A244. Les deux voies de l'Eglise primitive (1).
Par David A. Anderson. L'original peut être consulté en anglais à l'adresse suivante :
http://www.en.com/users/anders/chapter2.htmlReproduction de la traduction française autorisée, pourvu quelle soit intégrale, et que les sources soient indiquées. Publié originellement en anglais en 1997, revu et corrigé en 1999. Adresse de l'auteur : David A. Anderson, 924 Richmond Road, Lyndhurst, OHIO 44124 (USA). E-mail :
anders@en.comNous publions ici, sous forme d'une série d'articles, et avec l'accord de l'auteur, un livre écrit par David Anderson. Ce livre nous semble éclairer particulièrement bien le conflit qui existait au sein de l'Eglise primitive entre la loi et la grâce, les partisans de la loi étant conduits par Jacques, le frère du Seigneur, et ceux de la grâce par l'apôtre Paul. Ce livre est parfaitement d'actualité, car le même conflit peut toujours être observé dans l'Eglise aujourd'hui. Il continue d'opposer ceux qui marchent selon la chair et ceux qui marchent selon l'esprit. La publication complète de cet ouvrage s'étalera sur plusieurs semaines, d'autres articles pouvant aussi être publiés en même temps.
Note préliminaire de Parole de Vie :
Après avoir lu l'ensemble de ce livre, nous avons décidé de le traduire et de le publier, malgré certains passages avec lesquels nous n'étions pas toujours d'accord. En particulier, l'auteur adopte vis-à-vis de la personne de Jacques, le frère du Seigneur et l'auteur de l'épître du même nom, une attitude trop négative et trop critique, qui ne nous semble pas nécessaire ni utile au développement de ses arguments, et qui risque de rebuter certains lecteurs dès le premier article. Malgré cela, l'intérêt de l'ensemble de l'ouvrage est réel, car il apporte des éclairages nouveaux, soulève de nombreux problèmes de fond (notamment sur la loi et la grâce, ou la marche par la chair et la marche par l'esprit), et corrige une image souvent trop idyllique que nous pourrions avoir de l'Eglise primitive. Nous encourageons donc les lecteurs à lire calmement l'ensemble du livre d'Anderson, en nous faisant part éventuellement de leurs réactions. Nous terminerons la série d'articles par une appréciation générale, et nous pourrons à cette occasion publier les remarques les plus intéressantes qui nous auront été adressées.
Table des matières :
Introduction.
Chapitre 1 : La grâce et "l'autre Evangile".
Chapitre 2 : Comment tout cela a commencé.
Chapitre 3 : Une croissance sans précédent.
Chapitre 4 : Des problèmes au sein de l'Eglise de Jérusalem.
Chapitre 5 : L'apôtre Paul et les Gentils.
Chapitre 6 : Jacques, le frère de Jésus.
Chapitre 7 : La délivrance est apportée aux nations.
Chapitre 8 : Confrontation à Jérusalem.
Chapitre 9 : La loi cède la place à la grâce.
Chapitre 10 : Paul retourne à Jérusalem.
Chapitre 11 : L'issue finale.
Chapitre 12 : Et l'Eglise poursuit sa marche.
Appendice.
Témoignage de ma reconnaissance.
Si je voulais faire la liste de tous ceux qui m'ont aidé à écrire ce livre, j'échouerais lamentablement. La famille de Dieu est vraiment merveilleuse, et l'on ne peut imaginer de quelle manière Dieu uvre au travers des membres de cette famille. Il doit y avoir des milliers de frères et de surs en Christ qui m'ont témoigné de leur amour au cours des années passées, personnellement et en m'écrivant. Ce sont eux qui m'ont rendu capable de porter ce livre à votre connaissance.
Je ne voudrais offenser aucun d'entre eux en prétendant classer leur aide par ordre d'importance pour moi. Certains commentaires qui m'ont été faits en passant ont pu être aussi importants que les heures de labeur qui m'ont été nécessaires pour achever cet ouvrage. Je demeure dans la paix de savoir que Jésus-Christ est la Tête de l'Eglise, qui est Son Corps, et que c'est Lui qui contrôle son fonctionnement.
Je dois toutefois témoigner tout particulièrement de ma reconnaissance à ceux qui m'ont aidé avec autant d'empressement à relire les premières versions de mon manuscrit. Leur patience, leur hospitalité, leurs nombreux éclairages, suggestions et corrections utiles m'ont été d'un grand prix. Bill et Irene Baroni m'ont aidé, fortifié et guidé depuis onze ans, le plus souvent à une distance de plus de 5.000 kilomètres. Billy Howse m'a donné son ordinateur, sans lequel je n'aurais pas eu le courage d'envisager d'écrire un livre. Le remercie aussi Ken Klug, qui m'a aidé à m'en servir.
John et Mary Somerville m'ont soutenu avec patience pendant dix mois, pendant certains de mes moments de découragement, et n'ont pas rechigné à lire la première version de mon livre. Dona Randall a toujours donné plus qu'il n'était nécessaire, depuis le moment où je l'ai rencontrée, il y a vingt ans. Je considèrerai toujours comme une grande bénédiction tout ce qu'elle et son mari Gene ont pu faire pour moi, ses commentaires critiques, tout au long des quatre dernières années, les livres qu'elle m'a fournis, et l'hospitalité que tous deux m'ont si affectueusement offerte, pendant le mois nécessaire pour relire la seconde version de mon manuscrit.
Le travail le plus pénible a sans doute incombé à Pat Lynn et à Sue Pierce, qui ont chacune examiné la première version de mon manuscrit, et qui m'ont fait bénéficier de la gouverne et de la "douce brise" qui m'étaient nécessaire pour poursuivre ma navigation. Alan Anderson, mon frère en Christ sans être mon parent, par ses commentaires enthousiastes, m'a montré de quelle manière "présenter mon dossier au jury". Je ne peux citer par leurs noms tous ceux qui ont relu mon manuscrit dans sa forme finale. Je leur adresse toutefois ma reconnaissance pour leur aide précieuse. J'adresse aussi tous mes remerciements à Jerry et Edith Howell pour leur assistance, ainsi qu'à George Barga.
C'est finalement à Jésus-Christ que je reconnais la souveraineté suprême, même sur toute opposition qui pourrait être engendrée par mon livre. Je ne suis qu'un membre du Corps de Christ, dont Il est la Tête, et je suis émerveillé par le fait qu'Il m'aime !
Introduction.
Le but de ce livre est de vous présenter un commentaire du Livre des Actes sensiblement différent de ceux qui en sont habituellement faits. Au départ, je n'avais pas l'intention d'écrire un livre à ce sujet. Ce désir est venu après, suite à certaines déceptions profondes rencontrées au cours de ma vie chrétienne. Si je parviens à capter votre attention, tout le mérite en reviendra aux qualités merveilleuses de la Parole de Dieu, et pas du tout aux quelconques qualités littéraires que je pourrais avoir. Je n'ai aucune réponse toute faite à donner à ceux qui pourraient dire : "Mais pour qui se prend-il, pour prétendre écrire un livre sur un tel sujet ?" Tout ce que je pourrais dire, c'est que je suis un enfant de Dieu. Je dirais aussi que le sujet de mon livre est digne d'être étudié en profondeur. Il me semble aussi que ce sujet n'a pas été suffisamment étudié, tout au long des deux derniers millénaires. Il n'est pas facile d'étudier un tel conflit dans l'esprit de la grâce, sans donner l'impression que l'on en atténue l'importance.
Les vérités développées dans ce livre ne résultent pas d'une recherche académique de "nouveaux thèmes d'intérêt". Elles résultent d'un effort sincère pour tenter de résoudre les conflits que j'ai pu rencontrer au sein de l'Eglise, d'une manière pratique, et en sondant la Parole de Dieu. Comme pour beaucoup d'autres Chrétiens, j'ai pu expérimenter de trop nombreux conflits au cours de ma vie chrétienne. J'étais préparé à des conflits avec "le monde". Mais les conflits au sein de l'Eglise sont tout autre chose. Parfois, j'ai été fort surpris. Parfois encore, il m'est arrivé d'être réellement accablé. Ces conflits semblent être la nourriture quotidienne des Chrétiens. Heureusement, la joie, l'amour, la paix, les miracles et les bénédictions accompagnent aussi les conflits, et permettent d'en supporter l'amertume !
L'apôtre Paul écrivait à Timothée : "Souffre avec moi, comme un bon soldat de Jésus-Christ" (2 Tim. 2 :3). Parmi ces souffrances, il y avait certainement des troubles et des conflits. La perspective d'un conflit est toujours désagréable. Toutefois, je crois que vous reconnaîtrez qu'il est très utile de savoir comprendre et résoudre les conflits dans l'Eglise. Un "bon soldat" a donc besoin d'apprendre tout ce qu'il peut apprendre, concernant les conflits qu'il pourra rencontrer, s'il veut être capable de "souffrir" comme le demande Paul.
Je me suis efforcé d'être juste et raisonnable en présentant les preuves du conflit qu'a connu l'Eglise du premier siècle. Mais vous penserez peut-être que mon livre n'est pas facile à lire, en raison des conclusions auxquelles mes preuves aboutissent. Il y a dix ans, j'ai commencé à apercevoir que Jacques, le frère du Seigneur, était en conflit avec l'apôtre Paul. A cette époque, je me suis dit : "Quelle importance ? Qu'est-ce que cela peut bien faire ?" J'ai lutté pour trouver des réponses à ces questions, jusqu'à ce que je comprenne que le problème était capital, puisqu'il touchait à la liberté spirituelle des Chrétiens. J'en ai conclu qu'il ne pouvait pas, en fait, exister de problème plus important pour les Chrétiens aujourd'hui. Car nous devons tous comprendre que notre liberté en Jésus-Christ est toujours menacée en permanence. Les menaces les plus sérieuses proviennent de deux directions opposées : de la loi, et de la licence. J'ai voulu essentiellement étudier dans mon livre de quelle manière la loi et l'esprit légaliste peuvent menacer la grâce. Si j'avais voulu étudier de quelle manière la licence pouvait menacer la grâce, il aurait fallu examiner les épîtres de Paul aux Corinthiens, et ce travail aurait débordé le cadre de mon livre.
Je croyais que la liberté chrétienne était surtout menacée par des actions provenant de l'extérieur de l'Eglise. A présent, je crois que les menaces les plus sérieuses proviennent du sein même de l'Eglise. Ce sont les expériences personnelles que j'ai pu vivre qui m'ont conduit à cette conclusion. Mais ces expériences ont été confirmées par l'étude de ce qui se passait déjà dans l'Eglise primitive. Mon livre s'intéresse donc essentiellement au conflit entre la loi et la grâce dans l'Eglise, et aux dangers que ce conflit fait courir à notre liberté spirituelle.
Il n'aurait été ni honnête ni juste de régler mes conflits avec d'autres Chrétiens en accusant tous mes adversaires d'être des "impies". Parfois, quand j'ai tenté de le faire, je n'ai abouti à aucune solution satisfaisante. Malgré toutes les apparences, les Chrétiens véritables ont besoin de s'aimer les uns les autres. L'amour est la caractéristique prééminente de tout ce que Dieu nous a donné en faisant de nous des "Chrétiens". Pourtant, les conflits subsistent. Je crois qu'il s'agit là du problème pratique le plus important que les Chrétiens doivent régler. Je crois fermement que l'existence de conflits au sein de l'Eglise démontre le besoin urgent, pour chaque Chrétien, de se plonger plus profondément dans la Parole de Dieu. Certains se sont enfermés dans leurs positions doctrinales depuis des siècles, au point d'affirmer que l'étude de la Parole de Dieu ne devrait être confiée qu'à des "autorités" spirituelles. Une telle position n'a jamais bénéficié à l'Eglise de la grâce. Seule la vérité est capable d'affranchir les hommes et les femmes. Plus nous nous ouvrons à la vérité, et plus nous devenons libres. C'est l'ignorance de la vérité qui nous maintient dans l'esclavage.
Je ne crois pas que les conflits au sein de l'Eglise seront réglés par la philosophie, par la psychologie, ou par toute la sagesse des hommes. Ces conflits ne seront certainement pas réglés par ceux que nous appelons les "inconvertis". Les sujets d'intérêt de ces derniers sont différents de ceux des Chrétiens. Ce que nous devons bien comprendre, c'est que les conflits dans l'Eglise ne seront pas réglés en les ignorant, ou en laissant des "autorités" les régler par la manière forte. Jésus-Christ doit être au centre de toute solution. Même Jacques, le frère du Seigneur, n'a pas les solutions. Seul Jésus-Christ est notre Seigneur.
Le Livre des Actes est certainement un livre capital pour l'Eglise, et Jésus-Christ est au centre du Livre des Actes. Quand nous aurons une juste perception de l'Eglise du Livre des Actes, nous disposerons d'un modèle qui nous permettra de nous conduire correctement aujourd'hui. Si nous ne comprenons pas ce qui s'est passé dans le Livre des Actes, nous ne comprendrons pas comment nous comporter aujourd'hui. En outre, le Livre des Actes est fondamental pour une juste compréhension des épîtres de Paul, car il représente le cadre dans lequel ces épîtres ont été rédigées. Si nous ne comprenons pas le Livre des Actes, nous ne comprendrons pas les épîtres de Paul.
J'ai commencé à m'intéresser au Livre des Actes quand j'ai étudié le conflit mentionné dans Actes 15, au sein de l'Eglise d'Antioche. Certains frères, venus de Jérusalem, ont commencé à dire aux Chrétiens d'Antioche qu'ils ne pouvaient pas être sauvés s'ils ne se faisaient pas circoncire. Je me suis dit : "Aujourd'hui, dans l'Eglise, il ne pourrait certainement pas y avoir de conflit aussi important que celui qui est mentionné dans Actes 15". Les "Chrétiens" de Jérusalem sont venus dire aux "Chrétiens" d'Antioche que certains d'entre eux n'étaient même pas sauvés, parce qu'ils n'étaient pas circoncis. Le problème était très grave.
J'en ai conclu que si je pouvais découvrir dans le Livre des Actes de quelle manière ce problème avait été résolu, j'aurais en ma possession une clef qui me permettrait de résoudre les conflits dans l'Eglise moderne. Toutefois, en étudiant de quelle manière le "concile de Jérusalem" avait abouti à une solution, je me suis rendu compte que cette solution était superficielle. Elle n'avait pas réglé fondamentalement le problème. En fait, elle avait créé un problème encore plus important. Il était intéressant de savoir comment Jacques, quinze années après le début de l'Eglise, était parvenu à se hisser à une position dominante dans l'église de Jérusalem, de telle sorte que sa proposition prévalut lors du concile. Auparavant, j'avais toujours pensé que c'était l'apôtre Pierre qui était à la tête de l'église de Jérusalem. Le fait de constater que c'était Jacques, le frère de Jésus, qui occupait une position prééminente à Jérusalem, posait un problème majeur.
Au cours des dix années écoulées, j'ai tenté de répondre à cette question : "Comment Jacques est-il devenu le personnage principal de l'église de Jérusalem ?" Car la réponse à cette question comportait de nombreuses implications. Mon livre est le résultat de mes recherches. En l'écrivant, mon intention était non seulement de publier mes découvertes, mais aussi d'aider tous ceux qui désireraient étudier ce sujet plus à fond, dans l'espoir que les conflits qui se présentent dans l'Eglise aujourd'hui puissent être aussi l'occasion de faire de nouvelles découvertes.
Mon désir est de mettre en avant la sagesse de Dieu et la Parole de Dieu, plutôt que la sagesse des hommes. J'aurais pu vous recommander de nombreux livres pour faire des recherches plus approfondies, des livres excellents. Mais il semble aussi que beaucoup de livres importants se soient perdus ou soient difficiles à trouver. Je ne prends donc aucun risque en vous recommandant d'étudier la Parole de Dieu pour avoir la solution à ce problème. En d'autres termes, je me sens plus à l'aise dans le rôle d'un journaliste, qui n'est pas obligé de révéler ses sources, plutôt que dans celui d'un érudit, qui s'efforce d'étudier le mieux qu'il peut toutes les sources disponibles, en publiant leurs références. Un érudit sait comment travailler d'une manière académique. Je crois que la plupart des lecteurs apprécieront l'absence de "notes de bas de page", et le fait que toutes mes références soient tirées de la Bible.
Il existe dans le Livre des Actes des oppositions frappantes, qui ne sont pas souvent perçues comme des oppositions. Si nous ne nous attendons pas à trouver des oppositions, nous ne les remarquerons pas quand nous lirons la Bible. Par ailleurs, quand il nous arrivera de découvrir une opposition surprenante, nous commencerons à en chercher d'autres, pour confirmer notre observation initiale. Quand j'ai commencé à me rendre compte que Jacques, au lieu d'être complémentaire de Paul, était plutôt en opposition avec lui, j'ai découvert beaucoup de faits qui ont confirmé mes soupçons. Si vous pensez que j'ai parfois exagéré dans mes conclusions, je vous prie d'être patient envers moi ! Le sujet que nous étudions est bien trop important pour que nous ne nous y intéressions pas, sous prétexte que certains de mes arguments ne vous paraissent pas assez convaincants, ou même à cause de mon ignorance de certaines choses. Quand vous aurez achevé la lecture de mon livre, je crois que toutes les preuves que j'ai réunies vous auront convaincu que l'Eglise primitive marchait en fait dans deux voies bien distinctes, et non dans une seule voie bien claire. Je veux parler de la voie de Jacques, et de la voie de Paul.
J'ai cherché à savoir s'il existait des livres, ou une littérature disponible, sur ce thème de ce conflit central au Livre des Actes. J'ai été déçu de n'en trouver que fort peu. Les seuls ouvrages qui parlaient peu ou prou d'un conflit au sein du Livre des Actes provenaient de "l'école de Tübingen", en Allemagne, école du 19e siècle. Mais cette école avait cru remarquer un conflit entre Pierre et Paul, conflit que je ne remarque absolument pas dans le Livre des Actes. Pierre a fait de grandes choses, tout comme Paul. Mais ils étaient clairement du même bord, quoique Pierre se soit parfois trouvé pris entre les deux camps, celui de Jacques et celui de Paul.
"L'école de Tübingen" rejetait, comme un axiome de la "Critique Historique", la réalité des miracles. En d'autres termes, elle ne tenait aucun compte des nombreux miracles rapportés dans le Livre des Actes. Manifestement, si l'on rejette les miracles, on discrédite tout le Livre des Actes. C'est pour cette raison que les membres de cette école ne pouvaient pas s'intéresser au conflit entre Jacques et Paul. Car la puissance de Dieu, manifestée par la résurrection de Jésus-Christ, est au cur de ce conflit. Le conflit auquel l'école de Tübingen s'intéressait ne tenait donc aucun compte de l'élément le plus important du Livre des Actes.
Un célèbre érudit a écrit : "Toutes les erreurs de la "Critique Historique" se sont concentrées sur le Livre des Actes". En m'intéressant au Livre des Actes pour tenter de régler un problème pratique, j'ai découvert que ce Livre des Actes occupait une position centrale dans la foi chrétienne. Tous les érudits ont manifestement reconnu cette position centrale. Selon leurs motivations, ils ont critiqué ou défendu le Livre des Actes. J'espère vivement que les défenseurs de ce Livre se rendront compte de la réalité du conflit entre Paul et Jacques, et que cela les rendra plus forts pour défendre la Parole de Dieu. Quant aux détracteurs de la Parole de Dieu, j'espère qu'ils changeront d'avis après avoir lu mon livre, et qu'ils arriveront à la conclusion que la Bible est bien la Parole de Dieu. Ils ont sans doute besoin de connaître un peu mieux le Seigneur Jésus-Christ, pour L'aimer davantage.
Il me semble que l'Eglise aujourd'hui est divisée en deux camps. Chaque camp enseigne le salut. Chacun affirme croire en la Bible et en la résurrection de Jésus-Christ. Mais chacun perçoit l'Eglise de deux manières différentes. Chacun, après s'être engagé dans le salut, suit deux voies différentes. L'une de ces voies mène à Jésus-Christ, tandis que l'autre s'en éloigne. J'ai appelé ces deux camps "l'Eglise de Paul", et "l'Eglise de Jacques", car les oppositions entre ces deux camps sont les mêmes que celles que nous pouvons voir dans le Livre des Actes et dans les épîtres de Paul.
Je suis persuadé que beaucoup sont sauvés dans les deux camps. Je suis également persuadé qu'il y a beaucoup d'imposteurs de part et d'autre. Mais il est beaucoup plus difficile aujourd'hui de discerner les deux camps, car deux mille ans se sont écoulés, et les doctrines propres aux deux camps semblent se retrouver dans toutes les dénominations et organisations chrétiennes. En exposant tous les éléments du conflit qui existait au sein de l'Eglise primitive, j'espère pouvoir le faire sans proclamer la supériorité de telle ou telle dénomination sur les autres. J'espère simplement que cette étude du Livre des Actes sera profitable à tout le monde. Mon souci est de promouvoir l'Eglise de Jésus-Christ, plutôt qu'un élément particulier de cette Eglise.
Le postulat de mon livre est le suivant : il y avait en fait deux Eglises au sein de l'Eglise du premier siècle. Ces deux églises marchaient dans deux directions différentes. Il y avait "deux voies de l'Eglise du premier siècle". L'une était l'Eglise de l'esclavage, l'autre était l'Eglise de la liberté. L'une était fille de l'esclave, l'Eglise dominée par la loi du péché et de la mort, l'Eglise du monde, l'Eglise de la vieille nature, l'Eglise remplie de sa propre justice, l'Eglise de la marche par la chair. L'autre était la fille de la femme libre, l'Eglise de la grâce, l'Eglise de la loi de l'esprit de vie en Jésus-Christ, l'Eglise du Corps de Christ, l'Eglise assise dans les lieux célestes, l'Eglise de la nouvelle nature, l'Eglise remplie de la justice de Christ, et l'Eglise de la marche par l'Esprit. La première était dirigée par Jacques, la seconde par Paul. L'Eglise de l'esclavage met l'accent sur la puissance de la collectivité, tandis que l'Eglise de la liberté met l'accent sur la puissance spirituelle de tous ceux qui sont individuellement conduits par l'Esprit de Dieu.
J'ai surtout utilisé la version King James de la Bible. J'ai fait également référence à deux versions qui peuvent être moins familières aux lecteurs. Si je les signale à votre attention, ce n'est pas parce que je les considère comme supérieures aux autres traductions de la Bible, mais parce qu'elles m'ont été particulièrement utiles quand je rencontrais un verset difficile dans la King James. La première version est le "Nouveau Testament Littéral et Concordant", compilé par A. E. Knoch, et publié pour la première fois en 1926 par Concordant Publishing Concern, 15570 West Knochaven Road, Canyon Country, CA 91851. Cette version présente la particularité de ne traduire chaque mot grec que par un seul mot anglais. Je me suis rendu compte que la version Knoch m'était très utile pour corriger certaines idées inexactes venant de ma mauvaise compréhension de nombreux versets de la version King James. La seconde version est celle de James Moffatt, publiée pour la première fois en 1922 par Harper and Row, 10 East 53rd Street, New York, N.Y. 10022. Moffatt a utilisé d'autres sources de textes originaux que celles de la King James. Dans son introduction, Moffatt fait remarquer que les textes originaux utilisés pour la King James ne représentaient qu'un pour cent des textes grecs disponibles à son époque.
Quand je discute de la Bible avec ceux qui utilisent des versions modernes, je n'ai pas encore été convaincu que je devais abandonner la version Moffatt. Quand on utilise la King James comme version principale, on peut cependant avoir avantage à employer d'autres versions, comme celles que j'ai signalées. Je ne suis pas un spécialiste du Grec ou de l'Hébreu. Je n'ai donc pas un accès direct aux manuscrits originaux, et je dois passer par des traductions et des concordances. Beaucoup de versions de la Bible m'ont été très utiles, en particulier les traductions interlinéaires littérales, et les concordances.
Quand j'étudie la Parole de Dieu et que je rencontre certaines difficultés de compréhension, je trouve que ces paroles de Jésus sont appropriées : "S'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins" (Matthieu 18 :16). Si j'ai du mal à "écouter" la King James, j'ai recours à la Moffatt ou à la Knoch. Si l'une d'entre elles, ou les deux, rendent différemment un verset de la King James, je trouve en général que l'une de ces versions m'aide à mieux comprendre le sens du texte original. Je considère ces trois versions comme des amies très chères. Des amis peuvent parfois avoir des opinions différentes, mais ces différences nous aident en général à grandir.
Je ne prétends pas avoir traité complètement le sujet du conflit présenté dans le Livre des Actes. Je peux donc me sentir libre de présenter toutes sortes de preuves, même si elles sont incomplètes, sans prétendre résoudre définitivement toutes les difficultés de tous les passages de l'Ecriture. Il est clair que je n'en suis pas capable. Je me perdrais dans l'analyse, sans jamais parvenir à une synthèse. D'après moi, toute analyse doit aboutir à une synthèse. Je laisse à d'autres membres du Corps de Christ le soin d'étudier plus en profondeur ce que je n'ai qu'abordé de manière superficielle. Ce faisant, ils pourront corriger et améliorer le tableau que j'ai dressé et qui, je l'admets volontiers, est bien imparfait.
J'ai sans doute été influencé dans ma démarche par ma formation pratique d'ingénieur. Ce qui m'intéresse, c'est le contenu plus que la forme. J'ai d'abord cherché à identifier le problème, c'est-à-dire un conflit entre la loi et la grâce. Je me suis efforcé de le clarifier le mieux possible. Il a fallu ensuite trouver des solutions possibles. La science parle de "postuler", au lieu de "spéculer", mais, en pratique, je ne vois pas trop la différence. Je me suis efforcé de me concentrer sur les éléments essentiels de la solution et de les développer. J'espère que le résultat obtenu sera pratique, même s'il n'est pas élégant. Mon but est plus pratique qu'académique. Si mon travail manque donc de l'élégance que certains auraient appréciée, c'est parce que j'ai ressenti l'urgence d'étudier ce problème fondamental pour l'Eglise, sans perdre de temps. Il a fallu choisir entre la concision et la perfection. Si j'ai recherché les deux, je n'ai pas honte de m'être montré éclectique dans ma présentation. Je préfère ouvrir de nouveaux débats, plutôt que d'avoir le dernier mot dans un débat ancien.
Je reconnais mes insuffisances. Dans notre vie actuelle, nous voyons en partie, et nous connaissons en partie, jusqu'à ce que "ce qui est parfait soit manifesté" (1 Cor. 13 :10). Je m'incline devant la Vérité de Dieu, et j'espère que tous mes lecteurs seront attentifs à cette déclaration : "La critique de ce que nous disons, pensons ou sentons, doit rechercher un équilibre entre ce dont nous sommes convaincus et ce dont nous ne sommes pas sûrs". Il est merveilleux de débattre d'une question, quand l'amour de Dieu nous remplit. Comme le dit Paul dans 1 Timothée 3 :16 : "sans contredit, le mystère de la piété est grand". Mais quand un débat dégénère en controverse, la joie de la découverte laisse la place à l'animosité. Si nous devons pouvoir apprendre plus de choses dans la Parole de Dieu, nous devons être toujours prêts à débattre, et nous devons remplacer l'animosité par une étude diligente. Hélas, beaucoup de gens croient aujourd'hui que le débat est un art oublié. Les Chrétiens ne peuvent pas se permettre de laisser la Vérité de Dieu cachée, par crainte de la controverse. Nous devons redécouvrir l'art délicat du débat, afin de pouvoir prouver ce qui constitue "la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait" (Romains 12 :2). La Science n'a aucun problème à prouver les choses, contrairement à la Théologie parfois !
Je considère personnellement comme un problème chronique que seuls les romans donnent en général des précisions sur leurs auteurs. On peut pourtant lire un roman sans rien connaître de son auteur. Tandis que les écrits qui ne sont pas des romans ne peuvent être réellement appréciés que si nous sommes éclairés sur les motifs, les expériences et la vie de leurs auteurs. Je crois donc que la plupart de ces ouvrages gagneraient beaucoup à mieux présenter leurs auteurs. Même les éditeurs de la version King James ne publient pas en général la préface que les traducteurs ont écrite à l'intention des lecteurs. Une telle omission ne me semble pas rendre service aux lecteurs. Il est certain que les mots soigneusement choisis par les traducteurs dans leur préface devraient figurer en bonne place pour introduire leur travail. Le lecteur est ensuite libre de lire ou non cette préface. Pour remédier à ce problème de "l'auteur invisible", j'ai présenté certaines informations personnelles dans un appendice situé à la fin de mon livre.
Le thème de mon livre est aussi celui du compromis. Je ne parle pas du compromis que l'on atteint après une négociation entre deux parties, ou du compromis que l'on peut faire au sujet d'une question sans aucune importance réelle, comme le choix de la couleur de votre maison. Le compromis dont je parle dans mon livre est un compromis avec l'intégrité, un compromis avec la vérité, un compromis entre les forces du Bien et les forces du Mal.
J'ai travaillé pendant vingt ans au sein d'une organisation chrétienne, et j'ai souvent entendu dire que nous devions "céder sur les problèmes qui n'ont pas de réelle importance". Tout le monde est d'accord sur le fait que nous ne devons pas perdre notre temps à défendre une position qui n'est pas réellement importante. Tout le monde peut comprendre cela. Toutefois, avec le temps, j'ai commencé à réaliser que ceux qui disaient cela voulaient souvent éliminer, au sein du groupe, tout désaccord sur tous les problèmes, qu'ils soient importants ou non. A mesure que le temps passait, j'ai compris que l'on faisait de plus en plus pression sur les individus pour qu'ils n'exercent plus leur jugement personnel, qu'ils ne réfléchissent plus eux-mêmes sur ce qu'ils considèrent comme important, et qu'ils s'en remettent à la position officielle de leur organisation.
A mesure que cette pression se renforçait, j'ai remarqué aussi que les problèmes à propos desquels les individus devaient cesser de discuter devenaient de plus en plus importants. On finissait par dire : "Accepte ce que disent tes responsables, qu'ils aient tort ou raison !" On peut accepter une telle attitude dans une organisation militaire, mais certainement pas dans l'Eglise ! Notre Chef est Jésus-Christ. Ses ordres sont très clairs ! Nous devons Le suivre, Lui seul. Il a toujours raison ! Même quand nous nous trompons ! Si nous laissons une "autorité" humaine quelconque nous dicter la vérité et nos convictions, cela ne peut que conduire au désastre ! La plupart des conflits importants dans l'Eglise semblent toujours tourner autour de l'homme, ou des hommes, que nous devrions suivre ! Nous ne devons pas mettre notre foi dans la sagesse des hommes, mais dans la puissance de Dieu. Nous ne devons mesurer et juger ce que nous faisons que par rapport à cette puissance de Dieu, et non par rapport à la taille de notre église, ou à "l'autorité" des hommes qui la dirigent ! Quand nous comprenons réellement que Jésus-Christ est la seule "Autorité" dans le monde aujourd'hui, nous n'écouterons les avis, les conseils et les "ordres" que si la personne qui nous les donne est un "agent" véritable de Jésus-Christ, mais pas si c'est un usurpateur !
Les méthodes de notre ennemi, le diable, sont subtiles. L'une de ses méthodes consiste à remplacer les vérités par des semi-vérités. Il fait défendre ensuite ces semi-vérités par des groupes de pression, en éliminant de ces groupes toutes les voix discordantes. Nous voyons cette méthode appliquée dans le Livre des Actes. Comme c'est également une méthode du monde, il n'est pas surprenant qu'elle ait toujours été très largement employée, depuis le temps où le Livre des Actes a été écrit. Comme me le disait un pasteur : "Les germes de mort sont déjà présents dès la création de toute nouvelle organisation !" Afin d'assurer sa survie et son développement, tout groupe adopte et défend des idées qu'il sera le seul à défendre. Ses membres se sont réunis en fonction de ces idées exclusives. Ils bénéficient de l'aura du groupe, aura qu'ils n'auraient jamais pu faire briller eux-mêmes s'ils étaient restés seuls. C'est pourquoi chaque groupe semble plus important que ses membres individuels, et c'est aussi pour cela que ses membres sont séduits. Plus il y a de nouvelles dénominations, sectes ou groupes chrétiens, et plus l'Eglise de Dieu apparaît de plus en plus divisée. "Vous efforçant de conserver l'unité de l'esprit par le lien de la paix" (Ephésiens 4 :3). Cette parole de Paul est de plus en plus difficile à appliquer, à cause du zèle intempestif des membres de ces groupes.
Un groupe est en général plus visible et plus influent qu'un simple individu. Il n'est donc pas surprenant que l'on fasse souvent référence aux positions officielles de ces groupes. Ceux qui ont voulu manifester individuellement leur opposition dans l'Eglise ne figurent pas le plus souvent dans les archives de l'Histoire officielle. Mais Dieu les connaît tous, comme le dit le Psaume 92 :12-13 : "Les justes croissent comme le palmier, ils s'élèvent comme le cèdre du Liban. Plantés dans la maison de l'Eternel, ils prospèrent dans les parvis de notre Dieu".
Ceux qui manifestent leur opposition ne sont pas nécessairement des "fauteurs de troubles". Ils ont souvent voulu protester contre des erreurs admises par un groupe, qui résistait à la vérité de la Parole de Dieu. Si de tels conflits sont réglés en faisant taire toute opposition, le groupe continuera à vivre, mais la Bible ne sera plus au centre de ce groupe. Elle sera mise à l'écart, car le groupe, dans son ensemble, finira par croire que la cause du conflit vient de la Bible elle-même. C'est toute l'Eglise qui en souffrira.
Comme disciple de Jésus-Christ, l'apôtre Paul est un excellent exemple de ce "juste" dont parle la Bible, un juste opposé à tout compromis. Dans 1 Corinthiens 15 :8, il se compare à un "avorton". Il l'était en vérité, car il était comme "né hors de toute norme". La manière dont Paul se décrit lui-même est révélatrice. Il considérait qu'il n'avait aucun droit d'être un apôtre, car il mettait à mort les Chrétiens, avant sa rencontre avec Jésus-Christ. Avant sa conversion, l'amour qu'il manifestait pour Dieu était certainement dévoyé.
Mais, après avoir rencontré Jésus-Christ, il n'a jamais reconnu aucun homme comme étant son supérieur, ni son subordonné. Il a tenté, à un certain moment, de se conformer aux suggestions de l'Eglise de Jérusalem. Mais il a fini par reconnaître qu'il ne pouvait pas le faire sans compromettre sa défense de la grâce. Paul était un serviteur de Jésus-Christ, et il a toujours été fidèle à son service. Il n'était pas parfait, mais il était fidèle.
Comme nous disposons du Livre des Actes et des épîtres de Paul, nous savons beaucoup plus de choses sur Paul que sur les autres apôtres. Paul est un excellent exemple du juste qui ne fait aucun compromis. Si nous étudions tout ce qui concerne Paul dans le Livre des Actes et dans ses épîtres, nous aurons une excellente description de la bonne manière de servir Jésus-Christ.
Jacques, le frère de Jésus, est le contraire de Paul. Dès le milieu du Livre des Actes, nous pouvons constater qu'il est clairement le chef de l'Eglise de Jérusalem. Beaucoup affirment qu'il était un apôtre. Pourtant, nous verrons qu'il ne l'était pas. Beaucoup pensent qu'il est un exemple à suivre, parce qu'un livre de la Bible a été écrit par lui. Je ne doute aucunement que l'épître de Jacques ait bien été écrite par Jacques, le frère du Seigneur. Mais je me demande si c'est bien le Seigneur qui a demandé à Jacques de l'écrire. Je crois que les paroles de Jacques viennent de lui, et pas du Seigneur. Il est difficile de considérer l'épître de Jacques comme un complément des épîtres de Paul. Certaines déclarations de Jacques ont bien du mal à s'accorder avec celles de Paul. Si l'on considère que l'épître de Jacques a été écrite pour servir de contraste aux épîtres de Paul, cela explique bien des choses.
Quand on cherche à savoir de quelle manière l'épître de Jacques a été incluse dans le Nouveau Testament, on ne manque pas d'être surpris. La Parole de Dieu nous dit que "ce n'est pas par une volonté d'homme qu'une prophétie a jamais été apportée, mais c'est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu" (2 Pierre 1 :21). Mais qui a décidé que certains textes devaient faire partie de la Parole de Dieu, et quand ? C'est une question à laquelle on ne peut répondre qu'en étudiant toutes les données historiques dont nous disposons. Nous devons être très prudents en faisant cette étude, car ces données historiques étaient souvent sous la bonne garde de ceux qui, justement, avaient pris soin d'éliminer toutes les voix discordantes.
Je me suis efforcé de savoir qui avait décidé d'inclure l'épître de Jacques dans le canon du Nouveau Testament, et à quelle date. J'ai lu un certain nombre de livres à ce sujet. Tous indiquent les "premiers Pères de l'Eglise" comme les autorités les plus anciennes en la matière. Ces "Pères" ont vécu en gros entre 200 et 400 après Jésus-Christ. On ne peut dire que leurs commentaires soient exactement contemporains des faits relatés dans le Nouveau Testament, puisqu'ils ont été écrits des siècles plus tard.
Ces recherches m'ont permis aussi de connaître un homme qui vivait au second siècle. Tous les auteurs qui citent le nom de cet homme l'appellent "Marcion l'Hérétique", à tel point que je me suis demandé si cette épithète faisait partie de son nom de famille ! Mon encyclopédie raconte pas mal de choses sur ce Marcion. J'ai retenu en particulier ce passage : "On peut dire qu'au second siècle, il n'y eut qu'un seul homme, Marcion, qui prit réellement la peine d'étudier le personnage et les écrits de l'apôtre Paul. Mais il faut ajouter qu'il ne parvint pas à cerner correctement l'apôtre". Je fus frappé par cette remarque. Ce qui était dit, en fait, c'était qu'au cours du second siècle après Jésus-Christ, seul Marcion s'efforça d'étudier sérieusement les épîtres de Paul. Pourtant, un ou deux siècles plus tard, tous les "Pères de l'Eglise" se sont accordés pour dire que Marcion était un "hérétique". Il me fallait donc en savoir davantage sur cet "hérétique" !
Je découvris que Marcion fut le premier à définir un canon du Nouveau Testament. Il le fit vers l'an 140. Il faut préciser que, jusque vers le sixième siècle, l'Eglise qui se réclamait de Marcion rivalisait largement avec l'Eglise Catholique Romaine. Le canon de Marcion ne comprenait que les écrits de Paul et de Luc, parce que Luc fut l'un des compagnons de voyage de Paul. Il comprenait donc l'Evangile de Luc, les Actes des Apôtres, et les épîtres de Paul. Ce canon est le plus ancien à définir l'inspiration divine des livres du Nouveau Testament. Quand Marcion a publié son canon, les livres du Nouveau Testament étaient rédigés depuis un peu plus de 70 ans.
Ce qui était intéressant, dans mon étude de Marcion, fut de constater que tous les auteurs qui ont parlé de lui ont pris clairement parti. Certains ont manifesté leur dédain en disant que Paul n'aurait jamais eu une place aussi éminente dans le Nouveau Testament, si Marcion n'avait pas autant milité en sa faveur. D'autres ont traité Marcion d'hérétique comme certains ont traité Luther d'hérétique, parce qu'il a expurgé la Bible des livres apocryphes. Il est intéressant de noter que Luther ne mettait pas non plus l'épître de Jacques sur le même plan que les épîtres de Paul. Il considérait l'épître de Jacques comme une "épître de paille", et, vers la fin de sa vie, interdit même à l'Université de Wittenberg d'y faire référence. C'était, sans aucun doute, en raison de ce que Jacques écrit sur "la foi sans les uvres", qu'il considère comme morte, tandis que Paul défendait la foi sans les uvres. "Le juste vivra par la foi".
Tout ce que l'on sait sur Marcion a été écrit par ses ennemis. Le plus ancien d'entre eux, et le plus acharné, fut Tertullien, qui n'a écrit que vers l'an 200. Il considérait Paul comme "l'apôtre de Marcion", ou "l'apôtre de l'hérétique". Voilà pour Tertullien !
En étudiant les "Pères de l'Eglise", ou tout ce qui touche à l'Histoire de l'Eglise, nous ne devons jamais oublier une question fondamentale : "L'Eglise était-elle un simple Judaïsme réformé ou non ?" La réponse à cette question détermine justement l'objectif que je m'étais fixé en rédigeant ce livre.
Beaucoup affirment que l'Eglise n'est qu'un Judaïsme réformé, parce qu'elle est née à Jérusalem et qu'elle s'est répandue à partir de Jérusalem. Ils ajoutent que l'Eglise s'est contentée de faire entrer les Gentils dans le salut offert aux Juifs par Jésus-Christ, tout en leur demandant d'accepter la plupart des dispositions du Judaïsme. Toutefois, pour ceux qui considèrent que l'Eglise n'est qu'un Judaïsme réformé, les épîtres de Paul sont incompréhensibles. Ils perdent leur temps et leur énergie à vouloir concilier des contraires irréconciliables.
Jésus-Christ a dit qu'Il était venu nous donner la vie, et même la vie en abondance (Jean 10 :10). En disant cela, Il ne nous prêchait pas la prospérité financière, comme certains le prétendent. Luc 12 :15 le précise très clairement : "Puis il leur dit : Gardez-vous avec soin de toute avarice; car la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens, fût-il dans l'abondance". Il est clair que dans Jean 10 :10, Jésus parlait d'une nouvelle relation avec Dieu, d'une vie nouvelle, d'une vie qui transcende l'abondance matérielle. Jésus-Christ est venu nous offrir une nouvelle alliance, fondée sur de meilleures promesses. Cette alliance concerne notre marche avec Christ. Ce n'est pas une marche avec Israël, ni une invitation à conserver la moindre tradition du Judaïsme. Pour les Chrétiens, "les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles" (2 Cor. 5 :17). Cette nouvelle alliance nous est proposée dans le Nouveau Testament, et l'Ancien Testament n'est plus que "l'ombre des choses à venir" (Colossiens 2 :17).
C'est le Livre des Actes qui nous montre clairement que l'Eglise n'est nullement un Judaïsme réformé. Il nous montre que l'Evangile s'est répandu en dépit du légalisme de l'Eglise de Jérusalem, qui voulait répandre l'esclavage. D'une manière ou d'une autre, cette "Eglise de l'esclavage" a survécu jusqu'à nos jours. C'est l'Eglise du visible, du tangible, de la puissance financière. C'est l'Eglise des règles et des règlements, l'Eglise de la loi et de l'ordre, l'Eglise des "conseils des anciens et des diacres". C'est l'Eglise des grandes congrégations et des emprunts de millions de dollars. C'est l'Eglise qui a conservé l'apparence de la piété, mais qui en a renié la force.
En revanche, l'Eglise du Corps de Christ est l'Eglise secrète. Elle ne s'intéresse pas aux beaux bâtiments et aux grandes congrégations, ni à tout ce que les hommes ont pu concevoir pour contrôler la vie des gens. Vers la fin de son ministère, Paul a écrit que "tous ceux d'Asie l'ont abandonné". Mais Dieu ne l'a pas abandonné. Depuis que Paul a fait connaître le glorieux Evangile de la grâce, celui-ci a continué à prospérer jusqu'à nos jours. Mais il a prospéré dans le cur et la vie de tous ceux qui veulent marcher par l'esprit. Ceux qui sont charnels ne peuvent ni voir ni comprendre cette Eglise victorieuse. Pour le monde, il s'agit d'une Eglise secrète. Que Dieu permette à cette Eglise secrète de déborder toujours plus de Son Esprit, à mesure que de nouvelles âmes la découvrent ! J'attends avec impatience votre réaction à ces "deux voies de l'Eglise primitive" !
Note de Parole de Vie :
Même si l'on considère Jacques comme le chef de "l'Eglise de l'esclave", et Paul comme celui de "l'Eglise de la femme libre", il ne nous semble aucunement nécessaire de mettre en doute pour autant l'inspiration divine de son épître. Certes, la Bible, Parole entièrement inspirée de Dieu, ne rapporte pas que des paroles prononcées par Dieu. Nous devons avoir le discernement nécessaire pour savoir si certaines paroles prononcées par des hommes dans la Bible traduisent directement la pensée de Dieu, ou reflètent une sagesse humaine. Certains livres, comme l'Ecclésiaste, écrit par le Roi Salomon, qui commença bien et finit mal, contiennent souvent des raisonnements et des points de vue humains, ceux de Salomon en l'occurrence, sans exprimer directement la pensée du Seigneur. Cela nous permet, quand nous sommes dans l'esprit, de discerner pourquoi le Seigneur a voulu faire figurer ce texte dans Sa Parole, d'en tirer les enseignements spirituels, et d'opposer la sagesse divine aux simples raisonnements humains.
Dans le cas de l'épître de Jacques, même si Jacques, en tant que personne, a pu être légaliste et judaïsant, et avoir un comportement qui n'était pas toujours spirituel, nous croyons qu'il a été utilisé par Dieu pour écrire une épître entièrement inspirée. Mais cette épître doit être lue dans l'esprit et avec l'Esprit.
Certains passages de la Bible ont même été prononcés par des hommes impies, qui ont été utilisés par Dieu pour apporter des paroles ou des prophéties divines. L'exemple classique est Balaam, dont le cur n'était pas droit, et qui n'était certainement pas "né de nouveau", mais qui a apporté des prophéties messianiques qui sont parmi les plus belles de la Bible. Le Seigneur Jésus parle aussi de ceux qui ont prophétisé en Son nom, et qu'Il n'a jamais connus, parce qu'ils pratiquaient l'iniquité. Il est donc possible d'exercer des dons spirituels (ou d'écrire un texte inspiré de Dieu) sans même être né de nouveau. Ce qui n'enlève rien à la valeur du don ou du texte !
Tous les livres de la Bible peuvent être lus et mis en pratique soit dans l'esprit, soit dans la chair. Nous devons donc lire la Bible en esprit et en vérité, dans un esprit de prière, guidés par le Saint-Esprit, pour discerner la pensée et la volonté du Seigneur, et capter la pure vérité de la Parole. Si nous sommes surtout conduits par la chair dans notre vie personnelle, notre perception spirituelle de la Bible sera faussée par l'écran de la chair, et nous ne bénéficierons pas pleinement de la richesse spirituelle de l'Ecriture. Plus la croix passera dans notre vie, pour mettre à mort tout ce qui est charnel, et plus notre perception du message de la Bible deviendra pure et conforme à la vérité de Dieu.
Enfin, aucun livre de la Bible ne doit être lu seul, sans référence aux autres livres, qui l'expliquent et le complètent. Notre position est donc claire : l'épître de Jacques est inspirée, et doit demeurer dans le canon biblique. Mais il ne faut pas la considérer comme un simple recueil isolé de bonne morale chrétienne. Nous devons la lire à la lumière de l'enseignement de la croix et de la marche par l'esprit, donné par ailleurs par Paul dans ses épîtres.