A184. Transformations, ou maquillage ? (4)

Article de Age Two Age.

L’original de cet article peut être consulté en anglais sur le site Internet :

http://www.agetwoage.org/T3.htm

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.

Le premier article de cette série présentait l'arrière-plan doctrinal des auteurs de la vidéo "Transformations". Les deux articles suivants examinaient la situation de Cali, en Colombie et d'Almolonga, au Guatemala. Le présent article vérifie les assertions de la vidéo concernant Kiambu, au Kenya.

"Le Pasteur Muthee, de l'Eglise Parole de Foi de Kiambu savait que s'il devait réussir, il lui fallait identifier la source de l'oppression qui régnait à Kiambu, et s'y attaquer". Son problème était de s'opposer à ce que le diable faisait dans la vie des gens pour les garder dans l'état où ils étaient. Avec son église, le pasteur s'est alors consacré à une prière et à une recherche diligentes (en utilisant la cartographie spirituelle). Six mois après, la puissance spirituelle mauvaise était brisée. Par la suite, les "bars locaux ont fermé et ont été transformés en églises".

Sur la vidéo, l'une des scènes consacrées à cette église africaine montre des Chrétiens faisant une "marche de prière" autour de la ville. Je ne veux pas juger la manière dont les Chrétiens vivent leur foi. Je relève simplement que la vidéo les montre en train de marcher en remuant des branches d'arbres, dans leur église, et dans les rues. Peut-être chassaient-ils les moustiques ? Mais cela ressemblait plutôt à certaines célébrations tribales animistes, au cours desquelles les gens secouent des branches pour chasser les mauvais esprits et "nettoyer" les lieux.

On voit sur la vidéo quelqu'un souffler dans un sifflet tout en brandissant une pancarte "Joignez-vous aux vainqueurs !" Un autre homme se promène avec une pancarte sur laquelle il avait écrit : "Je suis ivre du sang de Jésus !" Tout cela est étrangement inquiétant, et fait sans doute référence à ces "réveils" modernes où les gens prétendent être "ivres dans l'esprit". L'église du Pasteur Muthee, "la Grotte de Prière", est une église "Parole de Foi", dirigée par les missionnaires Rudi et Sharon Swanepoel. Ils enseignent les doctrines du mouvement de la "Parole de Foi". Leur site web précise qu'ils sont conseillés et soutenus par des hommes comme Rodney Howard Browne. D'après ce que nous avons compris, le frère de ce dernier, Gil Rudi, est un pasteur ordonné par la Mission Apostolique de la Foi, basée en Afrique du Sud. Ils sont partisans de "l'ivresse dans l'Esprit". Les photos du site, montrant des Africains allongés sur le sol, dans le "repos de l'esprit", démontrent clairement qu'ils approuvent ces pratiques non bibliques.

Voici ce que prétend la vidéo :

Thomas Muthee déclare dans la vidéo : "En raison de la mauvaise réputation de la ville, personne ne voulait s'y installer. Elle vivait dans le marasme, et les églises ne grandissaient pas. Le taux de criminalité était le pire de tout la pays… On prêchait l'Evangile, mais les gens n'étaient pas sauvés". Toutes ces choses sont présentées comme terminées, dans la mesure où un changement radical s'est produit.

Kiambu est décrite par la vidéo comme une ville de 60.000 habitants, qui était profondément engagée dans la sorcellerie. "Grâce à la prière, l'église s'est considérablement développée, dans une zone où aucune église n'avait réussi à réunir plus de deux douzaines de Chrétiens".

Le Pasteur Muthee cite aussi le livre de Peter Wagner sur la croissance de l'église par la prière et le combat spirituel. Après avoir lu ce livre, le Pasteur Muthee a reçu un appel du Seigneur pour implanter une église à Kiambu. Cette ville avait la réputation d'être la capitale du crime au Kenya. Les églises chrétiennes y étaient petites et persécutées.

Un autre site chrétien écrit : "Très réticent à l'idée d'aller à Kiambu, le Pasteur Muthee a réuni quelques partenaires de prière et a commencé à prier avec ferveur. Il fonda une église, baptisée "l'église de la Grotte de Prière", en raison des nombreux miracles et exaucements qui s'y sont produits. En l'espace d'une année, non seulement son église a atteint 4.000 membres, mais cette ville de 80.000 habitants a été transformée en cité paisible et non violente".

(http://www.umr.org/July22/RVbk0722.htm)

Voici les faits réels :

En réalité, le Pasteur Muthee n'a pas voulu se rendre à Kiambu quand il a fait ses recherches spirituelles. Pourtant, Kiambu ne se trouvait qu'à 18 km de chez lui. "Je ne voulais pas poser les pieds à Kiambu, tant que les puissances spirituelles qui tenaient cette ville n'auraient pas été vaincues". (Cité par Global Revival News et par Joel News International).

Cela ne semble pas très courageux de la part de quelqu'un à qui Dieu a demandé de se rendre à cet endroit ! Comment allait-il pouvoir réunir des informations sur la population de cette ville, s'il refusait de s'y rendre ?

En outre, cette ville fait-elle 60.000, ou 80.000 habitants ? Là encore, on nous présente des chiffres qui divergent considérablement, comme nous l'avons souvent constaté dans cette vidéo. Pour quelle raison ?

Kiambu est l'un des faubourgs de Nairobi, la capitale du Kenya. Ce n'est pas une ville. Kiambu est l'un des districts de la Province du Centre, le quatrième en importance de sa population. Le recensement de 1969 parlait d'une population de 475.576 habitants pour ce district. Au recensement de 1979, il y en avait 686.290. Les projections pour 1989 prévoyaient un chiffre de 914.000 habitants. On estimait que la population du district devait atteindre 1.076.000 habitants en 1993, et 1.189.000 habitants en 1996. (Prof. J.O. Oucho, Institut de Recherches et d'Etudes Démographiques de l'ONU, rapport de 1993).

Ce sont des chiffres qui sont très différents de ceux de la vidéo. Kiambu n'est donc pas une ville, mais un district dont la population approche aujourd'hui le million et demi d'habitants. Quand le Pasteur Muthee y a commencé son ministère, en 1989, la population de Kiambu n'était certainement pas de 80.000, mais environ de 914.000 habitants.

Voici ce que prétend la vidéo :

"Kiambu est une zone où aucune église n'avait réussi à réunir plus de deux douzaines de Chrétiens".

Voici les faits réels :

Dans la vidéo, le narrateur déclare un peu plus loin : "Ce n'est pas mal, pour une ville où aucune église n'avait auparavant dépassé 30 à 40 personnes en moyenne". Quel chiffre est le bon ? Il y a une différence entre "deux douzaines" et "30 ou 40" !

Voici ce que prétend la vidéo :

"Personne ne voulait venir à Kiambu, à cause de la morosité économique qui y régnait". "Maintenant que la ville a bonne réputation, les habitants de Nairobi y viennent en masse pour y acheter des maisons. La population s'est accrue de 30 %". On veut nous faire croire que si les gens affluent, c'est parce que Kiambu a été "purifiée et nettoyée", et parce qu'une sorcière appelée "Moma Jane" a dû quitter la ville.

Voici les faits réels :

Il y a une considérable migration de populations vers les villes du district de Kiambu, en provenance de tout le Kenya. La plupart des migrants sont attirés par les industries déjà implantées dans ces villes. Les terres cultivables deviennent de plus en plus rares dans le pays, ce qui pousse des populations rurales à se déplacer vers d'autres zones, à la recherche de terres… Le chômage a aussi poussé beaucoup de gens à migrer vers Nairobi et les autres grandes villes, à la recherche d'un emploi. En 1992, le Kenya a connu une période de prospérité relativement forte. L'investissement étranger a nettement augmenté, et la balance des paiements est devenue excédentaire. Ainsi, c'est tout le Kenya qui s'est développé, et pas seulement la région de Kiambu.

Selon le site kenyan http://www.kenyaweb.com "la pluviosité régulière dont bénéficie le district de Kiambu a très largement favorisé les activités agricoles, notamment les cultures rémunératrices comme le thé, le pyrèthre et le café, ainsi que l'élevage du bétail, activités qui prospèrent tout au long de l'année".

Mais les taudis n'ont pas été éliminés de Kiambu, comme de tout autre district urbain important. Je soupçonne les auteurs de la vidéo d'avoir filmé certains des pires taudis, pour nous montrer par la suite quels changements incroyables se sont produits.

Voici ce que prétend la vidéo :

"Le taux de criminalité était le plus élevé du Kenya. A présent, toute l'atmosphère a changé... A Kiambu, où les gens avaient peur de sortir la nuit, le taux de criminalité est maintenant l'un des plus bas du pays. Des bars locaux ont fermé et ont été transformés en églises… Bénédictions et prospérité, c'est ce que nous pouvons observer à présent…"

Voici les faits réels :

Est-ce que toute l'atmosphère du district a réellement été changée ? Pas tellement ! Du moins, si l'on en croit les informations données par les propres services gouvernementaux du Kenya !

Notez bien que mon article ne vise pas à étudier les causes de la violence à Kiambu, ni de sous-estimer les souffrances de ceux qui la subissent. Mon seul objectif est de vérifier si les affirmations de George Otis, de Peter Wagner et du Pasteur Muthee sont véridiques.

Un article nous raconte par exemple comment "Kiambu est littéralement sur le point de tomber aux mains de gangs de tueurs. Le fait est que les "forces de l'ordre" ont complètement échoué dans leur mission à Kiambu. On y tue des foules d'innocents. Des gangs y opèrent en toute impunité, comme s'ils savaient que les forces de sécurité à Kiambu étaient presque complètement réduites à l'impuissance. Comment se peut-il que de gangs de 20 ou 30 personnes puissent chaque nuit venir ravager des zones entières de Kiambu, et s'évanouir dans la nature, après avoir volé, assassiné, et commis toutes sortes d'atrocités ?"

(http://www.africaonline.co.ke/AfricaOnline/ereview/961202/perspect.html)

Il y plusieurs causes à cette augmentation de la violence urbaine, entre le milieu et la fin des années 90. Presque toute la production du district de Kiambu est consommée par Nairobi. Malgré sa proximité de la capitale, Kiambu n'est pas très développée en termes d'infrastructures physiques et économiques. La classe aisée fait ses courses à Nairobi, ce qui a longtemps fait stagner l'économie de Kiambu. Le manque de planification et la mauvaise gestion du développement urbain ont favorisé les convoitises individuelles de promoteurs sans scrupule. Ils sont parvenus à obtenir des terrains qui étaient consacrés à des activités d'intérêt public : écoles, parcs, centres communautaires, toilettes publiques, cimetières, terrains réservés pour la construction de routes, etc… Ce système corrompu a entraîné la dégradation et la désorganisation des zones urbaines. Les bidonvilles et les taudis ont proliféré, ce qui ne pouvait qu'aggraver la criminalité et la violence.

Près de la moitié de la population urbaine du Kenya vit dans des zones urbaines "non contrôlées", c'est-à-dire dans des bidonvilles. Une étude consacrée à la ville de Nairobi, au début des années 90, a montré que la tendance de la criminalité était à la hausse. (Obudho et Owour, 1994).

Le taux de criminalité à Kiambu suit la même courbe et la même tendance que celui de Nairobi. 70 % des habitants de Nairobi vivent dans des bidonvilles, 80 % disposent de faibles revenus. Les 20 % de la population à fort revenu occupent 60 % de la surface de la ville. Plus de 90 % des personnes interrogées dans le cadre de cette étude ont déclaré que les vols à main armée étaient leur principal sujet d'inquiétude… L'une des personnes interrogées déclara : "En ce moment, nous ne dormons que d'un œil et d'une oreille ! A Kiambu et à Nyahururu, un district voisin, les adultes ont une chance sur deux de se faire agresser… 75 % des personnes âgées interrogées disent qu'elles ont peur de marcher la nuit à Kiambu.

Malgré une réduction des crimes violents commis à Kiambu au début de 1997, les gens continuent à avoir peur. "Les attaques à main armées suivies de meurtres, les viols, les cambriolages et les vols sont communs à Kiambu. En 1996, les violences criminelles étaient quotidiennes à Kiambu, et impliquaient des dizaines de gangsters… Contrairement à Kiambu, les violences sont rares à Nyahururu…

On peut trouver d'autres informations, confirmant que Kiambu est touchée par une vague de crimes, à l'adresse suivante :

http://www.africaonline.com/AfricaOnline/nation/970329/ed/1.html

"La violence et les vols, qui étaient devenus courants depuis l'année dernière à Nairobi, la capitale du Kenya, se sont étendus aux districts voisins de la Province du centre, Thika, Murang'a, et Kiambu. Des gangsters lourdement armés attaquent les maisons particulières et les bureaux des entreprises du district, semant la terreur, le sang et la mort".

"Nous vivons un enfer ! Les choses n'ont jamais été pires. On n'a jamais vu autant de personnes étranglées par ici !", se plaint M. S.K. Njuguna, un boutiquier âgé. Les meurtres par étranglement ont augmenté au cours de la fin de cette année dans les districts du Kenya central, et tout particulièrement à Kiambu".

"La police analyse la criminalité qui affecte le centre du Kenya, et particulièrement Kiambu, comme une conséquence des disparités sociales qui existent dans ces districts fortement urbanisés. Des masses de chômeurs errent sans but. Des quantités de jeunes désenchantés parcourent les centres commerciaux. Ils peuvent facilement être tentés de commettre des crimes, car il y a beaucoup de riches commerçants et hommes d'affaires qui résident dans ces districts, surtout à Kiambu".

(http://www.peacelink.it/afrinews/9_issue/p8.html)

Le problème, c'est que toutes ces disparités étaient déjà présentes au moment où la vidéo a été faite, et qu'elles n'ont pas disparu aujourd'hui. Pourtant, un article favorable à Peter Wagner et à ses méthodes de prière affirme : "Kiambu connaît à présent la prospérité économique. La criminalité et la violence, qui étaient souvent citées par les médias comme les caractéristiques de cette ville, ont à présent virtuellement disparu. Certains des criminels les plus notoires de Kiambu sont maintenant convertis, et devenus membres de la Grotte de Prière" (Global Revival News, et Joel News International).

Beaucoup de villes connaissent la prospérité et un faible taux de criminalité, sans que personne ne pratique ces méthodes de combat spirituel. Contrairement à ce qu'affirme la vidéo, Kiambu N'A PAS ETE TRANSFORMEE ! Que cherchaient donc à prouver ses auteurs ?

Voici d'autres sites qui prouvent que la violence est toujours présente à Kiambu, et que ce district n'a pas été changé :

http://www.peacelink.it/afrinews/9_issue/p8.html

www.africaonline.co.ke/AfricaOnline/ereview/961202/perspect.html

Voici ce que prétend la vidéo :

La vidéo affirme que les Chrétiens ont dû combattre la source de l'oppression spirituelle de Kiambu. Le problème était d'identifier les actions du Malin. C'était l'esprit de sorcellerie qui contrôlait cet endroit : "Au bout de six mois, nous eûmes une assurance dans notre esprit : la puissance spirituelle qui contrôlait cette ville avait été brisée". Muthee conduisit alors sa première croisade publique, au cours de laquelle 200 personnes furent sauvées, dès la première semaine : "Après avoir prié, Moma Jane fut dépouillée de sa puissance en quelques jours. Quelques semaines plus tard, elle faisait ses valises et quittait la ville. Dès que cette puissance de sorcellerie, la principauté qui contrôlait Kiambu, fut brisée, la présence de Dieu commença à planer sur la ville, et toute l'atmosphère spirituelle fut changée".

Selon la vidéo, une lourde dépression continua à paralyser tous les cultes et réunions de prières, jusqu'à ce que les anciens découvrent les manœuvres occultes de Moma Jane autour de l'église. La vidéo montre la "sorcière" planter des fétiches dans la propriété de l'église. "Réalisant qu'ils avaient affaire à des puissances démoniaques, les Chrétiens prirent autorité sur elles".

Voici les faits réels :

Muthee affirme que tout était causé par une seule femme, Moma Jane. "Ils ont jeûné et prié, et le Seigneur leur a montré qu'il s'agissait d'un esprit de sorcellerie". Ce n'est pas une bien grande révélation, quand on sait que la sorcellerie est très commune en Afrique. On peut voir des sorciers offrir leurs services à de nombreux coins de rue au Kenya. Pourtant, selon Muthee, le problème ne venait que d'une seule sorcière ! Est-il possible que tous leurs problèmes n'étaient causés que par une seule personne ? C'est incroyable ! Moma Jane serait plus puissante que tout le cartel de Cali ! Selon Muthee, c'est cette principauté qui bloquait la présence de Dieu, et qui empêchait les gens d'être sauvés.

Je regrette, mais je ne crois pas que Dieu soit aussi impuissant ! Et vous ?

La vidéo nous montre une femme en train de faire ses incantations. Mais nous doutons fort qu'il s'agisse de la vraie sorcière Moma Jane. Il est rare que les sorcières acceptent de se laisser filmer pendant qu'elles font leurs pratiques ! Nous croyons donc qu'il s'agit d'une reconstitution, pour la circonstance. Mais cela ne nous est pas dit dans la vidéo. On nous dit que les fétiches que Moma Jane est arrivée à introduire dans leur église étaient assez puissants pour "paralyser les cultes et les réunions de prières, sur lesquelles s'abattait une forte oppression". (Pourtant, selon la vidéo, l'esprit de sorcellerie avait déjà été brisé sur la ville). Puisque l'esprit de sorcellerie avait été brisé sur la ville, et que l'oppression sur l'église était causée par Moma Jane, comment est-il possible qu'elle ait pu lier l'église par un tel esprit de dépression ? Est-ce qu'une seule sorcière peut normalement causer autant de dommages au peuple de Dieu ?

Plus tard, la vidéo nous montre encore Moma Jane (la vraie, cette fois), escortée par la police, et l'air très mécontent. Il semble qu'elle ait été accusée de quelque chose, et la police l'emmenait pour l'interroger.

Pour vérifier tout cela, nous avons trouvé et étudié un article publié en avril 1999 par Global Revival News et Joel News International, au sujet du livre de Peter Wagner, "Praying With Power" (Prier avec puissance). Cet article nous fournit tous les détails que la vidéo semblait négliger :

"Toutefois, pendant les premières années, la contre-attaque spirituelle fut intense". Ainsi, la victoire n'a pas été remportée du jour au lendemain, mais le combat a duré plusieurs années, jusqu'à ce qu'ils découvrent que c'était Moma Jane qui faisait de la sorcellerie contre eux.

"Chaque samedi soir, Moma Jane se rendait sur le terrain de l'église de Muthee, pour faire sa magie et lancer ses incantations. Elle avait fait savoir aux responsables de la municipalité qu'elle ne pouvait pas les aider aussi bien qu'avant avec sa magie, à cause de cette nouvelle église, qui semblait lui "couper ses lignes de communication".

Priant 24 heures sur 24, Thomas Muthee et les membres de son église faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour repousser les attaques démoniaques. Mais la puissance satanique continuait à envahir l'église, au point qu'ils pouvaient à peine prier. Un jour, cette oppression fut si forte que l'église commença à chanter un cantique de louange et fut incapable de le terminer ! Les Chrétiens sortirent, et découvrirent les restes encore frais des derniers sacrifices accomplis par Moma Jane". Il s'agit sans doute de la reconstitution que nous montre la vidéo.

Nous ne disons pas que tout cela ne s'est pas réellement produit. Mais nous contestons l'interprétation qui en est faite dans la vidéo.

"Muthee lança alors publiquement un ultimatum : "Soit Moma Jane se convertit pour servir le Seigneur, soit elle quitte la ville ! Il n'y a plus de place à Kiambu pour nous deux !" En fait, Thomas Muthee était en train de lancer un défi à Moma Jane, comme Elie avait défié les prophètes de Baal".

En réalité, ce n'est pas une situation qui est comparable au récit de la Bible. Elie avait lancé un défi personnel et public aux 400 prêtres de Baal. Muthee n'a pas rencontré Moma Jane pour lui lancer publiquement un défi. L'article dit en outre que, contrairement à Elie, cette seule sorcière arrivait à tenir en échec toute une église ! On veut donc manifestement embellir cette histoire.

A ce sujet, la vidéo raconte une version assez différente : "Un matin, nous avons tout simplement élevé nos mains, et nous avons prié pour que Moma Jane se convertisse, ou qu'elle quitte la ville… En quelques jours, Moma Jane a été dépouillée de sa puissance. Quelques semaines plus tard, elle faisait ses valises et quittait la ville". Quand est-elle donc partie ? La vidéo nous la montre emmenée par la police pour une interrogation. C'était donc la police qui faisait pression sur elle, en raison de certains accidents étranges qu'elle était accusée d'avoir provoqués…

"On appela la police, qui perquisitionna dans sa maison, et découvrit un énorme python. Les policiers tirèrent aussitôt sur le serpent et le tuèrent. Cela mit aussitôt fin au combat spirituel ! On emmena Moma Jane pour être interrogée, puis elle fut relâchée. Mais elle choisit rapidement et sagement de quitter la ville pour de bon".

Ainsi, l'article nous montre que ce sont les forces de l'ordre qui sont intervenues pour faire respecter la loi. La vidéo ne dit rien à ce sujet. Il faut lire cet article pour y apprendre tout ce que la vidéo ne dit pas.

(http://www.geocities.com/Athens/Forum/5147/apr99f.html)

Voici ce que prétend la vidéo :

"Ils prêchaient l'Evangile, mais personne n'était sauvé". Après six mois de prière de combat spirituel, la puissance spirituelle qui contrôlait la ville fut brisée.

Voici les faits réels :

La prédication de l'Evangile n'est-elle donc plus la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit ? A présent, la puissance revient à la prière de combat. La vidéo nous dit que ce sont des esprits mauvais qui bloquaient la présence de Dieu. C'est de la pure superstition. Ce que l'on veut montrer, c'est que le facteur déterminant dans leur victoire fut leur prière de combat. Sans cette prière, Dieu était trop faible ! Mais c'est ce que l'on peut attendre d'une église qui a accepté les doctrines du mouvement de la Parole de Foi.

Selon le pasteur kenyan, "dès que cette puissance de sorcellerie, la principauté qui contrôlait Kiambu, fut brisée, la présence de Dieu commença à planer sur la ville". Quelle conception de Dieu a donc ce pasteur ? Il laisse entendre que Dieu était empêché d'agir par la puissance de la sorcellerie. Muthee dit que "la prière engendre une puissance". Ce sont donc leurs prières qui ont remporté ce résultat. La source de leur puissance réside dans leurs prières. C'est ce qui est affirmé tout au long de la vidéo.

Je ne prétends pas que nos prières ne puissent pas faire changer les choses. Mais je veux rappeler que c'est nous qui prions Dieu, et que c'est Dieu qui exauce et qui agit, selon Sa volonté. Tandis que la vidéo ne dit pas du tout cela. En mettant l'accent sur la prière, elle prétend que c'est "la prière qui génère une puissance". "C'est une prière puissante qui a réussi à dégager suffisamment l'atmosphère spirituelle de Kiambu". Il s'agit là d'un concept occulte et non chrétien ! Ce n'est pas la prière qui possède en elle-même la puissance, mais c'est Celui que nous prions. Quand nous perdons de vue cette vérité, nous nous confions en nous-mêmes, et non en Dieu, pour accomplir nos œuvres. C'est ce qui nous est dit tout au long de la vidéo : nous avons besoin de "combattre dans les lieux célestes, pour que Dieu manifeste Sa présence" (bien qu'Il soit déjà omniprésent).

Selon ce concept, avant d'annoncer l'Evangile, nous devons commencer par "créer une atmosphère spirituelle favorable", en chassant les puissances spirituelles ennemies. Muthee propose des cassettes d'enseignement, en particulier une série de 4 cassettes intitulées "La sainte violence", avec ce conseil : "Tous les intercesseurs devraient écouter ces messages". Il y enseigne sans doute la manière de combattre les démons qui contrôlent les villes. Cette forme de prière est très séduisante, parce qu'elle est facile à faire. Elle ne nécessite pas de profondes connaissances bibliques, et l'on n'a pas besoin d'être un missionnaire chevronné pour la faire. Les Chrétiens peuvent être tout excités de pouvoir employer ce qu'ils croient être leur autorité pour combattre le diable et chasser l'ennemi de leurs villes, afin de les conquérir pour Dieu. Ils croient mettre en œuvre une stratégie décisive pour "faire descendre Royaume de Dieu", alors qu'en réalité, il se peut très bien qu'ils soient impliqués dans un exercice futile. Car la Bible est complètement étrangère à ces pratiques, qui consistent à combattre les puissances des ténèbres, à identifier celles qui contrôlent une ville, et à les combattre dans une prière agressive pour pouvoir les briser. Ce que l'on peut dire, en revanche, c'est que de telles pratiques existent depuis des millénaires dans les religions païennes et animistes.

Le pasteur Muthee a aussi déclaré : "Bénédictions et prospérité, c'est ce que nous pouvons observer à présent…" Il implique par là que tout cela aurait été produit par ses prières. En fait, il n'en est rien, comme nous avons pu le prouver. Le pasteur a pris ses désirs pour des réalités. Il se peut que son église ait connu des changements. Mais prétendre que tout l'environnement a été transformé revient à inventer une belle histoire qui n'a aucun fondement réel.

Le dernier article de cette série nous permettra de voir ce qui est réellement arrivé à la ville de Hemet, en Californie.