Une expérience avec Toronto

Article du Pasteur Gordon Williams

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NOTE : Le Pasteur G. Williams a exercé son ministère pendant plusieurs années en compagnie du Pasteur David Mainse, à l'Eglise du 100, Huntley Street, à Kitchener, au Canada. Il a ensuite été Pasteur de l'Eglise du Bon Samaritain, dans la même ville. Il exerce à présent un ministère d'évangéliste dans tout le Canada.

Le texte original de cet article peut être trouvé sur le site anglais : http://www.banner.org.uk

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Après m'être longuement informé sur l'église Vineyard de Toronto, j'ai finalement décidé de m'y rendre en personne pour voir ce qui s'y passait, et qui attirait toute l'attention, non seulement de Toronto, mais dans tout le Canada et même dans le monde entier.

En entrant dans l'église de Toronto, mon attention fut immédiatement attirée par un jeune homme d'environ 35 ans, qui était debout à l'arrière de l'église. Il avait les yeux fermés, les bras étendus devant lui. Il les élevait et les abaissait très rapidement, comme s'il maniait le manche d'une ancienne pompe à eau. Il faisait aussi un bruit de moteur d'avion. Je n'y attachai pas trop d'importance, parce que ce mouvement ressemblait à ce qui se pratiquait chez les anciens Pentecôtistes un peu extrémistes, quand ils disaient qu'ils voulaient "pomper" l'expérience du Saint-Esprit. Tout son corps tremblait violemment, apparemment sans qu'il puisse le contrôler. Je pris un siège. Peu après, une jeune femme vint s'asseoir à côté de moi et commença à faire les mêmes exercices giratoires avec son corps. Je parcourus du regard la salle, et je vis que beaucoup de gens s'efforçaient "d'entrer dans l'Esprit" de la même manière. Il me sembla que ce phénomène était accepté par tout le monde, et même, je m'en rendis compte plus tard, encouragé.

La réunion commença par un moment de "louange et d'adoration." Les gens semblaient tout à fait libres de lever les bras dans la louange. Les cantiques et les chœurs étaient bien conduits. On pouvait assurément ressentir une atmosphère d'attente. L'auditorium était plein à craquer. Quand la louange fut achevée, on nous conduisit dans la prière.

L'un des responsables nous expliqua ensuite qu'il allait demander à plusieurs personnes de partager leur témoignage, pour raconter ce que le Seigneur avait fait pour eux depuis qu'ils étaient venus dans cette église Vineyard. La première personne invitée à monter sur l'estrade fut justement ce jeune homme qui avait attiré mon attention quand je suis entré dans la salle. Apparemment, c'était un prédicateur Baptiste de l'Angleterre. Il vint sur le devant de l'estrade et commença à parler. Après avoir prononcé quelques phrases, il s'écroula à terre en rugissant et en poussant des cris perçants.

Le responsable nous assura que tout allait bien. Il nous expliqua que ce rugissement venait du Saint-Esprit… C'était le rugissement du lion de Juda. Cela semblait se produire fréquemment dans leurs réunions. Cette explication me surprit, parce que j'avais rencontré de tels rugissements des centaines de fois au cours de mes réunions tout au long des années passées. Et je peux vous assurer que ces rugissements ne venaient pas du Saint-Esprit. C'étaient simplement des démons qui exprimaient leur angoisse et leurs tourments, parce qu'ils possédaient ou tourmentaient ces gens (Marc 5:7).

Je fus plus que surpris par ce manque de "discernement des esprits." Ce jeune homme fut suivi par trois autres personnes. Dès qu'elles se mirent à donner leur témoignage, elles tombèrent à terre en rugissant et en hurlant. Les responsables se mirent à rire et à louer le Seigneur, puis ils reprirent le cours de la réunion.

Ce soir-là, l'orateur était un Pasteur Vineyard des Etats-Unis. Apparemment, il appartenait à l'équipe dirigeante du Mouvement. Il nous dit qu'il avait préparé un message, mais qu'il se sentait conduit à le laisser de côté, et à le remplacer par un meilleur, que le Seigneur venait de lui donner. En commençant son message, il nous dit qu'auparavant il était "bien élevé," mais qu'à présent, il était "oint." Cela ne me dérange pas du tout qu'un prédicateur mette de côté un message, même si le Saint-Esprit le lui a inspiré, pour en donner un autre, que le saint-Esprit lui inspire sur le moment. Cependant, si un prédicateur me dit qu'il met de côté son intellect et qu'il utilise le Saint-Esprit pour justifier un message douteux et confus, je pense qu'il y a là un problème, car l'onction du Saint-Esprit n'est pas incompatible avec le fait d'être bien élevé. En fait, le Saint-Esprit utilise très bien notre éducation, quand c'est Lui qui nous dirige.

Pour nous prouver que son nouveau message était bien conduit par le Saint-Esprit, l'orateur ponctuait sa prédication, de temps en temps, par de brefs soubresauts de sa tête, de ses épaules et de ses mains, accompagnés d'un roulement de ses yeux. À chaque fois, il disait : "L'onction du Saint-Esprit est toujours avec moi !" Je crois que l'onction se démontre par le message lui-même, et non par des secousses physiques ou des manifestations spéciales, qui peuvent ou non accompagner ce message.

L'orateur conclut son message en nous disant que le Saint-Esprit était en train d'agir au milieu de nous, et que tous ceux qui ressentaient des tremblements, des secousses quelconques, ou une insensibilité de leurs membres, devaient comprendre que ces manifestations venaient du Saint-Esprit. Il demanda à tous ceux qui ressentaient ces manifestations de lever la main, pour qu'un membre de leur équipe pastorale vienne prier pour eux. Beaucoup de gens commencèrent à manifester un tremblement incontrôlable de leur corps. Beaucoup tombèrent à terre en rugissant et en poussant de grands cris. D'autres se mirent à rire à gorge déployée. Je pus marcher à mon aise dans toute la salle pour observer ce qui se passait.

Il ne fait aucun doute que si ces gens étaient à la recherche d'une expérience religieuse, ils étaient en train d'en vivre une, qui était complètement différente de celles qu'ils pouvaient avoir dans une église évangélique, pentecôtiste ou charismatique traditionnelle. Même s'il y avait certaines ressemblances.

En observant ce qui se passait dans cette église Vineyard, beaucoup de gens pourraient en conclure que, même si tout cela semblait assez différent de ce qui se passait dans la plupart des églises, c'était probablement bon, et que cela venait sans doute de Dieu. Après tout, les gens venaient ici du monde entier, et repartaient dans leurs églises pour y répandre ce qu'ils avaient reçu à Toronto !

Je retournai à l'église de Toronto le 17 novembre, dans l'après-midi, pour une conférence réservée aux Pasteurs et responsables d'églises. Voici le programme : louange, adoration, prière, et message donné par un ancien professeur d'un Institut Biblique de Dallas, dirigeant du Mouvement Vineyard, qui était à présent Pasteur d'une Eglise Presbytérienne. Son message, et la réponse qu'il reçut, me firent penser que beaucoup des pasteurs de l'auditoire étaient passés par de grandes épreuves, et que certains étaient même peut-être "grillés." Pourtant, l'orateur avait dit que les pasteurs qui avaient été "grillés" n'avaient qu'à s'en prendre à eux-mêmes. Ce message fut bien reçu, et se conclut par une (prétendue) parole de connaissance invitant ceux qui le désiraient à s'approcher, pour qu'ils soient guéris de divers problèmes de santé. La réponse fut positive. Là encore, un peu partout dans l'assistance, des gens ont commencé à trembler d'une manière incontrôlable. Plusieurs tombèrent à terre.

Je crois que le ministère de l'église Vineyard de Toronto doit être évalué et examiné à la lumière des Ecritures. Nous ne pouvons pas nous contenter de l'écarter d'un revers de main, comme certains ont tenté de le faire pour les premiers disciples, le jour de la Pentecôte, en disant qu'ils étaient ivres. Mais nous devons l'évaluer et l'examiner, pour voir ce qui est de Dieu et ce qui ne l'est pas. Jacques a dit, en parlant de la bouche : "De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi. La source fait-elle jaillir par la même ouverture l'eau douce et l'eau amère ? Un figuier, mes frères, peut-il produire des olives, ou une vigne des figues ? De l'eau salée ne peut pas non plus produire de l'eau douce (Jacques 3:10-12). On pourrait dire de même en ce qui concerne la louange et l'exercice du ministère. Si un ministère produit à la fois la bénédiction et la malédiction, nous devons l'examiner pour voir d'où cela provient.

  1. Les tremblements incontrôlables ne sont pas l'œuvre du Saint-Esprit. C'est même le contraire, comme le montre la description du fruit de l'Esprit dans galates 5:23, où il est parlé de maîtrise de soi. Dans toute action du Saint-Esprit, il peut y avoir certaines réactions physiques en réponse à la présence et à l'œuvre du Saint-esprit, mais ces réactions sont rapidement contrôlables par un acte de volonté. Tout au début de l'Eglise primitive, des tremblements incontrôlables étaient considérés comme un excès de la chair, ou une œuvre de l'ennemi, qui tentait d'interférer avec l'œuvre légitime du Saint-Esprit. Hélas, ces manifestations sont aujourd'hui encouragées dans le Mouvement Vineyard, comme si elles étaient causées par le Saint-Esprit. Au cours des quelques mois passés, j'ai dû m'occuper de gens qui avaient assisté à des réunions Vineyard, et qui commençaient à trembler de manière incontrôlable. Ils se doutaient qu'il pouvait y avoir quelque chose de mauvais, mais on leur affirmait le contraire. J'ai dû prendre autorité sur ces manifestations et chasser des démons de ces personnes. Les tremblements ont alors cessé. En général, ces gens étaient allés dans une réunion pour rechercher le baptême dans le Saint-Esprit. Au lieu de cela, ils avaient été saisis par ce tremblement violent et incontrôlable, et ils n'ont pas pu parler en langues.
  2. En septembre dernier, dans l'Eglise de la rue Kennedy, quelqu'un répondit à l'appel que j'ai lancé, au cours de la réunion de vendredi soir. Cette femme voulait que je prie pour elle. Avant même que je m'approche d'elle, elle tomba à terre et commença à être secouée violemment. J'ai ordonné à cet esprit de la quitter, et j'ai encouragé cette femme à parler en langues. Elle y parvint avec quelque difficulté. Ce soit-là, je n'eus pas l'occasion de discuter avec cette femme.

    Le vendredi 18 novembre 1994, je suis retourné prêcher dans la même église. La même femme était présente. Quand je fis un appel, elle s'avança à nouveau, pour recevoir la prière. J'ai commencé à prier pour elle, et elle fut saisie à nouveau de tremblements, mais ils n'étaient pas aussi violents que la première fois. Je pris à nouveau autorité sur cet esprit mauvais. Je lui ordonnai de quitter cette femme, et elle fut libérée. Elle tomba, mais cette fois sous la puissance du Saint-Esprit. Mais elle était dans la paix et dans un plein contrôle de soi, et elle resta un moment étendue en priant en langues.

    Cette femme attendit pour me parler, lorsque j'eus fini de prier pour tous ceux qui s'étaient avancés. Elle voulait que je lui explique ce qui lui était arrivé. Car chaque fois qu'elle se rendait à une réunion Vineyard, elle attrapait un mauvais esprit. Le premier soir, au moment où j'avais prié pour elle, non seulement elle avait complètement perdu le contrôle d'elle-même, mais elle était empêchée de parler en langues. En outre, quand je lui ai demandé de parler en langues, elle a senti qu'elle était remplie de colère. Après cette première réunion, elle était retournée dans une église Vineyard, et avait reçu un autre esprit mauvais. Elle était allée à Kitchener pour rencontrer le Pasteur Howard Ellis, du Ministère du Puits de Jacob, pour qu'il prie pour sa délivrance. Elle fut délivrée. Puis elle retourna dans l'église Vineyard et y attrapa un autre démon ! Elle retourna dans l'église de la rue Kennedy. C'est là qu'elle fut à nouveau délivrée par ma prière. Je l'ai exhortée à ne plus jamais retourner dans une église Vineyard, faute de quoi elle aurait encore des problèmes. Il y a des "transferts" de démons dans les réunions Vineyard. Manifestement, ils ne discernent pas les manœuvres de l'ennemi.

  3. Les gens qui veulent témoigner sont empêchés de le faire. La Bible dit clairement qu'un témoignage personnel est très important et très puissant. Jésus veut que nous soyons capables de partager notre témoignage, pour que d'autres puissent croire. "Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre" (Actes 1:8). Un témoin est celui qui partage son témoignage. "Ils l'ont vaincu à cause du sang de l'agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort" (Apoc. 12:11). Il n'y a qu'une personne qui soit désireuse d'empêcher quelqu'un de donner son témoignage, en utilisant un signe mensonger. Bien entendu, il s'agit du diable.
  4. Les gens tombent à terre en rugissant comme un lion, en poussant de grands cris ou en riant. Bien entendu, on explique que ces rugissements sont causés par le Saint-Esprit : "Ce n'est rien ! C'est simplement le lion de Juda qui rugit !" Il n'y a qu'un seul Lion de Juda, Jésus-Christ. Quand Il rugit, Il S'adresse clairement au monde et annonce le jugement de Dieu. Ce n'est pas Lui qui pousse les gens à rugir. Il les pousse à adorer Dieu. Il les pousse à louer Dieu. Pierre nous dit qui est celui qui rugit aujourd'hui : "Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera" (1 Pierre 5:8). Dans le Mouvement Vineyard, on accueille volontiers ce rugissement.
  5. Cela ne me dérange nullement de voir les gens tomber sous la puissance de l'Esprit, si l'on est certain que cela est bien causé par le Saint-Esprit, et que la personne en reçoit un bénéfice. Cela se produit dans mon propre ministère. Mais quand on tombe sous la puissance de l'Esprit, cela produit des résultats positifs : salut, baptême dans l'Esprit, réception de dons de l'esprit, guérison, délivrance, miracle, réponse à un besoin… En outre, le fruit de l'Esprit grandit (Galates 5:22-23).

    Le fait de rire ne me dérange pas non plus. Beaucoup de gens ont besoin d'être restaurés dans la joie, car "la joie du Seigneur est notre force" (Néhémie 8:10). Mais Ecclésiaste 3:4 nous rappelle qu'il y a "un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser." Mais quand les choses se passent d'une manière déplacée, quand le rire devient incontrôlable, quand il dérange, ou qu'il empêche la prédication de l'Evangile, ce rire ne vient pas de Dieu.

  6. Les appels ne sont pas donnés d'une manière normale. À Toronto, on semble fonctionner en général sur la base d'une sorte de parole de connaissance. Quand on se contente de donner une parole de connaissance (1 Cor. 12:8), on laisse de côté les gens qui ont d'autres besoins, et qui ont aussi besoin d'être encouragés. Il faut lancer des appels plus larges, afin que les gens comprennent que Jésus veut leur donner plus qu'une simple parole de connaissance. "Venez et plaidons ! dit l'Eternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine" (Esaïe 1:18). Un appel ou une invitation à s'approcher procure aux gens l'occasion de recevoir le salut, le baptême de l'Esprit, une guérison, un miracle, une direction du Seigneur, une réponse à un besoin financier… C'est aussi l'occasion de se consacrer à nouveau. L'essentiel, c'est que quiconque s'approche ne soit pas rejeté.
  7. Il n'y a aucun appel à la repentance. Pour recevoir quoi que ce soit de Jésus-Christ, une condition indispensable doit être remplie. L'apôtre Paul le dit d'une manière parfaitement claire : "En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort" (2 Cor. 7:10). Le jour de la Pentecôte, quand le peuple entendit Pierre expliquer ce qui se passait, les gens demandèrent : "Hommes frères, que ferons-nous ?" Pierre leur dit alors : "Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera" (Actes 2:38-39). Dans toutes les invitations que nous lançons, lorsque nous voulons prier pour que les gens reçoivent quelque chose, notre thème unique doit être la repentance. Il est clair que le Mouvement Vineyard ne s'en soucie pas.
  8. À cause des attaques démoniaques qui surviennent dans les églises Vineyard, il est évident que le don de discernement des esprits n'est absolument pas exercé (1 Cor. 12:10). Les responsables ne savent pas non plus comment s'examiner eux-mêmes, ni comment examiner leur ministère à la lumière des Ecritures. Ils feraient bien de suivre l'exemple des Béréens, dont il est écrit : "Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d'empressement, et ils examinaient chaque jour les Ecritures, pour voir si ce qu'on leur disait était exact" (Actes 17:11). Je crains que très peu des responsables de Vineyard aient la capacité de faire cela.
  9. Il semble que l'on commette dans le Mouvement Vineyard une sorte de blasphème contre le Saint-Esprit, mais à l'envers. Quand Jésus était sur cette terre, les gens accusaient le Saint-Esprit d'être en réalité un démon ou un mauvais esprit. À Toronto, les responsables, devant les rugissements, les hurlements, les tremblements incontrôlables, et toutes les manifestations semblables, attribuent au Saint-Esprit ce qui est en réalité une œuvre de la chair ou une œuvre de démons. Ceci introduit les gens dans une expérience religieuse qui n'est pas conduite par le Saint-Esprit de Dieu.
  10. On donne des enseignements non scripturaires. L'orateur invité à la Conférence pastorale à laquelle j'ai assisté à encourager les assistants à utiliser leurs dons spirituels. Il a asséné sur les auditeurs toute une série de lieux communs religieux, leur disant que "s'ils n'utilisaient pas leurs dons (de l'esprit), ils les perdraient." Les pasteurs présents étaient d'accord et ont applaudi. Le seul problème était que ces affirmations ne correspondaient pas à ce que dit la Bible. Paul nous dit exactement le contraire : "Car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel" (Romains 11:29). En outre, il m'apparut clairement, dans cette conférence pastorale, que la plupart des pasteurs présents avaient une médiocre compréhension du rôle d'un pasteur en relation avec son troupeau ou son assemblée, ni de la place de la souffrance dans la vie d'un Chrétien ou d'un pasteur. Le point de vue de Paul était très différent : "Afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, pour parvenir, si je puis, à la résurrection d'entre les morts" (Phil. 3:10-11). "Alors Jésus dit à ses disciples: Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive" (Matthieu 16:24).
  11. Les signes qui accompagnent la prédication à Toronto ne sont pas les signes bibliques (Marc 16:17-18) ni les signes donnés par Paul (1 Cor. 14:26-33). Malheureusement, ils ont aussi leurs "signes," mais ce sont des tremblements incontrôlables, des rugissements, des hurlements, des gens qui courent et qui sautent sans pouvoir se maîtriser, etc… Alors que danser dans l'Esprit est quelque chose de très beau à observer ou à expérimenter. Cela ne dérange pas et ne constitue pas un empêchement à la louange.
  12. L'importance de la prédication : on ne met pas assez l'accent à Toronto sur l'importance de la prédication. Beaucoup de ceux qui se sont rendus à Toronto m'ont souvent dit qu'il n'y avait même pas eu de temps consacré à la prédication de la Parole. Selon Paul, la prédication est presque la chose la plus importante que nous puissions faire dans nos réunions de louange et nos cultes : "Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu" (1 Cor. 1:18). "Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler ? Et comment en entendront-ils parler, s'il n'y a personne qui prêche ? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés ? Selon qu'il est écrit : Qu'ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, De ceux qui annoncent de bonnes nouvelles ! Mais tous n'ont pas obéi à la bonne nouvelle. Aussi Esaïe dit-il : Seigneur, qui a cru à notre prédication ? Ainsi la foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ" (Romains 10:14-17). La prédication doit être au centre de tout ministère. Toute négligence dans la prédication de la Parole ne vient pas de l'influence du Saint-Esprit.
  13. Voici comment je comprends le ministère de l'église de Toronto : Les responsables de cette église tentent de faire une présentation moderne de l'Evangile, qui leur permet d'éviter ce qu'ils considèrent comme des erreurs commises par des églises ou dans des réunions plus traditionnelles. Ils ont donc tenté de développer un style plus contemporain pour remplacer les approches classiques, causes de problèmes à leurs yeux. Le résultat est sans doute qu'ils ont donné naissance à un monstre hybride, qui peut finir par être plus dangereux et plus destructeur que celui qu'ils ont rejeté.

    C'est la raison pour laquelle la Bible présente la manière dont les structures de l'Eglise doivent être organisées. Elles sont conçues pour accueillir des pécheurs et pour résister aux manœuvres de l'ennemi. Les structures échouent quand les gens ne les utilisent plus d'une manière biblique, quand ils ne suivent plus les instructions de la Bible, et quand ils arrêtent d'écouter le Saint-Esprit.

    Quand les structures sont correctement utilisées, elles produisent exactement ce que Jésus veut transmettre : le salut, la croissance des saints jusqu'à la maturité, le baptême du Saint-esprit, les dons de l'Esprit, le fruit de l'Esprit, et la guérison. Mais quand elles ne correspondent pas au modèle biblique, le chaos s'installe, et le diable peut agir au milieu de l'Eglise, même au milieu de nos cultes et de nos réunions de prière.

    Aujourd'hui, pasteurs et Chrétiens accourent en masse à Toronto. Un pasteur m'a dit qu'il y était déjà allé douze fois. Je lui ai demandé pour quelle raison. Il m'a répondu : "Je veux ramener ce que j'y reçois dans mon église, pour que je puisse avoir moi aussi un réveil dans mon église." Je lui ai demandé s'il était sauvé. Il m'a répondu "Oui." Je lui ai demandé s'il était baptisé dans le Saint-Esprit et s'il parlait en langues. Il m'a encore répondu "Oui." Je lui ai dit : "Alors, vous avez tout ce qu'il vous faut pour avoir un réveil ! Commencez à vous servir de ce que vous avez. Commencez à faire des appels pendant vos réunions. Commencez à prier pour que les gens reçoivent le salut, le baptême dans le Saint-esprit, la guérison, la délivrance, et tout ce dont ils ont besoin !"

    Les pasteurs veulent avoir une sorte de "poudre magique" qu'ils pourraient répandre sur leur assemblée, pour obtenir un réveil instantané. Les "réveils instantanés" sont le fruit de ministères qui s'exercent en accord avec la Bible. Le dieu de ce monde sait aussi donner des expériences religieuses. Contrairement à ce que les gens croient, quand le diable donne une expérience religieuse, elle n'est pas toujours mauvaise ni effrayante. Dans l'Ancien Testament, les gens adoraient Baal, non pas parce que Baal les faisait passer par de mauvaises expériences, mais exactement pour le contraire. Il leur donnait des expériences religieuses qui n'exigeaient aucune repentance, et qui permettaient aux gens de continuer à vivre dans la chair.

    En raison de cette conception du ministère, les réunions de Toronto exposent les gens à l'action des démons, bien plus que dans les réunions auxquelles ils étaient habitués dans leurs églises. Beaucoup de gens qui ont assisté aux réunions Vineyard reçoivent un esprit hyper critique et un esprit de jugement, ou dérangent les églises dont ils sont membres, surtout les églises ouvertes à l'action du saint-Esprit, et qui permettent à leurs fidèles d'exercer librement les dons de l'Esprit.

  14. Il faut déconseiller fortement à tout le monde, pasteurs, chrétiens ou non-chrétiens, de se joindre à une assemblée Vineyard. Ces églises ne représentent pas simplement un "autre manière" de vivre une vie d'église. Beaucoup de pasteurs ont essayé d'introduire le style Vineyard dans leur église. Ils ont fini par tomber dans un profond découragement. Une telle approche ne développe pas de solides fondations bibliques pour vivre une vie chrétienne. Hélas, les pasteurs évaluent toujours la réussite de leur ministère au nombre de personnes qui fréquentent leur église, ou à leur acceptation personnelle par le plus grand nombre. Un pasteur m'a dit : "Ce qu'ils font est sûrement bon, quand on voit tout le monde qui vient !" Jésus n'évalue jamais la qualité de notre ministère en fonction du nombre de personnes que nous attirons dans nos réunions, mais plutôt par notre fidélité à Dieu et à Sa parole. Je crois que personne n'a pu prêcher l'Evangile mieux que Jésus. Pourtant, Il n'était pas réellement bien accepté par les foules. Son ministère a abouti à la croix, et, bien sûr, au salut des âmes.
  15. Il faut multiplier les ateliers et les séminaires pour apprendre aux pasteurs et aux responsables d'églises comment agit le Saint-Esprit, comment évaluer leur ministère à la lumière des Ecritures, comment discerner l'œuvre de l'ennemi, comment exercer les dons du Saint-Esprit, et comment adorer Dieu en Esprit et en Vérité.

Je crois que les dirigeants de Toronto sont sincères et bien disposés et qu'ils veulent servir Dieu. Malheureusement, ils ne sont pas bien préparés à exercer leur ministère, à cause du manque de formation, de connaissance, et d'expérience. "Mon peuple est détruit, parce qu'il lui manque la connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance, Je te rejetterai, et tu seras dépouillé de mon sacerdoce ; puisque tu as oublié la loi de ton Dieu, J'oublierai aussi tes enfants" (Osée 4:6). Nous devons prier pour les dirigeants de Toronto et pour ceux qui se rendent à leurs réunions, pour qu'ils soient protégés et pour qu'ils ne soient pas séduits, mais pour qu'ils recherchent la vérité dans les Ecritures.

La "bénédiction de Toronto" est une bénédiction dangereusement "mélangée."

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