A250. Les deux voies de l'Eglise primitive (7).

Par David A. Anderson. L'original peut être consulté en anglais à l'adresse suivante :

http://www.en.com/users/anders/chapter2.html

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées. Publié originellement en anglais en 1997, revu et corrigé en 1999. Adresse de l'auteur : David A. Anderson, 924 Richmond Road, Lyndhurst, OHIO 44124 (USA). E-mail : anders@en.com

Nous publions ici, sous forme d'une série d'articles, et avec l'accord de l'auteur, un livre écrit par David Anderson. Ce livre nous semble éclairer particulièrement bien le conflit qui existait au sein de l'Eglise primitive entre la loi et la grâce, les partisans de la loi étant conduits par Jacques, le frère du Seigneur, et ceux de la grâce par l'apôtre Paul. Ce livre est parfaitement d'actualité, car le même conflit peut toujours être observé dans l'Eglise aujourd'hui. Il continue d'opposer ceux qui marchent selon la chair et ceux qui marchent selon l'esprit. La publication complète de cet ouvrage s'étalera sur plusieurs semaines, d'autres articles pouvant aussi être publiés en même temps.

Chapitre 6 : Jacques, le frère de Jésus.

" Pierre, leur ayant de la main fait signe de se taire, leur raconta comment le Seigneur l'avait tiré de la prison, et il dit : Annoncez-le à Jacques et aux frères. Puis il sortit, et s'en alla dans un autre lieu" (Actes 12 :17).

Le temps est relatif. Pour un enfant de huit ans, quatre années représentent une période inimaginable. C'est la moitié de toute sa vie. Pour quelqu'un de vingt ans, c'est encore très long, ce qui explique qu'un jeune de cet âge qui s'engage dans une formation de quatre ans prend une décision très importante.

Une personne âgée de 80 ans a une tout autre notion du temps. Quatre années lui semblent une durée presque insignifiante. Il en est de même pour beaucoup de ceux qui essayent d'étudier l'histoire, et qui s'efforcent de juger de l'importance d'une période de quatre années. Les quatre dernières années que nous venons de vivre ne sont pas difficiles à nous remémorer. Leur souvenir est encore frais. Mais replacer une période de quatre ans dans une perspective de deux mille ans est déjà beaucoup plus difficile. Pour beaucoup d'entre nous, l'année qui a précédé celle de notre naissance représente déjà de l'histoire ancienne. Vingt ans avant notre naissance, c'est de l'histoire très ancienne ! Deux cents ans avant notre naissance, nous sommes dans le domaine de la légende ou du mythe !

Ces réflexions peuvent nous aider à nous projeter jusqu'à l'époque que nous étudions, et à l'étudier avec le regard d'un enfant. Quand nous le faisons, les choses nous apparaissent sous un jour nouveau et plus brillant. Nos yeux ne sont plus obscurcis par le nombre des années, mais nous nous comportons comme un petit enfant qui n'aurait pas encore appris à parler. Il observe toutes choses, et tout lui semble intéressant et actuel. Si nous pouvions savoir ce que cet enfant pense, nous serions surpris de la sagesse qui peut se trouver dans cette petite tête.

Un bref résumé des quinze premières années de l'Eglise.

Jusqu'à présent, nous avons étudié le parcours de l'Eglise du premier siècle sur une période d'une quinzaine d'années. Pendant les trois premières années, l'Eglise a connu de très nombreux miracles, délivrances et événements sans précédent dans l'histoire du monde. Ce fut une époque merveilleuse d'effusion du Saint-Esprit. Cette "eau de la vie éternelle" fut reçue avec une grande joie, et a entraîné une merveilleuse croissance de l'Eglise à Jérusalem. Les Juifs qui se convertissaient avaient la faveur de tout le peuple de la ville.

Les deux années suivantes ressemblèrent beaucoup aux trois premières. Tous les malades étaient guéris, des multitudes se convertissaient au Seigneur Jésus-Christ, ainsi qu'une grande foule de sacrificateurs. Mais certains signes de conflit commencent à apparaître. L'Eglise traverse une première tragédie avec la mort d'Ananias et de Saphira. Puis les apôtres sont arrêtés. On leur interdit de parler au nom de Jésus-Christ. Ils ne peuvent pas obéir à la fois à Dieu et au Sanhédrin et ils doivent choisir. Certains murmures se manifestent. Mais, vers la fin de ces cinq premières années, l'Eglise traverse sa plus grande tragédie : Etienne est lapidé.

Les trois années suivantes commencent par la persécution et la dispersion des Chrétiens de Jérusalem. Il se passe encore des choses glorieuses, bien que la ville commence à résister au message de la grâce. La Samarie reçoit l'Evangile, confirmé par des signes et des prodiges. Les Samaritains sont baptisés dans le Saint-Esprit. Paul fait une rencontre avec Jésus-Christ sur le chemin de Damas. Il se rend en Arabie, puis retourne à Damas. Jésus-Christ continue à déverser les bénédictions et les délivrances divines. Mais d'autres conflits apparaissent. Simon le Magicien tente d'acheter à Pierre le don du Saint-Esprit. Les disciples ont peur de Paul quand il se rend à Jérusalem. Les Hellénistes tentent de le tuer. Il doit quitter Jérusalem.

La période finale de ces quinze années, environ sept ans, commence au moment où Paul quitte Israël pour rejoindre sa ville de Tarse. Pierre quitte Jérusalem et voyage en Israël, guérissant les malades et même ressuscitant une morte. Nous assistons à de nouvelles délivrances et de nouveaux prodiges. Tous les habitants de Lydde et du Saron se tournent vers le Seigneur. A Césarée, Corneille, sa famille et ses amis, croient au Seigneur et parlent en langues. Pierre est étonné de voir que les Gentils ont reçu le même don que les Juifs au commencement. Mais, quand il retourne à Jérusalem, il rencontre de la résistance de la part des partisans de la Loi. Au même moment, de nombreuses personnes se convertissent à Antioche. Barnabas se rend à Tarse pour ramener Paul à Antioche. Tous deux enseignent beaucoup de gens au cours de l'année suivante. Mais une famine survient en Israël.

Jérusalem au moment de la mort de l'apôtre Jacques.

Quinze années se sont écoulées depuis le début de l'ère de la grâce. Le début d'Actes 12 nous montre à quel point l'Eglise avait changé à Jérusalem. Hérode Agrippa Ier, petit-fils d'Hérode le Grand, fait mettre à mort l'apôtre Jacques. Comme il voit que cela plaisait aux Juifs, il fait aussi arrêter Pierre. Quel changement depuis le moment où le Sanhédrin n'osait pas mettre les apôtres à mort, parce qu'ils craignaient le peuple ! Neuf années s'étaient écoulées depuis Actes 5. A présent, Hérode vit que la mort de Jacques était agréable aux Juifs ! Quel changement incroyable !

Où étaient passées les multitudes de Juifs convertis à Jérusalem ? Comment avaient-ils pu changer ainsi ? Certes, il y avait eu une persécution qui en avait dispersé beaucoup, après la mort d'Etienne. Mais il y avait encore beaucoup de Chrétiens à Jérusalem, comme on le voit dans les six premiers chapitres des Actes. Tout Jérusalem devait encore se rappeler les miracles accomplis par Jésus-Christ, puis par les apôtres. Beaucoup avaient été les témoins de ces miracles, ou les avaient reçus eux-mêmes. Il y avait très longtemps que le monde n'avait pas vu autant de miracles aussi puissants ! Parmi toutes les villes du monde, aucune ne pouvait se comparer à Jérusalem pour le nombre et la qualité de ses pieux citoyens. On y discutait et l'on y étudiait les Ecritures chaque jour. On ne voyait cela dans aucune autre ville du monde. C'était l'activité essentielle de Jérusalem. Il est certain que l'on devait soigneusement analyser et étudier tous les événements de ces quinze premières années de l'Eglise à la lumière des prophéties de l'Ancien Testament. Toutefois, à l'époque d'Actes 12, on voit que le peuple de Jérusalem trouve agréable qu'Hérode fasse mettre Jacques à mort ! Peut-il y avoir quelque chose de plus triste ?

Cela fait très mal quand on le réalise ! Un apôtre, choisi et formé par Jésus-Christ, est mis à mort, et cela fait plaisir aux habitants de Jérusalem ! Comment ont-ils pu se réjouir de ce meurtre ? Tout Jérusalem aurait dû prendre le deuil pour une telle perte. Au lieu de cela, ils se sont réjouis ! Cela nous rappelle l'époque où Moïse avait fait sortir d'Egypte les enfants d'Israël. Malgré tous les miracles et les prodiges dont les Israélites avaient été témoins, ils voulaient retourner en Egypte ! Ils se sont même fait un veau d'or pour l'adorer ! Quels veaux d'or étaient-ils en train de se faire, quand l'apôtre Jacques a été mis à mort ? Pourtant, Jérusalem n'était pas une ville païenne remplie de statues dédiées à des "dieux inconnus" ! Elle était censée être la ville sur laquelle Abraham avait les regards fixés, la ville dont l'architecte était Dieu. Ses habitants n'étaient pas indifférents aux choses de Dieu. Quels mensonges avait-on raconté au peuple pour finir par leur faire croire que ce serait une bonne chose devant Dieu de tuer Jacques, l'un des apôtres ? Comment le peuple est-il arrivé à croire qu'il avait raison, alors qu'il avait horriblement tort ?

Même quinze ans après le début de l'ère de l'Eglise, Jérusalem était encore la ville la plus "pieuse" du monde. Elle était ce qui pouvait se faire de mieux dans le monde, en tant que ville religieuse. C'est un fait que, tout au long de son histoire, Jérusalem a toujours été unique parmi toutes les villes du monde. Elle n'était célèbre pour aucune de ses productions. Elle n'était pas située sur une grande route commerciale. Elle n'était pas construite à l'embouchure d'un grand fleuve. Ce n'était pas le commerce qui avait fait naître Jérusalem. Sa seule "industrie" était la recherche et la connaissance de Dieu. A l'époque de la mort de l'apôtre Jacques, les citoyens de Jérusalem étaient certainement tout aussi "zélés pour la Loi" qu'à n'importe quelle autre époque. Près de quinze ans après le début de l'ère de la grâce, le Sanhédrin est enfin parvenu à faire mettre à mort un apôtre. Cela faisait dix ans qu'il cherchait à le faire, depuis le moment où il s'était réuni pour "les faire mourir" (Actes 5 :33).

Notez, dans Actes 12 :1, qu'Hérode "se mit à maltraiter quelques membres de l'Eglise". Il ne s'agissait pas d'une persécution généralisée de l'Eglise. Il a choisi certaines personnes. Ceci est très significatif, car Hérode savait qui était populaire dans l'Eglise, et qui ne l'était pas. Si l'Eglise de Jérusalem avait été petite et insignifiante, il est difficile d'imaginer que le roi Hérode se soit soucié de persécuter "quelques membres" de l'Eglise. Le fait qu'il ait agi ainsi indique que l'Eglise de Jérusalem formait une entité politique intéressante. De même, s'il n'avait pas existé une importante communauté chrétienne à Rome en 64, l'empereur Néron n'aurait pas tenté de rendre les Chrétiens responsables de l'incendie de Rome.

En réfléchissant à l'action d'Hérode, on parvient à la conclusion qu'il y avait au moins deux factions dans l'Eglise de Jérusalem. L'une était populaire, et l'autre ne l'était pas. Nous ne savons pas qui faisait partie de ces factions, ni si elles opposaient les Hellénistes et les Hébreux, ou les Pharisiens et les non-Pharisiens. Toutefois, nous pouvons penser qu'Hérode s'en est pris à ceux qui, dans l'Eglise, étaient considérés comme des "fauteurs de troubles".

Le premier qui fut tué fut donc l'apôtre Jacques. Qu'avait-il pu dire, ou faire, pour justifier la satisfaction de la population à l'annonce de sa mise à mort ? En outre, pourquoi Hérode a-t-il voulu ensuite s'en prendre à Pierre ? Avait-il l'intention de mettre à mort tous les apôtres ? Il est très important de remarquer qu'Hérode n'a pas persécuté toute l'Eglise. Il s'est contenté de faire ce qui faisait manifestement plaisir à la population. Il "se mit à maltraiter quelques membres de l'Eglise".

Allons plus loin dans notre analyse.

Etudions le problème sous un autre angle. Considérons le secours envoyé aux frères de Judée, lors de la famine (Actes 11 :29). Il est probable que Jérusalem a aussi bénéficié de cette aide. Il s'agissait certainement d'une aide très importante, puisque tous les disciples d'Antioche, et ils étaient nombreux, décidèrent de donner quelque chose, chacun selon ses moyens. Remarquez aussi que Barnabas et Saul firent parvenir cette aide aux "anciens" de Jérusalem (Actes 12 :25). C'est la première fois que sont mentionnés des "anciens".

Ces "anciens" ne sont sans doute pas les six diacres qui restaient après la mort d'Etienne. Ils faisaient la même chose qu'Etienne, et ils ont sans doute fait partie des Chrétiens chassés de Jérusalem par la persécution qui suivit la mort d'Etienne (Actes 8 :1). Nous avons déjà vu que le diacre Philippe est allé habiter à Césarée (Actes 21 :8). Les cinq autres ont dû aussi quitter Jérusalem. Quoi qu'il en soit, il y avait des anciens dans l'Eglise de Jérusalem quand Barnabas et Saul sont venus apporter l'aide des frères d'Antioche.

Comment expliquer ce changement ? Pourquoi Barnabas et Saul n'ont-ils pas donné cette aide aux apôtres ? Apparemment, ceux-ci étaient toujours à Jérusalem, puisqu'il est dit dans Actes 9 :28 que Paul "allait et venait" avec eux à Jérusalem, peut-être sept ans auparavant. Comment se faisait-il que le peuple de Jérusalem ait pu être satisfait de la mort de Jacques ? Après la mort de Jacques, le peuple fut encore satisfait de l'emprisonnement de Pierre ! Qu'était-il donc arrivé au peuple de Jérusalem ?

Actes 21 nous apprend qu'il y avait toujours une multitude de "Chrétiens" à Jérusalem, près de trente ans après la Pentecôte. Mais ces "Chrétiens" ne devaient certainement pas correspondre à la description des Chrétiens spirituels faite par Paul dans ses épîtres ! Il est certain que tous ces Chrétiens savaient qu'ils ne pouvaient s'approprier la justice de Dieu qu'en acceptant Jésus-Christ comme leur Seigneur. Mais de nombreux indices nous montrent que deux groupes s'affrontaient à Jérusalem : ceux qui croyaient en la justice qui ne s'obtient que par la foi en Christ, et ceux qui continuaient à croire que la justice pouvait se gagner en observant la Loi.

Il est évident que tout le monde à Jérusalem connaissait ces deux doctrines, celle de la justice qui s'obtient par la foi, et celle de la justice qui s'obtient par la Loi. Chacun a ensuite fait le choix de la doctrine dans laquelle il voulait marcher. Quant aux chefs religieux, ils étaient pour la plupart "enflés d'un vain orgueil par leurs pensées charnelles", comme l'écrit Paul dans Colossiens 2 :18.

Il n'était pas facile, pour le peuple de Jérusalem, de choisir entre "la justice par la foi en Christ" et "la justice par l'observation de la Loi". Il est clair qu'il y avait un prix à payer pour pouvoir rester à Jérusalem, après la mort d'Etienne. Ce prix était celui du compromis. Les Juifs convertis qui ont pu rester à Jérusalem, au prix de ce compromis, ont dû mener un combat constant contre la puissance de la chair, dans un vain effort pour observer les préceptes débilitants de la Loi, tout en se persuadant qu'ils vivaient comme Christ voulait qu'ils vivent ! Quelqu'un a dit : "Les hommes charnels font beaucoup d'histoires à propos des formes vaines de la Loi. Les hommes spirituels respectent l'esprit de la Loi, sans en garder la forme". Tous ceux qui avaient compris les dangers du compromis ont quitté la ville. Mais ceux qui ont préféré accepter le compromis sont restés.

L'emprisonnement de Pierre.

Après le meurtre de l'apôtre Jacques, frère de Jean, Hérode s'en est pris à Pierre. Nous savons que sa motivation était de plaire au peuple et aux chefs de Jérusalem. Nous devons nous poser la question suivante : "Qu'est-ce qui a bien pu persuader Hérode que cela plairait aux Juifs qu'il s'en prenne à Pierre ?" Etait-ce le fait que Pierre ait mangé avec des païens, quand il s'est rendu dans la maison de Corneille ? Etait-ce sa proclamation que les Gentils avaient reçu le même don de l'Esprit que les Juifs ? Pierre avait dû faire quelque chose qui ne correspondait pas aux "normes", car Hérode n'a maltraité que certains membres de l'Eglise.

Hérode avait sans doute l'intention de faire mettre Pierre à mort. Cela est confirmé par le fait qu'il a fait exécuter les gardes de la prison, quand il a découvert que Pierre s'était enfui. Les Romains avaient l'habitude d'infliger aux gardiens d'un prisonnier la sentence que ce dernier devait subir, dans le cas où il avait pu s'échapper. Quand Pierre fut délivré de sa prison, il se rendit dans la maison de Marie, la mère de Jean, surnommé Marc, dont il sera reparlé plus tard. Nous devons nous demander pour quelle raison Pierre a décidé de se rendre dans cette maison et non dans une autre, ou pourquoi il n'a pas immédiatement quitté la ville.

La maison de Marie était manifestement une maison où les Chrétiens avaient l'habitude de se réunir. La suite du récit nous montre que ceux qui étaient réunis pour prier n'ont pas cru que Dieu avait délivré Pierre. Avaient-ils oublié les puissants miracles de Dieu ? Après tout, il ne s'agissait pas d'une réunion mondaine ! Ils s'étaient rassemblés pour prier. C'étaient des membres de l'Eglise de Jérusalem qui s'étaient réunis et pourtant, quand Pierre se manifeste, ils ont dit qu'il était impossible que ce soit lui ! Ils croyaient avoir affaire à un "esprit" !

Quelle sorte de prière faisaient-ils donc ? Actes 12 :11 nous décrit l'état d'esprit qui régnait à ce moment-là à Jérusalem : "Revenu à lui-même, Pierre dit : Je vois maintenant d'une manière certaine que le Seigneur a envoyé son ange, et qu'il m'a délivré de la main d'Hérode et de tout ce que le peuple juif attendait". Mais qu'attendaient tous ceux qui s'étaient réunis chez Marie pour prier ? Croyaient-ils qu'ils ne seraient exaucés que s'ils étaient assez nombreux et feraient assez de bruit ? Dieu a-t-Il toujours besoin qu'une multitude de gens Le prient, pour "octroyer" un exaucement ? La Bible ne nous montre-t-elle pas qu'il suffit qu'un seul homme prie avec foi pour qu'il soit exaucé ?

Je sais que je risque de paraître arrogant, mais nous devons essayer de savoir ce qu'ils étaient en train de demander dans leurs prières. Quand Etienne était lapidé, il vit Jésus debout à la droite de Dieu, et nous savons quelle prière il a faite. Priaient-ils comme Etienne ? Ou disaient-ils plutôt : "Seigneur, accorde un plein salut à Pierre, quand Hérode le fera mettre à mort ! Qu'il n'aille pas brûler en enfer !" Ou encore : "Seigneur ! Pardonne à Pierre d'avoir péché en allant manger chez Corneille, et permets qu'Hérode lui pardonne aussi !"

Certains me diront sans doute qu'il est injuste de faire de telles spéculations. Peut-être, mais je ne vois pas d'autre moyen pour vous montrer quel état d'esprit régnait à Jérusalem à cette époque. Il était en train de se passer quelque chose de fondamentalement mauvais. Si vous pensez que tous les Chrétiens de l'Eglise de Jérusalem étaient des "bons gars", c'est que vous préférez ignorer le problème, plutôt que de l'affronter. Le peuple de Jérusalem attendait que Pierre soit mis à mort. Actes 12 :16 nous montre que ceux qui priaient furent "étonnés" de voir Pierre à la porte de la maison de Marie. Ils furent étonnés ! Quel aveu d'incrédulité !

Le verset 17 confirme leur incrédulité. Si les Chrétiens, en voyant Pierre, avaient été frappés par la puissance de Dieu, ils seraient restés muets, et Pierre n'aurait pas eu besoin de leur demander de se taire ! N'est-il pas vrai que quand la puissance de Dieu se manifeste, Ses saints la contemplent dans un silence respectueux et solennel, tandis que les incrédules ne se gênent pas pour soulever une foule de questions et de protestations ?

Il y a une différence entre une manifestation spontanée de joie bruyante, et une manifestation spontanée de contestation bruyante ! Il me semble probable que certains ont dû soulever des objections en se rendant compte que Pierre s'était échappé de sa prison, au lieu de crier leur joie devant cette délivrance miraculeuse. Ce qui me fait penser cela, c'est le fait que Pierre, après leur avoir expliqué comment le Seigneur l'avait délivré, ait jugé bon de leur dire : "Annoncez-le à Jacques et aux frères". Puis nous voyons que Pierre ne voulut pas rester chez Marie, mais s'en alla dans un autre lieu. Il est donc évident que Pierre ne se sentait pas en sûreté chez Marie. Notez aussi que ni Jacques, ni les "frères", ne participaient à cette réunion de prière. La question que nous devons nous poser est évidente : "Pourquoi ?"

Les trois emprisonnements de Pierre.

Considérons un moment les trois emprisonnements de Pierre. Le premier est raconté dans Actes 4, après la guérison du boiteux de naissance. Le Sanhédrin aurait bien aimé le punir, mais il ne put le faire, car "tous glorifiaient Dieu de ce qui était arrivé" (Actes 4 :21).

Le second emprisonnement, dans Actes 5, fut la réaction du Sanhédrin à l'immense popularité des apôtres, suite aux grands miracles et prodiges qu'ils accomplissaient. Le Souverain sacrificateur et les siens furent "remplis de jalousie" (Actes 5 :17). Un ange du Seigneur ouvrit les portes de la prison, et dit à Pierre et à tous les autres apôtres d'aller au temple et de prêcher l'Evangile au peuple (Actes 5 :19-20).

Le troisième emprisonnement, dans Actes 12, ne résulta pas de nouveaux prodiges et miracles accomplis par Pierre, ni de la jalousie du Souverain Sacrificateur. Hérode avait simplement estimé que cela le rendrait plus populaire auprès des Juifs, qui avaient apprécié le meurtre de l'apôtre Jacques (Actes 12 :3). Quand Pierre réalisa qu'il avait été délivré surnaturellement, il se dit : "Je vois maintenant d'une manière certaine que le Seigneur a envoyé son ange, et qu'il m'a délivré de la main d'Hérode et de tout ce que le peuple juif attendait" (Actes 12 :11).

Cette fois, quand l'ange le délivra, Pierre ne retourna pas prêcher au Temple. Il se rendit dans une maison particulière, mais il fut accueilli par de l'incrédulité. Quand la servante Rhode reconnut la voix de Pierre, dans sa joie, elle courut annoncer à ceux qui priaient que Pierre était devant la porte. Mais ils lui dirent qu'elle était folle ! Elle insista, mais ils lui dirent que ce devait être son ange ! (Actes 12 :13-15).

Si nous gardons tout ceci à l'esprit, nous devons conclure qu'à cette époque, l'Eglise de Jérusalem était devenue une Eglise faible et incrédule. Elle s'était laissé gagner par l'esprit du monde, elle se conformait aux exigences du pouvoir politique, et elle avait été absorbée par le Judaïsme. L'Eglise avait certainement été affaiblie, dix ans plus tôt, par la persécution d'Actes 8 :1 et la dispersion des Chrétiens véritables. Le parti de la circoncision était devenu assez fort pour demander des comptes à Pierre, sur ce qui s'était passé chez Corneille. Les Hellénistes avaient voulu mettre Paul à mort. Pierre avait jugé bon de demander aux Chrétiens réunis dans la maison de Marie d'aller informer "Jacques et les frères" de sa délivrance, puis il partit dans un autre lieu.

Auparavant, Pierre avait été un témoignage vivant, devant tout le peuple, de la délivrance que Dieu lui avait accordée. A présent, c'est lui avait été délivré de tout ce que le peuple juif attendait ! La délivrance de Pierre n'a pas été l'occasion d'un grand réveil à Jérusalem. Pierre n'a même pas pu sauver ses geôliers de la mort. Pourtant, Pierre n'avait sûrement pas changé. Rien ne nous montre qu'il avait moins de puissance, de foi ou de consécration qu'auparavant. C'était plutôt les habitants de Jérusalem qui avaient changé. Ils avaient endurci leur cœur au salut de Dieu et s'accrochaient férocement à leurs lois et à leurs coutumes, au lieu d'accepter la grâce de Dieu.

Il est vrai qu'Hérode fut sévèrement jugé, comme nous le montrent les versets suivants. Mais cela n'a pas calmé les ardeurs légalistes de tout le peuple Juif, qui ne font au contraire que croître, comme la suite du Livre des Actes nous le montre. Jacques, le frère du Seigneur, est mentionné dans ce passage pour la première fois depuis l'effusion de la Pentecôte. Il apparaît au moment précis où Pierre est délivré "de tout ce que le peuple juif attendait". Nous connaissons la date de ces événements par l'année de la mort d'Hérode Agrippa, en 45 après Jésus-Christ.

Apparition de Jacques, le frère du Seigneur Jésus.

Qui est donc Jacques, et qui sont ces "frères" mentionnés dans Actes 12 :17 ? L'apôtre Jacques venait juste d'être assassiné. Il est admis par tous que le Jacques mentionné dans Actes 12 :17 est bien l'un des frères de Jésus. Ceux-ci sont nommés dans Actes 1 :14. Les "frères" d'Actes 12 :17 sont donc probablement les autres frères du Seigneur : Joses, Jude et Simon (Marc 6 :3).

Nous pouvons nous demander pourquoi Pierre a demandé aux Chrétiens réunis chez Marie d'aller prévenir Jacques et les autres frères de Jésus qu'il avait été délivré de sa prison. Il aurait été plus normal que Pierre leur demande d'aller prévenir l'apôtre Jean ou les autres apôtres. Pourquoi Jacques et ses frères leur sont-ils préférés ? Quelle position occupaient-ils donc dans l'Eglise, pour que Pierre juge nécessaire d'aller les faire prévenir ? Etaient-ils les "supérieurs" de Pierre à cette époque ?

A l'époque du Concile de Jérusalem, dans Actes 15, Jacques est clairement le chef de l'Eglise de Jérusalem. Ce concile s'est réuni en 49, près de quatre ans après le dernier emprisonnement de Pierre. Jacques n'est pas mentionné entre Actes 1 :14 et 12 :17. Mais il devait certainement être présent à Jérusalem au cours des quinze années précédentes. Pourtant, il n'est mentionné pour la première fois, depuis Actes 1 :14, que dans ce passage, et encore, d'une manière assez nébuleuse.

Certains me diront qu'il est dangereux de spéculer sur la motivation de Pierre, ou de croire qu'il n'avait pas nécessairement que des motivations pures et spirituelles. Pour le moment, je dirai simplement que l'Eglise de Jérusalem était malade, qu'elle manquait de puissance, qu'elle était sous l'influence de l'esprit du monde, et qu'elle était incrédule. En outre, le fait que Pierre demande aux Chrétiens qui étaient chez Marie de prévenir Jacques et les frères indique que ces derniers devaient occuper des positions d'autorité dans l'Eglise.

Rappelez-vous qu'Hérode s'était rendu compte que le peuple avait été content qu'il fasse mettre à mort l'apôtre Jacques. Il entreprit donc de s'en prendre aussi à Pierre. Il n'a pas emprisonné Jacques, le frère de Jésus. En soi, cette observation ne signifie pas grand-chose. Mais comme il est écrit dans Actes 12 :1 qu'Hérode "se mit à maltraiter quelques membres de l'Eglise", il est naturel de penser que certains membres de l'Eglise ont été maltraités, alors que d'autres ne l'ont pas été. Nous devons donc nous demander si Jacques, le frère de Jésus, faisait partie de ceux qui furent maltraités ou de ceux qui ne le furent pas.

Que faire pour tenter de déterminer une motivation, quand celle-ci n'est pas révélée ? Certains diront que c'est impossible. Mais les avocats et les juristes sont entraînés à utiliser certains moyens qui leur permettent de découvrir les motivations d'une action, car c'est extrêmement important pour eux. Si l'enjeu est vital, il est très important de tenter de découvrir quelle peut être la motivation d'une action.

Il est écrit dans Hébreux 4 :12 que la Parole de Dieu "juge les sentiments et les pensées du cœur". Elle révèle les motivations réelles. Plus nous cherchons, et plus ces motivations sont révélées. Jésus a dit : "Cherchez, et vous trouverez". Je suis donc en droit de poser des questions légitimes, et de voir si la Parole de Dieu peut y apporter une réponse.

Quelle était donc la motivation de Pierre en demandant d'aller prévenir Jacques et ses frères ? Même si la Parole de Dieu ne nous le dit pas, elle nous dit que Pierre a donné certaines instructions. Tout Jérusalem allait savoir le lendemain que Pierre s'était échappé de prison. Pourquoi nous est-il dit que Pierre a voulu prévenir Jacques de sa libération, en plein milieu de la nuit ? La suite du Livre des Actes ne nous dit pas ce qui s'est passé, une fois que Jacques a été prévenu. Nous constatons simplement que c'est la première fois que Jacques est mentionné, depuis le jour de la Pentecôte. Même si la motivation de Pierre n'est pas claire, nous pouvons réunir un certain nombre de faits précis concernant Jacques. Tous ces faits sont très importants, surtout parce qu'ils vont tous dans la même direction, sans une seule exception.

Quels sont les faits précis concernant Jacques ?

Que nous dit l'Ecriture concernant Jacques et ses frères ? Dans Marc 6 :1-6, nous voyons Jésus exercer Son ministère à Nazareth, la ville où Il a grandi. Les habitants de la ville, tout au moins ceux qui rejetaient Jésus, contestaient Son autorité et Ses aptitudes, sous prétexte qu'Il n'était qu'un charpentier, un simple ouvrier.

L'Evangile mentionne les noms des frères de Jésus : Jacques, Joses, Jude et Simon. Elle parle aussi des sœurs de Jésus. Nous apprenons que les gens étaient scandalisés par le Seigneur. Ils disaient : "N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ?" (Marc 6 :3). Le fait qu'ils aient dit "parmi nous" indique-t-il que Jacques, ses frères et ses sœurs, étaient du côté de ceux qui étaient scandalisés par Jésus ? La réponse de Jésus nous éclaire : "Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents, et dans sa maison" (verset 4). Nous retrouvons ce même récit dans Matthieu 13 :54-58).

Jésus déclare donc que Sa propre famille Le méprisait. Si nous voulons réellement savoir qui étaient Jacques et ses frères, nous disposons des propres déclarations de Jésus, qui constituent l'autorité suprême. Si Jésus avait déclaré quelque part dans les Evangiles que Ses frères et sœurs L'honoraient, il aurait fallu en tenir compte. Mais Il ne l'a jamais dit. Nous devons donc en conclure que Jésus a fait ces déclarations parce qu'Il voulait montrer que Sa propre famille ne L'honorait pas. Il était méprisé parmi Ses propres parents !

Luc raconte comment Jésus S'était rendu dans le Temple, à l'âge de douze ans (Luc 2 :42-52). Quand Ses parents sont retournés à Jérusalem pour Le chercher, après avoir commencé leur voyage de retour à Nazareth, ils Le découvrirent dans le Temple. Ils avaient passé trois jours à Le chercher, avant de penser se rendre au Temple. Pourquoi n'étaient-ils pas allés tout de suite au Temple ? Au verset 49, Jésus leur dit : "Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon Père ?"

Ce sont les premières paroles qui sont rapportées de Jésus. Nous devons donc nous poser la question suivante : "Est-ce que les parents de Jésus n'auraient pas dû savoir qu'Il devait S'occuper des affaires de Son Père ?" Oui, ils auraient dû certainement le savoir ! Marie et Joseph avaient été visités par des anges, mais ils beaucoup d'autres raisons auraient dû leur permettre de garder en mémoire tout ce qui concernait Jésus. Il est intéressant de lire au verset 43 de Luc 2 : "Puis, quand les jours furent écoulés, et qu'ils s'en retournèrent, l'enfant Jésus resta à Jérusalem. Son père et sa mère ne s'en aperçurent pas". Le texte original ne dit pas "son père et sa mère", mais simplement "ses parents". Quand Marie dit à Jésus : "Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous ? Voici, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse" (verset 48), Jésus répondit : "Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon Père ?" Le verset suivant nous apprend qu'ils "ne comprirent pas ce qu'il leur disait".

Qui était donc le Père de Jésus ? Etait-ce Joseph ? Marie savait certainement que ce n'était pas Joseph. Joseph et Marie auraient certainement dû savoir qui était réellement Jésus. Sinon, la remarque de Jésus aurait été plutôt sarcastique, ce qui ne peut pas être le cas.

La Bible nous dit que Jésus n'a jamais péché. Il a donc été un fils modèle. Nous devons donc conclure qu'Il posait honnêtement une question, à laquelle la réponse aurait dû être "oui" ! Mais "ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait" !

Je ne veux pas dire que les parents de Jésus étaient mauvais, ou impies. Mais ils avaient eu maintes preuves que Jésus était un enfant exceptionnel : Sa naissance miraculeuse, les visitations d'anges, la délivrance de la vengeance d'Hérode, les prophéties de Simon et d'Anne, les expériences faites par Elisabeth et Zacharie concernant Jean-Baptiste… Mais ils semblaient avoir oublié la mission messianique de Jésus. Sinon, en s'apercevant de l'absence de Jésus, ils seraient allés immédiatement dans le Temple, car ils auraient su que Jésus n'aurait pas pu Se trouver ailleurs.

Ce que nous avons constaté, jusqu'à présent, c'est que Jésus n'a pas reçu un plein soutien de Sa famille. C'est une chose que d'être indifférent à Jésus. Mais c'en est une autre que de Lui résister activement. Marc 3 :14-19 nous relate le choix des douze apôtres par Jésus. Au verset 21, nous voyons comment Ses parents (au sens large, c'est-à-dire "sa famille") ont réagi à cette nouvelle : "Les parents de Jésus, ayant appris ce qui se passait, vinrent pour se saisir de lui ; car ils disaient : Il est hors de sens". Les "parents" dont il est question ici ne peuvent être que "sa mère et ses frères", mentionnés au verset 31.

Que faisaient donc la mère et les frères de Jésus ? Ils essayaient de se saisir de Lui, parce qu'ils croyaient qu'Il était devenu fou ! Parce que Jésus venait de choisir douze disciples, auxquels Il promit plus tard qu'ils seraient "assis sur douze trônes", pour juger les douze tribus d'Israël (Matthieu 19 :28). Si c'est pour cette raison qu'ils ont réagi ainsi, c'était peut-être parce que Jésus avait osé choisir des hommes qui n'étaient, pour la plupart, que de simples pêcheurs.

Nous devrions peut-être faire une petite pause avant de continuer, parce qu'il n'est certainement pas facile d'accepter le fait que la mère et les frères de Jésus pensaient qu'Il était devenu fou. Mais si nous considérons que le passage de Marc 3 :21 à 35 constitue un tout, placé dans le même contexte, il est clair que la propre famille de Jésus était contre Lui.

Les scribes disaient que Jésus était possédé par des démons (verset 22). Mais eux, au moins, ne faisaient pas partie de la famille de Jésus. Quand Jésus S'est rendu compte que Sa propre famille pensait qu'Il était devenu fou, cela a dû être pour Lui une pilule assez amère à avaler ! Ce récit doit nous faire poser de sérieuses questions. D'autant plus qu'aucun autre passage de l'Ecriture ne nous montre que la famille de Jésus a changé d'avis ou de comportement. Il est clair qu'elle voulait se saisir de Lui, parce qu'elle pensait qu'Il était fou !

Peut-être que la parole la plus sévère prononcée contre la famille de Jésus vient de Jésus Lui-même, quand on Lui a dit que Sa famille cherchait à Le voir. C'est un véritable reniement de Sa famille que Jésus prononce, quand Il déclare : " Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? Puis, jetant les regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères. Car, quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, et ma mère" (Marc 3 :33-35).

Luc 8 :19-21 relate les mêmes circonstances. Mais Luc cite une réponse de Jésus légèrement différente : "Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique".

Qu'est-ce que Jésus impliquait par là ? Tout simplement, que Sa mère et Ses frères ne faisaient pas la volonté de Dieu ! Pensez un moment à ce que Jésus a dû ressentir ! Sa famille pensait qu'Il était fou, voulait Se saisir de Lui, Le capturer, et Le mettre à l'écart ! C'était déjà dur d'avoir contre Lui les scribes et les chefs religieux, qui L'accusaient d'être possédé. Mais cela devait être encore plus dur pour Jésus de voir que Sa famille pensait qu'Il était devenu fou !

Il y a d'autres passages dans la Bible qui rendent justice à Marie et à Joseph. Marie a même encouragé Jésus à accomplir Son premier miracle à Cana, quand Il a changé l'eau en vin. En fait, on pourrait même prétendre que la seule raison pour laquelle Il a accompli ce miracle était Son désir de satisfaire la demande de Sa mère.

Mais aucun passage de l'Ecriture ne permet de rendre réellement justice aux frères de Jésus. Marie a-t-elle été intimidée par les frères de Jésus, qui voulaient se saisir de Lui ? Cela semble probable. Nous ne savons pas si Joseph a refusé de s'en mêler, ou s'il était mort à cette époque. Mais il est évident qu'il n'a pas pris part à cette action, car l'Ecriture n'aurait pas manqué de le signaler.

Les frères de Jésus se moquent de Lui.

Jean 7 relate une autre confrontation entre Jésus et Ses frères. Jésus était resté en Galilée parce qu'Il savait que certains voulaient Le tuer en Judée. Ses frères, au verset 3, Lui conseillent d'aller en Judée. Il semble clair qu'ils savaient aussi que certains voulaient tuer Jésus. On peut donc s'interroger sur leurs motivations réelles, en donnant un tel avis au Seigneur.

Rappelez-vous que le ministère de Jésus n'a duré que trois ans… Comme il ne s'était écoulé que deux ans environ, depuis que les frères de Jésus avaient tenté de se saisir de Lui, il n'y a aucune raison de penser qu'ils avaient changé d'attitude envers Lui. Ils devaient toujours penser qu'Il était fou. S'ils avaient changé d'avis, l'Ecriture l'aurait mentionné. En outre, Jésus n'avait choisi aucun de Ses frères pour faire partie des apôtres, et aucun de Ses frères n'avait été choisi pour remplacer Judas, au début du Livre des Actes.

Les frères de Jésus semblent dire que les disciples de Judée avaient aussi le droit de voir les œuvres de Jésus : "Et ses frères lui dirent : Pars d'ici, et va en Judée, afin que tes disciples voient aussi les œuvres que tu fais" (Jean 7 :3). Les frères de Jésus Le poussent à Se rendre en Judée, pour que les disciples de la Judée aient l'occasion de voir les œuvres de Jésus, de les contempler et de les considérer. Il est clair que les frères de Jésus sont en train d'essayer de L'attirer dans un piège et se moquent de Lui. Les quatre Evangiles montrent clairement que Jésus avait déjà accompli de grandes œuvres en Judée. Devant cette évidence, le défi lancé à Jésus par Ses frères ne peut être expliqué que par leur incrédulité, et non par leur désir sincère de Le soutenir et de L'encourager.

Au verset 4, les frères de Jésus L'accusent d'agir en secret et Le poussent à Se montrer ouvertement au monde : "Personne n'agit en secret, lorsqu'il désire paraître : si tu fais ces choses, montre-toi toi-même au monde". Au verset 5, nous lisons : "Car ses frères non plus ne croyaient pas en lui". C'est ce verset qui nous révèle clairement les motivations secrètes des frères de Jésus : ils étaient incrédules ! Ils ne croyaient pas en Lui ! C'est indubitable, l'Ecriture ne pourrait pas être plus claire. Pour que nous n'ayons aucun doute quant aux motivations de Ses frères, Jésus ajouta : "Le monde ne peut vous haïr ; moi, il me hait, parce que je rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises" (verset 7).

Notez le contraste étonnant entre Jésus et Ses frères. Le Seigneur dit que le monde ne peut pas haïr Jacques, Jude, Joses et Simon. En revanche, le monde haïssait Jésus. Le contraste entre Jésus et Ses frères est absolu.

Je crois que nous ne nous rendons pas toujours assez compte à quel point Jésus était haï. Nous savons qu'Il a été crucifié, mais c'était l'événement final de Sa vie sur terre. Il avait eu bien d'autres épreuves auparavant. On peut comprendre quand la haine a une cause réelle. Mais le Seigneur Jésus-Christ n'a jamais fait aucun mal à personne, et Il était pourtant haï ! Dans le seul Evangile de Jean, il y a au moins vingt passages qui nous montrent des occasions où l'on essaye de Lui faire du mal ou de Le tuer (voir Jean 4 :29 ; 5 :18, 19, 20 ; 7 :1, 25, 30, 44 ; 8 : 6, 20, 37, 48, 59 ; 9 :20 ; 10 : 31, 39 ; 11 : 8, 47, 53 ; 12 : 10, 33 ; 15 :25). Ceux qui Le haïssaient appartenaient certainement à tous les milieux. Certes, beaucoup de gens L'aimaient aussi. Mais il est certain que Jésus n'a pas dû laisser beaucoup de gens indifférents en Israël ! Il ne leur donnait pas l'occasion de rester indifférents !

Ainsi, les propres frères de Jésus étaient contre Lui. Quels frères Il avait ! Ils étaient respectés par les puissants de ce monde. Quinze ou vingt ans plus tard, Pierre demande d'aller prévenir Jacques et ses frères qu'il a été délivré de sa prison ! Dans Jean 7 :8, Jésus dit à Ses frères qu'Il ne se rendra pas avec eux à la Fête à Jérusalem. Pourtant, au verset 10, nous voyons qu'Il S'y rend, après le départ de Ses frères. Il S'y rend secrètement. Pourquoi Jésus n'est-Il pas monté à la Fête avec Ses frères ? La réponse est claire : parce qu'ils ne croyaient pas en Lui ! Selon toute probabilité, ils L'auraient livré à ceux qui Le cherchaient pour Le tuer. En tout cas, Jésus ne leur faisait aucune confiance. Quel tableau nous est dressé des frères de Jésus !

Un portrait biblique de Jacques, le frère de Jésus.

Les faits sont accablants, en ce qui concerne les frères de Jésus. Nous n'insisterons plus là-dessus, sauf pour dire que Jacques, le frère de Jésus, devient de plus en plus influent dans l'Eglise de Jérusalem, à mesure que se déroule le récit des Actes. Sa position grandit au sein de l'Eglise, à mesure que celle-ci s'éloigne de Dieu et retourne à ce que Paul appelle "une forme de piété" qui renie la puissance de Dieu. Quand on le réalise, cela peut nous choquer et nous sembler difficile à digérer. Mais, plus on étudie la question dans la Parole de Dieu, et plus nous parvenons à une conclusion évidente et honnête : Jacques n'a jamais été, et n'est jamais devenu, un Chrétien spirituel. Cette conclusion est troublante. En fait, cela peut tellement vous déplaire que vous pourriez arrêter de me lire. J'ai moi-même souvent éprouvé ce sentiment de déplaisir, au cours des dix dernières années. Pourtant, nous ne pouvons éviter de comprendre la situation véritable à cette époque. Réfléchissez bien, étudiez bien la question, car l'incompréhension du Corps de Christ, quant à ce problème, lui a coûté très cher.

Il serait tentant d'affirmer que les seuls combats qu'avait connus l'Eglise primitive concernaient des ennemis extérieurs. Certes, ces combats existaient. Mais à mesure que l'on étudie plus profondément le Livre des Actes, il devient de plus en plus clair que les combats les plus sévères se déroulaient au sein de l'Eglise, entre les partisans de la Loi et ceux de la grâce. Jacques faisait partie de l'Eglise de Jérusalem, et il en devint le chef. Pourtant, Jésus lui avait dit que le monde ne pouvait pas le haïr !

L'historien Josèphe était un sacrificateur qui avait vécu à Jérusalem, ou dans les environs, entre sa naissance, en 37, et la destruction de Jérusalem en 70. Il relate que Jacques, le frère de Jésus, fut lapidé après la mort en fonctions du gouverneur romain Festus, en 62, et avant l'arrivée du remplaçant de ce dernier, Albinus (Antiquités 20 :9, 1). Cela pourrait nous faire croire que le monde haïssait Jacques à cette époque. Toutefois, Josèphe ajoute : "Ceux des citoyens qui semblaient les plus justes furent choqués d'une telle violation de la loi, et critiquèrent cette action". Si nous considérons le fait que Josèphe n'était certainement pas Chrétien, qu'il parle de Jacques avec beaucoup de considération, que la lapidation de Jacques survint au cours d'un "vide institutionnel" en Israël, et que "ceux des citoyens qui semblaient les plus justes" ont critiqué cette lapidation, il semble clair que Jacques était considéré par les "autorités du monde".

Il faut aussi mentionner le fait que Paul a été emprisonné pendant deux ans à Césarée sous le gouvernorat d'Antonius Felix, jusqu'à ce que Félix soit écarté de son poste en 59, parce qu'il avait été accusé par les Juifs, devant Néron, d'être un mauvais administrateur. Festus fut nommé ensuite comme gouverneur. Il tenta aussitôt d'organiser le procès de Paul à Jérusalem, dans l'espoir d'apaiser les Juifs. Paul, en tant que citoyen romain, dut en appeler à César, sans doute pour éviter la mort certaine qui l'attendait à Jérusalem. On peut raisonnablement penser que Félix a été écarté parce qu'il avait voulu protéger Paul en le gardant à Césarée. On voit en effet que la première action de Festus, après sa nomination, fut d'essayer d'organiser le procès de Paul à Jérusalem. Ce n'était pas un problème mineur en Israël. Si l'on attache quelque valeur au portrait de Jacques dressé par Josèphe, il est possible de penser que les éléments les plus radicaux parmi les Juifs de Jérusalem ont parlé à Jacques de leur impuissance à éliminer Paul. Jacques fut tué trois ans après l'emprisonnement de Paul à Rome, à peu près au moment où Paul comparaissait devant Néron. Le fait que, selon Josèphe, "les citoyens qui semblaient les plus justes" aient trouvé à redire au meurtre de Jacques nous montre que le "monde" ne haïssait pas le frère de Jésus.

Jacques était un homme qui pensait que son frère était fou, et qui ne croyait pas en Lui. Jésus lui avait dit en face que le monde ne pouvait pas le haïr. Ces seuls faits suffiraient à témoigner contre Jacques et à le faire condamner, Car Jésus lui a bien dit : "Le monde ne peut vous haïr ; moi, il me hait, parce que je rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises".

Depuis cette déclaration de Jésus, la Bible ne nous dit nulle part clairement que Jacques se soit repenti de son attitude envers Jésus. Jacques s'intitule lui-même "serviteur de Jésus-Christ" au début de son épître. Mais il n'y mentionne jamais la résurrection de Jésus. En outre, il adresse son épître "aux douze tribus qui sont dans la dispersion". Il ne l'adresse même pas aux "Chrétiens" ou aux "saints" qui sont parmi ces douze tribus. Nous devons en conclure que Jacques était du monde, et non de Dieu ! Il n'est nulle part écrit qu'il se soit converti, ou qu'il ait accompli le moindre miracle. Il n'est pas dit clairement qu'il ait parlé en langues.

(NDT : Puisque les "frères de Jésus" faisaient partie des 120, le jour de la Pentecôte, et que "tous" parlèrent en langues, on doit en déduire que Jacques a aussi parlé en langues avec les autres. Mais on peut parler en langues, et rester aussi un Chrétien légaliste).

Bref, il n'est écrit nulle part dans la Bible que Jacques s'est repenti et qu'il a changé d'attitude. Malgré cela, son influence n'a cessé de grandir dans l'Eglise de Jérusalem. Vers le milieu du récit des Actes, nous voyons que même Pierre eut peur de lui ! (Galates 2 :12). Pierre, qui n'avait pas eu peur de quitter son bateau pour marcher sur l'eau, qui n'avait pas craint de couper l'oreille du serviteur du Souverain Sacrificateur, qui avait osé violer les lois juives pour manger avec Corneille, en est venu à craindre Jacques ! C'est extraordinaire de le réaliser !

Beaucoup affirment que Jacques était forcément converti, puisqu'il était à la tête de l'Eglise de Jérusalem. Mais un tel argument ne mène nulle part. Ce n'est pas la position de quelqu'un dans l'Eglise qui prouve sa foi. En fait, en imaginant comment doit raisonner Satan, je crois qu'il doit tout faire pour placer ses serviteurs à la tête de toutes les églises, de toutes les dénominations, et de tous les conseils diaconaux et presbytéraux ! Certes, il n'y est pas parvenu, mais vous pouvez être certains qu'il ne relâche pas ses efforts, et qu'il a même obtenu certains succès dans ce domaine ! Je concède donc volontiers que Jacques était sans doute "sauvé". Mais l'Ecriture ne nous dit nulle part qu'il ait été autre chose que ce qu'il dit lui-même être dans son épître, un "serviteur de Jésus-Christ".

En étudiant le Livre des Actes et l'ascension de Jacques, à la lumière de tout ce que l'Ecriture nous dit de lui, nous obtenons une image bien différente de celle qui est communément admise. Au lieu de nous efforcer d'harmoniser les paroles et les actions de Jacques avec celles de Paul, nous devons réaliser que le contraste entre ces deux hommes est absolu. Paul était un homme qui marchait par l'esprit. Jacques était un homme qui marchait par la chair.

Vous pourriez me dire : "Comment tous les Chrétiens de Jérusalem ont-ils pu être trompés par Jacques ?" La réponse est simple : ils n'ont pas été trompés ! Ils ont choisi de marcher par la chair, au lieu de marcher par l'esprit ! Qui aurait pu mieux les conduire dans la chair que le propre frère de Jésus "dans la chair" ? En fait, le nom de Jacques vient de l'hébreu "Jacob", qui signifie "celui qui supplante" !

Jacques représente le premier cas manifeste de népotisme dans l'Eglise. Le fait que les Juifs aient appelé les Chrétiens "la secte des Nazaréens" (Actes 24 :5) implique qu'ils avaient associé Jésus et Ses frères dans un même groupe, et appelé leur mouvement "la secte des Nazaréens". Si ce mouvement avait été reconnu comme étant dirigé par Jésus-Christ seul, il aurait été appelé "la secte du Nazaréen". Rappelez-vous aussi que de nombreux Chrétiens avaient été forcés de fuir Jérusalem après la mort d'Etienne. L'ascension de Jacques au sein de l'Eglise de Jérusalem s'est produite après le départ de ces Chrétiens. Il est évident que Jacques est resté à Jérusalem. Est-ce qu'Ananias et Saphira ont essayé d'impressionner Jacques, en mentant au sujet de leur offrande ? Est-ce que Jacques aurait pu être le chef de la faction des "Hébreux" mentionnée dans Actes 6 :1 ? Je ne connais pas les réponses à ces questions. Mais, depuis que j'ai commencé, il y a dix ans, à m'intéresser à Jacques, j'ai compris beaucoup de choses que je n'avais pas comprises auparavant dans les Ecritures. Peut-être même que l'Ecriture donne des réponses à ces questions. Nous passons bien souvent à côté de la vérité, parce que nous ne nous attendons pas à la trouver. A mesure que nous nous attendons davantage à découvrir la vérité, nous nous rendons compte que Dieu avait déjà répondu à nos questions, mais que nous n'avions pas encore découvert ces réponses.

Avant de retourner à Actes 12, je voudrais parler d'un autre fait concernant les frères de Jésus. Jean 19 nous décrit la crucifixion de Jésus. Au verset 26, Jésus confie Sa mère, Marie, aux soins "du disciple que Jésus aimait". Selon la Loi juive, c'était le fils aîné qui avait la responsabilité de prendre soin de sa mère, lorsque le père était mort ou absent, ce qui était le cas de Joseph. Jésus S'acquitte de Son devoir, mais nous devons nous poser la question suivante : "Pourquoi Jésus n'a-t-Il pas confié Sa mère à Jacques, ou à l'un de ses autres frères ?" Ils étaient certainement présents, et Jacques est pourtant devenu le chef de l'Eglise de Jérusalem quinze années plus tard.

La réponse à cette question semble évidente. Jésus ne faisait pas confiance à Ses frères pour qu'ils prennent soin de Sa mère. Il faut aussi noter que, bien que Jacques ait fait partie des 120 qui priaient avant la Pentecôte, il n'a pas été choisi pour remplacer Judas, et il ne bénéficiait pas d'une grande considération. Ce fait est d'autant plus significatif que nous voyons Jacques prendre la tête de l'Eglise de Jérusalem, quinze années plus tard.

Nous verrons, dans la suite du Livre des Actes, que Jacques se hisse à une position où il sera en mesure de contrôler toute l'Eglise de Jérusalem. Lui qui pensait que Jésus était fou, lui qui n'a pas été choisi par Jésus comme apôtre, lui qui n'avait même pas la confiance de Jésus pour prendre soin de sa mère, lui qui n'a pas été jugé digne de prendre la place de Judas, est finalement devenu le chef de l'Eglise de Jérusalem.

En conclusion, dans Actes 12, nous constatons que l'Eglise de Jérusalem, dans sa majorité, est devenue une Eglise incrédule. La fidélité au Seigneur a été remplacée par le souci du "politiquement correct". Pierre doit à présent rendre des comptes à Jacques et "aux frères", mais il quitte ensuite la ville. Nous voyons que le peuple d'Israël en arrive à considérer Hérode comme un dieu, au point qu'un ange du Seigneur doive venir le frapper. Barnabas et Saul quittent Jérusalem, après avoir donné "aux anciens" le produit de la collecte faite à Antioche, lors de la famine. Nous sommes alors en 45, quinze années après le début de l'ère de l'Eglise.