A242. Israël et l'Eglise.

Article de S.R. Shearer.

L'original de cet article peut être consulté en anglais à l'adresse suivante :

http://www.endtimesnetwork.com/antipas/ant_chp3.html

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.

Dans cet article, l'auteur souligne la permanence d'Israël dans les prophéties bibliques, qui, selon lui doivent être acceptées littéralement. Contrairement à ce qu'affirment certains théologiens, notamment les amillénaristes, l'Eglise n'a pas remplacé Israël.

La nécessité d'une acceptation littérale des prophéties bibliques.

Si l'on veut réellement comprendre les prophéties bibliques, la première chose est de faire une nette distinction entre Israël et l'Eglise. Pour être convaincu de cette l'existence de cette distinction, il vous suffit de prendre la Bible à la lettre. C'est ce qu'ont toujours fait, historiquement, les églises évangéliques, ou des hommes comme Hudson Taylor, C.T. Studd, Dwight Moody, Harry Ironside, C.I. Scofield, etc… On a aussi donné un nom à cette distinction. Il s'agit de la doctrine des "dispensations". Cette doctrine représente le fondement de ce que l'on appelle le "pré-millénarisme", qui reste la doctrine enseignée par des églises comme les Assemblées de Dieu ou les Baptistes. Voici ce qu'a écrit Charles Caldwell, du Séminaire de Théologie de Dallas :

"Ceux qui prennent la Bible à la lettre ont aussi accepté la doctrine des dispensations. Ils font une nette distinction entre Israël et l'Eglise. Les partisans et les adversaires de cette doctrine s'expriment de différentes manières sur cette question. Fuller, qui devint amillénariste, affirme que la doctrine des dispensations est fondée sur l'existence de deux plans divins, concernant deux peuples distincts, qui maintiendront leur distinction tout au long de l'éternité". Gaebelin, partisan des dispensations, a écrit pour sa part : "Cette distinction entre Israël et l'Eglise constitue probablement le test théologique le plus fondamental nous permettant de déterminer si quelqu'un croit à la doctrine des dispensations, c'est-à-dire, s'il lit la Bible de manière littérale. C'est sans doute le test le plus pratique et le plus efficace…" (1)".

Lewis Sperry Chafer, premier Président du Séminaire de Théologie de Dallas, affirmait avec beaucoup de force que si l'on accepte les prophéties bibliques de manière littérale, c'est-à-dire en appliquant à Israël tout ce qui concerne Israël, et à l'Eglise tout ce qui concerne l'Eglise, on ne peut qu'aboutir logiquement et systématiquement à la conclusion suivante :

"Dieu a toujours voulu réaliser deux plans distincts, tout au long des âges. Le premier plan, dont les objectifs sont terrestres, concerne Son peuple sur la terre, le peuple Juif. Le second, dont les objectifs sont célestes, concerne Son peuple dans les cieux, l'Eglise" (2).

Tous ces hommes étaient persuadés que le fait de nier cette distinction entre Israël et l'Eglise traduisait une compréhension très superficielle des Ecritures, ainsi qu'un rejet de l'interprétation littérale de la Parole de Dieu. On a appelé cette théologie, qui nie l'existence d'une telle distinction, la Théologie de l'Alliance, ou encore post-millénarisme. L'amillénarisme n'est qu'une variante assez sophistiquée du post-millénarisme. Cette Théologie de l'Alliance est toujours partagée par l'Eglise Catholique Romaine, ainsi que par beaucoup d'églises Protestantes ou Evangéliques libérales. Selon cette théologie, l'histoire doit être vue comme le développement d'une Alliance unique entre Dieu et les pécheurs, par laquelle Dieu veut sauver tous ceux qui s'approchent de Lui par la foi, et qui se mettent au bénéfice de la mort de Christ sur la croix (3). Bien que cette Théologie de l'Alliance contienne de nombreuses vérités conformes à l'Ecriture, elle est complètement inadéquate pour bien expliquer les événements de la fin (l'eschatologie). En outre, elle entraîne l'Eglise dans l'impasse des réformes sociales, culturelles et économiques, obtenues par l'intervention d'institutions contrôlées par l'homme. Dieu ne veut pas Se servir de ces institutions pour réformer le monde, mais Il les voue au jugement et à la destruction.

Chafer a écrit :

"Les théologiens de l'Alliance aiment bien utiliser les expressions "alliance des œuvres" et "alliance de la grâce". Mais ces expressions n'existent pas dans le texte sacré. Si l'on veut respecter l'autorité de la Bible, on ne devrait pas les utiliser… La Théologie de l'Alliance et le post-millénarisme découlent en grande partie de l'invention humaine de ces deux expressions. S'il est vrai que cette Théologie traditionnelle a bien compris que Dieu ne peut pardonner les pécheurs que sur la base du sacrifice libérateur de Son Fils (sacrifice anticipé dans l'ordre ancien et réalisé dans l'ordre nouveau), en revanche, elle n'a absolument pas compris que Dieu entretient des relations différentes avec les Juifs et avec l'Eglise. Ces relations distinctes impliquent des obligations divines distinctes. La Théologie de l'Alliance n'a retenu que l'action de la grâce de Dieu dans tous les âges, pour sauver les pécheurs repentants. Mais, à partir de cette vérité de la grâce immuable de Dieu, elle a construit l'idée d'une Eglise universelle, unique dans tous les âges, qui aurait tout simplement absorbé Israël. Une telle démarche non seulement néglige de vastes portions des Ecritures, mais aboutit aussi à une confusion inévitable, confusion qu'engendrent toujours les vérités partielles (4).

A quoi aboutit la Théologie de l'Alliance ? A une Eglise mondaine.

Cette "confusion inévitable" dont parle Chafer finit par pousser l'Eglise à s'occuper des problèmes sociaux, économiques et même militaires de notre monde. Pourtant, le Seigneur a ordonné à Son Eglise de ne pas s'engager dans ces activités. Comment justifier, par exemple, l'engagement de l'Eglise dans des actions militaires, à la lumière de ce texte de l'Evangile de Luc :

"Mais je vous dis, à vous qui m'écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. Si quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l'autre. Si quelqu'un prend ton manteau, ne l'empêche pas de prendre encore ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas ton bien à celui qui s'en empare. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi agissent de même. Et si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? Les pécheurs aussi prêtent aux pécheurs, afin de recevoir la pareille. Mais aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien espérer. Et votre récompense sera grande, et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et pour les méchants" (Luc 6 :27-35).

Il est certain que la Théologie de l'Alliance entraîne ses partisans dans la voie stérile des réformes sociales et même des actions militaires. Mais, ce qui est plus grave, elle les entraîne aussi dans un rejet de l'interprétation littérale des Ecritures. Nier cela revient à nier l'Histoire. Des groupes qui, au départ, étaient fermement attachés à la Bible, comme les Presbytériens, les Congrégationalistes, les Méthodistes, les Baptistes Américains, et bien d'autres encore, ne sont plus aujourd'hui que l'ombre de ce qu'ils étaient autrefois. Ils sont aujourd'hui prêts à tous les compromis avec les Ecritures, pour suivre les dernières modes, comme accepter les femmes ou les homosexuels dans le ministère, proclamer la "féminité" de Dieu, etc… Leur but essentiel semble n'être qu'une recherche stérile de la transformation du monde par des moyens humains.

Le fondement biblique d'une vraie théologie évangélique.

Bien entendu, si nous voulons exiger que les partisans de la Théologie de l'Alliance s'appuient exclusivement sur les Ecritures, il est normal que nous exigions la même chose des Chrétiens Evangéliques, quand ils maintiennent une distinction entre Israël et l'Eglise. Quelles sont donc les preuves scripturaires de cette distinction, et sur quoi pouvons-nous nous appuyer pour affirmer qu'Israël ne doit pas être absorbé par l'Eglise, et doit continuer à en être distinguée, comme l'a dit John F. Walvoord, "jusque dans l'éternité" ?

Tout simplement, nous devons fonder notre croyance en une distinction éternelle entre Israël et l'Eglise sur une interprétation littérale de la Parole de Dieu. Cette interprétation littérale aboutit logiquement à une conclusion très précise : l'alliance conclue par Dieu avec Abraham est immuable. Cette alliance conclue avec Abraham a été ensuite renforcée et élargie par trois nouvelles alliances : l'alliance concernant la terre d'Israël, l'alliance avec David, et la "nouvelle alliance".

Définition du mot "alliance".

Voici comment Charles F. Lincoln définit le mot "alliance" :

"Une alliance divine est (1) une disposition souveraine de Dieu, par laquelle Il S'engage envers l'homme d'une manière inconditionnelle. Dans Sa grâce, Dieu S'oblige alors Lui-même, en prononçant ces mots : "JE + un verbe au futur", à accorder certaines bénédictions précises aux bénéficiaires de Son alliance. Une alliance divine peut aussi être (2) une proposition de Dieu, par laquelle Il S'engage envers l'homme d'une manière conditionnelle, en employant ces mots : "SI VOUS + un verbe au présent…" Si les conditions fixées par Dieu sont remplies, Il promet d'accorder certaines bénédictions précises aux bénéficiaires de Son alliance. Il promet aussi, dans ce cas, d'exécuter certains châtiments précis, si les conditions fixées ne sont pas remplies" (5).

Il nous faut aussi ajouter deux précisions importantes :

Tout d'abord, les alliances proposées par Dieu sont littérales. G.N.H. Peters a écrit :

"Dans toute transaction humaine, un contrat, par exemple, on admet toujours et partout qu'il faut énoncer les clauses du contrat d'une manière parfaitement claire, dans un langage précis et compris par tous. La nature même d'une alliance exige qu'elle soit formulée d'une manière claire et indiscutable, afin que ses dispositions soient nettement expliquées et comprises, et que l'on n'ait pas besoin de siècles d'exégèse pour en saisir le sens obscur et caché" (7).

Les alliances de Dieu n'ont été strictement conclues qu'avec un seul peuple, le peuple Juif, le peuple de l'alliance.

En second lieu, aucune nation du monde, à part la nation Juive, n'a jamais bénéficié d'une alliance quelconque avec Dieu. Israël est la seule nation à avoir jamais bénéficié d'alliances divines. Dieu n'a jamais conclu d'alliance particulière avec l'Amérique, la Grande-Bretagne ou la France, par exemple. J. Dwight Pentecost a écrit :

"Ces alliances ont été conclues avec le peuple de l'alliance, Israël. Dans Romains 9 :4, Paul déclare que c'est la nation d'Israël qui a reçu les alliances conclues avec Dieu. Dans Ephésiens 2 :11-12, il dit aussi que les Gentils n'ont bénéficié d'aucune de ces alliances, et qu'ils ne jouissent donc pas de relations avec Dieu qui soient fondées sur une alliance. Ces passages nous montrent clairement que les nations des Gentils ne bénéficient aucunement des alliances conclues par Dieu avec Israël" (9).

Les cinq alliances conclues par Dieu avec Israël.

Les Ecritures mentionnent cinq alliances majeures conclues par Dieu avec Israël. Quatre de ces alliances sont inconditionnelles, tandis que la cinquième est conditionnelle. Lincoln a écrit :

"Nous trouvons les quatre alliances inconditionnelles dans (1) Genèse 12 :1-3, où Dieu S'engage de sept manières précises ; (2) Deutéronome 30 :1-10, où Dieu S'engage douze fois ; (3) 2 Samuel 7 :10-16, où Dieu S'engage sept fois ; et (4) Jérémie 31 :31, où Dieu S'engage à nouveau sept fois. La cinquième alliance, conditionnelle, se trouve dans Exode 19 :5. Elle est répétée dans Deutéronome 28 :1-14, les versets 15 à 68 étant consacrés à l'énumération des malédictions promises en cas de non-respect des conditions" (6). En réalité, l'alliance conditionnelle concerne l'ensemble de la Loi de Moïse.

L'alliance conditionnelle : la Loi de Moïse.

Cette alliance conditionnelle, pour s'accomplir, dépendait du respect des conditions requises par le bénéficiaire de l'alliance, c'est-à-dire Israël. Elle ne dépendait donc pas de la souveraineté de Dieu. Il fallait qu'Israël remplisse toutes les obligations de l'alliance pour que Dieu accomplisse ce qu'Il avait promis. Il y avait un "SI" attaché à cette alliance. Toute la Loi de Moïse est comprise dans cette alliance conditionnelle.

Les alliances inconditionnelles.

Une alliance inconditionnelle, pour s'accomplir, ne dépend que de la seule volonté de Dieu, car c'est Lui qui a pris l'initiative de l'alliance. Ce qui a été promis est souverainement accordé au bénéficiaire de l'alliance, sur la seule base de l'autorité et de l'intégrité de Celui qui a offert l'alliance, sans aucune condition de mérite ou même de réponse de la part du bénéficiaire. Cette alliance ne comporte aucun "SI", aucune condition. En outre, il faut aussi noter que les alliances inconditionnelles faites par Dieu avec le peuple Juif sont éternelles. Lincoln a écrit :

"Toutes les alliances conclues avec Israël sont éternelles, à l'exception de la Loi de Moïse, qui devait être temporaire, et qui ne devait durer que jusqu'à la Nouvelle Alliance, bien meilleure. Vous pouvez le vérifier dans les passages suivants : (1) L'alliance avec Abraham est appelée "éternelle" dans Genèse 17 :7, 13, 19 ; I Chroniques 16 :17 ; Psaume 105 :10 ; (2) l'alliance concernant la terre d'Israël est appelée "éternelle" dans Ezéchiel 16 :20 ; l'alliance avec David est appelée "éternelle" dans 2 Samuel 23 :5 ; Esaïe 55 :3, et Ezéchiel 37 :25 ; enfin, la Nouvelle Alliance est appelée "éternelle" dans Esaïe 24 :5 ; 61 :8 ; Jérémie 32 :40 ; 50 :5 et Hébreux 13 :20" (8).

Les quatre alliances inconditionnelles de Dieu avec Israël.

Examinons à présent les quatre alliances inconditionnelles conclues par Dieu avec Israël.

  1. L'alliance conclue avec Abraham.

L'alliance conclue avec Abraham est la première des quatre grandes alliances éternelles et inconditionnelles conclues par Dieu avec le peuple Juif (Genèse 12 :1-3 ; 26 :1-5 ; 28 :10-15). Elle constitue la base des trois autres alliances. Cette alliance contient sept promesses précises :

  1. "Je ferai de toi une grande nation". Cette promesse devait s'accomplir de deux manières : sur le plan naturel, par une postérité naturelle qui serait "aussi nombreuse que la poussière de la terre", le peuple Juif ; et sur le plan spirituel, par la venue du Messie, issu du peuple Juif, et en Qui serait créée l'Eglise : "Je multiplierai ta postérité comme les étoiles du ciel".
  2. Ces passages nous donnent une première indication des deux groupes qui devaient âtre associés à la bénédiction d'Abraham : Israël, qui devait soumettre la terre, et l'Eglise, qui devait soumettre le ciel.

  3. "Je te bénirai".
  4. "Je rendrai ton nom grand".
  5. "Tu seras une source de bénédiction".
  6. "Je bénirai ceux qui te béniront".
  7. "Je maudirai ceux qui te maudiront".
  8. "Toutes les familles de la terre seront bénies en toi".

  1. L'alliance concernant la terre d'Israël.

Dans les derniers chapitres du Livre du Deutéronome (28 à 30), les enfants d'Israël font face à une crise qui menace leur existence. Ils allaient passer du ministère éprouvé de Moïse au ministère de Josué, qui devait encore faire ses preuves. Ils se tenaient à l'entrée de la terre qui leur avait été promise par Dieu. Mais cette terre était encore possédée par les ennemis jurés d'Israël, qui avaient prouvé qu'ils allaient farouchement résister à toute tentative d'Israël pour pénétrer dans cette terre promise. Il était impossible aux Israélites de retourner à leur ancien statut d'esclaves, mais la terre vers laquelle ils se rendaient leur semblait fermée. En conséquence, beaucoup d'Israélites se mirent à douter de l'efficacité de l'alliance conclue avec Abraham. Ils se demandaient si l'instauration de la Loi de Moïse, alliance conditionnelle, avait aboli l'alliance inconditionnelle conclue avec Abraham. Afin de répondre à ces questions importantes, Dieu renouvelle formellement Sa promesse concernant la possession par Israël de son héritage dans la terre de Canaan.

Cette alliance concernant la terre d'Israël contenait les promesses suivantes :

  1. Elle réaffirme le titre de propriété d'Israël sur la terre qui leur avait été donnée par Dieu.
  2. Elle confirme aux Israélites que l'introduction de la Loi de Moïse, alliance conditionnelle, n'a pas aboli les promesses inconditionnelles et éternelles de l'alliance conclue avec Abraham.
  3. Elle élargit les limites du territoire accordé aux Israélites par l'alliance conclue avec Abraham. En outre, cette alliance comprend certaines déclarations précises :

Il est intéressant de remarquer que les dispositions de cette alliance concernant la terre d'Israël sont toujours en vigueur aujourd'hui, car les conditions n'ont pas changé. Nous ferions donc bien de soutenir Israël, même si nous étions tentés de ne pas le faire. Il serait très dangereux pour nous de nous trouver, pour quelque raison que ce soit, dans le camp de ceux qui combattent Israël, car nous aurions à combattre contre le Dieu d'Israël !

  1. L'alliance conclue avec David.

Les promesses de cette alliance sont données dans 2 Samuel 7 :12-16. L'arrière-plan historique de cette alliance est bien connu. David était établi dans la royauté. Il demeurait dans une maison de cèdre. Il lui semblait incongru que Celui qui l'avait installé sur le trône continue à habiter sous une tente. David eut donc l'intention de bâtir un Temple digne du Seigneur. Mais Dieu ne permit pas à David de Lui bâtir cette Maison, parce qu'il était un homme de guerre. Toutefois, Dieu fit certaines promesses à David, concernant la perpétuité de sa maison, et de sa descendance. Ces promesses concernent le caractère éternel :

John Walvoord, ancien Président du Séminaire de Théologie de Dallas, a écrit :

"Que signifient ces expressions propres à l'alliance conclue avec David ? La "maison de David" concerne sans nul doute la postérité de David, ses descendants physiques. David est assuré que cette descendance ne s'éteindra jamais, et ne sera jamais complètement remplacée par une autre lignée. La lignée de David sera toujours la lignée royale. Le "trône de David" ne fait pas référence à un trône matériel, mais à la dignité et au pouvoir souverain et suprême qui étaient ceux de David, en tant que roi. Le droit de régner doit donc toujours appartenir à des descendants de David. Le "royaume de David" fait référence à la souveraineté politique de David sur Israël. L'alliance précise que le droit de régner sur Israël ne sera jamais transféré à une autre famille, et que cette disposition est perpétuelle. Quels que soient les châtiments ou les interruptions temporaires qui devront survenir par la suite, la lignée de David aura toujours le droit de régner sur Israël et devra toujours exercer ce privilège" (12).

Comme pour l'alliance concernant la terre d'Israël, l'alliance conclue avec David comporte certaines implications précises :

  1. La Nouvelle Alliance.

Cette Nouvelle Alliance est exposée dans Jérémie 31 :31-34. Elle garantit à Israël ce que la Loi de Moïse n'a jamais pu accomplir : un cœur changé, condition de toutes les bénédictions :

"Voici, les jours viennent, dit l'Eternel, où je ferai avec la maison d'Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle, non comme l'alliance que je traitai avec leurs pères, le jour où je les saisis par la main pour les faire sortir du pays d'Egypte, alliance qu'ils ont violée, quoique je fusse leur maître, dit l'Eternel. Mais voici l'alliance que je ferai avec la maison d'Israël, après ces jours-là, dit l'Eternel : Je mettrai ma loi au dedans d'eux, je l'écrirai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Celui-ci n'enseignera plus son prochain, ni celui-là son frère, en disant : Connaissez l'Eternel ! Car tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, dit l'Eternel ; car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché. Ainsi parle l'Eternel, qui a fait le soleil pour éclairer le jour, qui a destiné la lune et les étoiles à éclairer la nuit, qui soulève la mer et fait mugir ses flots, Lui dont le nom est l'Eternel des armées : Si ces lois viennent à cesser devant moi, dit l'Eternel, la race d'Israël aussi cessera pour toujours d'être une nation devant moi. Ainsi parle l'Eternel : Si les cieux en haut peuvent être mesurés, si les fondements de la terre en bas peuvent être sondés, alors je rejetterai toute la race d'Israël, à cause de tout ce qu'ils ont fait, dit l'Eternel. Voici, les jours viennent, dit l'Eternel, où la ville sera rebâtie à l'honneur de l'Eternel, depuis la tour de Hananeel jusqu'à la porte de l'angle. Le cordeau s'étendra encore vis-à-vis, Jusqu'à la colline de Gareb, et fera un circuit du côté de Goath. Toute la vallée des cadavres et de la cendre, et tous les champs jusqu'au torrent de Cédron, jusqu'à l'angle de la porte des chevaux à l'orient, seront consacrés à l'Eternel, et ne seront plus à jamais ni renversés ni détruits" (Jérémie 31 :31-40).

Ryrie a écrit :

"Voici ce que promet cette Nouvelle Alliance :

  1. Une grâce inconditionnelle, fondée sur la volonté souveraine de Dieu. Dans tout ce passage, d'une manière frappante, Dieu répète fréquemment "JE + un verbe au futur" (voir aussi Ezéchiel 16 :60-62).
  2. Une alliance éternelle. Ce caractère éternel est étroitement associé au caractère éternel de cette alliance de grâce (Esaïe 61 :2 ; Ezéchiel 37 :26 ; Jérémie 31 :35-37).
  3. L'octroi d'un cœur et d'un esprit nouveau. Nous appelons cela "régénération" (Jérémie 31 :33 ; Esaïe 59 :21).
  4. La restauration de la faveur et de la bénédiction de Dieu (Osée 2 :19-20) ; Esaïe 61 :9).
  5. Le pardon des péchés (Jérémie 31 :34). "Car je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché".
  6. Le don du Saint-Esprit, qui viendra demeurer en eux. Comparez Jérémie 31 :33 à Ezéchiel 36 :27.
  7. L'aide du ministère d'enseignement du Saint-Esprit, afin que la volonté de Dieu soit connue par les cœurs obéissants (Jérémie 31 :34).
  8. Une bénédiction matérielle, selon les provisions de la Nouvelle Alliance, comme cela a toujours été le cas pour Israël dans sa terre (Jérémie 32 :41 ; Esaïe 61 :8 ; Ezéchiel 34 :25-27).
  9. Le sanctuaire sera rebâti à Jérusalem, selon la prophétie d'Ezéchiel 37 :26-27 : "Je traiterai avec eux une alliance de paix, et il y aura une alliance éternelle avec eux ; je les établirai, je les multiplierai, et je placerai mon sanctuaire au milieu d'eux pour toujours. Ma demeure sera parmi eux ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple".
  10. La guerre cessera et la paix régnera, selon Osée 2 :18. Le fait que cela soit aussi une caractéristique certaine du Millénium confirme le fait que cette Nouvelle Alliance conclue avec Israël s'accomplira au cours du Millénium.
  11. Le sang du Seigneur Jésus-Christ est le fondement de toutes les bénédictions de la Nouvelle Alliance, car "pour toi, à cause de ton alliance scellée par le sang, je retirerai tes captifs de la fosse où il n'y a pas d'eau" (Zacharie 9 :11).

"En résumé, on peut dire que cette Nouvelle Alliance, annoncée dans l'Ancien Testament, a été conclue avec le peuple Juif. Son accomplissement est annoncé pour un temps futur. Il faut d'abord que le Libérateur vienne. Cette alliance devra durer dans toute l'éternité. Ses dispositions en faveur de la nation d'Israël sont glorieuses, et elles sont uniquement fondées sur la Parole de Dieu" (14).

La Théologie traditionnelle de l'Alliance rejette Israël.

Les théologiens de l'Alliance, c'est-à-dire ceux qui n'accordent plus aucune signification à l'Israël moderne, se sont efforcés de réserver les dispositions de la Nouvelle Alliance exclusivement à l'Eglise. Mais, en faisant cela, ils sont obligés de rejeter toute interprétation littérale de la Parole de Dieu. Car les termes des quatre alliances inconditionnelles montrent clairement que ces alliances sont au bénéfice exclusif du peuple Juif. De ce fait, ils font aussi de Dieu un menteur. Il n'y a aucun moyen de contourner ce problème : C'est Israël qui est l'unique bénéficiaire de ces alliances !

Les théologiens de l'Alliance fondent leur raisonnement sur le fait que, pour eux, l'Eglise est devenue l'unique bénéficiaire des alliances inconditionnelles autrefois conclues avec Israël. Ils citent pour cela certains passages du Nouveau Testament, qui associent l'Eglise à ces alliances, en particulier Luc 22 :20, 1 Corinthiens 11 :25, 2 Corinthiens 3 :6, Hébreux 8 :8 et 9 :15.

Toutefois, nous ne nions pas le fait que l'Eglise, considérée comme un "mystère" dans l'Ancien Testament, était déjà "suggérée" dans ces alliances :

"A celui qui peut vous affermir selon mon Evangile et la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère caché pendant des siècles" (Romains 16 :25).

En outre, ce qui était suggéré dans l'Ancien Testament est pleinement révélé dans le Nouveau Testament, dans d'innombrables passages, comme lorsque Paul déclare que les Chrétiens sont enfants d'Abraham par la foi (Galates 3 :7 et 3 :29). Mais ces passages n'annulent pas les promesses faites originellement par Dieu à Israël. Ils affirment au contraire que, d'une manière toute particulière, les Chrétiens sont devenus "cohéritiers" des alliances conclues avec Israël. Comment ? Non pas en remplaçant Israël, ou en accordant à l'Eglise le bénéfice des promesses terrestres, mais en conférant à l'Eglise la contrepartie spirituelle et céleste des promesses terrestres accordées à Israël.

Ainsi, nous nous trouvons devant la situation présente :

Sur la terre : ISRAEL Les promesses Dans le ciel : l'EGLISE

Alliance avec 1. Fils de Dieu Gal. 3 :26

Abraham 2. Gens de la maison de Dieu Ephésiens 2 :19

3. Enfants d'Abraham Galates 3 :7, 29 ; Rom. 9 :8

4. Postérité d'Abraham Gal. 3 :29

5. Enfants de la promesse Rom. 9 :8 ; Gal. 4 :28

6. Un peuple qui Lui appartient Tite 2 :14

7. Héritiers de Dieu Rom. 8 :17

8. Héritiers selon la promesse Gal. 3 :29

Alliance concernant 9. Le Temple de Dieu 1. Cor. 3 :16 ; 1 Pie. 2 :5

La terre d'Israël 10. L'Israël de Dieu Gal. 6 :16

11. Circoncis Phil. 3 :3 ; Rom. 8 :28

12. Une race élue 1 Pie. 2 :9

13. Une nation sainte 1 Pie. 2 :9

14. Un peuple acquis 1 Pie. 2 :9

Alliance avec David 15. Un sacerdoce royal 1 Pie. 2 :9

16. Héritiers du Royaume Jacques 2 :5

17. Rois et sacrificateurs Apoc. 1 :6

Nouvelle Alliance 18. Enfants de Dieu Jean 1 :12

19. Le peuple de Dieu 1 Pie. 2 :10 ; Heb. 4 :9

20. La Jérusalem céleste Hébreux 12 :22 ; Apoc. 3 :12

21. La ville sainte Apoc. 21 :2

22. La montagne de Sion Hébreux 12 :22

23. La cité du Dieu Vivant Hébreux 12 :22

Ainsi, qu'avons-nous donc aujourd'hui ? Est-ce que l'Eglise a remplacé Israël ? Aucunement ! Nous avons deux peuples distincts : un peuple céleste, l'Eglise, et un peuple terrestre, Israël. Chacun renvoie l'image de l'autre comme dans un miroir. Tous deux reflètent la gloire de Dieu, chacun dans son domaine respectif.

Je voudrais enfin ajouter une remarque importante : ce dont nous parlons ne constitue pas un sujet secondaire, ou un simple exercice de style académique. Nous devons prendre clairement parti, soit en faveur de la Théologie de l'Alliance, qui est celle des églises traditionnelles, soit en faveur de la doctrine des dispensations et du pré-millénarisme. Les conséquences de notre choix sont excessivement importantes, et vont au-delà du simple fait, pour l'Eglise, de s'engager dans des activités sociales, politiques ou militaires dans ce monde. Enfin, notre choix aura aussi des conséquences importantes en ce qui concerne notre attitude envers Israël et le peuple Juif.

L'antisémitisme, ou comment les églises traditionnelles considèrent le peuple Juif.

Historiquement, l'antisémitisme s'est développé en Occident comme une réponse de l'Eglise au ferme refus manifesté par le peuple Juif d'abandonner ses droits sur les promesses de l'Ancien Testament, et de disparaître tranquillement en tant que peuple. N'oublions pas non plus que l'Eglise a longtemps contrôlé les régimes politiques européens.

En effet, si l'Eglise est à présent devenue "l'Israël de Dieu", à la place de l'Israël de l'Ancien Testament, il lui semble normal que les Juifs, soit se laissent absorber par l'Eglise, soit se fondent dans les nations où ils ont été dispersés. Après tout, puisque Israël n'était que le "type" ou "l'ombre" de l'Eglise, ne doit-il pas disparaître, une fois manifestée la "réalité" ? Quel besoin y aurait-il de conserver "l'ombre des choses à venir" ? Mais ce n'est pas ce qui s'est passé. Bien au contraire, malgré leur dispersion, les communautés Juives se sont organisées et développées, formant même dans certains pays des minorités très influentes. Sur le plan international, toutes ces communautés Juives ont tissé entre elles des liens très puissants, transcendant toutes les frontières, et conservant intacts leurs particularismes.

Comment expliquer un tel phénomène ? La capacité permanente du peuple Juif à survivre défie toute explication logique. On ne peut la justifier par aucun argument rationnel. C'est très ennuyeux pour certains ! Aucun autre peuple n'a jamais réussi à survivre aussi longtemps, après avoir perdu tout contact avec sa terre, et après avoir subi une dispersion aussi vaste. La seule explication que l'on peut donner à un tel phénomène ne peut être que surnaturelle. Tous s'accordent à le reconnaître. Mais, dans ce cas, quel nom donner à cette présence surnaturelle qui semble entourer le peuple Juif, quoi qu'il fasse ?

Pour les Théologiens de l'Alliance, ceux des églises traditionnelles, il ne peut y avoir qu'une réponse satisfaisante à cette question. Cette réponse découle naturellement de leur théologie. Selon cette théologie, c'est l'Eglise OU Israël. Il n'y a pas de troisième voie. Si l'on croit que l'Eglise vient de Dieu, et que l'Eglise constitue aujourd'hui le seul peuple de Dieu, alors cette présence surnaturelle qui entoure et préserve le peuple Juif ne peut être que celle du Malin. Il ne peut y avoir d'autre possibilité ! Une fois cette conclusion atteinte, tout le reste suit ! C'est ainsi que l'on aboutit à l'antisémitisme, à la "vaste conspiration judéo-maçonnique", et aux Illuminati !

D'un autre côté, si l'Eglise cessait de s'intéresser à ses ambitions terrestres, pour rechercher son héritage dans les lieux célestes, là où elle demeure en réalité, sur un plan spirituel et non matériel, il y aurait de la place pour Israël sur la terre ! Ce n'est pas l'Eglise OU Israël, comme les églises traditionnelles le prétendent, mais l'Eglise ET Israël. Cela pourrait donc aboutir à une relation entre Israël et l'Eglise qui ne serait plus conflictuelle, mais qui rendrait possible une coopération et même un partenariat.

Nous nous sommes appuyés dans notre article sur la doctrine des dispensations. En réalité, il ne s'agit pas d'une nouvelle doctrine, car cette théologie était celle de l'Eglise primitive. Mais elle n'est "nouvelle" que par rapport aux 1500 dernières années de l'Histoire de l'Eglise. La restauration de la doctrine des dispensations a eu des conséquences incalculables pour la restauration des relations de l'Eglise avec le peuple Juif.

Je vous propose à présent, dans les deux extraits suivants, de comparer ces deux attitudes diamétralement opposées. Chacune est représentative des deux théologies dont nous avons parlé : d'une part la théologie traditionnelle, celle de l'Alliance, et, d'autre part, la doctrine des dispensations, qui est celle du pré-millénarisme.

Tout d'abord, voici le point de vue traditionnel, celui de la Théologie de l'Alliance. Nous avons soigneusement choisi un représentant de cette théologie qui ne manifeste pas, dans sa présentation, de sentiments ouvertement antisémites. Toutefois, vous admettrez qu'il est facile de développer de tels sentiments quand on est adepte de cette théologie. Car c'est précisément cette théologie qui a fourni les arguments intellectuels qui ont nourri l'antisémitisme.

"Nous avons dit que les promesses faites par Dieu à Israël étaient conditionnelles. Les partisans de la doctrine des dispensations se trompent lourdement quand ils affirment que Dieu a accordé à Israël un chèque en blanc… Ils enseignent que les promesses faites par Dieu à la nation d'Israël ne dépendent que de la souveraineté de Dieu, sans tenir compte de ce que peut faire ou ne pas faire Israël…

"La crucifixion était le crime le plus haineux qu'Israël ait pu commettre contre Dieu. C'est sur ce point précis du traitement infligé au Messie qu'Israël a lamentablement échoué. C'est là qu'Israël a refusé d'accomplir les conditions posées par Dieu dans ses promesses… Quelle a été la punition infligée par Dieu à Israël, pour ne pas avoir rempli les conditions exigées par Yaweh, et pour avoir réservé un traitement aussi haineux au Messie ?… Dieu a rejeté loin de Sa présence Israël, en tant que nation. En 70 après Jésus-Christ, l'Etat souverain des Juifs a été lamentablement écrasé. Aucune nouvelle nation d'Israël ne pourra porter du fruit… L'enseignement historique et traditionnel de l'Eglise affirme qu'Israël n'a été qu'un type précurseur de l'Eglise, et que l'Eglise a remplacé Israël le jour de la Pentecôte. Selon cet enseignement, Dieu avait fait deux sortes de promesses à Israël : des promesses terrestres et nationales, et des promesses spirituelles. Toutes les promesses terrestres faites à Israël ont été, soit accomplies, soit annulées à cause de sa désobéissance. Toutes les promesses spirituelles ont été transférées à l'Eglise, qui est en train de les accomplir… Le Nouveau Testament enseigne que l'Eglise est la véritable héritière des promesses de l'Ancien Testament. Seule l'Eglise correspond à la description du peuple élu dont parle l'Ancien Testament. Seule l'Eglise représente l'instrument de Dieu Lui permettant d'accomplir Son plan éternel. Aux yeux de Dieu, la nation Juive n'est aujourd'hui rien d'autre que l'une des nombreuses nations du monde… Alors qu'il fut un temps où la nation d'Israël était réellement différente de toutes les autres nations de la terre.

"Toutefois, au Calvaire, cette distinction a été abolie, et le caractère universel du Christianisme a remplacé le caractère régional du Judaïsme… L'Eglise est devenue le nouvel Israël spirituel, qui a remplacé l'ancien Israël naturel. Il y a pourtant beaucoup de gens qui continuent à croire que Dieu ne possède pas qu'un seul peuple élu, c'est-à-dire l'Eglise, mais qu'Il possède deux peuples, l'Eglise, qui est Son peuple "céleste", et la nation d'Israël, qui est Son peuple "terrestre". Mais Israël n'était que le type de l'Eglise. Cela signifie que les institutions, les expériences et l'histoire d'Israël ne constituent pour l'Eglise que des exemples, des "figures", des "modèles", et des "ombres" des choses nouvelles et meilleures qui ont été dévoilées au Calvaire. Les grandes leçons enseignées par l'Ancien Testament sont données pour servir d'avertissement et d'instruction à l'Eglise… Les Ecritures nous enseignent que dans toute l'histoire de Dieu avec les hommes, depuis Adam, nous pouvons discerner le même principe à l'œuvre : d'abord vient ce qui est naturel, ensuite ce qui est spirituel… Dieu a progressivement révélé Son plan, tout d'abord dans Ses relations avec l'Israël naturel, puis, et enfin, dans Ses relations avec l'Eglise, qui est l'Israël spirituel. L'idée selon laquelle Dieu devrait encore S'intéresser à l'Israël naturel ne repose sur aucun fondement scripturaire".

Voici à présent un texte inspiré par la doctrine des dispensations. Il représente un changement de ton important. L'indifférence, si ce n'est l'hostilité, du texte précédent est remplacée par l'amour, et le mépris par un profond respect.

"Depuis plus de 4000 ans, au milieu de toutes les civilisations, dans tous les pays et sous tous les types de gouvernements, il existe un peuple unique, qui a réussi à conserver ses lois, ses coutumes et sa culture distinctes. L'histoire du peuple Juif se lit comme un conte des "Mille et Une Nuits". Cette histoire est unique dans les annales de l'humanité. Ce peuple, oppressé, persécuté, emmené captif, éparpillé parmi les nations, renaît toujours de ses cendres, comme le Phénix de la légende. Il est toujours réapparu dans les pages de l'Histoire. Ce peuple est déjà remarquable par son ancienneté. Aucune autre nation ne peut faire remonter son origine à une période aussi reculée. En comparaison avec la nation Juive, les nations qui font l'Histoire du monde aujourd'hui sont jeunes. L'âge d'or d'Israël est bien antérieur aux plus beaux jours de la Grèce et de Rome. Bien avant que Socrate et Platon n'enseignent la philosophie, ou qu'Hérodote écrive son Histoire, dès les temps antiques où Homère plaçait son Iliade, à l'époque où n'existait encore aucune archive sérieuse de l'histoire des peuples, la nation d'Israël était déjà bien organisée et établie. Elle disposait d'une riche littérature, longtemps avant les autres peuples. Cette littérature, conservée par la Bible, est aujourd'hui plus largement diffusée que la littérature de tout autre peuple. L'Assyrie a péri, Babylone est en ruine, l'empire Romain n'est plus, l'Egypte n'est plus qu'un "royaume" insignifiant, mais les Juifs ont survécu à tous leurs conquérants, et ont résisté à toutes les destructions. Dispersé pendant des siècles parmi toutes les nations, privé de centre national, sans capitale, sans gouvernement, sans drapeau, ce peuple n'a jamais été absorbé par les nations. Il n'a jamais perdu son identité, ni ses caractéristiques nationales et particulières. Il nous donne le spectacle unique d'une nation sans roi, sans gouvernement, sans une terre qui aurait pu être son foyer national, sa terre d'origine, la terre Sainte, semblant être sous une malédiction, comme si elle attendait le retour de ses propriétaires légaux. (Il faut noter que ce texte a été écrit en 1918, trente ans avant la création de l'Etat d'Israël).

"Aucune autre nation n'a jamais bénéficié d'autant de signes visibles et manifestes de la "présence divine". Devant ce peuple, la Mer Rouge s'est ouverte, et le Jourdain fut mis à sec. Ce peuple fut miraculeusement nourri dans le désert, divinement protégé et guidé par la colonne de feu et de nuée. Au son de ses trompettes, les murs d'une cité assiégée sont tombés, le soleil et la lune se sont immobilisés, pour qu'il puisse avoir le temps de vaincre ses ennemis. L'ange de l'Eternel campait autour de ce peuple. Un seul ange fit périr en une nuit185.000 hommes de l'armée d'Assyrie qui l'assiégeait. Aucune autre nation n'a donné au monde un nombre aussi élevé de grands hommes : un homme de foi de la stature d'Abraham, un grand chef et prophète comme Moïse, des hommes d'Etat comme Joseph en Egypte ou Daniel à Babylone, un roi tel que David, ou un homme aussi sage que Salomon. Au premier siècle de notre ère, aucun autre nom ne resplendit autant que celui de l'apôtre Paul… La préservation des Juifs est LE miracle de l'Histoire…

"Comment expliquer cette merveilleuse préservation du peuple Juif ? Nous ne pouvons l'expliquer que par le fait que Dieu avait, et a toujours, une grande œuvre à leur confier. Tout d'abord, le peuple Juif a été suscité pour affirmer et enseigner qu'il n'y a qu'un seul Dieu. A l'époque d'Abraham, les nations de la terre étaient plongées dans une idolâtrie universelle, dans le panthéisme et le polythéisme. Pendant 2000 ans, aucun autre peuple que le peuple Juif ne croyait en un Dieu unique. Ce sont les Juifs qui ont "enseigné" le monothéisme aux nations. Aucune nation païenne ne s'est tournée vers le monothéisme sans avoir d'abord été influencée par les Juifs. En second lieu, le peuple Juif a été suscité pour écrire, préserver et transmettre les Saintes Ecritures. C'est aux Juifs qu'ont été confiés les "Oracles de Dieu" (Romains 3 :1-2). Troisièmement, le peuple Juif a été suscité pour que Dieu puisse donner au monde un Sauveur. Qui était Jésus ? Un Juif ! Voyez avec quel soin Sa généalogie a été préservée dans les Ecritures, depuis Abraham, jusqu'à Sa naissance à Bethlehem. Quatrièmement, le peuple Juif a été suscité pour sauver le monde de la dégradation morale. Quand Jésus a dit : "Le salut vient des Juifs" (Jean 4 :22), voulait-Il simplement dire que c'est des Juifs que devait venir le Sauveur du monde ? Ou ne voulait-Il pas dire aussi que les Juifs étaient le "sel de la terre", destiné à préserver le monde de la dégradation morale ? Sur le plan moral, comme sur le plan physique, le salut des nations, et la préservation de l'espèce humaine sur la terre, dépend de la préservation et de la continuité des Juifs en tant que peuple et nation.

"L'alliance de Dieu avec Israël n'est pas une alliance conditionnelle. Aucun passage de la Bible n'affirme que cette alliance a été révoquée".

C'est la doctrine des dispensations, ou le pré-millénarisme, qui a changé la pensée et le cœur de milliers de Chrétiens d'Amérique, pour y mettre un tel amour, un tel respect, et une telle admiration pour le peuple Juif. C'est cette doctrine qui a changé l'opinion de beaucoup de Chrétiens des églises "traditionnelles", en ce qui concerne Israël et les Juifs. C'est aussi cette doctrine qui a permis d'endiguer l'antisémitisme qui se développait en Amérique, avant et pendant la dernière guerre mondiale. Elle a permis de repousser les assauts de cette plaie pestilentielle de l'antisémitisme en Amérique, alors qu'elle se répandait largement en Europe, à une échelle jamais encore vue.

NOTES FINALES :

  1. Charles Caldwell Ryrie, Dispensationalism Today. Chicago : Moody Press, 1965, 44-46.
  2. Lewis Sperry Chafer. Systematic Theology. Dallas : Dallas Seminary Press, 1947, pg. 107.
  3. J. Dwight Pentecost, Things to Come. Grand Rapids : Zondervan, 1958, pg. 65.
  4. Ibid., pg. 42.
  5. Charles Fred Lincoln, "The Covenants." Thèse de doctorat non publiée, Dallas Theological Seminary, Dallas, Texas, 1942, pg. 26.
  6. Ibid., pg. 26.
  7. G.N.H. Peters, Theocratic Kingdom I, Grand Rapids : Kregel, 1952, pgs. 290-291.
  8. Lincoln, op. cit., pg. 181.
  9. Pentecost, op. cit., pg. 69.
  10. Lewis Sperry Chafer, Systematic Theology, IV, pgs. 317-323 ; ainsi que J. Dwight Pentecost, Things To Come, pgs. 96-97.
  11. J. Dwight Pentecost, Things To Come, pg. 101.
  12. John Walvoord, "Millennial Series," Bibliotheca Sacra, 110 :98-99, avril 1953.
  13. Pentecost, op. cit., pg. 118.
  14. Charles Caldwell Ryrie, Dispensationalism Today. Chicago : Moody Press, 1965, 44-46.