A247. Les deux voies de l'Eglise primitive (4).

Par David A. Anderson. L'original peut être consulté en anglais à l'adresse suivante :

http://www.en.com/users/anders/chapter2.html

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées. Publié originellement en anglais en 1997, revu et corrigé en 1999. Adresse de l'auteur : David A. Anderson, 924 Richmond Road, Lyndhurst, OHIO 44124 (USA). E-mail : anders@en.com

Nous publions ici, sous forme d'une série d'articles, et avec l'accord de l'auteur, un livre écrit par David Anderson. Ce livre nous semble éclairer particulièrement bien le conflit qui existait au sein de l'Eglise primitive entre la loi et la grâce, les partisans de la loi étant conduits par Jacques, le frère du Seigneur, et ceux de la grâce par l'apôtre Paul. Ce livre est parfaitement d'actualité, car le même conflit peut toujours être observé dans l'Eglise aujourd'hui. Il continue d'opposer ceux qui marchent selon la chair et ceux qui marchent selon l'esprit. La publication complète de cet ouvrage s'étalera sur plusieurs semaines, d'autres articles pouvant aussi être publiés en même temps.

Chapitre 3 : Une croissance sans précédent.

"Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s'augmenta d'environ trois mille âmes… Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Eglise ceux qui étaient sauvés… Cependant, beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole crurent, et le nombre des hommes s'éleva à environ cinq mille… La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un cœur et qu'une âme. Nul ne disait que ses biens lui appartinssent en propre, mais tout était commun entre eux… Car il n'y avait parmi eux aucun indigent : tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu'ils avaient vendu… Le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes, s'augmentait de plus en plus… En ce temps-là, le nombre des disciples augmentant… La parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre des disciples augmentait beaucoup à Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissaient à la foi" (Actes 2 :41,47 ; 4 :4,32,34 ; 5 :14 ; 6 :1, 7).

Le jour de la Pentecôte, cinquante jours après la crucifixion de Jésus-Christ, Dieu annula les effets de la division des langues, qu'Il avait provoquée deux mille ans plus tôt, du temps de Nemrod (Genèse 10 :8 à 11 :9). Les apôtres furent tous remplis du Saint-Esprit, et commencèrent à parler en des langues qu'ils n'avaient jamais apprises. Ils parlèrent selon que Dieu leur donnait l'inspiration. Ils ne comprenaient pas les langues qu'ils prononçaient, mais les "multitudes" (Actes 2 :6) les entendirent parler des "merveilles de Dieu" (Actes 2 :11).

Ils parlèrent tous en langues.

La division des langues, du temps de Nemrod, avait empêché, ou tout au moins limité, le développement de l'impiété. A présent, ces nouvelles langues (des langues d'anges ou d'hommes, selon 1 Cor. 13 :1), permettraient d'assurer le développement de la piété et de la sainteté dans le monde entier. Les apôtres parlèrent en langues.

Il y avait à Jérusalem, réunis pour la Fête de la Pentecôte, des Juifs venant de toutes les nations de la terre. Beaucoup d'entre eux avaient dû rester à Jérusalem, depuis la Fête de la Pâque, cinquante jours auparavant, et avaient pu être témoins de la crucifixion. Tous les Juifs âgés de plus de treize ans devaient assister aux Fêtes de la Pâque et de la Pentecôte. Seuls les malades et les infirmes étaient dispensés de cette obligation.

Tous les Juifs pieux étaient donc là, "Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l'Egypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes", tous entendirent les apôtres et les disciples parler dans leur propre langue des merveilles de Dieu !

Ils assistèrent à un miracle sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Pour eux, ce miracle représentait une preuve indiscutable que Jésus-Christ était réellement ressuscité d'entre les morts. Ils pouvaient entendre des Galiléens sans instruction parler des merveilles de Dieu dans des langues qui leur étaient inconnues. Nous ne savons pas ce qu'ils ont dit, mais ils ont certainement dû parler de l'œuvre la plus merveilleuse de Dieu, c'est-à-dire de la résurrection de Jésus-Christ !

Ainsi commença une ère nouvelle. Certains tentèrent de nier ce miracle, en prétendant que les disciples étaient ivres. Mais tous ceux qui les entendaient parler des merveilles de Dieu, dans des langues comprises de tous les auditeurs, savaient bien que les disciples et les apôtres n'avaient pas appris ces langues. Le miracle était donc indéniable. Quel grand jour dans l'histoire du monde !

Jésus leur avait promis qu'ils seraient revêtus de la puissance d'en haut, et voilà que cette promesse s'était accomplie ! L'ère de la nouvelle nature avait commencé ! L'Eglise du Corps de Christ venait d'être créée ! L'ère de la grâce, gardée secrète depuis la fondation du monde, était à présent manifestée ! Ce même jour, Jésus-Christ déversa Son Esprit sur près de trois mille âmes. Pierre leur dit, dans Actes 2 :33, en parlant de Jésus-Christ : "Elevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis, et il l'a répandu, comme vous le voyez et l'entendez".

Est-ce que les trois mille ont aussi parlé en langues, pour que tous les entendent parler des merveilles de Dieu ? Je ne le sais pas. Mais Dieu avait fait du bon travail, à l'époque de Nemrod, en confondant les langues, de sorte que tous se mirent à parler des langues que leurs voisins ne comprenaient pas. Ce que Dieu avait fait peut encore s'observer aujourd'hui, car les langues existantes sont très nombreuses. Cela correspond donc à la nature de Dieu, de vouloir défaire ce qu'Il avait fait, à présent qu'une ère nouvelle avait commencé. Il avait fallu attendre deux mille ans, mais la confusion provoquée par la tour de Babel finit par céder la place à un ordre nouveau, dans le Temple de Jérusalem.

Il est écrit dans Actes 5 :32 : "Nous sommes témoins de ces choses, de même que le Saint-Esprit, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent". Cela peut nous suggérer que le parler en langues était très répandu à cette époque. Comme les apôtres, à cette occasion, étaient traduits en jugement devant le Sanhédrin, ce qu'ils ont dit a dû être parfaitement compris par les membres du Sanhédrin. Les apôtres faisaient sans doute référence au parler en langues, en faisant cette déclaration. Sinon, de quelle autre manifestation du Saint-Esprit auraient-ils pu parler ? Le parler en langues était sans aucun doute un témoignage de la résurrection de Jésus-Christ. On le voit, aussi bien dans le récit d'Actes 2, le jour de la Pentecôte, que dans celui de l'effusion du don du Saint-Esprit sur Corneille et sa maison, dans Actes 10 :44-46. Pierre et les six Juifs convertis qui étaient avec lui étaient étonnés, parce qu'ils entendaient des Gentils parler en langues. C'est sans doute de ce témoignage, donné par le Saint-Esprit, dont parle Actes 5 :32.

La suite du Livre des Actes, tout comme les épîtres de Paul, nous montrent que le parler en langues était fréquent dans l'Eglise. Aujourd'hui encore, il est évident que le parler en langues est toujours fréquent dans l'Eglise. Le Saint-Esprit, que Jésus-Christ a répandu dès le premier jour de l'ère de l'Eglise, continue à être répandu aujourd'hui sur tous ceux qui croient. "Jésus-Christ est le même, hier, aujourd'hui et éternellement" (Hébreux 13 :8).

Les conséquences de ce premier jour de l'Eglise.

A Jérusalem, ce premier jour de l'Eglise a eu, sur l'histoire du monde, des effets que l'on ne saurait sous-estimer. Jésus-Christ a commencé à répandre Son Esprit, et continue à le faire aujourd'hui. Comme Pierre le disait à la multitude : "Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera" (Actes 2 :39). Jésus-Christ ne S'est pas contenté de déverser Son Esprit sur Ses enfants, en les laissant ensuite seuls. Il a continué à déverser sur eux sagesse, connaissance, révélation, correction et puissance, avec tout ce qui leur était nécessaire. Lui, qui est la Tête agissante, veut pourvoir à tous les besoins de Son Corps (voir Ephésiens 1 :17-23).

L'homme n'avait plus besoin de s'efforcer en vain de construire une échelle pour lui permettre de grimper dans la présence de Dieu. Il pouvait à présent accepter l'œuvre parfaite et suffisante de Jésus-Christ. Il pouvait accepter de prendre Jésus-Christ comme son Sauveur et Seigneur, ce qui lui permettrait de recevoir gratuitement une nouvelle nature. Dans cette nature, Jésus-Christ pouvait lui donner Sa justice. Cette nouvelle nature ne serait pas reçue sur la base de mérites quelconques, mais comme un don de Dieu. Elle n'était due qu'à la faveur et à la grâce de Dieu. Dans cette nouvelle nature, le Chrétien pouvait recevoir des capacités inconnues jusque-là. Il pouvait à présent avoir Dieu pour Père, au lieu de L'avoir devant lui comme un Etranger tout-puissant et exigeant. Il pouvait s'approcher de Dieu comme un fils s'approche de son père, sans aucun sentiment d'inadéquation, d'infériorité ou de condamnation. Dans cette nouvelle nature, la timidité était remplacée par l'assurance, et la crainte par l'amour.

Bref, ceux qui venaient à Dieu par Jésus-Christ occupaient une position spirituelle très semblable à celle qu'occupaient Adam et Eve avant la chute. Mais il y avait une grande différence : l'homme avait à présent un médiateur, un défenseur, un protecteur et un avocat, Jésus-Christ le Juste. Contrairement à Adam et Eve, qui avaient reçu leur nature spirituelle sous condition, ceux qui recevaient de Jésus-Christ leur nouvelle nature spirituelle pouvaient l'avoir sans conditions. Elle ne leur serait pas reprise, elle ne pouvait pas être perdue. Le don de Dieu était éternel. Le don de Dieu, c'était la vie éternelle !

Adam et Eve avaient été créés avec une nature spirituelle parfaite. Mais il y avait une condition pour la conserver. Ils n'ont pas rempli cette condition, et ont donc perdu leur nature spirituelle. Quand Jésus-Christ est venu, les hommes étaient morts dans leurs péchés et leurs offenses. Mais tous ceux qui croient en Jésus-Christ sont rendus à la vie, et reçoivent une nouvelle nature. Ce don est inconditionnel (voir Ephésiens 2 :4-9). Le choix d'Adam et d'Eve était simple : il leur fallait obéir à Dieu ou mourir. Après la résurrection de Jésus-Christ, le choix de l'homme est devenu le suivant : accepter Jésus-Christ comme Sauveur et Seigneur et recevoir la vie, ou refuser de L'accepter, et demeurer mort dans ses péchés et ses offenses.

Après avoir reçu le don du Saint-Esprit, ceux qui avaient cru en Jésus-Christ étaient aussi placés devant un choix, car ils se trouvaient à présent avec deux natures, l'ancienne nature, et la nouvelle. Les Chrétiens devaient donc choisir dans quelle nature ils allaient marcher, et quelle nature ils allaient ignorer. Ils pouvaient choisir de marcher dans la nouvelle nature, ou choisir de marcher dans l'ancienne nature. Ils pouvaient permettre à l'ancienne nature de les séduire et de les tromper. Ils pouvaient se lasser d'être "en Christ", et être repris par les ruses de l'ancienne nature. Mais ils pouvaient aussi vaincre ces ruses et ces tromperies, s'ils le voulaient, par la puissance de Dieu qui est inhérente à leur nouvelle nature.

Après le jour de la Pentecôte, on voit clairement que ceux qui sont passés par la "nouvelle naissance" pouvaient choisir de marcher par la chair, ou par l'esprit. Certains choisirent de retourner "à ces faibles et pauvres rudiments" (Galates 4 :9) et de se remettre dans l'esclavage. Ils se sont remis sous la puissance de la "loi du péché et de la mort", loi qui gouvernait l'ancienne nature. Ils se sont donc focalisés sur le péché, au lieu de se focaliser sur le Sauveur du péché, Jésus-Christ. Ce faisant, au lieu de se concentrer sur la vie, ils se sont concentrés sur la mort, car "l'aiguillon de la mort, c'est le péché ; et la puissance du péché, c'est la loi" (1 Cor. 15 :56). Ils voulaient un "salaire" pour leurs "œuvres", et n'ont pas persévéré dans la réalité de la "loi de l'esprit de vie en Jésus-Christ", qui les avait libérés de la loi du péché et de la mort (Rom. 8 :2). Ils n'ont pas "professé la vérité dans l'amour". Comme le dit Paul, "le salaire du péché, c'est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur" (Rom. 6 :23). Ces Chrétiens sont retournés à la première partie de ce verset, au lieu de persévérer dans le don gratuit de Dieu.

Ils ont cru qu'ils pouvaient s'appuyer sur la Loi de Dieu, en pensant qu'elle était forte. Mais la loi était faible, elle était rendue impuissante par la chair (Rom. 8 :3). La Loi ne pouvait que régler son compte à l'ancienne nature. En revanche, la grâce était puissante, parce que l'homme pouvait accéder à une nouvelle nature. Cette nouvelle nature se nourrit de la grâce de Dieu. La puissance de la grâce ne peut être appréciée que par ceux qui marchent selon la nouvelle nature. L'ancienne nature ne connaît que la puissance de la chair. Comme l'a écrit Paul : "l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas", et "l'homme animal (charnel) ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement qu'on en juge". Seule la nouvelle nature peut comprendre cette instruction : "Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien" (Rom. 12 :21).

L'ancienne nature affirme que le mal est plus fort que le bien. La nouvelle nature sait que le bien est plus fort que le mal. Ceux qui sont justes, et qui marchent dans la puissance de la nouvelle nature, font le bien, parce que c'est dans leur nouvelle nature de le faire. Les impies, qui sont conduits par leur ancienne nature, ou ceux qui ont reçu une nouvelle nature, mais qui sont retournés "à ces faibles et pauvres rudiments", s'efforcent de faire le bien pour améliorer leur nature. Mais ils échouent invariablement dans leurs efforts, ce qui leur fait croire que le mal est plus fort que le bien.

La taille de l'Eglise.

Avec l'effusion du Saint-Esprit décrite dans le Livre des Actes, il se produisit un changement extraordinaire, sans équivalent dans l'histoire du monde. L'Evangile se répandit comme un feu de forêt qui échappe à tout contrôle. Il a continué à se répandre tout au long de l'histoire, jusqu'à aujourd'hui.

Quand ils entendirent les merveilles de Dieu dans leur propre langue, dès le premier jour de l'ère de l'Eglise, beaucoup de Juifs pieux du monde entier, qui s'étaient réunis à Jérusalem, crurent que Jésus-Christ était le Messie. Près de trois mille âmes furent sauvées en un seul jour. Par la suite, le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Eglise tous ceux qui étaient sauvés (Actes 2 :47).

Certains prennent plus de temps pour se décider que d'autres. Pourtant, bien souvent, quand ils finissent par se décider, ils ont des convictions plus fermes que ceux qui se décident rapidement. Si trois mille autres personnes ont peut-être été sauvées le lendemain de la Pentecôte, ils pouvaient donc être encore plus profondément convaincus que ceux qui s'étaient convertis la veille. Si trois mille personnes furent sauvées le premier jour, comme il est écrit dans Actes 2, il est très probable que ce nombre a continué à croître dans les jours qui suivirent, et qu'il n'a pas décliné. On avait assisté à un puissant miracle le jour de la Pentecôte, miracle dont les effets n'allaient pas s'éteindre en quelques jours !

Il ne faut pas oublier que, cinquante jours auparavant, tout Israël avait été secoué par les événements entourant la mort et la résurrection de Jésus-Christ. L'Evangile de Luc (Luc 23 :44) nous dit que les ténèbres envahirent la terre au moment de la crucifixion de Jésus, et que ces ténèbres ont duré trois heures. Un tel événement suffisait déjà à choquer le monde ! Il n'allait pas être oublié si rapidement. De telles choses nous montrent que les trois mille convertis de la Pentecôte ne furent sans doute pas une exception, mais le début d'une immense vague de conversions.

Nous voyons ensuite, dans Actes 3, Pierre guérissant le boiteux à la Belle Porte du Temple. Suite à ce miracle, "beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole crurent, et le nombre des hommes s'éleva à environ cinq mille" (Actes 4 :4). Notez bien l'expression : "beaucoup de ceux qui avaient entendu la parole crurent". Cela indique que la majorité des auditeurs de l'Evangile, ou, tout au moins, qu'une large minorité d'entre eux, sinon une écrasante majorité, se sont convertis. Il ne s'agissait pas de quelques conversions isolées, en réponse à la prédication de la Parole de Dieu.

Nous en concluons que la Parole de Dieu fut reçue avec avidité. Les gens n'eurent aucun mal à admettre qu'un miracle avait été accompli. Le discours de Pierre, après ce miracle, montre bien qu'il s'agissait d'une puissante manifestation de l'Esprit de Dieu. Il ne s'agissait pas d'un événement isolé et vite oublié. Le nombre des hommes qui se convertirent atteignit cinq mille. Il faut ajouter à ce chiffre le nombre des femmes et des enfants. Cela signifie que peut-être dix à quinze mille personnes se convertirent à la suite de la guérison du boiteux. Ce miracle suivait de près celui de la Pentecôte. Mais il y eut bien d'autres miracles à Jérusalem, car il est écrit : "La crainte s'emparait de chacun, et il se faisait beaucoup de prodiges et de miracles par les apôtres" (Actes 2 :43).

Certains traducteurs soulignent que les cinq mille hommes mentionnés dans Actes 4 :4 représentent le total des hommes convertis depuis le jour de la Pentecôte. Mais une telle interprétation ne rend pas justice à la magnitude des événements qui se passaient à Jérusalem. Luc, l'auteur des Actes, n'a pas réellement compté le nombre de tous les convertis à un moment précis. Nous ne savons donc pas à quel moment exact s'est opérée la guérison du boiteux.

En outre, l'Ancien Testament nous explique en détail que le peuple de Dieu ne devait jamais s'appuyer sur la force des nombres pour évaluer sa puissance. Dieu était sa puissance. Toutefois, Luc cite souvent des chiffres dans son Evangile et dans le Livre des Actes, pour souligner l'importance de ces événements. Par exemple, quand Jésus a nourri les cinq mille hommes (Luc 9 :14). Il est donc probable que, dans Actes 4 :4, les cinq mille hommes dont parle Luc se soient convertis à la suite de la guérison miraculeuse du boiteux, et qu'il ne s'agit pas du chiffre total des hommes convertis depuis le jour de la Pentecôte.

D'autres ont fait remarquer que si Luc avait voulu indiquer la taille totale de l'Eglise à ce moment-là, il aurait sans doute continué à le faire par la suite. Mais il ne donne plus de détails chiffrés dans d'autres passages des Actes. Il se contente de dire que des "multitudes" se sont converties ici ou là, "toute une cité" encore ailleurs, ou "un grand nombre de sacrificateurs" à un autre moment. Il souligne donc la magnitude de chaque événement, sans jamais chiffrer la taille globale de l'Eglise.

Enfin, les déclarations du Souverain Sacrificateur indiquent que la croissance de l'Eglise ne diminuait pas, mais au contraire qu'elle s'accélérait. Il déclare : "Il est manifeste pour tous les habitants de Jérusalem qu'un miracle signalé a été accompli par eux, et nous ne pouvons pas le nier" (Actes 4 :16), et encore : "Et voici, vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement" (Actes 5 :28).

Pour toutes ces raisons, je crois que les "cinq mille hommes" dont parle Luc ne font pas référence au nombre total d'hommes convertis depuis le début, mais au nombre d'hommes convertis à la suite de la guérison du boiteux, et du discours de Pierre ce jour-là.

L'Eglise bouleverse Jérusalem.

En comparant le récit du boiteux de naissance guéri par Pierre (Actes 4) à celui de l'aveugle de naissance guéri par Jésus (Jean 9), nous voyons que Jérusalem a complètement changé entre ces deux événements. Dans le récit de l'Evangile, Jésus guérit un aveugle de naissance, et les chefs religieux firent tout ce qu'ils purent pour étouffer ce miracle. Il est écrit dans Jean 9 :9 : "Les uns disaient : C'est lui. D'autres disaient : Non, mais il lui ressemble. Et lui-même disait : C'est moi". Cela donna aux chefs religieux la possibilité de nier ce miracle. Mais dans le récit des Actes, les chefs religieux eurent beaucoup plus de mal à étouffer le miracle du boiteux. Car Jérusalem avait complètement changé. Vous pouvez parier tout ce que vous voulez que le Souverain Sacrificateur et ses acolytes du Sanhédrin firent de leur mieux pour tenter de nier ce miracle. Mais cela leur fut impossible ! Tout le monde était au courant à Jérusalem !

Dans Actes 4 :21, après la comparution de Pierre et de Jean, il est écrit que les chefs d'Israël "leur firent de nouvelles menaces, et les relâchèrent, ne sachant comment les punir, à cause du peuple, parce que tous glorifiaient Dieu de ce qui était arrivé".

Réfléchissez un moment aux bouleversements qu'avait subis Jérusalem en si peu de temps ! L'homme qui avait été guéri était boiteux depuis avant la naissance de Jésus. Il est écrit qu'il était amené chaque jour à la Belle Porte du Temple, pour demander l'aumône à tous ceux qui entraient dans le Temple. Ceux qui sont en bonne santé peuvent aller où ils veulent, tandis que cet homme, qui était âgé de plus de quarante ans, ne pouvait aller nulle part sans qu'on le porte. On l'installait là tous les jours, sans doute depuis bien longtemps, et c'était un homme très connu.

Jésus est sans doute passé auprès de lui bien souvent quand Il Se rendait au Temple. Il n'y avait certainement aucun autre homme en Israël qui fût autant au courant de tout ce qui se passait dans le Temple que ce boiteux. Il se peut même qu'il ait déjà été là lorsque Jésus, à l'âge de douze ans, discutait avec les scribes du Temple. Ce boiteux devait alors avoir environ vingt ans.

Quand Pierre lui dit : "Au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche", et qu'il le prit par la main droite et le fit lever, ce boiteux a certainement dû se rappeler toutes les choses incroyables qui s'étaient passées à Jérusalem au cours des mois écoulés. Lorsque ses pieds et ses chevilles se redressèrent, quelle allégresse dut éprouver cet homme ! Quelle joie dut envahir tout Jérusalem à l'annonce de sa guérison ! C'était Jésus-Christ qui l'avait guéri !

Je peux imaginer tous ceux qui allaient de maison en maison pour annoncer la bonne nouvelle. Leurs épouses devaient leur demander : "Qu'est-ce que Jésus-Christ a encore fait aujourd'hui ?" Et ils répondaient : "Sais-tu qu'Il a guéri le boiteux de la Belle Porte ? Celui qui était là depuis si longtemps !" Elles devaient répondre : "C'est merveilleux !"

Un autre verset caractéristique concernant la situation de l'Eglise à ses débuts est Actes 2 :47. Ceux qui étaient sauvés "trouvaient grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Eglise ceux qui étaient sauvés". Les Chrétiens n'étaient pas considérés comme des parias ou des fanatiques. Ils étaient bien accueillis par tous ceux qui n'étaient pas encore sauvés. En vérité, Jérusalem avait bien changé !

Dans Actes 4 :32, il est écrit : "La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un cœur et qu'une âme. Nul ne disait que ses biens lui appartinssent en propre, mais tout était commun entre eux". Dans Actes 5 :14, nous lisons : "Le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur, hommes et femmes, s'augmentait de plus en plus". Et encore : "La parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre des disciples augmentait beaucoup à Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissaient à la foi" (Actes 6 :7).

Ainsi, tout au long des six premiers chapitres du Livre des Actes, qui couvrent une période d'environ cinq ans, est-il possible d'évaluer le nombre de tous ceux qui reçurent une nouvelle nature, à Jérusalem et dans le monde entier ? Cela a commencé par trois mille convertis dès le premier jour. Puis le Seigneur ajoutait chaque jour ceux qui étaient sauvés. Par la suite, il y eut encore cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants. Ajoutez à cela bien d'autres multitudes, puis une grande foule de sacrificateurs. Plus tard, le nombre des disciples augmentait toujours beaucoup. Quelle quantité de Chrétiens devait-il y avoir, après quelques années, dans le monde connu de l'époque ? Cinquante mille ? Cinq cent mille ? Cinq millions ?

Gardons bien à l'esprit l'essentiel : Au cours des cinq années qui ont suivi l'ascension de Jésus, une multitude de gens à Jérusalem avaient reçu le Seigneur Jésus et avaient été témoins de nombreux miracles, de grands prodiges et de grandes délivrances. Tous en avaient éprouvé une grande joie. En outre, d'autres multitudes avaient certainement entendu la Bonne Nouvelle dans tout le bassin méditerranéen, et dans toute l'étendue des empires de Rome et de Perse. Cinq années représentent une longue période. Il n'est pas réaliste de penser que les merveilles qui s'étaient passées à Jérusalem aient pu rester cachées au reste du monde. Les Juifs pieux qui se rendaient en masse à Jérusalem pour les fêtes juives, en rentrant chez eux, devaient raconter à tout le monde ce qu'ils avaient vu dans la ville sainte, les guérisons, les prodiges et les miracles. Le Messie était venu ! Les rangs du Judaïsme ont dû grossir considérablement, à mesure que les prosélytes et tous les hommes "craignant Dieu" venaient s'ajouter au peuple du Seigneur. Il est difficile de donner des chiffres précis à ce mouvement de fond.

Beaucoup de pèlerins sont rentrés chez eux après les diverses fêtes, et il n'est pas possible de mesurer précisément les effets de leur témoignage sur leurs communautés locales. Ce qui est certain, c'est que tous les habitants de Jérusalem avaient certainement entendu le message de l'Evangile, après cinq ans d'existence de l'Eglise. Ceux qui ne l'ont pas entendu sont ceux qui n'ont pas voulu l'entendre. Mais des multitudes d'habitants de Jérusalem ont cru au Seigneur.

Beaucoup d'entre eux se sont souvenus de ce qu'Hérode le Grand avait fait aux enfants de Bethlehem et de sa région, quand il vit que les mages n'étaient pas revenus le voir. Beaucoup avaient dû perdre leurs enfants à cette époque. Beaucoup ont dû se souvenir de Jean-Baptiste, qui avait été décapité par Hérode Antipas parce qu'il lui reprochait d'avoir pris la femme de son frère. Beaucoup se souvenaient de la crucifixion de Jésus. Ils se rappelaient sûrement les nombreux miracles accomplis par le Seigneur Jésus, soit parce qu'ils en avaient été les témoins, soit parce qu'ils en avaient entendu parler. Ceux qui n'ont pas cru au Seigneur sont donc ceux qui refusèrent de croire. Il ne s'agissait pas de gens innocents qui n'avaient jamais eu l'occasion de croire. L'incrédulité de ceux qui refusent de croire est différente de l'incrédulité de ceux qui n'ont jamais eu l'occasion d'entendre la Bonne Nouvelle.

Quelle était l'importance de la ville de Jérusalem ?

Bref, cinq ans après la Pentecôte, tout Jérusalem devait parfaitement savoir ce que Jésus-Christ était venu faire, et ce qu'Il faisait depuis le début de la création de l'Eglise. La ville était remplie de gens qui croyaient au Seigneur.

Quelle était la taille de la ville de Jérusalem ? Le Livre des Actes ne nous fournit aucune donnée précise. Certaines données historiques sont même conflictuelles. L'historien Josèphe affirme que deux cent mille personnes vivaient à Jérusalem au temps de Jésus. Tacite nous parle de six cent mille. Certains auteurs plus récents parlent de cinquante mille.

La ville faisait environ 6,4 kilomètres de circonférence. Certains disent que l'expansion démographique de la ville était limitée, en raison des problèmes d'approvisionnement en eau. Mais la ville possédait un système sophistiqué d'adduction d'eau. La quantité totale de l'eau qui pouvait être stockée dans les diverses piscines et citernes dépassait quarante millions de litres, sans compter l'eau provenant des sources et des rivières ou ruisseaux. Il est donc difficile d'imaginer que la ville n'avait que cinquante mille habitants, notamment au regard des "multitudes" dont parle le Livre des Actes.

En comparaison, Rome avait environ un million d'habitants, dont 60 à 80.000 Juifs. Cinquante-cinq millions de personnes vivaient dans tout l'empire romain à l'époque de la naissance de Jésus. Selon Saint Jean Chrysostome, deux cent mille personnes vivaient à Antioche au quatrième siècle (sans doute sans compter les esclaves). Et Antioche rivalisait avec Damas comme centre politique et commercial. Antioche se trouvait à l'intersection de quatre voies commerciales très importantes. Elle était appelée "la Rome de l'Orient". Chrysostome affirmait aussi que cent mille Chrétiens vivaient à Antioche à l'époque de l'empereur Théodose (350-400 après Jésus-Christ). A Alexandrie, seconde ville de l'empire romain, deux des cinq sections de la ville étaient entièrement composées de Juifs. Avec une telle quantité de Juifs qui vivaient à Rome, à Alexandrie et dans d'autres cités méditerranéennes, il est difficile d'imaginer qu'il n'y avait que 50.000 Juifs à Jérusalem.

De toutes manières, comme Tacite était un historien Romain, et Josèphe un historien Juif, les chiffres de Josèphe sont sans doute plus proches de la vérité, en ce qui concerne la population de Jérusalem. En outre, Tacite écrivait autour de l'an 100, après la destruction de Jérusalem. Jérusalem n'était plus la ville qu'avait pu observer Josèphe, lui qui était sacrificateur, et qui avait vécu à Jérusalem depuis sa naissance, en 37 après Jésus-Christ, jusqu'à la destruction de la ville, en 70. Il est donc probable que son estimation de 200.000 habitants soit la plus exacte. Si nous considérons le fait que 6 % de la population de Rome était Juive, et si nous estimons que l'empire romain comprenait à peu près le même pourcentage de Juifs, nous obtenons une population totale d'environ 3.350.000 Juifs dans tout l'empire romain au cours du premier siècle après Jésus-Christ. Si nous estimons qu'il devait y avoir à peu près autant de Juifs vivant dans l'empire Perse et dans d'autres régions du monde de l'époque, nous aboutissons à un total de 6.500.000 Juifs. Si 200.000 d'entre eux vivaient à Jérusalem, cela représentait trois pour cent de l'ensemble des Juifs de l'époque, ce qui n'est pas un chiffre déraisonnable. (NDT : Cela correspond à peu près au pourcentage actuel de Juifs vivant à Jérusalem, par rapport à la population juive mondiale).

On doit aussi mentionner que Josèphe rapporte que le gouverneur romain de Syrie Cestius exigea du Souverain Sacrificateur un recensement, afin de convaincre l'empereur Néron de l'importance de Jérusalem. Néron fut empereur de 54 à 68. Le Souverain Sacrificateur s'acquitta de sa tâche en faisant dénombrer le nombre d'agneaux sacrifiés pour la Pâque. Il dénombra ainsi 256.500 agneaux. Si l'on compte dix personnes par agneau en moyenne, cela représente environ 2.500.000 personnes réunies à Jérusalem pour la Fête de la Pâque cette année-là. Ce chiffre est raisonnable, par rapport au nombre total de 6.500.000 Juifs que nous venons d'évaluer.

Il faut aussi noter que les pèlerins n'étaient pas tous obligés de demeurer à Jérusalem, mais pouvaient résider à une distance "d'un chemin de sabbat" de la cité, soit 1,2 kilomètre. Si la population habituelle était de 200.000 personnes, la ville devait être remplie de gens, qui couchaient sur les terrasses ou campaient dans les champs hors des murs.

Pour empêcher que le lecteur soit trop impressionné par la perspective du sacrifice de 265.000 agneaux dans le Temple, on doit aussi remarquer que le Temple occupait une surface carrée d'environ 300 mètres de côté, soit près de neuf hectares. Dans le Temple, vingt-quatre classes de sacrificateurs et autant de classes de Lévites servaient à tour de rôle dans le Temple, mais toutes les classes étaient convoquées pour la Pâque. Il y avait environ 5.000 sacrificateurs et 7.000 Lévites vivant à Jérusalem et dans les environs, à l'époque du Livre des Actes.

Compte tenu de ces faits et de ces estimations, il devrait être clair que l'effusion du Saint-Esprit, le jour de la Pentecôte, et la croissance de l'Eglise, au cours des cinq premières années de son existence, durent avoir un effet extraordinaire, non seulement dans Jérusalem, mais dans tout le monde Juif de l'époque.

Si cela fut bien la cas, pourquoi Jérusalem n'a-t-elle pas fini par surpasser toutes les autres cités du monde, en puissance et en prestige ? Qu'est-ce qui a pu freiner ce mouvement et cette croissance ?

Nous voyons dans toutes les Ecritures que "la justice élève une nation, mais le péché est la honte des peuples" (Prov. 14 :34). Quel péché, et quelle injustice, ont-ils pu s'infiltrer dans Jérusalem pour freiner l'expansion de la Bonne Nouvelle ?

Il est vrai qu'environ douze ans après la mort de Jésus, en l'an 41, Jérusalem était à nouveau une cité royale, sous le règne d'Agrippa I. Israël n'avait été une nation indépendante pour la dernière fois que sous le régime des Maccabées, en 161 avant Jésus-Christ. Mais cette indépendance avait été de courte durée, à peine trois ans. Le roi Agrippa mourut en 44 après Jésus-Christ (voir Actes 11 :20-23). La nation fut à nouveau divisée et soumise à l'autorité de Rome. Non seulement Israël avait perdu son autonomie, mais une sévère famine survint en 46.

Que s'était-il passé à Jérusalem ? Quelle tumeur cancéreuse avait éteint la vie de cette cité, à peine quarante ans après l'effusion du Saint-Esprit, au point qu'elle soit réduite à néant ? Jérusalem fut détruite dans les tous les domaines, physique, politique, religieux et économique. En tant que nation, Israël fut rayé de la carte, et n'allait revivre que plus de mille neuf cents ans plus tard.

Les dirigeants de Jérusalem ne peuvent pas arrêter le développement de l'Eglise.

Pouvons-nous découvrir, dans les huit premiers chapitres des Actes, quelque chose qui puisse nous permettre de commencer à expliquer une telle déroute ? Nous avons vu qu'une multitude de personnes ont cru au Seigneur Jésus à Jérusalem. Il est clair que toutes ces personnes ne pouvaient pas être persécutées et anéanties par une petite minorité. Ceci est tout au moins hautement improbable.

Au chapitre 4 du Livre des Actes, nous voyons que les chefs religieux de la nation Juive font arrêter et emprisonner les apôtres. Mais ils ne purent rien faire d'autre que les menacer, à cause de la popularité de ces hommes. Ils ne purent nier le remarquable miracle qui s'était produit, lors de la guérison du boiteux de naissance, qui était resté avec ce handicap pendant plus de quarante ans.

En réponse à ces menaces, l'Eglise pria pour avoir encore plus d'assurance pour prêcher la Parole. Les Chrétiens demandèrent aussi à Dieu de confirmer Sa Parole par des guérisons, des signes et des miracles. Nous voyons la réponse de Dieu au chapitre cinq, qui décrit la plus merveilleuse période de toute l'histoire d'Israël !

Jamais auparavant la guérison miraculeuse avait été autant répandue ! C'était unique, excitant, extraordinaire, et enthousiasmant ! On peut résumer cette période en disant que la grâce de Dieu avait envahi Jérusalem. La Parole de Dieu était souveraine ! Jésus-Christ régnait sur la ville de Jérusalem ! Dans Actes 5 :16, il est écrit : "La multitude accourait aussi des villes voisines à Jérusalem, amenant des malades et des gens tourmentés par des esprits impurs ; et tous étaient guéris".

Jamais auparavant il n'y avait eu autant de guérisons et de délivrances en Israël. Cela dépassait même ce qui s'était passé lors de l'exode de l'Egypte ! Jérusalem atteignait le pinacle de son histoire ! S'il y avait eu des élections organisées à Jérusalem, et si les apôtres s'étaient présentés comme candidats, ils auraient été élus haut la main à n'importe quelle position ! Pierre était si populaire que les gens apportaient leurs malades le long des rues, dans l'espoir que son ombre les couvrirait et qu'ils seraient guéris !

Le Souverain Sacrificateur et ses partisans étaient indignés de tout cela, et firent jeter les apôtres en prison. Mais même cette action se retourna contre eux, par la puissance de Dieu, et couvrit de honte le Souverain Sacrificateur devant tout le peuple : le Seigneur envoya un ange pour délivrer les apôtres de leur prison. Ils retournèrent aussitôt au Temple pour enseigner le peuple.

Le Souverain Sacrificateur lui-même est l'un des meilleurs témoins de ce qui se passait alors à Jérusalem. Il déclare dans Actes 5 :28 : "Et voici, vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement !" A quel enseignement fait-il allusion ? Le verset 17 nous dit que le Souverain Sacrificateur s'appuyait surtout sur les Sadducéens. L'une des doctrines principales des Sadducéens était de dire qu'il n'y avait pas de résurrection d'entre les morts. Ils niaient toute intervention surnaturelle dans la vie des hommes. Or les apôtres avaient rempli Jérusalem non seulement de la réalité de la résurrection de Jésus-Christ, mais aussi de tout ce qui résultait de cette résurrection : les miracles, les délivrances, les guérisons, la joie, etc… Tout cela désignait clairement le Souverain Sacrificateur et son parti de Sadducéens comme des imposteurs. Car Jésus avait dit, après Sa résurrection : "Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre" (Matthieu 28 :18).

Au cours de Son ministère, Jésus-Christ fut surtout attaqué par les Pharisiens, concernant divers points de doctrine. A présent, les apôtres étaient surtout attaqués par les Sadducéens, parce qu'ils prêchaient que Jésus-Christ était ressuscité d'entre les morts. Tandis qu'il est clair qu'une grande partie des Pharisiens finit par croire en Jésus-Christ (voir Actes 5 :34, 15 :5 et 23 :9).

Le Souverain Sacrificateur et les Sadducéens étaient furieux de voir qu'ils perdaient le fondement de leur pouvoir. Cela signifiait aussi qu'ils allaient perdre leur source de revenus ! Comme aujourd'hui, l'amour de l'argent était une racine de tout mal ! Les revenus du Temple étaient très importants, et c'étaient ces dirigeants qui les contrôlaient. Ils refusèrent d'accepter la doctrine de Christ, et de soumettre leurs fonctions à ses préceptes. Ils voulaient continuer à contrôler fermement la vie des gens, car ils se considéraient comme l'autorité suprême. C'étaient eux qui étaient la Loi !

Le récit des Actes nous prouve que le peuple était à présent au courant de la résurrection de Jésus, avec tout ce que cela impliquait, et que personne à Jérusalem ne pouvait prétendre qu'il n'avait jamais eu l'occasion d'en entendre parler.

Dans Actes 5 :26, il est écrit que le Souverain Sacrificateur et ses partisans étaient rongés d'inquiétude, au point d'être convaincus qu'ils seraient eux-mêmes lapidés s'ils faisaient violence aux apôtres. Ils craignaient le peuple ! Imaginez dans quel état devaient se trouver les milieux dirigeants de Jérusalem, tout comme l'ensemble de la cité !

L'Eglise de Jérusalem prend le dessus.

Le peuple de Jérusalem avait accepté la réalité de la mort, de la résurrection et de l'ascension de Jésus-Christ, avec tout ce que cela impliquait. Les chefs religieux étaient parfaitement au courant de cela. Ils faisaient face à un choix très embarrassant : soit se soumettre (ce qui signifiait perdre la face et risquer de perdre leur position), soit trouver un moyen de récupérer leur autorité sur le peuple, sans perdre la face. Ce qui se passait à Jérusalem était sans précédent. Cela ne devait plus jamais se reproduire non plus, comme nous le verrons. Imaginez que tout le peuple soutenait tellement les apôtres, qu'ils auraient lapidé leurs propres dirigeants, si ceux-ci avaient fait le moindre mal aux apôtres !

Devant ces faits, il est peu probable que l'Eglise de Jérusalem ait pu être persécutée par une minorité de partisans du Souverain Sacrificateur. Nous devons donc chercher au sein même de l'Eglise la cause possible du déclin spirituel que l'on constate par la suite. Où se produisit la brèche qui permit aux forces de l'ennemi de reprendre l'avantage ?

Comment vivaient les Chrétiens ? Comment se sont-ils organisés ? Qui étaient parmi eux les principales personnalités, au cours des cinq premières années de l'Eglise ? Paul n'avait pas encore fait son apparition. Sa conversion, sur le chemin de Damas, n'est rapportée qu'au chapitre 9 des Actes. Qui étaient donc les dirigeants de l'Eglise ?

Actes 1 :2 parle des "apôtres que Jésus avait choisis". Ils étaient avec Jésus au moment de Son ascension. Au verset 13, tous les apôtres sont nommément désignés, sauf Judas, qui s'était pendu. Au verset 14, nous trouvons d'autres personnes, des femmes qui ne sont pas nommées, ainsi que Marie, la mère de Jésus, et les frères de Jésus. Les disciples, "d'un commun accord, persévéraient dans la prière". Le verset 15 mentionne qu'ils étaient environ 120. Il y avait manifestement plus de gens qui croyaient en Jésus-Christ à cette époque, mais il n'y en avait que 120 qui s'étaient réunis à Jérusalem, entre le jour de l'ascension et celui de la Pentecôte, dix jours plus tard. Par exemple, Jésus apparut à plus de 500 personnes à la fois, après sa résurrection (1 Cor. 15 :6). Puis Matthias fut choisi pour remplacer Judas.

Dans les cinq premiers chapitres des Actes, tous les miracles décrits n'ont été accomplis que par les apôtres. Mais cela n'implique nullement que d'autres Chrétiens n'aient pas accompli des miracles, ni qu'il n'y ait pas eu d'autres miracles que ceux qui sont mentionnés. Ce sont les apôtres qui sont les plus en vue dans l'Eglise. Dans Actes 2 :43, nous lisons : "La crainte s'emparait de chacun, et il se faisait beaucoup de prodiges et de miracles par les apôtres". Notez aussi qu'aux versets 44 et 45, "tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun". Les Chrétiens avaient à présent une vie qui transcendait l'abondance matérielle. Ils vendaient les biens qu'ils avaient en excédent, et ils savaient à qui il fallait les donner.

Au chapitre 3, nous voyons Pierre guérir le boiteux au Temple. Dans Actes 4 :33 il est écrit : "Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous". Le peuple apportait l'argent provenant des biens qu'ils avaient vendus, et le déposaient aux pieds des apôtres, qui les distribuaient à tous ceux qui en avaient besoin. Le verset 34 dit qu'il n'y avait parmi eux aucun indigent ! Tous les besoins de chacun étaient couverts, que ce soit directement, ou indirectement, par le moyen des apôtres.

Les chefs religieux s'efforcent de mettre un terme à la popularité des apôtres.

Il est écrit dans Actes 5 :12-13 : "Beaucoup de miracles et de prodiges se faisaient au milieu du peuple par les mains des apôtres. Ils se tenaient tous ensemble au portique de Salomon, et aucun des autres n'osait se joindre à eux ; mais le peuple les louait hautement". Puis nous voyons que les apôtres ont été arrêtés. Cette fois, tous les apôtres furent arrêtés, et pas seulement Pierre et Jean.

Actes 5 :26 nous montre que la puissance de la nouvelle communauté chrétienne commence à prévaloir à Jérusalem. On emmena les apôtres sans violence, car le commandant du Temple (l'homme le plus puissant après le Souverain Sacrificateur) et ses officiers craignaient le peuple. Ils étaient certains que le peuple allait les lapider, s'ils faisaient la moindre violence aux apôtres.

Là encore, nous voyons que les choses avaient bien changé à Jérusalem depuis la crucifixion de Jésus. Quand Jésus fut arrêté, rien ne prouve que le commandant du Temple et ses officiers aient été dans la crainte des réactions du peuple.

Il doit aussi être noté qu'à cette époque, c'était le parti des Sadducéens qui contrôlait le Sanhédrin, et que le parti des Pharisiens était minoritaire. Cela permet de comprendre pourquoi Gamaliel, un Pharisien, a pu prendre la défense des apôtres et pourquoi, au verset 17, seuls les Sadducéens aient été responsables de l'emprisonnement des apôtres.

Cela explique aussi pourquoi le Souverain Sacrificateur n'a pas écouté le conseil de Gamaliel, puisqu'il a fait battre de verges les apôtres. Au verset 40, il est écrit qu'ils se rangèrent à son avis. Il est clair que les membres du Sanhédrin craignaient pour leur vie, et qu'ils étaient surtout motivés par cette crainte. Au verset 33, nous voyons que les membres du Sanhédrin étaient furieux des paroles de Pierre, et qu'ils voulaient faire mourir les apôtres. Mais, après en avoir discuté entre eux, ils comprirent clairement qu'ils ne pouvaient pas le faire, à cause de la popularité des apôtres. Ils se contentèrent donc de les faire battre de verges, au lieu de les faire mettre à mort.

Il faut souligner très fortement que le dialogue entre Gamaliel et les autres membres du Sanhédrin était de nature purement politique. La décision la plus hardie qu'ils purent prendre fut de faire battre de verges les apôtres, car ils craignaient d'aller plus loin, en raison de la popularité de ces derniers. Il y a une grande différence entre l'emprisonnement de Pierre et de Jean dans Actes 4, et l'emprisonnement de tous les apôtres dans Actes 5. Dans Actes 4, les anciens, le Souverain Sacrificateur Ananias, Caïphe, le Souverain Sacrificateur précédent, Jean, Alexandre et tous les membres de la famille du Souverain Sacrificateur tinrent conseil pour essayer de trouver un motif d'accusation contre Pierre et Jean. Ils ne purent en trouver. Pierre et Jean furent donc emprisonnés, dans l'attente d'un procès. Mais, comme il n'y avait aucun motif d'accusation contre eux, le conseil n'eut pas d'autre choix que de les relâcher, en leur ordonnant de ne plus enseigner au nom de Jésus. Pierre et Jean étaient déjà trop populaires parmi le peuple de Jérusalem pour que le conseil puisse forger une fausse accusation contre eux (Actes 4 :21). Le Souverain Sacrificateur et sa famille de Sadducéens n'osèrent même pas accuser les apôtres d'avoir commis un crime en prêchant la résurrection de Jésus-Christ.

Dans Actes 5, en revanche, le conseil put accuser les apôtres d'insubordination (Actes 5 :28). Mais, quand ils entendirent les apôtres leur dire qu'ils étaient les témoins de la résurrection de Jésus, et que le Saint-Esprit en rendait aussi témoignage, car Il avait été donné à ceux qui obéissaient à Dieu (Actes 5 :32), tous les membres du conseil n'ont pu manquer de comprendre les implications de ces déclarations. Non seulement les apôtres leur ont dit clairement que c'étaient eux qui avaient tué Jésus-Christ, mais ils laissaient aussi entendre que les membres du Sanhédrin n'avaient pas reçu le Saint-Esprit parce qu'ils n'obéissaient pas à Dieu. Toutefois, c'était le motif de l'insubordination qui permit au conseil de condamner les apôtres à la flagellation. Ils voulaient les mettre à mort (Actes 5 :33), mais ils n'osèrent pas aller plus loin que les faire battre de verges.

C'est le récit de ces emprisonnements qui nous montre le plus clairement à quel point l'Eglise de Jérusalem était importante et influente. Dans Actes 5 :31, nous voyons que les apôtres proclament Jésus-Christ comme Prince et Sauveur exalté par Dieu, et qu'ils font cette proclamation aux "princes" d'Israël, alors qu'ils étaient jugés par ces mêmes "princes", prêts à les livrer à la mort. Le fait que ces "princes" n'aient pas pu les mettre à mort est quelque chose de très étonnant, que nous devons livrer à notre réflexion.

Jérusalem avait certainement beaucoup changé depuis le procès de Jésus. Le Sanhédrin, confronté à l'insubordination des apôtres, qui le défiaient clairement, n'a pas pu se débarrasser d'eux. Quel changement, quand on se rappelle le procès "bidon" de Jésus ! Dans le cas de Jésus, le Sanhédrin n'a même pas pris le temps de terminer le procès, mais a précipité le Seigneur à la croix. A présent, les apôtres défiaient ouvertement le Sanhédrin, qui ne put que les faire battre de verges. Et encore, le risque était grand pour le Sanhédrin, en raison de la popularité des apôtres (Actes 5 :26).

Pour résumer ces premières années de l'Eglise.

Ainsi, tout au long des cinq premiers chapitres des Actes, qui couvrent sans doute les quatre premières années de la vie de l'Eglise à Jérusalem, on ne découvre aucune trace de division au sein de l'Eglise, ni de l'existence d'une hiérarchie bien marquée. Si nous disons que les apôtres formaient une hiérarchie au sein de l'Eglise, cela ne correspond certainement pas à notre conception actuelle de la hiérarchie ! Car c'étaient les apôtres qui faisaient tout le travail, et qui étaient aussi emprisonnés et battus ! En outre, ils ne bénéficiaient d'aucun privilège particulier, si ce n'est qu'ils travaillaient davantage, et qu'ils ont souffert plus de persécutions que la plupart des autres disciples.

On ne voit pas non plus que les apôtres se soient efforcés d'enrégimenter les disciples dans une organisation hiérarchisée. En outre, les disciples n'étaient pas en opposition avec la population en général, car ils "trouvaient faveur auprès du peuple" (Actes 2 :47). Le Souverain Sacrificateur et le Sanhédrin s'opposaient clairement à Dieu et à l'effusion du Saint-Esprit dans l'Eglise primitive, mais il est évident que le peuple, dans son ensemble, était favorable à Dieu et aux apôtres.

Il semble aussi que les disciples et les apôtres aient exercé leur générosité envers l'ensemble du peuple de Jérusalem, et que la communauté des Chrétiens n'était pas exclusive et fermée. Les cinq premiers chapitres des Actes ne décrivent pas une communauté chrétienne fermée sur elle-même. Au contraire, toute la ville de Jérusalem était remplie de la doctrine de Christ. Les disciples continuaient à fréquenter le Temple, à prendre ensemble leurs repas dans les maisons, et à se réunir dans les synagogues (Actes 22 :19). Tous avaient la faveur du peuple.