exceptionnel. Dans 2 Cor. 11 :25, Paul révèle qu'il a subi trois naufrages. A la lumière de ce que nous apprenons dans le Livre des Actes, nous pouvons imaginer les miracles qui ont dû accompagner les deux autres naufrages ! Lorsque Paul parvint finalement à Puteoli (Actes 28 :13), dans la baie de Naples, il fut accueilli par des Chrétiens, chez qui il demeura une semaine. Quand il arriva à Rome, il fut également accueilli par des Chrétiens.

Nous voyons donc que le Christianisme était déjà bien répandu dans tout le monde connu, trente ans après la Pentecôte. Luc commence son récit à Jérusalem, et il le termine à Rome. Les signes, les miracles, les prodiges, et les conversions massives, parcourent tout le Livre des Actes comme des enluminures d'or. Jérusalem, où vivaient des dizaines de milliers de Chrétiens, entra en guerre contre Rome. Les Juifs perdirent cette guerre. Jérusalem fut détruite, et l'église de Jérusalem disparut. Les Juifs avaient chassé Paul, inspirés par une haine féroce, mais ils finirent par être détruits.

A Rome, Paul convoqua les principaux des Juifs pour les évangéliser. Pendant toute une journée, il leur annonça Jésus-Christ (Actes 28 :28). Certains crurent, mais d'autres ne crurent pas. Voyant qu'ils ne pouvaient s'accorder entre eux, Paul leur rappela les paroles du prophète Esaïe, dans un dernier effort pour les détourner de leurs voies de rébellion : "Va vers ce peuple, et dis : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, de peur qu'ils ne voient de leurs yeux, qu'ils n'entendent de leurs oreilles, qu'ils ne comprennent de leur cœur, qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse" (Actes 28 :26-27).

Pendant plus de trente ans, les Juifs avaient eu de multiples occasions d'entendre et de voir. Il y avait à Jérusalem des dizaines de milliers de Juifs convertis à Christ, mais "tous étaient zélés pour la loi" (Actes 21 :20). Il y avait sans doute aussi à Rome une multitude de Juifs convertis, tous zélés pour la loi. Ils ne voulaient tout simplement pas admettre que le Christianisme soit aussi éloigné du Judaïsme que Dieu était éloigné de la Loi de Moïse.

Cette dernière réunion de Paul avec les Juifs nous permet de mieux comprendre, une fois encore, que le principal souci des Juifs était de garder les Gentils sous leur autorité. Les dernières paroles que leur adresse Paul nous montrent qu'il ne veut plus aucun compromis, ni aucune consolation. Ce sont des paroles de défi, qui ne traduisaient pas une frustration momentanée. Paul avait assisté au concile de Jérusalem onze années auparavant. Il avait informé toutes les églises où il passait de la "sentence" de Jacques.

Paul avait même voulu retourner à Jérusalem, malgré les supplications de tous ceux qui l'aimaient, et malgré les paroles que Dieu lui avait adressées prophétiquement pour lui demander de ne pas monter à Jérusalem. Il avait failli être tué au moins à deux reprises en allant à Rome, et il en avait assez de tous ces Juifs rebelles. Il était allé bien au-delà du "premier et du second avertissement" dont nous parle Tite (Tite 3 :10). Paul en avait fini avec Israël en tant que nation. Israël ne voulait pas écouter. Paul dit donc aux Juifs, sur un ton emphatique : "Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux païens, et qu'ils l'écouteront" (Actes 28 :28).

En rapportant ces dernières paroles de Paul, à la fin du Livre des Actes, Luc nous montre que les relations entre l'église de Jacques, celle de l'esclave, et l'église de Paul, celle de la liberté, ont atteint une impasse. Paul n'a jamais dit que les Juifs ne pouvaient pas être sauvés. Il n'oppose pas les Gentils et les Juifs, en tant qu'individus. Mais il oppose clairement Israël, en tant que nation, à toutes les autres nations de la terre. Sachant que Paul devait comparaître devant César, comme un ange le lui avait révélé (Actes 27 :24), nous ne pouvons que nous demander ce qui s'est passé au cours de cette rencontre, et quel impact eut sur Néron l'Evangile de la grâce !

On ne dit en général rien de bon sur l'empereur Néron. Toutefois, de même que les Juifs d'Asie avaient accusé Paul de "bouleverser le monde" (Actes 17 :6), il semble que bien souvent les livres d'histoire aient "bouleversé" la vérité ! Beaucoup de "méchants" se sont révélé être plutôt des "bons", et beaucoup de "bons" ont prouvé qu'ils étaient en fait des "méchants" ! Ce serait incroyable si Néron le "méchant" avait finalement terminé son existence comme un "bon". Je sais que rien ne nous le prouve pour le moment. Aucun texte ne nous a décrit la rencontre de Paul avec Néron. Pourtant, nous savons que Paul a rencontré Néron, comme l'ange le lui avait révélé. Comme Paul avait "bouleversé" le monde, il peut sembler étrange que cette rencontre n'ait fait l'objet d'aucun compte-rendu. Mais les paroles finales de Paul : "Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux païens, et qu'ils l'écouteront", ont été largement confirmées tout au long de l'Histoire, jusqu'à nos jours. Paul devait certainement penser au principal de tous ces païens, Néron en personne, quand il a dit : "ils l'écouteront" ! Le Judaïsme n'avait pas pu retenir captif le Christianisme, pas plus que la Loi de Moïse n'avait pu retenir Dieu captif. Jésus-Christ avait bien reçu "tout pouvoir dans le ciel et sur la terre", et les Juifs n'avaient pas pu limiter ce pouvoir. Jésus est le Seigneur de tous ceux qui croient en Lui. Peut-être est-Il devenu le Seigneur de Néron !

Note finale : Il nous reste le dernier chapitre, le plus long, à traduire. Ensuite, nous présenterons une évaluation critique et synthétique de l'ensemble du livre, en citant aussi quelques commentaires divers qui nous sont parvenus. Vous pouvez encore nous faire parvenir vos remarques si vous le souhaitez !