A246. Les deux voies de l'Eglise primitive (3).

Par David A. Anderson. L'original peut être consulté en anglais à l'adresse suivante :

http://www.en.com/users/anders/chapter2.html

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées. Publié originellement en anglais en 1997, revu et corrigé en 1999. Adresse de l'auteur : David A. Anderson, 924 Richmond Road, Lyndhurst, OHIO 44124 (USA). E-mail : anders@en.com

Nous publions ici, sous forme d'une série d'articles, et avec l'accord de l'auteur, un livre écrit par David Anderson. Ce livre nous semble éclairer particulièrement bien le conflit qui existait au sein de l'Eglise primitive entre la loi et la grâce, les partisans de la loi étant conduits par Jacques, le frère du Seigneur, et ceux de la grâce par l'apôtre Paul. Ce livre est parfaitement d'actualité, car le même conflit peut toujours être observé dans l'Eglise aujourd'hui. Il continue d'opposer ceux qui marchent selon la chair et ceux qui marchent selon l'esprit. La publication complète de cet ouvrage s'étalera sur plusieurs semaines, d'autres articles pouvant aussi être publiés en même temps.

Chapitre 2 : Comment tout cela a commencé.

"Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu… Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel" (Actes 2 :1, 5).

Cela faisait longtemps que ce jour de la Pentecôte devait venir ! Chaque année, on célébrait à Jérusalem la fête de la Pentecôte, appelée aussi la "fête des semaines". Mais, en cette année 30 après Jésus-Christ, il s'est passé quelque chose de très particulier, qui a marqué le début d'une nouvelle ère, une ère que le monde n'avait jamais connue auparavant. Depuis la création d'Adam et d'Eve, le monde n'avait jamais connu une telle effusion du Saint-Esprit de Dieu. Après la chute d'Adam et d'Eve, l'humanité avait été privée de sa nature spirituelle, au milieu d'un monde conçu par l'Esprit. Ce monde avait désespérément besoin d'un Rédempteur, qui pourrait payer le prix de sa rédemption, et lui insuffler une nouvelle nature spirituelle.

Bref résumé de l'histoire de l'humanité depuis Adam jusqu'à Jésus-Christ.

Des milliers d'années s'étaient écoulées depuis Adam, et l'humanité avait perdu la sainteté de sa nature originelle. On le voit clairement dans tout l'Ancien Testament. Caïn tua Abel. L'humanité devint tellement impie qu'il ne resta plus qu'un seul juste devant Dieu, Noé. Dieu envoya le déluge pour purifier la terre. Mais, peu après, Nemrod apparut sur la scène mondiale, avec l'intention de conduire toute l'humanité loin de Dieu. Ses efforts aboutirent à une dispersion complète de toutes les nations. Non seulement les continents se formèrent, mais Dieu confondit les langues des hommes. Le plan de Nemrod échoua.

Deux mille ans après Adam, Abraham apparut. Il avait les yeux fixés sur une cité dont le bâtisseur était Dieu. Le Seigneur lui promit que toutes les nations de la terre seraient bénies par sa descendance. Le peuple d'Israël crut que c'était lui qui était l'accomplissement de la promesse, parce qu'il descendait d'Abraham. Mais ce n'était pas encore l'accomplissement de cette promesse ! Les Israélites s'efforcèrent d'être bénis par leurs efforts humains. Mais ils ne parvinrent jamais à atteindre l'objectif grandiose d'être en bénédiction à toutes les nations de la terre.

Cela n'est pas étonnant, car les Israélites, en tant que nation, ne possédaient pas de nature spirituellement régénérée. Pourtant, Dieu revêtait parfois de Son Esprit les prophètes de l'Ancien Testament, pour qu'Il puisse parler aux descendants d'Abraham. Mais ces descendants eurent l'oreille dure. Ou alors leurs oreilles transmirent les paroles de Dieu à des cerveaux qui avaient du mal à comprendre et à interpréter ces messages spirituels.

Deux mille ans passèrent encore. Moïse apparut sur la scène, puis Josué, les juges et les rois. Le royaume d'Israël fut divisé en deux après la mort de Salomon, dix tribus formant le royaume d'Israël, et deux tribus le royaume de Juda. Ces deux royaumes devaient finir tous deux dans la captivité. La nation que Dieu avait choisie pour être une nation de sacrificateurs fut dispersée aux quatre vents.

Au cours des quatre mille ans qui s'écoulèrent entre Adam et la postérité promise, l'humanité eut parfois un aperçu de la bénédiction que Dieu lui accordait quand les hommes avaient confiance en Lui. Mais ces moments étaient vraiment rares. La plupart du temps, l'homme vivait loin de Dieu. Il avait perdu sa nature spirituelle. Enfin vint la postérité promise d'abord à Eve, puis, deux mille ans plus tard, à Abraham. Son nom était Jésus-Christ. Il fut envoyé vers les "autres" descendants d'Abraham. A l'époque de Sa naissance, seul un reste réchappé de la dispersion était retourné dans la terre de ses ancêtres, et Hérode le Grand travaillait activement à reconstruire le Temple de Jérusalem.

Au cours de ces deux mille ans, entre Abraham et Jésus-Christ, les descendants d'Abraham furent longtemps réduits à l'esclavage en Egypte. Ils furent délivrés de cet esclavage par Moïse. Ils furent conduits dans la "Terre Promise". Près de mille ans avant Jésus-Christ, Salomon construisit le Temple, qui incarnait l'identité et les ambitions suprêmes du peuple Juif.

Ce Temple fut détruit, et les descendants d'Abraham furent emmenés en captivité par leurs ennemis du nord, les Babyloniens et les Assyriens. Près de 500 ans après la construction du premier Temple, Zacharie et Aggée supervisèrent la reconstruction du Temple. Esdras et Néhémie consolidèrent la communauté, sur des fondements religieux. En 165 avant Jésus-Christ, après la profanation du Temple par Antiochus Epiphane, les Maccabées prirent le pouvoir en Israël. Mais, un siècle plus tard, la nation perdit à nouveau son indépendance, et passa sous l'autorité de Rome, après le siège conduit par Pompée, en 63 avant Jésus-Christ.

Vingt-six ans plus tard, Jérusalem était de nouveau assiégée, cette fois par Hérode le Grand. En l'an 20 avant JC, il commença à reconstruire le Temple, sur une échelle bien plus grande que les précédents. Il fallut 80 ans pour en achever les travaux. Mais, peu après, le général romain Titus détruisait à nouveau le Temple, en 70 après JC. Malgré toute sa gloire, le Temple d'Hérode était privé d'un élément essentiel. Le Lieu Très Saint ne contenait pas l'Arche de l'Alliance, et la shékinah, la gloire de Dieu, était absente. Dans le Temple d'Hérode, le Lieu Très Saint était vide !

Hérode le Grand fit aussi assassiner tous les membres du Sanhédrin, après sa prise de pouvoir. Il détruisit ainsi le caractère héréditaire à vie de la fonction de Souverain Sacrificateur. Les fils du fidèle Tsadok n'occupèrent plus la prêtrise suprême d'Israël. Ce furent les intrigues financières et politiques qui déterminèrent le choix du Souverain Sacrificateur. Sous les cent six ans de la dynastie hérodienne, il y eut vingt-huit Souverains Sacrificateurs. Tandis que sous la dynastie hasmonéenne, qui dura cent quinze ans, avant la prise de pouvoir d'Hérode, il n'y eut que huit Souverains Sacrificateurs.

A l'époque de Jésus-Christ, ce n'était pas la sainteté qui caractérisait le gouvernement du Temple, mais les intrigues politiques. Le Temple contrôlait la vie de toute la nation d'Israël. Les finances publiques, la santé publique, les travaux publics et le gouvernement général dépendaient de l'autorité du Souverain Sacrificateur. En moyenne, sous Hérode, les Souverains Sacrificateurs n'ont duré que quatre ans chacun. Telle était la situation scandaleuse de la nation et du pays où Jésus est né.

La descendance promise.

Jésus-Christ était la descendance unique promise par Dieu à Abraham. Toutes les traditions humaines qui se sont développées entre le moment où la promesse a été faite, et celui où elle s'est accomplie, n'ont jamais pu remplacer ni accomplir la promesse divine faite à Abraham. Seul Jésus a parfaitement accompli cette promesse. C'est en Jésus-Christ que toutes les nations de la terre devaient être bénies. Cette bénédiction a réellement commencé à se répandre le jour de la Pentecôte.

Jésus-Christ, Homme parfait, est venu vers une nation qui semblait rechercher avec ardeur la perfection. Les Evangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean présentent le récit divin de la manière dont Jésus a été reçu. Chaque Evangile se termine par la mort et la résurrection de Jésus. Ce récit forme le point culminant de chaque Evangile.

Les Evangiles mettent l'accent sur le rejet de Jésus-Christ par la nation d'Israël, qui voulut crucifier le Seigneur. Mais la volonté de Dieu fut plus forte que la volonté des nations, car Il a ressuscité Jésus-Christ, qui est devenu Souverain Sacrificateur pour l'éternité, même si des imposteurs ont continué à présider aux destinées du Temple d'Hérode jusqu'à sa destruction, quarante années plus tard.

Le Livre des Actes raconte comment la "descendance" d'Abraham, Jésus-Christ, a véritablement béni toutes les nations de la terre. Il commence au moment où Jésus est "enlevé" au Ciel, 40 jours après Sa résurrection, et se termine environ 32 ans plus tard, au moment de l'emprisonnement de Paul à Rome.

Les Evangiles couvrent une période d'environ 33 ans, de 4 avant Jésus-Christ à 30 après Jésus-Christ. Les Actes couvrent une période de 32 ans, de 30 à 62 après Jésus-Christ. Près de huit ans après la fin du Livre des Actes, en 70, Jérusalem était détruite par Titus et ses légions romaines, et Israël cessait d'exister en tant que nation.

Ainsi, avec les Evangiles, les Actes des Apôtres et les épîtres de Paul, nous disposons d'un récit couvrant les 33 ans de la vie de Jésus et les 40 ans qui suivirent Son ascension, 73 ans en tout. De nombreuses personnes ont dû être contemporaines de cette période de 73 ans, et ont sans doute été témoins des nombreux et merveilleux miracles qui l'ont caractérisée.

Il faut noter que, contrairement à certains livres du Nouveau Testament, en particulier l'épître de Jacques, la deuxième épître de Pierre, l'épître de Jude et l'Apocalypse, dont l'autorité et l'inspiration divines ont été contestées, le Livre des Actes et les épîtres de Paul n'ont jamais été remis en question par l'Eglise. C'est précisément de ces sources, le Livre des Actes et les épîtres de Paul, que nous avons tiré les éléments qui nous permettent de tracer le tableau de l'Eglise du premier siècle, tableau à la fois exaltant et tragique, stimulant et décourageant. Quelqu'un a dit : "Le vice et la vertu ne se sont jamais accordés un seul instant". Je crois que nous pouvons voir que cette vérité s'appliquait à l'Eglise du premier siècle, comme elle s'applique toujours à l'Eglise d'aujourd'hui.

Notre choix fondamental.

Il y a toujours eu guerre entre le bien et le mal, entre la vérité et l'erreur, entre la volonté de Dieu et la volonté de l'homme. Comme le dit Paul dans Romains 1 :25, l'opposition à Dieu a commencé quand certains "ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui est béni éternellement".

Le Chrétien doit faire un choix fondamental dans cette guerre. Il doit choisir d'être un disciple inconditionnel de Jésus-Christ, ou d'être disciple d'un disciple. Dans 1 Cor. 1 :11-13, Paul explique qu'il y avait dans l'Eglise de Corinthe des problèmes concernant ce sujet précis. Certains disaient qu'ils étaient de Paul, d'autres d'Apollos, d'autres de Céphas, alors que d'autres se proclamaient de Christ. Paul leur rappelle que la puissance et la sagesse de Dieu sont en Christ seul, et pas en Ses messagers. C'est toujours le même problème : certains voudraient que nous suivions des hommes, au lieu de suivre Jésus-Christ.

Dans Philippiens 3 :17, Paul exhorte les Chrétiens à être ses "imitateurs". Un imitateur se contente de copier ou d'imiter son modèle. Aujourd'hui, la conception commune est entièrement différente. Les "dirigeants" de l'Eglise, tout au moins certains d'entre eux, veulent que les Chrétiens les suivent, au lieu de les imiter. Parfois ils demandent qu'on les suive, mais à une certaine distance tout de même ! Car si quelqu'un commence à se faire trop remarquer, il devient une menace pour le dirigeant en place. Paul se présente comme un exemple pour les Chrétiens, et les encourage à être eux-mêmes des exemples. Il ne se pose pas en "dirigeant", en chef militaire ou en dictateur. Il se présente comme un guide, un enseignant et un frère. Il est motivé par l'amour, pas par le besoin de contrôler les autres.

Le Chrétien doit donc choisir, soit de servir et d'adorer Dieu, soit de servir et d'adorer l'homme. Si ce n'est pas la Parole de Dieu qui est l'unique référence de notre vie, ce sera une autre source d'autorité. Dans 2 Cor. 10 :5, Paul dit que nous devons amener "toute pensée captive à l'obéissance de Christ". Cela nous montre à qui nos pensées doivent obéir.

Dès qu'un Chrétien adore et sert une créature, au lieu d'adorer et de servir son Créateur, il se coupe lui-même de la liberté que Christ lui a acquise, et il devient prisonnier d'un système qui le rend complètement esclave. Non seulement cela diminue son efficacité dans sa vie personnelle, mais cela encourage la mainmise de l'usurpation et de la tyrannie sur la vie des autres. Il suffit pour cela d'accorder notre approbation implicite à l'homme ou à l'organisation que nous servons, ce qui permet à cet homme ou à cette organisation de séduire les autres en les impressionnant par le nombre de ses partisans. Le tyran justifie toujours ses actions en disant : "Regardez combien de personnes me suivent !" Il en était ainsi dans l'Eglise du premier siècle. Il en est toujours ainsi aujourd'hui, chaque fois qu'un homme prétend être plus près du cœur de Dieu que les autres.

Les Ecritures affirment qu'il est impossible à un homme de se sauver lui-même, quelle que soit la quantité de ses bonnes œuvres. Il y a un vice fondamental dans la nature humaine. Les hommes qui s'efforcent d'atteindre la présence de Dieu par leurs propres œuvres ne peuvent pas monter très haut. Car ils montent sur une échelle dont il manque un barreau. Tous ceux qui grimpent sur cette échelle finissent par être arrêtés par le barreau manquant, et retombent en bas. C'est là notre problème !

Nos bonnes œuvres ne produisent que de l'imperfection, car elles sont produites par notre nature imparfaite. Dieu le savait, et Il savait aussi que la seule solution était de nous donner une nouvelle nature, une nature non viciée, une nature qui nous permettrait d'entrer dans la présence de Dieu sans être obligés de grimper sur une échelle brisée !

Les deux natures.

C'est Jésus-Christ, et Lui seul, qui peut nous donner une nouvelle nature. Aucun homme, aucune doctrine, ne peuvent prétendre exiger notre obéissance, en nous promettant de nous introduire dans la présence de Dieu.

Si nous voulons comprendre ce conflit d'intérêts qui existait dans l'Eglise du premier siècle, il est essentiel de comprendre cette question des deux natures. Il est également essentiel de comprendre qui peut nous donner une nouvelle nature. Il faut aussi bien comprendre que la vieille nature ne disparaît pas quand nous recevons la nouvelle. Le "vieil homme" est toujours là, prêt à faire la guerre à l'homme nouveau, et prêt à nous séduire pour que nous sortions de la présence de Dieu.

Quand un être humain accepte Jésus-Christ comme son Seigneur, il reçoit une nouvelle nature. Paul dit dans 2 Cor. 5 :17 : "Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles".

Ce qui est important, c'est donc "d'être en Christ". Paul a dit : "Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui" (Col. 2 :6). Quand nous sommes passés par une nouvelle naissance, nous gardons toujours le choix de la manière dont nous allons vivre. La vieille nature ne disparaît pas quand nous recevons la nouvelle. Paul demande aux Galates : "Etes-vous tellement dépourvus de sens ? Après avoir commencé par l'Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair ?" (Galates 3 :3). Il parle à ceux qui ont déjà reçu une nouvelle nature spirituelle, mais qui continuent à vouloir marcher selon l'ancienne nature.

Ceux qui n'ont pas compris cette réalité sont toujours plongés dans la confusion. Trop de Chrétiens concluent trop rapidement que certains de leurs frères ne peuvent pas être nés de nouveau, s'ils les voient pécher, surtout s'il s'agit de "gros péchés", ou de péchés trop fréquents.

Paul écrit dans Ephésiens 2 :8-9 : "Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie". Ceux qui croient que Dieu revient sur ce don ne comprennent pas la grandeur de l'amour de Dieu. Dans 1 Timothée 2 :4, il est écrit : "(Dieu) veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité". La volonté de Dieu est de sauver tous les hommes. Tôt ou tard, je crois qu'Il accomplira Sa volonté (NDT : dans la vie de ceux qui l'acceptent !)

En attendant, il y a ceux qui sont sauvés, et ceux qui ne le sont pas. Parmi les "sauvés", il y a aussi deux groupes : le premier comprend ceux qui marchent selon leur ancienne nature, et le second ceux qui marchent selon leur nouvelle nature. Dans mon étude du Livre des Actes, j'espère démontrer qu'il y avait bien plus de "sauvés" qu'on le pense en général. Si j'y parviens, il sera clair que la plus forte résistance rencontrée par Paul et tous ceux qui s'efforçaient de marcher par l'esprit provenaient de l'intérieur de l'Eglise, et que le centre de cette résistance se situait dans l'Eglise de Jérusalem.

Si je parviens à démontrer, à votre satisfaction, que l'Eglise avait sur le monde un impact bien plus grand qu'on le pense en général, vous parviendrez à la conclusion que la plus grande résistance que rencontraient les Chrétiens qui marchaient selon la nouvelle nature provenait des Chrétiens qui marchaient selon l'ancienne nature. Il est certain que les "inconvertis" ont utilisé les Chrétiens qui marchaient selon leur vieille nature pour atteindre leurs objectifs infâmes. Mais je ne crois pas que ces "inconvertis" auraient pu faire grand chose sans l'aide de ces Chrétiens.

La conséquence du légalisme.

Dans Actes 15 :5, vingt ans environ après la création de l'Eglise, nous voyons que "quelques-uns du parti des pharisiens, qui avaient cru", faisaient partie de l'Eglise de Jérusalem, et exerçaient une influence profonde. Je considère que ces "Pharisiens étaient des "fabricants d'échelles". Ils connaissaient très bien le manuel permettant de fabriquer des échelles, c'est-à-dire la Loi de l'Ancien Testament. En fait, à l'époque de Jésus-Christ, ils avaient tellement annoté et complété ce "manuel" que leur livre de commentaires et d'instructions était devenu beaucoup plus important que le manuel lui-même !

Non seulement ils critiquaient les autres "échelles", mais ils s'étaient taillés une réputation par leur connaissance approfondie de leur livre d'instructions. A mesure que ces instructions devenaient plus nombreuses et détaillées, les punitions infligées aux contrevenants devenaient aussi plus sévères. Plus personne ne semblait remarquer qu'aucune échelle ne permettait de grimper jusque dans la présence de Dieu. Pourtant, les Pharisiens prétendaient construire des échelles qui montaient bien plus haut que toutes les autres. Ils se disaient peut-être ce que beaucoup d'hommes se disent aujourd'hui : "Nous allons de progrès en progrès, nous nous améliorons sans cesse, et, si l'on nous laisse assez de temps, nous atteindrons la perfection !" Mais ils ont manqué de temps ! Jésus-Christ est venu, et a sérieusement menacé toute leur industrie de fabrication d'échelles. Car Il dénonçait aussi bien les échelles que ceux qui les fabriquaient, par ces paroles : "Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi" (Jean 14 :6).

L'un des aspects du caractère vicié de notre vieille nature, c'est qu'elle déteste souverainement que l'on condamne ses œuvres. Les Pharisiens avaient déjà fort peu apprécié que Jésus-Christ leur rappelle l'échelle de Jacob, sur laquelle les anges montaient et descendaient, de la terre jusque dans la présence même de Dieu. Mais, pis que cela, Jésus-Christ leur a dit : "Moi et le Père nous sommes un" (Jean 10 :30). En leur faisant une déclaration aussi étonnante, Jésus proclamait en fait qu'Il était déjà dans la présence de Dieu, et qu'Il n'avait besoin d'aucune échelle. Il ajoutait que d'autres pouvaient aussi être un avec le Père, et qu'Il les introduirait dans la présence du Père, sans l'aide d'aucune échelle fabriquée par les hommes, ces échelles des bonnes œuvres, de la propre justice et des réalisations méritoires.

L'échelle des "bonnes œuvres", qui associait la lettre de la Loi, les fêtes, les traditions, les sacrifices d'animaux, et toutes sortes d'ordonnances, était remplacée par la loi de l'esprit de vie en Jésus-Christ ! La recherche de la perfection était remplacée par la perfection elle-même ! L'esclavage de la Loi était remplacée par le fruit de l'esprit : "l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance" (Galates 5 :22-23). Paul n'a cessé de mettre l'accent sur la profonde différence entre les bonnes œuvres, défendues par les Pharisiens, et le fait de "marcher d'une manière digne du Seigneur et lui être entièrement agréables, portant des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres et croissant par la connaissance de Dieu" (Col. 1 :10). Cette marche était dorénavant rendue possible par Jésus-Christ. La marche selon la chair était une marche dans l'esclavage et la mort, la marche selon l'esprit une marche dans la liberté et la vie !

La conséquence de la résurrection.

Les chefs religieux ne pouvaient plus supporter cela, et ont fini par faire mettre Jésus-Christ à mort. Mais Dieu L'a ressuscité des morts, pour prouver que tout ce que Jésus-Christ avait dit était vrai. Quarante jours plus tard, après avoir été vu vivant par un grand nombre de gens, par les douze apôtres et ceux qui étaient avec eux (Luc 24 :33-36), par les disciples sur le chemin d'Emmaüs (Luc 24 :15), par plus de 500 personnes à la fois (1 Cor. 15 :6), et par un certain nombre de disciples en Galilée (Matthieu 28 :7), Jésus est monté au Ciel. Auparavant, Jésus avait ordonné à Ses disciples d'attendre à Jérusalem, jusqu'à ce qu'ils reçoivent ce que le Père avait promis, et qu'ils soient "revêtus de la puissance d'en haut" (Luc 24 :49).

Jésus avait aussi dit à Ses disciples qu'Il ne les laisserait pas orphelins, mais qu'Il leur enverrait le Consolateur, qui les conduirait dans toute la vérité. Le jour de la Pentecôte, le Consolateur est descendu, comme promis. Une ère nouvelle commença, et de nouvelles règles furent instaurées. C'est alors que s'accomplit pleinement la promesse faite à Abraham, et que Dieu déversa Ses bénédictions sur toutes les nations de la terre, par Son Fils Jésus-Christ.

L'humanité pouvait de nouveau accéder à une nouvelle nature, une nature spirituelle, celle qu'ont perdue Adam et Eve quand ils ont péché. Mais, cette fois, cette nouvelle nature était accordée sans conditions, contrairement à Adam et Eve. En recevant cette nouvelle nature, l'homme devait révolutionner le monde. Jésus-Christ a dit : "En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m'en vais au Père" (Jean 14 :12). Il ne nous a pas dit que nous ferions plus d'œuvres que Lui, mais que nous ferions de plus grandes œuvres que celles qu'Il avait faites avant Sa mort et Sa résurrection. Jésus Lui-même devait faire de plus grandes œuvres après Sa résurrection, et il devait en être de même pour Ses disciples. Sa promesse de Jean 14 :12 ne voulait pas dire que nous allions être supérieurs à Jésus-Christ. En aucune façon. Mais, parce que Jésus-Christ allait retourner au Père, le monde allait expérimenter des œuvres plus grandes que celles que Jésus avait accomplies avant Sa mort et Sa résurrection. C'est Jésus-Christ qui accomplirait ces œuvres, mais les Chrétiens devaient aussi les accomplir, par l'autorité de Christ. En tant qu'enfants de Dieu, nous allions avoir le privilège de devenir non seulement des fils et des filles de Dieu, mais aussi des serviteurs et des servantes de Jésus-Christ. Tout le Livre des Actes confirme ce privilège, ainsi que les "plus grandes œuvres" annoncées par Jésus.

Le Livre des Actes commence au moment de l'ascension de Jésus. Nous sommes en l'an 30, dans la ville du Temple, à Jérusalem. Jésus-Christ, l'Agneau de la Pâque, avait été sacrifié quarante jours auparavant. Mais Dieu L'avait ressuscité d'entre les morts trois jours plus tard. Au cours des jours qui ont précédé Son ascension, tout Israël devait bouillonner de bruits, de rumeurs et d'attentes passionnées : "Est-ce vrai ?" "Est-Il vraiment le Messie ?" "Est-Il réellement ressuscité ?" "Qui sont ceux qui L'ont vu vivant ?" Toutes ces questions devaient être sans cesse posées dans tout le pays, par tous ces Juifs qui étaient venus du monde entier pour assister à la Fête de la Pentecôte !

Est-ce que Jésus-Christ allait prendre dès maintenant Ses fonctions de Souverain Sacrificateur ? Est-ce que le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs allait chasser ces imposteurs de la dynastie d'Hérode ? Allait-Il délivrer Israël du joug de fer de l'occupation romaine ? Allait-Il instaurer dès à présent Son Royaume de justice ? C'étaient sans doute les pensées des apôtres et les questions qu'ils se posaient, comme on le voit dans Actes 1.

Jésus leur dit que ce n'était pas à eux de connaître des temps et des moments que le Père n'avait pas révélés. Il leur a dit aussi : "Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous" (Actes 1 :8). Dix jours plus tard à peine, les apôtres purent se rendre compte de la magnitude de la puissance qu'ils avaient reçue, selon la promesse de Jésus.