A183. Transformations, ou maquillage ? (3)

Article de Age Two Age.

L’original de cet article peut être consulté en anglais sur le site Internet :

http://www.agetwoage.org/T2.htm

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.

Le premier article de cette série présentait l'arrière-plan doctrinal des auteurs de la vidéo "Transformations". L'article suivant examinait la situation de Cali, en Colombie. Le présent article vérifie les assertions de la vidéo concernant la ville d'Almolonga, au Guatemala.

Voici ce qu'affirme la vidéo :

"Après avoir prié et jeûné, les Chrétiens ont eu la victoire sur les puissances des ténèbres. Cette ville d'environ 20.000 habitants a fait le choix conscient de briser les liens qui la retenaient aux esprits des ancêtres. Suite à cela, Almolonga est devenue l'une des villes les plus propres et les plus prospères du Guatemala. C'est une ville d'églises ! Les habitants de cette ville pratiquaient le culte idolâtre à une divinité appelée Maximon, le saint patron qu'ils vénéraient. Auparavant, les 4 prisons d'Almolonga ne suffisaient pas à contenir tous les prisonniers. A présent, elles sont toutes fermées. Il y avait 34 bars. Il n'en reste que quelques-uns. 80 % des habitants sont des Chrétiens nés de nouveau". (La vidéo ne prétend pas qu'il s'agit d'un taux de conversion comparable à celui de Cali, qui vit un réveil. Comme il s'agit d'un autre contexte, ils utilisent d'autres critères).

Le magazine Charisma a publié cet intéressant rapport. (Il serait sans doute plus crédible s'il provenait d'une autre source) :

"Les habitants d'Almolonga distinguent bien deux périodes : celle où ils ont été visités par la puissance de Dieu, au milieu des années 70, et la période suivante, où 90 % de la population s'est convertie. Avant ce réveil, Almolonga était sous l'emprise de la crainte, de la pauvreté, de la maladie, de l'idolâtrie et de l'alcoolisme. Aujourd'hui, on appelle cette ville "la ville-miracle", en raison des changements radicaux qui se sont produits chez ces Indiens Quiche, les descendants des anciens Mayas… Donato Santiago, le chef de la police d'Almolonga, n'a plus beaucoup de travail aujourd'hui. On peut le voir se reposer à l'ombre, pendant que le marché aux légumes fait la prospérité des paysans. Armé d'un simple sifflet, ce Chrétien tranquille a été témoin des changements opérés par le Saint-Esprit dans sa ville au cours des 25 dernières années. La dernière prison d'Almolonga a fermé il y a neuf ans". (Charisma News Service).

Voici les faits réels :

Les statistiques officielles du gouvernement du Guatemala établissent que la religion principale du pays est la religion catholique. Il n'y a officiellement que peu de Protestants et de Juifs. Il est vrai qu'une grande partie des habitants d'Almolonga sont devenus Chrétiens, mais cela ne s'est pas produit en quelques jours, ni en utilisant les techniques du combat spirituel, comme l'insinue la vidéo. Ces conversions ont commencé à se produire au milieu des années 70. Certes, il s'agit de quelque chose d'extraordinaire. Mais il n'est pas juste de prétendre que les conversions d'Almolonga sont dues aux méthodes de la cartographie spirituelle, ni à une intervention quelconque du mouvement du combat spirituel. Elles se sont produites bien longtemps avant qu'ils aient mis en pratique leurs tactiques dans cette ville !

Certes, il est vrai que la prière change les événements et les cœurs. Mais utiliser Almolonga comme une illustration des effets de la cartographie spirituelle revient à tordre délibérément la réalité des faits. Il n'est pas dans nos intentions de contester les conversions qui se sont produites dans cette ville. Ce que nous contestons, c'est ce que le narrateur de la vidéo affirme !

En outre, on peut aussi se demander s'il y a bien autant de Chrétiens dans cette ville. Selon les sources, le chiffre des convertis varie de 80 % à 92 %. Dans un article consacré aux "Chrétiens Evangéliques et la compétition religieuse au Guatemala", article qui décrit aussi de manière détaillé l'histoire religieuse de ce pays, Edward G. Cleary ne mentionne même pas la conversion massive des habitants d'Almolonga.

(http://www.dominicans.org/~ecleary/conflict/conflict09.htm#2)

La revue Christianity Today a fait paraître un article en avril 1999, où Stephen R. Sywulka, de Guatemala City, écrit ceci : "Selon Isaïas Colop, un Indien Quiche qui a étudié au Séminaire de Théologie de Dallas, le chiffre de 65 % de Chrétiens Evangéliques à Almolonga serait plus proche de la réalité. Il ajoute que ce chiffre est déjà impressionnant, dans un pays historiquement catholique. Toutefois, selon Colop, beaucoup de conversions sont superficielles ; les gens aiment le sensationnalisme, mais manquent de maturité spirituelle ; certains anciens sorciers se retrouvent à présent "prophètes", mais ils continuent leurs anciennes pratiques".

(http://www.christianitytoday.com/ct/9t4/9t423c.html)

Par ailleurs, Christianity Today cite le maire d'Almolonga, qui avance les chiffres de 85 % de Chrétiens Evangéliques et de 15 % de Catholiques dans sa ville. (Cité dans Hablamos El Diario de Hoy, 9 avril 2000).

Ainsi, il se peut que ce ne soit pas 92 % de convertis. Mais même s'il y avait plus de 50 % d'habitants convertis, ce serait déjà assez extraordinaire. Je veux toutefois relever la remarque de Colop, qui souligne le syncrétisme qui peut exister chez les Chrétiens Evangéliques, comme chez les Catholiques. Selon l'Encyclopedia Britannica, il y aurait en 1995 au Guatemala 75,9 % de Catholiques, dont 25 % pratiqueraient le syncrétisme (entre le catholicisme et les religions traditionnelles indiennes), 21,8 % de Protestants, 1,3 % d'autres Chrétiens, et 1 % d'autres religions".

(http://www.britannica.com/bcom/eb/article/statistics/0,5716,127378,00.html)

Ainsi, si l'on veut être réaliste, il doit y avoir encore un bon pourcentage de Catholiques à Almolonga. (NDE : En tout cas, le chiffre exact est difficile à établir).

Selon l'Encyclopédie citée, "le syncrétisme est un problème. La religion catholique est la religion dominante. Mais les Indiens ont incorporé à leur foi catholique des traditions non chrétiennes. En principe Catholiques, les Indiens Quiche maintiennent dans leurs villages des "cofradias", sociétés religieuses chargées d'organiser les "fiestas" locales en l'honneur de leurs saints patrons. Toutefois, les mythes et rituels païens continuent à être largement pratiqués. Les saints, la Vierge Marie et le diable sont souvent identifiés à des divinités Mayas".

(http://www.britannica.com/bcom/eb/article/4/0,5716,63834+1+62259,00.html)

"En 1962, on comptait 60.000 Protestants au Guatemala" (David G. Scotchmer, dans son livre édité en 1997 par Gary H. Gossen et publié à New York par Crossroad Publishing Co (page 503). "En 1998, on comptait 3.300.000 Protestants" (Timothy L. "Worldmark Encyclopedia of Culture & Daily Life : Vol. 2 - Americas, Cleveland, OH : Eastword Publications Development, 1998, pages 206-207). Le Britannica Book of the Year écrit (pages 781-783) : "Guatemala : Population : 10 millions d'habitants. De 67 à 80 % des Guatémaltèques sont Catholiques… De 25 à 33 % sont Protestants. Il faut inclure parmi ces derniers les Chrétiens Evangéliques, qui représentaient en 1996 2.730.000 personnes". (Nous n'avons pas pu trouver de chiffres plus récents.

(NDE : Nous avons effectué une recherche auprès de 8 sources récentes différentes, publiques ou privées. Les pourcentages de Protestants cités par ces sources varient de 23 % à 43 %, avec une moyenne de 34 %. Difficile de cerner la réalité du Guatemala avec précision !)

Il est donc difficile de dire à quel point des prétentions de la vidéo sont exagérées. Le Pasteur Caballeros, de l'une des églises d'Almolonga, déclare sur son site : "Plus de 40 % des habitants du Guatemala sont des Chrétiens Evangéliques, et ils se réunissent dans près de 20.000 églises".

(http://www.elshaddai.net/WorldCongress2000/SilentRevival-en.htm)

Ruth Ruibal, la veuve du pasteur assassiné de Cali, va beaucoup plus loin, puisqu'elle écrit dans sa lettre de nouvelles de mars 2001 : "Le Seigneur œuvre avec puissance dans toute l'Amérique Centrale et en Amérique du Sud. Comme vous pouvez le savoir, 55 % de la population du Guatemala est composée de Chrétiens nés de nouveau". Certes, si l'on compte les Catholiques Romains, on peut obtenir de tels chiffres ! Il nous faut comprendre que le Catholicisme pratiqué dans ce pays est très différent de celui que nous connaissons aux Etats-Unis. Au Guatemala, on donne aux rues et aux places des noms bibliques. L'une des personnes interviewées dans la vidéo dit : "Pouvez-vous dure que vous aimez Dieu si vous ne le montrez pas ? Paul a dit qu'il n'avait pas honte de l'Evangile !"

Il y a diverses manières d'aimer Dieu. Ce n'est pas nécessairement en donnant des noms bibliques aux rues et aux places. Il est connu que, dans certains pays, les Catholiques donnent souvent à des rues, à des bâtiments et même à des entreprises des noms divins ou des noms de saints. Cela se pratique sans doute aussi au Guatemala. Cela ne signifie pas que tous ces noms aient été donnés après le réveil qu'a connu le pays, même si certains ont pu être ajoutés. Beaucoup de sectes nomment leurs lieux de culte en utilisant le nom de Christ, mais cela ne prouve pas qu'elles soient dans la vérité.

Voici ce qu'affirme la vidéo :

"La dernière des 4 prisons d'Almolonga a été fermée en 1994". Toutefois, selon une autre source, "La dernière prison d'Almolonga a été fermée il y a neuf ans" (Joel News, citant le Charisma News Service").

Voici les faits réels :

Là encore, nous sommes confrontés à des informations différentes. Si la dernière prison a été fermée il y a neuf ans, cela ferait plus de cinq ans avant la parution de la vidéo ! (NDE : Les auteurs de la vidéo ne pourraient donc pas s'en attribuer le bénéfice). Nous ne discutons pas sur le fait que les prisons aient été fermées. Mais nous continuons à avoir différentes versions de la réalité. Si cela ne s'était produit qu'une fois, cela ne porterait pas trop à conséquences, mais cela se produit souvent.

Voici ce qu'affirme la vidéo :

"Almolonga est l'une des villes les plus propres et les plus prospères de tout le Guatemala". On affirme qu'il y a un rapport direct entre le fait de devenir Chrétien, et les récoltes fantastiques que produit le sol. Les images de légumes présentées laissent entendre que si les légumes sont aussi gros, c'est la conséquence directe de la bénédiction de Dieu, en réponse à la prière.

Un autre site nous dit que c'est grâce au fait que les Chrétiens d'Almolonga se soient unis dans la prière pour combattre les "dominations et les puissances des ténèbres" que Dieu les a bénis. "Jésus a brisé la puissance de Maximon. Les prêtres de Maximon ont perdu leur puissance et ont quitté la ville… Dieu a même modifié la fertilité du sol, en détruisant les forteresses de Satan, et en chassant les mauvais esprits qui les habitaient. Cela a entraîné la guérison des habitants de la ville, en même temps que la guérison du sol. L'intercession, le combat spirituel et l'évangélisation ont transformé la ville… Celle-ci est à présent devenue une zone de grande activité commerciale".

(http://www.prayerwatch.org/almolonga.html)

Voici les faits réels :

Le Guatemala est situé en zone tropicale. La production agricole représente un quart du produit intérieur brut, deux tiers des exportations, et la moitié de la population active. Le café, le sucre et les bananes sont les principales productions. Le Guatemala est le principal producteur de café de l'Amérique Centrale. Le café représente aussi le premier poste des exportations (23,3 %). Les autres principaux produits d'exportation sont le sucre de canne (9,9 % des exports), les bananes (7,6 %), les graines de légumes (3,6 %), le cardamone, le coton, les haricots, les légumes, la viande fraîche, ainsi que le pétrole et l'électricité. La production de céréales et de maïs a augmenté, mais ne suffit pas encore aux besoins de la population. Les exportations de fruits et de légumes représentent le poste le moins important des exportations.

Se peut-il donc vraiment que cette petite ville de 20.000 habitants soit "l'une des plus prospères du Guatemala" ? Les images que la vidéo donne de cette "zone de grande activité commerciale" ne montrent pas une grande animation. Peut-être s'agissait-il d'un jour calme ? Nous savons que la majorité des légumes produits sont expédiés à l'extérieur de la ville.

Voici ce qu'affirme la vidéo :

"C'était une terre aride. Les méthodes de travail étaient primitives. Mais quand la population s'est tournée vers Dieu, elle a assisté à une remarquable transformation de sa terre… Les récoltes souffraient de la paresse des agriculteurs. A présent, le sol est fertile. Au lieu de produire 3 récoltes par an, il en produit 8. Les paysans exportaient 4 camions par mois, ils en exportent maintenant 40 par semaine. Une augmentation de 1.000 % ! Grâce à leurs prières, les légumes atteignent une taille remarquable… Dès que les paysans se sont convertis, la taille de leurs légumes a commencé à grandir… Almolonga est devenue une vallée fertile, tellement fertile qu'elle produit les meilleurs légumes… La sagesse que Dieu a donnée aux paysans d'Almolonga a donné de meilleurs résultats que les méthodes scientifiques, et les paysans rendent gloire à Dieu pour leurs récoltes abondantes… Intrigués par les dimensions de ces légumes, et par l'augmentation de 1.000 % de la productivité, des chercheurs américains et d'autres pays sont venus à Almolonga pour tenter de découvrir leurs secrets. Mais la réponse des paysans n'est pas celle qu'ils attendaient…"

Voici les faits réels :

La production des légumes a augmenté à mesure que les paysans ont modifié leurs méthodes de travail. Rien ne prouve qu'il y ait une raison surnaturelle à cette augmentation.

Il faut rappeler que le Guatemala a connu 36 années de guerre civile. Cette guerre avait presque complètement détruit toute la production agricole. Les champs étaient brûlés, les gens étaient enlevés, les paysans assassinés. Cette guerre s'est terminée au cours des années 90-95. Quand une terre reste longtemps sans être cultivée, elle devient plus fertile. La réponse des fermiers aux chercheurs étrangers n'est pas non plus celle que vous auriez attendue !

Il se peut que les paysans rendent gloire à Dieu pour leurs récoltes abondantes. Mais il y a quelque chose que la vidéo ne vous dit pas, c'est que les paysans emploient des pesticides ! En fait, nous avons découvert que ces chercheurs étrangers s'étaient aperçus que les paysans d'Almolonga utilisaient des pesticides pour avoir de meilleures récoltes de légumes. Cela peut suffire à expliquer la croissance des récoltes, si vous y ajoutez la richesse du sol volcanique, et l'abondance de l'eau.

Voici ce qu'a écrit un chercheur américain : "Comme dans le cas d'Almolonga, au Guatemala, un bon nombre de régions d'Amérique Latine ont compris qu'il leur était nécessaire d'employer des pesticides pour préserver leurs récoltes des ravages provoqués par les insectes. Mais ces pesticides ont aussi très bien pu détériorer la santé des habitants. Par exemple, les statistiques officielles de la santé démontrent qu'il y a une augmentation de certaines maladies associées à un excès d'utilisation des pesticides" (Arbona, 1998). Le Docteur Arbona est une géographe qui travaillait à l'époque comme épidémiologiste à l'Université du Texas à Austin.

Sonia Arbona s'est rendue à Almolonga en mars 1998. Elle a conduit des recherches sur la population de cette ville, et collecté des échantillons d'eau. Ses recherches ont porté sur les effets de l'emploi des pesticides sur l'environnement.

(http://www.utexas.edu/depts/grg/office/fieldnotes/fnfall97/fnfall97.html)

Si les auteurs de la vidéo savaient que des chercheurs étrangers se sont rendus à Almolonga, ils auraient aussi dû savoir que les paysans employaient des pesticides. Il a été également découvert que la population employait illégalement des pesticides, ce qui provoque des maladies. Les conditions sanitaires sont assez mauvaises au Guatemala, en dehors de la capitale. Beaucoup de gens souffrent de problèmes de santé, d'entérite, d'infections respiratoires aiguës, d'avitaminoses, de déficiences nutritionnelles, d'infections cutanées, et d'anémie. La mortalité infantile est élevée, et l'espérance de vie n'est que de 60 ans.

Dans l'un de ses rapports, Sonia Arbona écrit ceci : "De fortes quantités de pesticides synthétiques sont utilisés au Guatemala pour augmenter la production des cultures non traditionnelles. Almolonga, une petite ville de montagne, produit des légumes qui sont exportés au Mexique et en Amérique Centrale. Grâce à l'abondance de l'eau, les paysans d'Almolonga utilisent au maximum leurs parcelles, dont la superficie totale est limitée. Mais ils ont aussi recours à des quantités importantes de pesticides. La population d'Almolonga connaît des malformations congénitales, des cancers, des anémies, et des infections respiratoires, qui sont probablement causés par l'emploi des pesticides. La fréquence des maladies infectieuses et parasitaires, ainsi que les déficiences nutritionnelles (ce sont les principales maladies constatées) peut certainement être favorisée par un usage excessif des pesticides"

(http://134.197.49.132/GR/issues/GR%20Vol%2088/GR-Jan1998/Jan98-Arbona.html)

Un autre rapport déclare ceci : "Près de 30 % des pesticides employés dans les pays en voie de développement ne correspondent pas aux critères de qualité acceptés au niveau international. Dans un communiqué conjoint, la FAO (Agence de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture) et l'Organisation Mondiale de la Santé) ont lancé une mise en garde, selon laquelle l'usage de ces pesticides de mauvaise qualité représente une menace sérieuse pour la santé humaine et l'environnement".

(http://www.panna.org/panna/resources/panups/panup_20010309.dv.html)

L'Agence danoise pour le Développement International (DANIDA) a publié en 1998 un rapport sur lequel il est écrit : "Il apparaît que le taux de maladies dues à l'usage des pesticides est très élevé au Guatemala. Les maladies aiguës causées par l'emploi des pesticides représentent de 11.000 à 30.000 cas au Guatemala, un pays de 10 millions d'habitants. Il y en a 10.000 au Nicaragua, un pays de 4 millions d'habitants".

(http://www.oac.uoguelph.ca/www/CRSC/faculty/eac/myths.htm)

Les scènes de la vidéo, montrant les récoltes abondantes et les légumes géants, ne sont donc pas toute l'histoire ! AUCUNE mention n'y est faite de l'emploi d'engrais chimiques et de pesticides, ni de la qualité réelle du sol. Aucune mention n'est faite des maladies causées par les pesticides. On peut voir de belles carottes et de beaux légumes, comparables à ceux d'Almolonga, sur les marchés d'autres pays qui ne connaissent aucun réveil. Le climat du Guatemala est excellent pour la culture des légumes, même sans l'emploi de pesticides.

Quand on considère tous ces facteurs, il n'y a pas de quoi faire tout le battage que l'on voit dans la vidéo ! Ces pauvres paysans se sont fait utiliser, alors que l'abus des pesticides va les rendre très malades. Au lieu de les féliciter, quelqu'un aurait dû les avertir des effets nocifs de ces produits.

Otis dit dans la vidéo : "C'est ainsi que les choses devraient toujours être. Ce sont des choses qui attirent la présence de Dieu, la sainteté, l'unité, la foi et l'humilité". J'ajouterais : "Et la vérité, en l'occurrence !"

L'église El Shaddaï du Pasteur Harold Caballero.

La vidéo affirme que les 20.000 habitants de la ville ont coupé leurs liens avec les esprits des ancêtres. Cela se peut, quoique le catholicisme, qui reste la principale religion, continue à invoquer ces esprits.

La vidéo montre, comme dans les autres villes présentées, des foules de gens qui remuent des bannières et des branches d'arbre. Pourquoi ? Que représentent ces bannières ? Nous voyons aussi des gens marcher dans les rues. Il s'agit d'une "marche pour Jésus".

La vidéo dit que nous devons "assaillir les forces des ténèbres par la prière et le jeûne". Mais il s'agit d'une transformation délibérée de la vérité, car ces villes se sont converties bien longtemps avant que les méthodes de combat spirituel aient été pratiquées. Peter Wagner et ses associés ne les enseignaient pas encore quand le réveil d'Almolonga s'est produit. Ils ne les avaient pas encore inventées. "La prière et le jeûne nous donnent la victoire sur les dominations". Cela ne correspond pas à l'enseignement de la Bible. La prière et le jeûne sont certes conformes à la Bible, mais pas quand elles sont associées à ces nouvelles méthodes de combat spirituel. On en est pleinement convaincu quand on lit tous les livres qui ont été publiés sur le combat spirituel. Au lieu de parler de la grâce de Dieu qui exauce la prière, on parle des méthodes mises en œuvre par l'homme pour prendre autorité sur le royaume de Satan, d'une manière non biblique.

Je ne crois pas que tous les habitants d'Almolonga partagent ces vues, mais c'est ce que la vidéo veut nous faire croire.

Voici ce que déclare le Pasteur Caballeros, en ce qui concerne la transformation de sa ville : "Je crois que le changement de l'état spirituel des habitants d'Almolonga s'est produit quand les pasteurs ont commencé à pratiquer le ministère de délivrance. La puissance du Nom de Jésus a brisé la puissance de Maximon. Les prêtres de Maximon ont perdu leur puissance et ont dû s'enfuir. Dieu a même modifié la fertilité du sol, en détruisant les forteresses de Satan, et en chassant les mauvais esprits qui les habitaient. Cela a entraîné la guérison des habitants de la ville, en même temps que la guérison du sol".

Ainsi, ce sont l'intercession, le combat spirituel et l'évangélisation qui ont transformé la ville ! Mais est-ce bien Satan qui empêche les gens d'être guéris et la terre d'être fertile ? Le diable a quitté Almolonga ! On dirait qu'Almolonga est déjà entrée dans le Millénium !

Voici ce qu'on nous dit sur le site de Morris Cerullo, à propos d'Almolonga : "Ce qui s'est produit à Almolonga peut se produire partout en Europe, lorsque le peuple de Dieu commence à prier avec puissance et autorité contre les puissances des ténèbres, en croyant que Dieu va terrasser et détruire les forteresses de Satan… Les pasteurs, responsables d'églises, ministres de Dieu et évangélistes de toutes les nations d'Europe doivent assister à cette conférence. Nous nous unirons dans la prière et commanderons aux puissances et aux dominations démoniaques de lâcher leur emprise sur les villes, les nations et tous les peuples d'Europe".

(http://www.prayerwatch.org/almolonga.html)

Que nous propose-t-on, en fait ? Que nous fassions descendre le Royaume de Dieu sur la terre ! Il n'est absolument pas conforme à la Bible de croire que c'est NOUS qui allons prendre autorité sur les puissances des ténèbres et les chasser des villes, pour faire descendre maintenant le Royaume de Dieu sur la terre ! C'est pourtant le thème subtil constamment répété, quand on nous présente ce qui se passe lorsque Dieu "visite" une ville !

Voici un extrait de la biographie du Pasteur Caballeros : "Il y a cinq ans, le Seigneur a donné au Pasteur Caballeros une vision, afin que "Jésus soit le Seigneur du Guatemala". Cela a consisté à réunir une armée de 50.000 combattants de la prière dans tout le pays, qui prient chaque jour pour un réveil au Guatemala, à l'aide du livre du Dr Yonggi Cho : "La prière, clef du réveil". Voici une bonne association ! Bien sûr, Yonggi Cho est un bon choix, si votre ambition est de conquérir les villes et les pays. Mais ce n'est pas un bon choix, si vous voulez garder la pureté des doctrines et des pratiques chrétiennes. Car Yonggi Cho a ajouté des pratiques occultes à la prière chrétienne. Je veux parler de son livre "La quatrième dimension".

Nous savons que le Pasteur Caballeros parcourt le monde pour enseigner la Parole de Dieu, mais aussi le combat spirituel, la cartographie spirituelle, l'intercession, les "portails et les points de puissance".

(http://www.elshaddai.net/pastor/pastor-en.htm)

Sur son site, le Pasteur Caballeros affirme : "C'est le Corps de Christ du Guatemala qui doit mener ce combat. L'Eglise doit s'engager dans le combat spirituel, parce que c'est elle qui doit détrôner toutes ces dominations qui ont régné pendant des siècles sur notre peuple et notre nation. Prions tous ensemble une heure par jour pour notre nation. Entrons dans le combat spirituel, et nous apprendrons à être "plus que vainqueurs en Christ". Cette vision est un défi. Un défi que Dieu vous lance, pour devenir membres de l'armée du Dieu Tout-Puissant". Le pasteur fait référence à des passages de l'Ecriture comme Ezéchiel 12 :27-28 et Esaïe 13 :2-4. Il cite ces passages complètement hors de leur contexte. Il s'agit de peuples de toutes les nations qui se réunissent pour combattre Babylone, à l'époque du Jour du Seigneur. Est-ce à cette armée que vous désirez vous joindre ?

(http://www.elshaddai.net/jesus-senor/ahoraes-en.htm

"De même que le prophète Daniel a décrit l'existence des dominations qui dirigent les nations et les royaumes (Daniel 10 :12-13 et 20), Dieu nous révèle aujourd'hui non seulement la présence de ces dominations et des puissances démoniaques qui agissent dans notre pays, mais aussi la stratégie pour défaire l'homme fort. Voici venu pour l'Eglise le moment de passer à l'action. "Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité, -non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu" (Romains 8 :19-21)"

(http://www.elshaddai.net/jesus-senor/guerra-en.htm

Toutes ces doctrines sont celles des mouvements du "Royaume Maintenant" et de la "Pluie de l'Arrière-Saison". Les concepts dont nous avons brièvement parlé dans cet article démontrent à quel point les auteurs de cette vidéo sont impliqués dans ces mouvements. Parce qu'une petite ville du Guatemala a été touchée par l'Evangile, au point que plus de la moitié de ses habitants sont devenus Chrétiens, on parle à présent de 55 % de convertis dans ce pays ! Pourquoi ? Pour servir les intérêts d'un mouvement qui prétend que le Royaume de Dieu est venu sur la terre maintenant.

L'article suivant va étudier la situation de la troisième ville présentée dans la vidéo, Kiambu, au Kenya.

 

Note de l'Editeur :

Une recherche personnelle sur le Guatemala nous a permis de découvrir plusieurs choses intéressantes :

  1. Le site américain http://www.trinitylight.com/videos/guatemala00/places.php, qui décrit des centres d'intérêt à visiter au Guatemala, présente une vue d'ensemble d'Almolonga, avec le commentaire suivant : "Si vous n'avez pas encore entendu parler de la ville d'Almolonga, essayez de vous informer à son sujet. Cette ville est célèbre au Guatemala pour produire des légumes d'une taille inhabituelle, et qui grandissent bien plus vite qu'ailleurs. Personne ne peut expliquer pourquoi". NDE : Encore des gens qui ne sont pas au courant de ce qui se passe !
  2. Le site Catholique http://www.cin.org, parlant de ce qui se passe à Almolonga, n'hésite pas à attribuer aux Catholiques une part de la bénédiction. Il écrit : "Grâce aux prières des fidèles et à l'action du Saint-Esprit, Protestants et Catholiques ont tous connu un grand renouveau dans la foi et dans le déversement des bénédictions de Dieu… Hélas, au Guatemala, trop souvent les Chrétiens, prêtres, religieuses, laïcs, missionnaires, et même personnel humanitaire, ont été ciblés comme des "ennemis de l'Etat", emprisonnés ou martyrisés…" NDE : Apparemment, le réveil a profité à tout le monde !
  3. Le site Catholique http://www.geocities.com/junmeskie/MisUnderstood.html présente plusieurs témoignages de Protestants ou de Chrétiens Evangéliques qui, devant les divisions des églises chrétiennes, se sont convertis au Catholicisme, notamment au Guatemala. Nous citerons plus longuement le témoignage particulier d'une missionnaire américaine qui avait été envoyée au Guatemala par une dénomination évangélique. Cette ancienne missionnaire analyse la situation des églises protestantes et évangéliques au Guatemala en des termes qui ne manquent pas d'intérêt :

"Les missions évangéliques ont exporté les formes de piété spécifiques à l'Amérique, imposant à tous les peuples les formes, les symboles et le jargon du christianisme américain… Selon un auteur évangélique, "la multiplication se produit quand les églises sont homogènes" (NDE : c'est la philosophie du mouvement des G12. Voir notre article A 177). En clair, cela signifie que si vous voulez que les gens viennent dans votre église, vous ne devez pas mêler les riches aux pauvres, ni les races entre elles… C'est de cette manière que les missions évangéliques procèdent en Amérique latine…

"Cette ségrégation n'est que l'un des problèmes que j'ai observés chez les Evangéliques, car ils en ont exporté bien d'autres. Un autre problème majeur est représenté par la maladie de la division, endémique au Protestantisme. Quand les missionnaires Baptistes, Luthériens, Pentecôtistes, Fondamentalistes, ou appartenant à d'autres groupes bien intentionnés, sont venus au Guatemala, ils ont apporté avec eux toutes les doctrines particulières qui divisaient déjà les églises américaines. Les églises évangéliques guatémaltèques, comme leurs consœurs américaines, sont constamment en état de lutte doctrinale les unes contre les autres. De nouvelles églises se créent constamment, mais par division… Dans le Protestantisme, toutes les dénominations se sont créées au départ à la suite d'un désaccord sur quelque point de doctrine. De nouvelles dénominations se forment sans cesse… Au Guatemala, les nouvelles dénominations poussent constamment comme des champignons. Des pasteurs, souvent autoproclamés, souvent sans éducation ou à l'éducation très sommaire, établissent simplement de nouvelles églises, en attirant avec eux une bonne partie de l'église dont ils sont sortis… C'est ainsi qu'au Guatemala l'Eglise se "multiplie"…

"Bien que les différentes missions, y compris celle qui nous avait envoyés au Guatemala, s'efforcent de travailler pour unir les diverses dénominations, j'ai vite compris qu'elles n'avaient aucune raison d'atteindre localement une unité que le Protestantisme n'avait jamais atteinte depuis Luther"…

"Avant l'arrivée du Protestantisme, cette ville était unie au sein du Catholicisme… A présent, il y a une multitude d'églises protestantes concurrentes, chacune assurant la promotion de sa marque évangélique particulière : églises sans dénomination, Presbytériens, Eglise de Christ, Assemblées de Dieu, Mennonites, et Baptistes en tout genre, tous luttant pour "gratter" des convertis, en rappelant à leurs brebis que les autres groupes sont dans l'erreur (surtout, bien sûr, les Catholiques)…

"J'ai entendu au Guatemala une grande cacophonie d'enseignements contradictoires. Les Pentecôtistes tempêtaient contre le diable et chassaient les démons dans toutes les directions. Les Chrétiens non-Pentecôtistes tempêtaient contre les Pentecôtistes parce qu'ils parlaient en langues, ce qui était pour eux le signe qu'ils étaient des suppôts du Malin… Tous les pasteurs évangéliques levaient bien haut leur Bible, en proclamant son autorité… Devant toutes ces voix discordantes, comment quelqu'un aurait-il pu savoir avec certitude qui avait raison ? Comment un simple mortel pouvait-il se tenir devant un groupe d'analphabètes, et affirmer avec une conscience claire : "Voici vraiment ce que dit la Bible" ?"

NDE : Cette ancienne missionnaire évangélique a dû certainement beaucoup souffrir du manque d'unité des églises chrétiennes du Guatemala, au point de croire trouver au sein du Catholicisme cette unité qui lui manquait tant ! Certes, elle n'avait sans doute pas la claire révélation que la Bible seule est la Vérité, car elle aurait pu juger les doctrines catholiques à la lumière des Ecritures. Mais le triste spectacle qu'elle décrit au Guatemala (et qui se retrouve partout ailleurs) nous semble toutefois être bien plus près de la vérité que les rodomontades des auteurs de la vidéo "Transformations".

Combien nous devons, en tant que Chrétiens, nous humilier devant Dieu pour notre manque réel d'unité de la connaissance du Fils de Dieu et de la révélation de la doctrine, et cultiver avant toutes choses un amour ardent, mais paisible, de la Vérité !