A165. La Bible enchaînée.

Article de Mary Ann Collins.

L’original de cet article peut être consulté en anglais sur le site Internet :

http://www.CatholicConcerns.com/Download/Hobble.doc

Reproduction de la traduction française autorisée.

Mary Ann Collins est une ancienne religieuse catholique. Elle exerce un ministère à l'attention des Catholiques, pour les aider à comparer les enseignements de leur religion avec ceux de la Bible, pour les amener à une véritable conversion à Christ, et pour les aider au début de leur vie chrétienne.

Les esclaves qui travaillaient dans les mines de plomb romaines en Sardaigne portaient des anneaux de fer aux deux chevilles. Ces anneaux étaient reliés entre eux par une chaîne d'une vingtaine de centimètres, qui les entravait et rendait leur marche difficile (note 1).

Depuis le Moyen Age, il y a un incessant conflit entre ceux qui veulent "enchaîner" la Bible et ceux qui veulent la "libérer" complètement, afin qu'elle puisse avoir une pleine efficacité dans la vie des hommes.

L'Eglise Catholique a longtemps enchaîné la Bible en ne diffusant que sa traduction en latin, et en refusant qu'elle soit traduite dans les langues courantes, ce qui aurait permis que tout le monde la comprenne.

La Bible en latin.

Dans l'empire romain, le latin était devenu la langue universelle. La Bible a été écrite en hébreu pour l'Ancien Testament, et en grec pour le Nouveau Testament. Quand elle fut traduite en latin, davantage de gens purent la lire. Toutefois, avec l'effondrement de l'empire romain, le latin fut de moins en moins parlé. Finalement, seuls les érudits pouvaient le comprendre. La grande majorité du peuple ne parlait plus le latin.

A partir de 1080, suite à de nombreux incidents, le Pape, les Conciles de l'Eglise et les évêques finirent par interdire la traduction de la Bible dans la langue vernaculaire, c'est-à-dire dans la langue parlée par tout le monde (note 2). Des hommes comme William Tyndale furent brûlés comme hérétiques pour avoir traduit la Bible en anglais (note 3).

Même les laïcs n'étaient pas autorisés à lire la Bible en latin. Le seul fait de lire la Bible était considéré comme une preuve d'hérésie. Des hommes et des femmes furent brûlés vifs pour avoir lu la Bible en latin (note 4).

Les gens désiraient tellement savoir ce qui était écrit dans la Bible que lorsqu'une traduction de la Bible en anglais fut enfin disponible, les gens s'entassèrent dans l'église où se trouvait cette traduction. Les gens se relayèrent pour lire cette Bible à haute voix. Tant qu'ils disposèrent de lumière, ils continuèrent à la lire, pendant que les foules écoutaient attentivement (note 5).

Le problème du latin.

Quand je me convertis au Catholicisme, on disait encore la messe en latin. J'étais bonne en langues. J'ai étudié le français au lycée et à l'université. J'ai fait aussi trois années de latin à l'université.

Lors des grandes messes, on chantait en latin des passages de la Bible. La Bible était un grand livre surchargé d'ornements. Le prêtre la couvrait d'encens, s'inclinait devant elle, et chantait des versets de l'Ecriture en grégorien. J'aimais beaucoup entendre ces chants grégoriens. La musique était très belle.

Toutefois, quand les passages de l'Ecriture étaient chantés, j'avais de gros problèmes à comprendre ce que j'entendais. Malgré mes trois années de latin au niveau universitaire, j'avais du mal à comprendre le sens de ce qui était chanté, à part certains mots ou phrases. Cela ne me permettait pas du tout de comprendre le sens de ces passages bibliques.

Finalement, cela me fait penser à une peinture d'Andy Warhol, représentant un pack de soupe Campbell. Un musée a payé des milliers de dollars pour acheter cette peinture. Beaucoup de gens viennent voir ce tableau, qui est présenté dans le catalogue du musée. Vous pouvez venir étudier cette peinture. Si vous êtes artiste, vous pouvez en faire une copie. Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, sauf goûter cette soupe ! Pourquoi la marque Campbell vend-elle des soupes ? Pour que les gens les mangent ! Pourquoi Dieu nous a-t-Il donné la Bible ? Pour que les gens puissent la comprendre et soient transformés par elle !

La traduction de la Bible.

La première traduction de la Bible fut faite en 1382 par les collaborateurs de John Wycliffe, avec l'aide et l'inspiration de ce dernier. En 1388 parut une version revue et corrigée. Les disciples de Wycliffe étaient connus sous le nom de Lollards. Ils furent durement persécutés. La traduction de la Bible de Wycliffe devait être recopiée à la main, ce qui n'est pas un moyen très rapide. La plupart de ces copies de la Bible de Wycliffe furent détruites (note 6).

Un siècle et demi plus tard, en 1585, fut publiée la Bible de Tyndale et de Coverdale. William Tyndale et l'évêque Miles Coverdale traduisirent en anglais les textes originaux hébreu et grec. Cette Bible en anglais fut publiée en Allemagne, où Tyndale avait trouvé refuge. On avait déjà inventé l'imprimerie. Cela permit à Tyndale et à ses collaborateurs de produire plus de Bibles que l'on ne pouvait en détruire. Tyndale fut brûlé vif (note 7).

Quarante-sept ans plus tard, en 1582, fut publiée la première traduction catholique du Nouveau Testament en anglais. Une traduction catholique de l'Ancien Testament fut publiée en 1609. Ces traductions ne furent pas faites à partir des textes originaux hébreu et grec, mais à partir d'une version en latin (note 8).

On ajoute la Tradition à l'Ecriture.

L'Eglise Catholique affirme officiellement que la Tradition Catholique est revêtue de la même autorité que la Bible (note 9). La Tradition Catholique reprend de nombreuses croyances et doctrines de la religion catholique, ainsi que diverses expressions du culte catholique, telles qu'elles ont été adoptées par les fidèles de cette religion (note 10). Cette Tradition est plutôt nébuleuse. Elle évolue et change constamment. Elle est éparpillée en une multitude d'écrits. Il est même difficile d'en définir les contours exacts, et d'en préciser le contenu.

Si vous voulez savoir ce que Jésus pensait de la Tradition, telle qu'elle était à Son époque, lisez Marc 7 :1-13 et Matthieu 15 :1-9. Jésus reprend sévèrement les scribes et les Pharisiens, parce que leurs traditions annulaient la Parole de Dieu. Il utilise les Ecritures comme critère de mesure de la validité de leurs traditions religieuses. Il était profondément attristé de constater que les chefs religieux de Son temps considéraient que leurs traditions avaient autant d'autorité que les Ecritures. Il les réprimande et leur dit : "Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C'est en vain qu'ils m'honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d'hommes" (Matthieu 15 :8-9). Il leur dit aussi : "Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes" (Marc 7 :8). Lisez aussi Marc 7 :6-8.

On interdit aux fidèles d'interpréter eux-mêmes la Bible.

Selon l'enseignement officiel de l'Eglise Catholique, les Catholiques ne sont pas autorités à croire ce qu'ils lisent eux-mêmes dans la Bible, sans avoir consulté d'abord les autorités de l'Eglise Catholique. Ils doivent savoir de quelle manière les évêques de l'Eglise interprètent ces passages, et ils doivent aussi accepter avec "docilité" les enseignements des évêques, comme s'ils étaient donnés par Jésus-Christ Lui-même. Ils ne sont pas autorisés à recourir à leur propre jugement, ni à suivre leur propre conscience. On leur demande de croire tout ce que leur diront leurs évêques, sans rien remettre en question (note 11).

On met la Bible de côté.

Longtemps avant que je devienne religieuse, je lisais "l'Office Divin", appelé encore le Bréviaire, que les prêtres, les moines et les religieuses doivent lire ou psalmodier. On m'avait dit qu'en lisant le Bréviaire je pouvais lire l'ensemble des Psaumes en une semaine. Ce n'était que partiellement vrai. Les Psaumes courts étaient reproduits intégralement. Mais les Psaumes longs étaient abrégés. Chaque semaine, nous devions relire ces passages sélectionnés, mais nous ne lisions jamais les longs Psaumes dans leur intégralité. En plus des Psaumes, nous lisions de courts extraits de l'Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que les antiennes, c'est-à-dire des chants et des hymnes qui pouvaient être chantés ou lus.

Comme je passais beaucoup de temps à lire ces extraits des Ecritures, je croyais que je connaissais bien la Bible. Mais je ne faisais qu'en relire sans cesse certains extraits.

Il me fallait plus d'une heure pour lire mon Bréviaire. En plus, j'assistais chaque jour à la messe, et je priais souvent le rosaire. Auparavant, j'avais l'habitude de lire la Bible, mais j'étais tellement occupée par mes activités religieuses, mon Bréviaire, mes messes et mon rosaire, que je cessai de lire la Bible.

Jésus a raconté la parabole du semeur qui sème la Parole de Dieu sur différents terrains (Luc 8 :5-15). Toutes ces dévotions religieuses nous occupaient tellement que nous n'avions plus le temps de lire la Bible. En outre, elles étouffaient en nous la Parole de Dieu.

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Notes.

1. Malachi Martin, "The Decline and Fall of the Roman Church" ( New York : G.P. Putnam’s Sons, 1981), page 26.

2. Paul Johnson, "A History of Christianity", page 273. L'auteur est un Catholique.

3. "Tyndale, William", dans l'Encyclopédie en anglais "World Book Encyclopedia" (sur CD-Rom).

4. Paul Johnson, "A History of Christianity", page 273.

5. Cette information nous est donnée dans la biographie de William Tyndale, disponible en anglais à l'adresse suivante :

http://elvis.rowan.edu/~kilroy/JEK/10/06.html

6. "Wycliffe, John", "Lollards", et "Bible" dans l'Encyclopédie citée.

7. "Tyndale, William" et "Bible" dans l'Encyclopédie citée.

8. "Bible" dans l'Encyclopédie citée.

9. "Catechism of the Catholic Church", paragraphes 80, 84, 86, et 97. Ce Catéchisme est disponible en de nombreuses langues, et les numéros des paragraphes sont les mêmes dans toutes les langues. Il est disponible en ligne aux adresses suivantes :

http://www.christusrex.org/www2/kerygma/ccc/searchcat.html

http://www.scborromeo.org/ccc.htm

10. "Catechism of the Catholic Church", paragraphes 78, 98, 113, 2650, et 2661.

11. "Catechism of the Catholic Church", paragraphes 85, 87, 100, 862, 891, 939, 2034, 2037, 2041, et 2050.