Article de Age Two Age.

L’original de cet article peut être consulté en anglais sur le site Internet :

Reproduction de la traduction française autorisée, pourvu qu’elle soit intégrale, et que les sources soient indiquées.

George Otis déclare dans sa vidéo : "La situation spirituelle d'une ville peut être modifiée". La vidéo présente la situation de Cali, en Colombie, comme une ville qui était menacée par le cartel de la drogue, ce qui est exact. Grâce à l'unité de l'Eglise et à la prière, "tout a changé". Ce que la loi et les organisations internationales n'avaient jamais pu obtenir depuis des années, l'intercession l'aurait obtenu !

Dans la vidéo, nous voyons un stade de football rempli d'une foule exubérante en train de crier, sauter, chanter et agiter des bannières. Certains danseurs sont costumés. Tous démontrent une ferveur exubérante et une émotion intense. Il s'agit d'une réunion de prière.

Otis affirme : "Cela a entraîné une transformation absolue de cette ville. La corruption a été radicalement réduite, et les cartels ont volé en éclats. Cali, qui était contrôlée en toute illégalité par les seigneurs de la drogue, c'est fini ! Toute l'atmosphère spirituelle de Cali a changé… Quand Dieu visite une ville, tout est changé !"

Le Pasteur Julio Ruibal, qui avait été le catalyseur de cette transformation, a été abattu devant son église. Sa femme, Ruth Ruibal, est à présent le pasteur de l'église. Elle appartient aussi au groupe The Sentinel de George Otis, qui est membre du conseil de l'église.

Selon les statistiques officielles, la Colombie est encore à 95 % catholique.

Comme un tiers de la vidéo est consacré à Cali, nous allons vérifier en détail tout ce qu'affirme la vidéo.

Ruth Ruibal déclare : "La violence empirait, et l'église subissait vraiment la pression de tout ce qui se passait… Ils ont prié contre les principautés et les puissances des ténèbres, ils ont prié pour l'unité, croyant que Dieu allait agir dans l'Eglise… 48 heures après la première prière, la manchette du quotidien local titrait : "Pas de meurtres !"… En 1995, il y avait 15 meurtres par jour. Quand nous avons commencé à prier dans l'unité (c'est-à-dire à la fin de l'été 1995), nous avons aussitôt vu les résultats. 10 jours plus tard, le premier seigneur de la drogue est tombé, et Dieu a commencé à changer la ville… Selon Ruibal, sur les 7 principaux seigneurs de la drogue, 6 sont tombés au cours des 9 mois où nous avons réellement commencé à prier dans l'unité".

Nous avons fait des recherches auprès du quotidien local, à partir du 20 juin 1995, et nous n'avons trouvé aucune trace d'un article qui affirmerait que les meurtres avaient cessé. En revanche, nous avons découvert que "6500 commandos d'élite ont été envoyés à Cali, chargés de la mission expresse d'arrêter tous les dirigeants du cartel". Même s'il n'y a pas eu de meurtres au cours d'une journée donnée, on ne peut pas attribuer cela avec certitude à leurs prières. Ce qui est important, c'est de savoir s'il y a eu un changement permanent. Les statistiques démontrent qu'il peut toujours y avoir des jours sans meurtres, mais qu'il s'agit alors de simples coïncidences. En revanche, s'il n'y a plus de meurtres sur une période d'une longueur significative, ce n'est plus une coïncidence. Dans beaucoup de villes à forte criminalité, il peut y avoir des jours sans meurtres, et personne n'a encore prétendu que c'était grâce aux prières des Chrétiens !

Nous ne disons pas que la prière ne puisse pas avoir une influence. Mais si Dieu exauce la prière des Chrétiens, va-t-Il se limiter à un seul jour ? Selon les rapports officiels, voici ce qui se passe réellement à Cali :

Avant la période de la vidéo : "Selon un rapport gouvernemental, le taux d'homicides à Cali (troisième ville de Colombie, avec une population de plus de 1.776.000 habitants) a été multiplié par cinq entre 1985 et 1992, pour atteindre le taux de 100 meurtres pour 100.000 personnes. Devant cette évolution, la ville de Cali a créé en 1992 le programme DESEPAZ pour faire baisser la violence et améliorer la sécurité des citoyens…"

Suite à ce programme, les armes à feu ont été interdites à Cali en 1993-1994 et à Bogota en 1995-1997, avec les résultats suivants : "Le nombre des homicides a baissé chaque fois qu'on a interdit les armes à feu, en comparaison avec les périodes où ces armes étaient permises. Les statistiques officielles ont prouvé que l'interdiction des armes à feu est fortement corrélée à une baisse de la criminalité et des homicides".

Ainsi, il ressort que l'interdiction des armes à feu à Cali en 1993-1994 avait déjà produit un effet positif sur le taux des homicides, avant même que soit lancé le programme de prière décrit dans la vidéo. Pourtant, les auteurs se sont attribué tout le crédit de cette amélioration, mais elle n'a été que de courte durée.

L'Agence Américaine de Lutte contre la Drogue (US Drug Enforcement Agency) a déclaré que rien n'avait changé en ce qui concerne le trafic de la drogue. Le rapport KINS du 12 février 2001 (KINS est un organisme américain chargé d'aider les organismes publics et privés à résoudre les grands problèmes sociaux) démontre que Cali occupe le deuxième rang dans toute l'Amérique latine pour le taux de meurtres, et qu'elle est le quartier général traditionnel de l'un des principaux réseaux de trafic de drogue de la Colombie. La criminalité associée à la violence est toujours intense. C'est aussi une région où la guérilla et les forces paramilitaires d'extrême droite ont été de plus en plus actives au cours de ces dernières années. Les voleurs et les pickpockets ravagent toujours le centre ville. Les agressions nocturnes armées contre les piétons et les conducteurs représentent une très forte menace. La violence associée à la drogue est courante, même si elle est limitée aux milieux concernés.

Le taux de meurtres n'a pas baissé en Colombie. Avec une moyenne de 70 meurtres par jour, le taux d'homicides est parmi les plus élevés du monde, faisant de ce pays est l'un des plus dangereux de la planète. En octobre 1999, "Transparency International" a publié son indice annuel de la corruption pour 99 pays. Cet indice est calculé en fonction des avis des experts et du public en général. L'échelle des points de l'indice va de 1 à 10, 10 étant celui de la plus faible corruption. Sur cette échelle, la Colombie est notée 2,9, ce qui fait d'elle le sixième pays le plus corrompu d'Amérique latine. La ville de Cali se voit attribuer une note de 8 sur 10 pour ce qui concerne les "facteurs de risque", cette note étant très proche de celle de Bogota, la capitale.

En août 2000, les Etats-Unis ont accordé à la Colombie des subventions très importantes pour lutter contre le trafic de drogue. La guérilla, alliée aux trafiquants de drogue, n'a manifestement pas apprécié : les attaques et les enlèvements se sont intensifiés.

On peut en conclure que les choses n'ont pas beaucoup changé !

"L'Agence Américaine de Lutte contre la Drogue (US Drug Enforcement Agency) a dit que le cartel de Cali était l'une des organisations criminelles les plus riches et les mieux organisées de l'histoire… Cali exportait 1000 tonnes de cocaïne par an vers les Etats-Unis et l'Europe… Auparavant, c'était terrible, les gens mouraient facilement, et les gens, quand ils devaient sortir, étaient remplis de crainte…"

Selon la vidéo, ce grand cartel qui contrôlait la ville a été démantelé. C'est vrai, mais il faut préciser que 6500 commandos d'élite avaient été dépêchés pour cela.

"Cela a produit une transformation absolue de cette ville. La corruption a été spectaculairement réduite… Le fait de pouvoir marcher tranquillement dans les rues d'une ville qui étaient ravagées par la terreur témoigne du remarquable changement qui s'est produit à Cali. D'où cela provient-il ? Cette transformation prend sa source dans le cœur des intercesseurs, ces hommes et ces femmes qui avaient des oreilles pour entendre ce que Dieu leur disait".

Ce commentaire implique que puisque Cali est à présent une ville "sûre", où un pourcentage significatif de la population est en sécurité, et où le réveil s'étend. Les gens peuvent à présent se promener tranquillement dans les rues.

Le rapport de 1997 de l'Agence Américaine de Lutte contre la Drogue (DEA) écrit ceci :

"Les efforts officiels pour réduire le trafic des narcotiques ne sont pas parvenus à réduire sensiblement la menace que font subir aux entreprises étrangères et locales les trafiquants désireux de les utiliser pour leur trafic. La reddition ou la mort des principaux chefs de la drogue n'a eu aucun impact significatif sur la production et l'exportation de la drogue… Aujourd'hui, le cartel de Medellin a été détruit, et son rival, le cartel de Cali, est virtuellement démantelé, la plupart de ses chefs étant emprisonnés. Toutefois, ces succès n'ont permis ni d'empêcher l'émergence de nouveaux chefs de la drogue, qui travaillent à plus petite échelle en "mini cartels", ni de réduire la production de coca".

"En 1996, la mafia de la drogue à Cali a largement conservé le contrôle du trafic de la cocaïne aux Etats-Unis, malgré l'incarcération de ses chefs principaux… Ces gangs ont aussi augmenté leur contrôle sur la distribution de la cocaïne aux Etats-Unis. Les seigneurs de la drogue de Cali, quoique emprisonnés, continuent à diriger leurs empires derrière leurs barreaux… En outre, une nouvelle génération de trafiquants de drogue relativement jeunes s'est levée pour conduire des actions à leur profit personnel… L'arrestation des principaux trafiquants a certes perturbé le trafic de la drogue à Cali, mais sans y mettre un terme…"

(Informations données par l'Agence Américaine de Lutte contre la Drogue, sur le site suivant :

"Finalement, la Colombie a vaincu Escobar, au prix de lourds sacrifices et de beaucoup de sang versé. Ensuite, ce fut au tour du cartel de Cali d'être détruit… Pourtant, aujourd'hui, quelques années seulement après ces triomphes, la Colombie est aux prises avec des troubles politiques, une économie en chute libre, des violences continuelles et une corruption massive. En même temps, elle produit et exporte encore plus de drogue qu'Escobar aurait pu l'imaginer, dans ses rêves les plus fous. La victoire sur les cartels n'a pas mis un terme aux trafics illégaux de la drogue. Elle n'a pas non plus arrêté la corruption et la violence qui accompagnent toujours le trafic de la drogue. Les plaies de la Colombie n'ont fait qu'empirer.

"Depuis 1995, les surfaces consacrées à la culture du coca ont doublé. Voilà où se retrouve aujourd'hui la Colombie, sept ans après l'élimination d'Escobar. Le taux de meurtres est dix fois celui des Etats-Unis. Une personne est tuée toutes les 20 minutes".

Julio Ruibal a déclaré dans la vidéo, peu avant d'être affreusement abattu : "Toute l'atmosphère spirituelle de Cali a changé. La ville est à présent une ville "sûre".

"Les nouvelles récentes qui nous parviennent de la Colombie ne sont pas encourageantes. Le week-end dernier, des membres de la guérilla ont tué six personnes et enlevé plusieurs autres. Des attaques à la bombe à Cali ont détruit des bâtiments, près d'une base militaire, blessant trois personnes" (9 mars 2001). Il en est de même depuis des années. Rien n'a changé.

"Plus de 25 pasteurs évangéliques ont été assassinés, et plus de 300 églises ont été fermées au cours des six derniers mois, alors que la violence s'accroît en Colombie, selon le Pasteur Hector Pardo, pasteur du Tabernacle de la Foi à Bogota. La majorité des pasteurs assassinés appartiennent aux Assemblées de Dieu. Mais les terroristes ne s'en prennent pas qu'aux Chrétiens. Même des églises Mormones ont été bombardées". (Il y a environs 129.000 Mormons en Colombie).

Depuis le début de l'année, 1.350 enlèvements ont été déclarés en Colombie. Pour forcer le gouvernement à négocier, la guérilla a pris d'assaut en avril dernier un petit avion commercial et a enlevé les 54 personnes qui se trouvaient à bord. La guérilla a aussi enlevé plus de 130 fidèles qui participaient à une messe à Cali, en mai dernier.

Le Pasteur Hector Pardo, du Tabernacle de la Foi a déclaré : "En ce moment, la paix est impossible en Colombie. Pour arrêter les combats, il faudrait un miracle, ou une intervention directe du Seigneur. Nous demandons aux Chrétiens du monde entier de se joindre à nous dans la prière, pour que nous ayons la paix, et que le Seigneur soit glorifié". Le pasteur Pardo a fait cette déclaration en 1999 (sur LAM News Service), postérieurement aux affirmations de la vidéo.

Wagner et ses associés se sont donc accordé le bénéfice de quelques succès momentanés, en prétendant qu'ils ont été obtenus grâce à leurs prières, qui auraient aussi transformé Cali ! Les faits prouvent que cette transformation radicale ne s'est pas produite. Voici comment ils procèdent : ils appliquent leurs méthodes de prières, puis s'accordent le bénéfice de tout ce qu'ils peuvent remarquer de positif. Mais ils ignorent tout le négatif qui peut encore se produire. Je me demande donc comment ils peuvent honnêtement prétendre tout ce qu'ils affirment sur la vidéo.

Il se peut que l'Eglise ait bénéficié d'un certain changement, et que cela ait modifié sa manière de voir les choses. Mais la ville a-t-elle été changée ? Pas d'après ce que nous avons constaté.

Dans sa lettre de nouvelles d'octobre 1999, Ruth Ruibal, la veuve du Pasteur Ruibal, a écrit : "Je veux travailler plus régulièrement avec George Otis et son groupe The Sentinel. Ce travail a toujours été d'un grand encouragement pour moi, car il me permet de mieux faire passer le message d'unité". Elle parle de l'unité de l'Eglise en Amérique Centrale et en Europe, pour ajouter : "La terre entière sera remplie de la connaissance de Sa gloire !" En citant ce verset, Ruth Ruibal semble oublier qu'il concerne le Millénium. Mais les adeptes du Mouvement "Le Royaume Maintenant" pensent que cela va se produire avant le retour de Jésus. En Octobre 2000, Ruth Ruibal mentionnait qu'elle était en train d'écrire un livre, qui devait s'intituler : "L'unité de l'Esprit, sa définition, sa nature, son but".

Il se peut que l'Eglise dans ces pays ait atteint une unité qui n'existait pas auparavant, et que cela l'encourage. Mais cette unité ne concernerait qu'un minimum de facteurs communs. La vidéo mentionne aussi que les Chrétiens prient dans l'unité. Mais sans préciser de quelle unité il s'agit. D'après les images que nous voyons, il s'agit probablement d'une unité portant sur un plus petit commun dénominateur. La vidéo ne dit pas ce que sont devenues les différentes dénominations, une fois que cette "unité" a été atteinte.

La Bible nous enseigne que l'unité de l'Esprit est déjà une réalité acquise, pour tous ceux qui demeurent en Christ. La vidéo déclare : "Ils ont prié contre les dominations et les principautés, et pour l'unité". Ont-ils été exaucés ?

Ruibal a écrit un livre intitulé "Anointed" (Oint). Dans sa préface, Ruth Ruibal affirme que "lorsque vous lirez ce livre, vous sentirez la présence et l'onction de Dieu, à mesure que vous étudierez les grandes œuvres que Dieu a accomplies par le ministère de "l'Apôtre des Andes". Je suppose qu'elle veut parler de son mari, qui était originaire de la Bolivie. Certes, j'apprécie ce qu'a fait Julio Ruibal. Je crois qu'il n'est pas mort en vain. Il a inspiré beaucoup de gens. Mais que veut dire son épouse en le qualifiant du terme "d'Apôtre" ? Que veut-elle dire quand elle parle de "sentir la présence de Dieu", quand on lit un livre qui n'est pas la Bible ?

George Otis affirme dans la vidéo que "Cali est à présent une ville "sûre", qu'un pourcentage significatif de sa population vit en sécurité, et que le réveil se développe. Au lieu d'une ville dont les habitants vivaient dans la crainte, les gens peuvent maintenant marcher tranquillement dans les rues".

Dans sa propre lettre de nouvelles, "Ekklesia", Ruth Ruibal affirme le contraire ! "Des groupes de satanistes attaquent des églises et des Chrétiens, surtout à Cali. Selon Consuelo Zuluaga, une assistante sociale de Justapaz, certaines églises ont même subi des attaques répétées". Dans sa lettre de nouvelles d'octobre 1999, Ruth Ruibal écrit encore : "L'église de Cali peut vous confirmer les nouvelles que nous recevons par les médias des Etats-Unis. Sur le plan naturel, la situation économique et politique ne fait qu'empirer, semble-t-il. En fait, le dimanche qui a précédé mon départ en voyage, notre église a été infiltrée par la guérilla".

Je n'ai nullement l'intention de déprécier tout ce qui se passe à Cali. Je ne veux calomnier personne. Mais les faits sont là, sous la propre plume de Ruth Ruibal, pasteur d'une église importante de Cali ! Elle rend elle-même témoignage qu'il ne s'est produit aucune transformation de sa ville ! Où sont les changements radicaux claironnés ?

La vidéo mentionne (en décembre 1995) que Julio Ruibal a été assassiné. Dans ses lettres de nouvelles, Ruth Ruibal a révélé que c'est le propriétaire du terrain voisin de celui de l'église qui a tué son mari, au sujet d'un conflit de propriété. Ce conflit continue toujours, d'après les lettres de nouvelles de la Fondation Ruibal. Mais sur son site web, cette même Fondation déclare que Julio Ruibal "a été martyrisé pour la cause de l'Evangile de Jésus-Christ". L'assassin n'a jamais été traduit en justice, et il se vante ouvertement d'avoir assassiné le pasteur Ruibal. Il possède le terrain voisin de celui de l'église, et il continue à menacer de tuer d'autres membres de la famille.

La vidéo d'Otis déclare que "les seigneurs de la drogue se réfugiaient derrière leurs murs et leurs systèmes de sécurité. Ils étaient dans la crainte et la paranoïa". Mais l'église de Ruibal a fait bâtir aussi des murs, et possède un portail en fer de plus de 4 mètres de haut. Font-ils aussi de la paranoïa ? Non, mais ils affirment vivre un réveil. Pourtant, ils n'ont pas abattu leurs murs, ni enlevé leur portail. Ruth Ruibal a aussi écrit : "Cali est une ville où il faut que notre église engage des gardes de sécurité armés, et se protège par une clôture de barbelés. Si nous avons l'accord demandé, cette clôture sera bientôt remplacée par un mur de 3,50 mètres de haut. Récemment, dans une autre église de la ville, un garde du corps a été tué, lorsque la guérilla, qui protège les trafiquants de drogue, a attaqué l'église" (Lettre de décembre 1999). Dans ses requêtes de prière, elle demande "la transformation de Cali et de la Colombie". Pourquoi une telle demande, si cette "transformation" s'est déjà produite ?

Voici une autre citation de la lettre de nouvelles de décembre 1999 : "L'assassin de mon mari continue de nous menacer. Il se vante ouvertement d'avoir tué Julio. Il a commencé à construire un nouveau bâtiment juste à côté de notre propriété. Dans le passé, il a souvent tenté de nous prendre notre terrain. Notre clôture de barbelés a été arrachée, et nous avons commencé à la remplacer. Aussitôt, cet homme a commencé à menacer les ouvriers et plusieurs hommes de notre église, en hurlant qu'il nous "causerait des problèmes", et qu'il avait 50 hommes de main à ses ordres. Il nous a demandé si nous voulions un autre mort. Il a ajouté qu'il bloquerait l'entrée de notre propriété. Nous avons dû recruter des gardes, juste pour que le travail puisse se faire ! L'un de mes meilleurs gardiens, en charge de notre maison, va démissionner à la fin du mois, à cause de menaces de mort qu'il a reçues".

S'agit-il là de la description d'une ville qui a été transformée ? Même dans sa propre maison, Ruth Ruibal admet qu'elle n'est pas en sécurité.

Il règne une violence telle que, dans sa lettre d'août 2000, Ruth Ruibal écrit : "La Colombie traverse des moments particuliers, mais très difficiles. Les médias internationaux parlent de la violence, de la corruption, de la guerre contre la guérilla, des enlèvements, des assassinats et de tous les troubles divers. Si nous évaluons cette situation d'un point de vue naturel, la seule réponse semblerait être de quitter le pays. Au cours des derniers mois, plus de 600.000 personnes ont quitté la Colombie, ce qui représente plus de 2 millions de Colombiens qui résident à présent à l'étranger".

Otis, quant à lui, affirme dans la vidéo : "Si c'est là l'œuvre du Seigneur, je veux y participer ! Depuis que le Royaume de Dieu est descendu à Cali, de nombreux citoyens importants de cette ville se sont donnés à Christ…"

Je ne conteste pas cela. Je m'en réjouis même. Mais dire que "le Royaume de Dieu est descendu maintenant" est un concept qui n'est pas biblique. Comme Otis répète plusieurs fois cette expression, on peut se demander ce qu'il veut dire par là. Peut-être veut-il dire que ce sont leurs prières qui ont fait descendre le Royaume de Dieu ? Mais est-ce qu'un homme peut faire descendre le Royaume de Dieu sur la terre ? Surtout en ayant recours à une méthode de "cartographie spirituelle" ?

La Bible nous dit que le Royaume de Dieu sera établi sur la terre pendant le Millénium. Il n'est encore descendu nulle part, surtout pas à Cali. Ce langage du mouvement "Le Royaume Maintenant" n'est absolument pas confirmé par la réalité. Le Royaume de Dieu comprend tous ceux qui ont accepté et reconnu la souveraineté et le règne de Dieu dans leur vie. Pour le moment, le Royaume de Dieu n'a rien à voir avec ce monde terrestre déchu. Jésus a dit que Son Royaume n'était pas de ce monde. Il l'y installera un jour, mais ce n'est pas nous qui pouvons le faire descendre. Jésus a aussi dit qu'il ne boirait plus du fruit de la vigne, jusqu'à ce que Son Royaume soit instauré sur la terre. Nous devenons sujets de Son Royaume en acceptant l'Evangile du salut, et en passant par une nouvelle naissance en Christ, par l'Esprit de Dieu.

Otis affirme aussi dans sa vidéo : "Nous avons fait la découverte troublante que ces villes étaient profondément engagées dans l'occultisme". Il n'était pas nécessaire de faire de la cartographie spirituelle pour découvrir cela ! Il en est de même pour toutes les cités tant soit peu importantes. La vidéo rend les dominations et les puissances des ténèbres responsables du péché et du mal. Mais pourquoi ne pas parler du péché de l'homme ? Il s'agit sans doute d'un reflet des positions théologiques de George Otis.

Dans la vidéo, le narrateur dit à un moment : "Interrogez les pasteurs sur leur stratégie, et ils vous diront qu'ils n'ont pas le temps de planifier quoi que ce soit, tellement ils sont occupés à tirer les filets dans la barque… ! L'atmosphère spirituelle de la ville a changé quand le peuple de Dieu a fait en 1996 sept fois le tour de Cali en voiture en priant. Selon le Pasteur Jarro Hernan Rodriguez, Secrétaire de l'ASMICEV, c'est à ce moment-là que le réveil a commencé, comme pour Josué à Jéricho". Devons-nous accepter de faire le tour de nos villes en voiture en priant, en plus des marches de prière, comme moyen de conquérir nos villes pour Christ ? S'il n'y a aucune stratégie derrière ce mouvement, pourquoi parler de cartographie spirituelle ?

Les réunions de prière communes étaient organisées pour attaquer les dominations et les puissances des ténèbres. Est-ce que la Bible nous enseigne à faire cela ? Non, nulle part ! Elle ne nous enseigne pas à attaquer les forteresses démoniaques dans les lieux célestes. Les apôtres nous demandent de "résister au diable" et de "tenir ferme contre les ruses du malin", non de nous engager dans ce genre d'offensive. Contre les attaques de Satan, nous n'avons rien d'autre que la Parole de Dieu, comme arme offensive. Jésus l'a employée contre le diable qui Le tentait dans le désert. Mais Jésus n'a pas terrassé le diable. Il ne l'a ni lié ni frappé. L'armure spirituelle que nous avons reçue est avant tout destinée à nous défendre. Nous ne devons pas monter sur une colline, étendre la main, et commander à Dieu de descendre, ni au malin de partir de la ville !

Le combat spirituel est un combat personnel. Il ne doit pas être mené pour conquérir les villes ou les païens. La Bible ne nous demande nulle part de conquérir les villes pour Christ.

Il se peut que les Chrétiens de Cali aient connu un changement personnel. Mais il nous faut reconnaître que rien n'a changé dans la ville elle-même. Que le maire ou d'autres citoyens influents se soient convertis, là n'est pas le problème. Ce que nous contestons, c'est l'affirmation que la ville ait été radicalement changée. Nous estimons avoir été objectifs dans notre enquête.

On peut ajouter que d'autres villes avaient des cartels de la drogue et s'en sont débarrassés. On a ainsi appris qu'en 1995, dans le quartier de New York appelé le Bronx, 20 importants trafiquants de drogue Colombiens ont été retrouvés assassinés. Mais personne n'a encore affirmé que ces morts résultaient du combat spirituel que certains Chrétiens avaient mené ! Pourtant, lorsqu'un cartel important est démantelé en Colombie (pour être aussitôt remplacé par d'autres), Otis affirme que c'est dû à la prière de l'Eglise unie.

Si Cali avait subi une transformation aussi radicale, cela se verrait ! Notre enquête nous a démontré que les faits prouvent le CONTRAIRE de ce que la vidéo affirme ! Cali continue à être l'une des capitales de la drogue. Cette ville continue à connaître beaucoup de violence, au point que l'église même qui est montrée en exemple dans la vidéo craint pour sa sécurité et cherche à se protéger.

Ainsi, la ville à laquelle la plus grande partie de la vidéo est consacrée n'est absolument pas qualifiée pour justifier l'efficacité de la cartographie spirituelle, ni pour constituer un témoignage probant de transformation. Malgré le témoignage de plusieurs personnes dans la vidéo, affirmant qu'ils n'avaient aucune méthodologie, on voit bien que les auteurs de la vidéo nous présentent toute une panoplie de techniques et de méthodes. Otis est complètement engagé dans le mouvement du combat spirituel. Il n'aurait jamais assuré la promotion de cette vidéo si ses doctrines n'y étaient pas défendues. Ne vous y trompez pas, il a un objectif et il le poursuit ! Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Rendons-nous dons dans la ville suivante, Almolonga, au Guatemala, pour vérifier si elle a été transformée.

Nous avons visité ce site. Il ne mentionne aucun grand réveil en Colombie, ni à Cali, présentée comme la ville de Colombie "où l'on s'amuse le plus", les Colombiens, malgré la violence ambiante, étant toujours prêts à manifester leur bonne humeur, à rire, à chanter et à danser. Ce site présente aussi le témoignage d'une Chrétienne étrangère, qui a récemment visité la Colombie, mais qui n'a pas pris la peine d'aller à Cali. Peut-être n'avait-elle pas entendu parler de la grande transformation qui s'y serait produite ?