A245. Les deux voies de l'Eglise primitive (2).

Par David A. Anderson. L'original peut être consulté en anglais à l'adresse suivante :

http://www.en.com/users/anders/chapter2.html

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées. Publié originellement en anglais en 1997, revu et corrigé en 1999. Adresse de l'auteur : David A. Anderson, 924 Richmond Road, Lyndhurst, OHIO 44124 (USA). E-mail : anders@en.com

Nous publions ici, sous forme d'une série d'articles, et avec l'accord de l'auteur, un livre écrit par David Anderson. Ce livre nous semble éclairer particulièrement bien le conflit qui existait au sein de l'Eglise primitive entre la loi et la grâce, les partisans de la loi étant conduits par Jacques, le frère du Seigneur, et ceux de la grâce par l'apôtre Paul. Ce livre est parfaitement d'actualité, car le même conflit peut toujours être observé dans l'Eglise aujourd'hui. Il continue d'opposer ceux qui marchent selon la chair et ceux qui marchent selon l'esprit. La publication complète de cet ouvrage s'étalera sur plusieurs semaines, d'autres articles pouvant aussi être publiés en même temps.

Chapitre 1. La grâce et "l'autre Evangile".

"Je m'étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre Evangile. Non pas qu'il y ait un autre Evangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l'Evangile de Christ. Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème !" (Galates 1 :6-8).

"Qu'il soit anathème" signifie "Qu'il soit maudit !" Si je vous montrais du doigt, au milieu d'une foule, et si je vous disais : "Qu'il soit maudit !", je crois qu'il y aurait bien peu de gens dans la foule dont les sentiments ne seraient pas profondément remués ! Une telle déclaration produirait certainement un conflit, non seulement entre vous et moi, mais aussi entre toute la foule et moi ! Le simple fait d'évoquer cette hypothèse remue les émotions, et nous sentons instinctivement qu'il y a un danger. Nous mettons nos défenses en marche, notre attention se concentre, et tous nos sens s'éveillent pour évaluer la gravité du problème, le contenir, et le résoudre.

Cette déclaration de Paul dans Galates 1 :8 traduit une situation similaire. Aucune sanction ne pourrait être plus forte. Paul ne mâche pas ses mots pour nous dire qu'il existe bien deux Evangiles, et qu'il prend clairement partie pour l'Evangile de la grâce, en combattant fermement tous ceux qui annoncent "l'autre Evangile". Pour bien se faire comprendre, Paul répète même sa condamnation au verset suivant.

Si l'Eglise ne rencontrait pas le même problème aujourd'hui, on aurait sans doute déjà oublié la condamnation de Paul. Personne n'aime l'idée d'affronter un conflit. Mais les conflits surviennent, et l'on ne peut pas les ignorer. Il en est aujourd'hui dans l'Eglise comme il en était dès le premier siècle : les conflits ne peuvent être évités.

Il existe un Evangile qui nous conduit dans la grâce de Christ, et un "autre" Evangile qui nous éloigne de la grâce de Christ. C'est un "Evangile" d'une tout autre nature que l'Evangile de la grâce, comme l'indique le mot grec "heteros" (traduit par "autre").

En étudiant le conflit entre ces deux Evangiles, conflit évoqué par Paul, je crois qu'il vaut mieux adopter une approche prudente, car je veux éviter tout conflit avec mes lecteurs. Ce sujet est comme de la dynamite. On doit le manier avec beaucoup de précautions, pour qu'il puisse rendre service, sans blesser celui qui le manipule. Je ne prétends pas prononcer un verdict définitif en la matière. Je veux simplement défendre la cause de la grâce, ainsi que la cause de l'Evangile que Paul prêchait, par opposition à tout "autre Evangile". J'espère seulement que vous étudierez soigneusement mes arguments, et que vous prendrez vous aussi la défense de l'Evangile de la grâce.

Si le problème n'était pas aussi vital, il aurait été préférable de le présenter brièvement et de passer à autre chose. Mais, comme ce problème est d'une importance extrême, il me semble préférable d'adopter une approche calme, plutôt qu'une approche hâtive. Tout doit être fait pour bien comprendre la nature de ce conflit, dans tous ses aspects. On ne peut étudier ce problème qu'en laissant "la paix de Dieu régner dans nos cœurs" (Col. 3 :15).

Commentaires préliminaires.

Permettez-moi d'évoquer pour commencer un sujet qui va vous sembler assez éloigné de nos préoccupations. Quand j'étais enfant, il me semblait qu'il n'y avait que deux sortes de garçons au monde : ceux qui voulaient jouer avec moi dans le bac à sable, et ceux qui ne pensaient qu'à détruire ce que les autres avaient construit. Il n'y avait que les bons et les mauvais garçons. La vie était simple et drôle. Elle consistait à jouer dans le bac à sable.

Je ne connaissais pas le stress. Tout ce qu'on exigeait de moi, c'était de venir déjeuner ou dîner, avec un avertissement occasionnel me demandant d'être sage et de ne pas aller me promener trop loin. Comme toute désobéissance sérieuse était punie d'une fessée, il n'était pas trop difficile de se soumettre. Si des destructeurs venaient casser ce que j'avais construit dans le bac à sable, certains s'occupaient de les chasser. C'est moi qui le faisais quand les gêneurs n'étaient pas trop forts ! S'ils étaient plus forts que moi, je poussais un cri assez strident pour que "l'agent du maintien de l'ordre", ma maman, en l'occurrence, vienne immédiatement à mon secours.

C'était une époque formidable. Je n'avais aucun souci, aucune crainte. Tout était simple. Parfois, les gentils devenaient les méchants, ou inversement. Mais cela ne durait jamais très longtemps. Mes amis et moi, nous savions bien qui étaient les gentils et les méchants. Si nous n'en étions pas certains, nous accumulions nos observations jusqu'à acquérir une conviction. La vie était vraiment simple. Elle consistait à découvrir, expérimenter, comparer, fureter, questionner, apprendre, et surtout à jouer ! La phrase de Paul : "Qu'il soit maudit !", nous aurait semblé bien loin de nos préoccupations ! C'était un langage d'adultes.

Quand ma mère me disait : "Pourquoi n'irais-tu pas jouer dehors ?", je me disais toujours : "Quelle bonne idée !" J'étais toujours d'accord avec une telle suggestion, et je n'avais pas besoin de demander à quiconque ce que signifiait le mot "jouer". Tout était une occasion de jouer pour moi. Quelle brillante suggestion ! "Oui, maman, je veux bien aller jouer dehors !" C'était ma réponse immédiate !

Le temps passait, comme par magie. Je ne m'en souciais pas, je ne cherchais pas à en garder la trace, je ne savais pas ce que c'était que "perdre mon temps", il s'écoulait, tout simplement. A mesure que le temps passait, je me suis rendu compte qu'un mal profond commençait à entrer dans ma vie. C'était un ennemi plutôt nébuleux, mais pourtant bien réel, qui commença à troubler ma vie centrée autour du jeu. Cet ennemi s'appelait "le travail". Je ne comprenais pas ce que cela voulait dire. Mais cela bouleversa toute ma vie. Si j'avais entendu Paul dire, à cette époque, "Qu'il soit maudit !", j'aurais probablement pensé : "Il doit parler du travail !"

Le jeu devint progressivement mauvais, parce que le travail était considéré comme "bon". Le plaisir s'enfuit, parce qu'il fallait faire les "corvées". L'enthousiasme fondit devant ce pénible labeur. "Va tondre la pelouse !" Je ne pensais plus : "Quelle idée magnifique !" Cet ordre était accueilli avec résistance. Même quand la demande était faite sous forme d'une suggestion : "Pourquoi n'irais-tu pas tondre la pelouse ?" Je savais que ce n'était pas une bonne idée, mais que c'était plutôt une mauvaise idée. C'était le travail qui était l'ennemi juré du jeu !

Il me fallut très longtemps pour conquérir cet ennemi. Il vient encore m'assaillir au moment où je m'y attends le moins ! Mais quand mon jeu est sérieusement menacé, je me fâche et j'attaque avec toutes les armes que je peux trouver. Parfois, je ne respecte pas toujours les règles du combat. Mais je sais que mon ennemi ne les respecte pas non plus. Il ne s'appelle même pas par son vrai nom ! Il ne s'appelle pas "travail" ! Il s'appelle domination ! Il n'est pas étonnant que j'aie toujours eu des problèmes avec lui ! Je ne connaissais pas du tout cet ennemi, même pas sous son vrai nom.

Alors j'ai commencé à étudier tout ce qui concernait le travail et le jeu, pour voir où se situaient les différences. Le jeu, c'était le plaisir. Pourquoi ? Parce qu'il y a de l'amour dans le jeu. Je savais que c'était par amour pour moi que ma maman me disait : "Pourquoi ne vas-tu pas jouer dehors ?" L'amour supporte tout, l'amour est agréable. Ma mère n'était jamais impatiente envers moi quand je jouais. Elle ne détruisait jamais les châteaux que je faisais dans mon bac à sable !

Mais le travail est quelque chose de différent. Tondre la pelouse pouvait être fait avec plaisir. Mais il n'y avait pas d'amour dans cet ordre : "Va tondre la pelouse !" En outre, mes parents semblaient ne pas avoir trop de patience avec moi quand je mettais trop de temps à finir mes corvées. Ma mère ne semblait jamais se mettre en colère quand je jouais, mais, quand je travaillais, cela semblait lui offrir plus d'occasions de se mettre en colère. De même, elle n'était jamais découragée quand je jouais. Mais quand je travaillais, c'était différent.

En grandissant, je tondis donc bien souvent la pelouse. C'était parfois un jeu, et parfois un travail. C'était un jeu quand j'aimais le faire. C'était un travail quand j'étais obligé de le faire. C'était la motivation qui changeait tout ! Si ma motivation était l'amour, je pouvais jouer tout le temps, même quand les autres pensaient que je travaillais. Je pouvais tout faire "de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes" (Col. 3 :23), si ma motivation était l'amour.

L'un de mes amis tondait aussi la pelouse familiale. Mais son expérience était différente de la mienne. Un jour, son père lui avait demandé de tondre la pelouse. Il n'avait pas obéi, et il était parti faire autre chose ailleurs. Quand il était revenu, son père était en train de tondre la pelouse. Il s'était senti tellement mal qu'il n'a plus jamais refusé les demandes de son père. Pour lui, tondre la pelouse, c'était ne pas obliger son père à le faire. Il savait que son père l'aimait. Ainsi, quand il tondait la pelouse, sa motivation était toujours l'amour. C'était toujours un jeu !

La vie devint plus complexe, à mesure que l'époque du bac à sable s'enfonçait dans les brumes du passé. Mon univers devint plus étendu, et il devint de plus en plus difficile de distinguer les bons des méchants. Il y avait une zone intermédiaire remplie de gens trop difficiles à classer. Il me fallut concevoir un moyen pour m'aider à tenir compte de cette zone intermédiaire très inconfortable.

Ce moyen devait me permettre d'éloigner le plus possible de moi cette zone intermédiaire. C'était une sorte de barrière pour me protéger de tout contact avec ceux qui étaient dans cette zone intermédiaire. Tous ceux qui voulaient s'approcher de moi devaient passer un test. Ce test n'était pas destiné à vérifier des positions doctrinales ou leur position par rapport au salut. Ce n'était pas un test chimique, trop simpliste pour être vraiment utile. C'était un test strictement destiné à mesurer le comportement. Plus précisément, c'était un test destiné à déterminer les motivations secrètes des "candidats au contact".

Ce test était simple. C'était un test d'amour. Je me sentais à l'aise avec ce test, parce que "l'amour ne périt jamais" (1 Cor. 13 :8). C'est ainsi que beaucoup de gens pénétraient dans cette "zone intermédiaire", des bons et des méchants. Certains sortirent de cette zone intermédiaire et devinrent rapidement des amis. Pour moi, c'étaient des "bons", même si, parfois, certaines de leurs actions étaient "méchantes". Ils étaient peu nombreux. Je savais que leur motivation profonde était l'amour, malgré certains signes qui me montraient parfois le contraire. Certains m'ont déçu, mais pas souvent. D'autres se révélèrent ensuite comme des ennemis. Ceux-là étaient pour moi des "méchants", même si certains de leurs comportements étaient parfois "bons". Ils étaient également peu nombreux. Je savais que leur motivation n'était pas l'amour, malgré certains signes qui me montraient parfois le contraire. Certains m'ont surpris, mais pas souvent.

Il me semble que les "bons" et les "méchants" veulent toujours influencer, chacun à leur manière, tous ceux qui se trouvent dans la zone intermédiaire. Les "méchants" veulent dominer, ils veulent être supérieurs aux autres et les contrôler. Les "bons" recherchent l'amour, la joie, la paix. Ils préfèrent donner le pouvoir aux autres.

J'imagine que tout le monde pourra s'identifier avec l'enfant que j'étais, par similitude ou par opposition. Probablement par un mélange des deux. Nous sommes tous partis du même point de départ. Les expériences de chacun ont été différentes des miennes, mais tous ont vécu les mêmes choses que moi. Ils ont connu l'amour. Ils ont aussi connu l'absence d'amour. Selon l'expression de Paul, l'absence d'amour est "maudite". Sans amour, rien ne peut prospérer ni grandir, tout n'est que désolation et destruction, les semences de la mort sont semées dans toutes les directions. La plaie qui s'ensuit ne peut être arrêtée que par l'amour.

Une perspective historique.

Il y a deux mille ans, un enfant est né dans le monde. Il a vécu tout ce que nous pouvons vivre en tant qu'enfants. Il a connu les mêmes joies, les mêmes tristesses, et les mêmes émerveillements. Mais Il était différent de nous, parce que le seul Père qu'Il avait était Dieu. Son Père L'aimait toujours, parce que Dieu est amour. Cet enfant S'appelait Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu. Il a changé le monde par la puissance de l'amour de Dieu.

En étudiant Sa vie, on peut remarquer certains aspects de l'amour que le monde ne considère pas en général comme de l'amour. Il lui est arrivé de Se fâcher. Il avait parfois des paroles dures. Il parlait sévèrement à Ses "anciens". Certains Le haïssaient tellement qu'ils ont fini par le tuer. Mais Dieu L'a ressuscité d'entre les morts, dans une victoire de l'amour sur la haine.

Cinquante jours plus tard, c'est-à-dire moins de deux mois, commençait l'âge de l'Eglise. Ce jour-là, près de trois mille nouveaux "bébés" vinrent au monde. Ils sont devenus des enfants de Dieu. C'était l'âge de l'Eglise. La famille de Dieu a commencé à "jouer". Quelle joie ! La famille s'accroissait constamment. Des milliers de frères et sœurs s'y ajoutaient constamment, une multitude par-ci, une multitude par-là. Tous commencèrent à jouer, comme font les petits enfants. Quelle joie ! Des guérisons, des miracles, des signes et des prodiges ! Quelle joie ! Quel plaisir !

Les enfants jouaient, et c'était merveilleux de les voir jouer. Tous ces enfants d'un Père aimant apprenaient, comparaient, réfléchissaient, riaient, questionnaient, se développaient. Ils partageaient leurs jouets, leurs secrets, leurs découvertes. Le Livre des Actes raconte l'histoire de la famille de Dieu pendant les trente premières années environ de son existence.

L'histoire de cette famille ne concerne pas ceux qui sont nés de leur naissance humaine. Elle parle de ceux qui sont nés de nouveau. De ceux qui sont nés d'en haut. C'est l'histoire de ceux qui avaient une ancienne nature, par leur première naissance terrestre, et qui ont reçu une nouvelle nature, par leur seconde naissance céleste. Par rapport à leur première naissance, c'étaient des adultes. Mais c'étaient des petits enfants par rapport à leur seconde naissance. Ils pouvaient jouer comme des enfants. Et ils ont effectivement joué, pendant les premières années de l'Eglise. Mais, par la suite, certains d'entre eux ont connu cet affreux ennemi du jeu, le travail !

Il y a une différence subtile entre le travail fait avec amour et le travail fait sans amour. Certains enfants de Dieu ne voient pas la différence. Certains la voient, et ont peut-être même déjà appris à reconnaître l'élément insidieux qui se trouve derrière le travail, c'est-à-dire l'esprit de domination et de contrôle. Mais beaucoup d'autres Chrétiens n'ont pas appris à reconnaître cet élément.

Les enfants de Dieu connaissent cet esprit de domination et de contrôle, parce qu'il anime leur vieille nature, leur "vieil homme". Certains pensent que leur nouvelle nature, leur "homme nouveau", doit se conformer aux exigences du "vieil homme". C'est le vieil homme en eux qui leur a injecté cette pensée, et qui a entraîné les "petits enfants nés de nouveau" à se conformer à l'ancienne nature. La famille de Dieu s'est alors divisée en deux. Les enfants de Dieu qui ont accepté l'esprit de domination et de contrôle entrèrent en opposition avec Dieu et avec tous leurs frères qui avaient décidé de continuer à jouer. C'est à ce moment-là que le conflit a commencé.

Au cours des trois ou quatre premières années de l'Eglise, il y avait une grande joie et de grandes délivrances. Le bonheur général ne fut troublé que par l'épisode d'Ananias et de Saphira, par la dispute entre les Hellénistes et les Hébreux (Actes 6), et, finalement, par la lapidation de l'un des enfants de Dieu, Etienne (Actes 7). Les enfants furent dispersés (Actes 8). Jérusalem ne pouvait plus les supporter. Il était désormais défendu de jouer à Jérusalem.

A un moment donné, il fut décidé qu'il fallait contrôler les choses, à tout moment et à tout prix. Jusqu'à la dispersion d'Actes 8, il n'est pas très facile de savoir qui prit le contrôle. On ne l'aperçoit que plus tard, au cours des vingt-cinq années suivantes. Mais la persécution et la dispersion, tout en attirant notre sympathie, nécessitent une explication, pour que nous sachions ce qui s'est passé. Tous n'étaient pas des enfants de Dieu à cette époque, et certains de ceux qui ne l'étaient pas ont sans doute été impliqués dans ces persécutions. Mais quand on considère le très grand nombre de convertis qui se trouvaient à Jérusalem, il ne me semble pas possible que la persécution ait seulement été le fait des Juifs non convertis. Ceux-ci ont certainement bénéficié de l'aide de certains des enfants de Dieu.

Je me suis donc efforcé, en étudiant le Livre des Actes, de défendre les partisans de la grâce. Mon désir est de communiquer une grâce à ceux qui m'entendent (Ephésiens 4 :29). Je sais qu'un conflit n'offre pas un cadre facile pour la communication. Soyez donc patients avec moi. Je suis enfant de Dieu. Mais, à ce titre, je n'ai qu'une connaissance et une vision partielles. "Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure, mais alors (quand Jésus-Christ reviendra), nous verrons face à face ; aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu" (1 Cor. 13 :12).

Les images mentales.

Je crois que notre cerveau pense au moyen d'images mentales, pas de mots. Les mots nous aident ensuite à construire et à modifier les images, mais ce qui reste, c'est l'image mentale. A mesure que nous grandissons, ces images mentales sont modifiées, corrigées, et parfois complètement transformées. Nos croyances et nos actions sont en grande partie déterminées par les "films" que nous visionnons dans notre cerveau. Nous comparons les informations enregistrées par nos sens à nos images mentales. Si les deux sont en désaccord, soit nous modifions nos images mentales, soit nous nous mettons au travail pour modifier la réalité extérieure.

Au cours des dix dernières années, l'image mentale que j'avais de l'Eglise primitive a radicalement changé. Il y a dix ans, en considérant la période de 40 ans comprise entre le début de l'Eglise et la destruction finale de la nation d'Israël, je m'imaginais que l'Eglise était composée de petits groupes de Chrétiens dispersés au milieu d'une multitude de païens, qui étaient comme de "grands méchants loups" cernant ces petites brebis.

En étudiant le Livre des Actes et tout ce qui concerne cette période de 40 ans, j'ai été obligé de modifier l'image que je m'étais faite. Les enfants de Dieu étaient en réalité très nombreux, bien plus nombreux qu'on me l'avait jamais dit. Trois mille s'étaient convertis le premier jour. Puis des multitudes. Peu après, ils étaient déjà cinq mille hommes. Le Livre des Actes rapporte des multitudes et des multitudes de conversions, avant même la conversion de Paul. Après sa conversion, d'autres multitudes se sont converties dans d'autres villes. Des villes entières venaient écouter Paul annoncer la Parole de Dieu.

A mesure que mon image mentale changeait, je commençai à me poser des questions : "Si trois mille se sont convertis le premier jour, combien ont pu se convertir le deuxième, puis le troisième jour ?" Le Livre des Actes ne répond pas précisément à cette question. Toutefois, nous savons que les conversions se sont faites par milliers dès le premier jour. Mais les nouveau-nés dans la "maternité de Dieu" ne se chiffraient certainement pas par quelques unités par jour ! Il a fallu que je change mes conceptions, et que je me représente une "maternité spirituelle" grouillante d'activité, où des milliers de "bébés" venaient au monde chaque jour.

Il a fallu aussi que je change mes conceptions en ce qui concerne les activités de tous ces bébés. Les sept premiers chapitres des Actes ne parlent que de ce qui se passait à Jérusalem, pendant les toutes premières années de l'existence de l'Eglise. Tous ces bébés devaient à présent avoir quatre ou cinq ans, et jouaient depuis quelque temps déjà dans la "bac à sable" de Dieu ! En outre, beaucoup d'autres maternités avaient dû s'ouvrir dans beaucoup d'autres villes, car de nombreux Juifs qui venaient à Jérusalem pour les fêtes annuelles s'étaient sans doute convertis.

En pensant à la vie de l'Eglise décrite dans les sept premiers chapitres des Actes, je me disais : "Qu'ont donc fait tous ces Chrétiens pendant ces cinq années ?" C'étaient certainement des Chrétiens consacrés. Ils avaient certainement découvert beaucoup de choses au cours de leurs études et de leurs échanges amicaux. Ceux qui venaient à Jérusalem trois fois par an devaient certainement savourer le fait de retrouver tous leurs amis à ces occasions. Je les imaginais en train d'échanger des nouvelles avec leurs amis de tout le monde connu de l'époque.

Pendant cinq années environ, tout Jérusalem a dû être rempli de la doctrine de Christ. La Parole de Dieu se répandait. Tous les malades étaient guéris. J'étais submergé d'émotion en imaginant tout cela. Le Christianisme n'était pas une doctrine insignifiante qui n'intéressait que quelques rares personnes. Il s'était largement répandu dans tout le monde connu de l'époque. Un tel impact ne s'est jamais reproduit par la suite dans aucune partie du monde.

Au milieu de toute cette excitation, ils eurent quand même quelques problèmes. Actes 5 nous parle du mensonge d'Ananias et de Saphira. Actes 6 nous relate la dispute entre les Hellénistes et les Hébreux. Actes 7 nous décrit la lapidation d'Etienne. Il m'était difficile de me représenter mentalement ces événements. Je n'aimais pas penser que tous ces Chrétiens rencontraient de telles difficultés. L'Eglise de Christ était déjà confrontée à de graves conflits, quelques années à peine après sa création. Que s'était-il passé ?

Considérations logiques.

Il devait y avoir quelques méchants impliqués dans cette affaire, des "loups déguisés en brebis". Car les enfants de Dieu se seraient enfuis devant des loups, si ces derniers n'avaient pas été déguisés. Tandis qu'ils ne se méfient pas des brebis. Quelle brebis accepterait de suivre un "grand méchant loup" ? Je ne sais pas ! Mais Jérusalem n'est plus la même après la mort d'Etienne. Les enfants de Dieu ont changé. On n'entend plus la voix des enfants heureux. Il semble qu'un esprit de jugement soit en train de prendre le contrôle de l'Eglise.

Le Sanhédrin avait voulu juger Etienne. Mais ils n'ont pas pu supporter ce que leur disait Etienne, surtout quand il a déclaré qu'il voyait Jésus-Christ debout à la droite de Dieu. Pourquoi sont-ils entrés dans une telle colère, au point de le priver de son procès et de l'assassiner sommairement ? Il est certain qu'ils n'ont pas aimé entendre Etienne leur dire qu'il voyait Jésus-Christ debout à la droite de Dieu !

Après cela, on a toujours représenté Jésus-Christ assis et non debout. Je ne sais pas pourquoi Etienne a vu Jésus-Christ debout. Je crois que Jésus-Christ était prêt à revenir à ce moment précis, pour prendre Sa position de Roi des rois et de Seigneur des seigneurs. Israël avait raté une belle occasion, en tant que nation, en refusant d'écouter ce que lui disait Etienne !

Après la mort d'Etienne, le récit du Livre des Actes couvre encore une période d'environ vingt ans. Jérusalem n'est plus jamais décrite comme une ville heureuse. Les apôtres y sont pourtant restés encore pendant un certain temps. Mais, dans Actes 9, on essaye de tuer Paul quand il se rend à Jérusalem. L'apôtre Jacques, qui n'est pas le même que Jacques, le frère de Jésus, est tué à Jérusalem dans Actes 12. Dans le même chapitre, Pierre est jeté en prison. Dans Actes 15, des représentants de l'Eglise de Jérusalem viennent jeter le trouble chez les Chrétiens d'Antioche. Dans ce même chapitre, nous apprenons qu'un concile s'est réuni à Jérusalem, et que les apôtres Pierre et Paul y assistent. Jacques, le frère de Jésus, est clairement à la tête de ce concile. C'est lui qui prononce la "sentence" finale. Mais Pierre doit quand même demander aux membres du concile pourquoi ils "tentent" Dieu.

Au moment du concile de Jérusalem, près de 14 ans se sont écoulés depuis la mort d'Etienne. A cette époque, nous apprenons que tout ce qui s'est passé à Jérusalem au début de l'ère de l'Eglise se passe aussi dans d'autres nations du monde. Les nations des Gentils connaissent aussi de nombreux miracles et délivrances, et une croissance sans précédent de l'Eglise. Paul dit dans Col. 1 :6 que l'Evangile est prêché "dans le monde entier".

Les événements décrits dans le Livre des Actes prouvent qu'il existait au milieu des Gentils une Eglise chrétienne bien plus importante que je le croyais auparavant. Dans la ville d'Antioche (de Syrie), un grand nombre de gens crurent au Seigneur et se convertirent. Dans l'autre Antioche, l'Antioche romaine, presque toute la ville se réunit pour entendre la Parole du Seigneur, et la Parole de Dieu fut publiée dans toute la région. A Icône, Thessalonique, Bérée, Corinthe et Ephèse, il est écrit que des "multitudes" se sont converties à Jésus-Christ.

Les éléments de preuve s'accumulent.

Dans Actes 19 :20, nous lisons : "C'est ainsi que la parole du Seigneur croissait en puissance et en force". C'est un tableau merveilleux et enthousiasmant ! Ce qui s'était passé à Jérusalem au cours des premières années de l'ère de l'Eglise se reproduisait dans d'autres villes : la Parole de Dieu croissait en puissance et en force. Mais il est aussi écrit en Actes 19 :23 : "Il survint, à cette époque, un grand trouble au sujet de la voie du Seigneur". A mesure que l'Eglise croissait et que le temps passait, il devenait de plus en plus évident qu'il n'y avait pas qu'une seule voie, mais deux !

L'une de ces deux voies était celle de l'Eglise de Jérusalem, dont Jacques, le frère de Jésus, était le chef. Jacques dit, dans Actes 21 :20 : "Tu vois, frère, combien de milliers de Juifs ont cru, et tous sont zélés pour la loi". On voit ensuite que les habitants de Jérusalem ont fait de leur mieux pour éliminer Paul. L'autre "voie" était celle dont parle Actes 19 :23. C'était la voie de Paul. Il devint de plus en plus évident que ces deux "voies" étaient en conflit.

Après le concile de Jérusalem, Pierre se rendit à Antioche. On nous apprend que Pierre se sépara des Gentils convertis, lorsque des représentants de Jacques vinrent à Antioche (Galates 2 :12). En fait, il craignait Jacques ! Il est évident que Jacques n'était pas un homme rempli de compassion. Il était le chef du "parti de la circoncision" à Jérusalem, et on le craignait. Il est difficile de penser que l'apôtre Pierre puisse craindre quelqu'un dans l'Eglise de Christ ! En considérant tous les miracles qu'il a accomplis, et son immense popularité à Jérusalem au cours des quatre premières années de l'Eglise, il est difficile de croire que Pierre puisse craindre Jacques, le frère de Jésus, à peine quinze ans plus tard! Et pourtant, non seulement Pierre se sépara des Gentils convertis, quand les représentants de Jacques vinrent à Antioche, mais tous les Juifs qui étaient avec lui firent de même, y compris Barnabas !

J'avais toujours cru que Jacques, le frère du Seigneur, était associé de manière fraternelle et amicale avec les autres dirigeants de l'Eglise. Mais cette opinion n'était pas fondée en réalité. Les preuves qui s'accumulaient indiquaient tout le contraire, et montraient qu'il y avait en fait un conflit entre Jacques et Paul. Je ne suis même pas convaincu que Jacques ait été réellement né de nouveau. Il est clair que Jacques avait rejeté Jésus tout au long du ministère du Seigneur, avant Sa résurrection. Jacques connaissait sans doute très bien tout ce que Jésus avait dit et fait, mais il n'avait pas cru en son frère, comme le prouve ce verset : "Car ses frères non plus ne croyaient pas en lui" (Jean 7 :5). Si Jacques s'est réellement converti après la résurrection de Jésus, la Bible ne parle pas de sa conversion. Elle dit simplement que Jésus apparut à Jacques après Sa résurrection, ce qui nous fait croire que Jacques a été sauvé suite à cette révélation. Mais, en fait, Jacques avait bien souvent été en contact avec Jésus avant Sa résurrection, sans pour autant croire en Lui. Nous devons en conclure que le fait que Jésus lui apparaisse ne suffit pas à prouver qu'il se soit converti et qu'il ait cru en Lui.

Jacques se désigne lui-même comme le "serviteur de Jésus-Christ" (Jacques 1 :1). Mais, pour juger de la qualité de son "service", il nous suffit d'étudier le Livre des Actes, et de comparer le contenu de son épître avec celui des épîtres de Paul. Le "service" de Jacques était certainement très différent du "service" de Paul ! L'un des éléments les plus frappants, c'est qu'aucun miracle ne semble avoir été accompli par les mains de Jacques. De toute manière, il est difficile de croire que Jacques n'était même pas né de nouveau. A la lumière du Livre des Actes, il ne semble pas que le nombre de ceux qui n'étaient pas sauvés ait été aussi grand que je le croyais auparavant, que ce soit à Jérusalem ou dans la dispersion. J'espère que la suite vous permettra de le voir clairement.

Voici comment Koch traduit Actes 21 :20 : "Tu vois, frère, combien de dizaines de milliers de Juifs ont cru, et tous sont profondément zélés pour la loi". Si cela est vrai, Jacques était donc le chef, non pas d'une petite minorité, mais d'un grand nombre, et peut-être même d'une majorité de Juifs convertis. Jacques contrôlait un grand nombre de Chrétiens.

C'est en 50 après Jésus-Christ que Pierre craignait Jacques, et c'est en 57 environ que Paul dut être conduit hors de Jérusalem par une puissante escorte de soldats romains. Pourtant, Jacques demeurait à Jérusalem, ville dans laquelle vivaient des dizaines de milliers de Juifs convertis, à l'époque de la visite de Paul décrite dans Actes 21. Le conseil donné par Jacques à Paul, quand ce dernier se rendit à Jérusalem, ne peut pas être considéré comme conforme à la "saine doctrine", et il n'a pas donné de bons résultats. Vers la fin du Livre des Actes, il est clair que Jacques et Paul n'étaient pas du tout sur la même longueur d'onde !

Dans l'épître aux Galates, Paul oppose les "enfants de l'esclave" aux "enfants de la femme libre" (Galates 4 :23-31). Il apparaît que les "enfants de l'esclave" étaient justement ceux qui étaient "zélés pour la loi". Ils étaient enfants de Dieu, ils étaient sauvés, ils étaient véritablement des enfants d'Abraham, tout comme Ismaël. Paul ne parle pas des Juifs non convertis, qui ne croyaient pas à la résurrection de Jésus-Christ. Il parle des enfants de Dieu qui étaient "zélés pour la loi". Ces enfants de Dieu ne voulaient pas accepter que les autres enfants de Dieu, qui provenaient des nations de la terre, soient mis sur le même plan que les Juifs qui avaient cru. Ils ne voulaient pas qu'ils bénéficient du même statut. Ils voulaient bien que les Gentils soient "sauvés", mais seulement selon leurs conditions, et sous leur direction. Ils étaient manifestement jaloux du fait que les enfants de la femme libre soient placés sur un pied d'égalité avec eux. Il me semble que les enfants de l'esclave ne pouvaient pas accepter l'idée que la famille de Dieu ne devait avoir qu'un seul Chef, et que ce Chef était Jésus-Christ. Tous les enfants de Dieu ont un même accès auprès du Seigneur. Paul parle abondamment de cette réalité dans ses épîtres. Il n'essayait pas de contrôler la vie des enfants de Dieu.

Tandis que Jacques semble avoir tenté de contrôler la vie des enfants de Dieu. Une étude approfondie du Livre des Actes nous montre qu'il ne s'agit pas seulement d'un compte-rendu de la croissance de l'Eglise primitive. Presque la moitié du Livre des Actes est consacrée au récit de trois conflits majeurs : les événements entourant la mort d'Etienne, les événements entourant la conversion de Corneille, et les événements entourant la dernière visite de Paul à Jérusalem. Le récit des Actes prouve que l'Eglise primitive n'était pas harmonieusement unie dans la foi, à mesure qu'elle croissait et se répandait dans le monde. Il est clair qu'il y avait "deux voies" dans l'Eglise du premier siècle. L'une était représentée par Pierre et Paul, l'autre par Jacques. L'une était l'Eglise de la liberté, dont les membres étaient enfants de la femme libre. L'autre était l'Eglise de l'esclavage, dont les enfants étaient les enfants de l'esclave. Le Livre des Actes nous montre le contraste frappant qui existait entre les deux.

Le Livre des Actes commence avec l'Eglise de la liberté à Jérusalem, et nous montre comment cette Eglise de la liberté finit par être dominée par l'Eglise de l'esclavage dans cette ville. Puis nous voyons comment l'Eglise de la liberté s'est développée parmi les nations, et comment l'Eglise de l'esclavage s'est efforcée de limiter à nouveau cette liberté. Quand nous étudions les épîtres de Paul dans cette lumière, nous comprenons bien mieux tout ce qui était peut-être un peu nébuleux auparavant.

Quand nous comprenons la nature de ce conflit au sein de l'Eglise primitive, nous parvenons à la conclusion que les problèmes les plus importants aujourd'hui dans l'Eglise ne proviennent pas de l'extérieur de l'Eglise, mais de l'intérieur. Ceux qui ne sont pas convertis se contentent de repousser le message de l'Evangile. Mais ceux qui ont accepté le salut se déchirent bien souvent sur des points de doctrine et de pratique. Le cœur du problème semble se résumer, le plus souvent, à un conflit entre l'esclavage et la liberté, entre la captivité et la délivrance.

J'ai réuni ci-après un certain nombre de "preuves" concernant Jacques. Ces preuves suggèrent que Jacques était en conflit avec Paul. Je suis certain qu'il existe d'autres preuves que celles que j'ai réunies. D'autres preuves s'ajouteront à mesure que l'on découvrira de nouveaux "méchants". La liste que je vous propose est dans un ordre aléatoire.

Un résumé des preuves.

  1. Pierre craignait Jacques (Galates 2 :12).
  2. Jacques devient le chef de l'Eglise de Jérusalem, au moment même où celle-ci commence à se corrompre.
  3. Jésus a dit à son frère Jacques : "Le monde ne peut vous haïr ; moi, il me hait, parce que je rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises" (Jean 7 :7).
  4. Jacques et ses frères pensaient que Jésus était "hors de sens" (Marc 3 :21).
  5. Jacques a méprisé son frère Jésus (Marc 6 :4).
  6. Jésus n'a pas choisi son frère Jacques comme apôtre. Jacques n'a pas non plus été choisi pour remplacer Judas, dans Actes 1.
  7. La "sentence" proposée par Jacques dans Actes 15 est contraire à la saine doctrine. Le fait que Jacques ait dit qu'il ait "semblé bon au Saint-Esprit" (verset 28) n'est pas une preuve convaincante que sa proposition vienne réellement de Dieu.
  8. Le conseil donné par Jacques à Paul dans Actes 21 ressemble fort à un "baiser de Judas".
  9. Jacques était membre du "parti de la circoncision" (Galates 2 :12).
  10. Paul a déclaré : "Ceux qui sont les plus considérés - quels qu'ils aient été jadis, cela ne m'importe pas : Dieu ne fait point acception de personnes, - ceux qui sont les plus considérés ne m'imposèrent rien" (Galates 2 :6). Il parlait des chefs de l'Eglise, lors du concile de Jérusalem.
  11. Dieu appelle Paul à Son service peu après la lapidation d'Etienne et la dispersion de l'Eglise persécutée. Jacques reste à Jérusalem tout au long du Livre des Actes, tandis que Paul a failli plusieurs fois être tué dans cette ville. Quant à Pierre, il a fini à Babylone, ou à Rome (1 Pierre 5 :13).
  12. Paul a pris ses distances avec l'Eglise de Jérusalem (Galates 1).
  13. Après l'acceptation du salut par Corneille et sa maison, Pierre rencontre une vive résistance à Jérusalem (Actes 10 et 11).
  14. Pierre est emprisonné à Jérusalem, mais Jacques ne fait pas partie de ceux qu'Hérode a persécutés (Actes 12).
  15. Barnabas et Paul se disputent au sujet du retour de Marc à Jérusalem. Peut-être que ce dernier voulait témoigner de la conversion du proconsul Sergius Paulus (Actes 13 :13 et 15 :36-41).
  16. L'épître de Jacques n'est entrée dans le canon de l'Ecriture qu'en 367, alors que le Livre des Actes et les épîtres de Paul ont toujours été acceptés dans ce canon.
  17. L'épître de Jacques contredit les épîtres de Paul.
  18. L'épître de Jacques ne mentionne pas la résurrection de Jésus-Christ. Le contenu de cette épître ne dépend pas non plus de la réalité de la résurrection du Seigneur.
  19. L'épître de Jacques est placée avant celles de Pierre dans le Nouveau Testament, malgré le fait que le ministère apostolique de Pierre ait été clairement démontré dans le Livre des Actes. En revanche, le "ministère" de Jacques n'est pas confirmé dans le Livre des Actes par des miracles, des signes et des prodiges. Il est plutôt caractérisé par la volonté de contrôler l'Eglise. Il n'y a aucune preuve historique que Jacques ait démontré la puissance de Dieu d'une manière quelconque.
  20. Jacques a écrit : "Vous voyez que l'homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement" (Jacques 2 :24). Tandis que Paul a écrit : "Car nous pensons que l'homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi" (Rom. 3 :28), ainsi que : "Et que nul ne soit justifié devant Dieu par la loi, cela est évident, puisqu'il est dit : Le juste vivra par la foi" (Galates 3 :11).
  21. Jacques a écrit : "Mes frères, qu'il n'y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner" (Jacques 3 :1), tandis que Paul exhorte les Chrétiens à aspirer aux dons les meilleurs (1 Cor. 12 :31). Parmi ces dons figure le don d'enseigner.
  22. Jacques ne faisait pas partie de ceux qui "ont été une consolation" pour Paul (Col. 4 :10-11).
  23. Jacques n'a pas quitté Jérusalem lors de la persécution d'Actes 8. Il était toujours à Jérusalem lors de la persécution d'Actes 12 :17, comme dans tout le Livre des Actes.
  24. Les "quelques hommes" venus de Jérusalem à Antioche pour troubler les Chrétiens n'ont pas été immédiatement désavoués par les responsables de l'Eglise de Jérusalem. Mais il a fallu réunir un concile pour régler la question.
  25. Jacques déclare dans Actes 15 :21 : "Car, depuis bien des générations, Moïse a dans chaque ville des gens qui le prêchent, puisqu'on le lit tous les jours de sabbat dans les synagogues". Cette remarque ambiguë semble être un reproche adressé aux partisans de Paul.
  26. L'enseignement des épîtres aux Romains et aux Hébreux semble contredire clairement l'avis donné par Jacques à Paul dans Actes 21 :20-25.
  27. Dans Galates 1, Paul insiste sur le fait qu'il ne s'est pas rendu à Jérusalem pour rencontrer Jacques, même s'il l'a rencontré à cette occasion (lors de son premier voyage à Jérusalem).
  28. Deux traductions de Galates 1 :19 (Moffatt et Knoch) prouvent que Jacques n'était pas un apôtre. Nous reviendrons sur ce point.
  29. Martin Luther appelait l'épître de Jacques "l'épître de paille", et en interdit l'usage à l'Université de Wittenberg.
  30. L'historien Josèphe a écrit que Jacques était très respecté à Jérusalem, à l'époque de sa mort, vers l'an 62. Tandis que Paul était haï à Jérusalem, et y a été emprisonné en 57.

Dans les chapitres suivants, nous étudierons en détail le Livre des Actes. Gardez les points ci-dessus en mémoire. Certains de ces points pourront être rejetés par ceux qui veulent défendre Jacques, mais il est difficile de les repousser tous. L'ensemble de ces points représente un formidable chef d'accusation.

Deux arguments généraux sont souvent cités pour la défense de Jacques. Selon le premier, Jacques doit nécessairement avoir fait partie des "bons", parce qu'il était le chef de l'Eglise de Jérusalem. Mais Jésus a dit : "Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : C'est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens" (Matthieu 24 :5). Selon le second argument, Jacques doit avoir fait partie des "bons", parce que Jésus lui est apparu après Sa résurrection. Mais Jésus a dit : "S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu'un des morts ressusciterait" (Luc 16 :31). Ces versets ne s'appliquent pas nécessairement à Jacques, mais on peut les utiliser pour répondre aux arguments employés pour défendre Jacques, et pour montrer que ces arguments ne sont pas convaincants.

Dans le Livre des Actes, Jacques est présenté comme un chef qui contrôle ses partisans, pas comme apôtre qui accomplit des miracles, qui souffre de persécution, et qui enseigne droitement la Parole de Dieu. Il a pris la place des apôtres à Jérusalem, au point que même Pierre est amené à le craindre, et à se séparer des Gentils convertis à un certain moment. En revanche, Paul est dépeint comme quelqu'un qui a souffert la persécution, qui a enseigné la Parole de Dieu, et qui a démontré la puissance de Dieu. Il est frappant que les Ecritures ne dépeignent jamais Paul comme essayant de contrôler ou de dominer les Chrétiens. Il est décrit comme un homme rempli de respect pour ses frères, qu'il considère comme ses pairs et non comme ses subordonnés. Il les encourage toujours à faire la volonté de Dieu, pas la sienne. Il ne donne pas des ordres, mais présente des requêtes. Les Ecritures ne le montrent jamais en train de tenter de centraliser l'Eglise, ni d'exercer son contrôle sur elle.