J'ai vécu le "réveil" de Pensacola,

et je suis rentré chez moi en pleurant et en priant.

Article de Shawn Paul Sauve

Copyright 1997 Shawn Paul Sauve http://www.jude_3@geocities.com

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En tant que chrétien charismatique, j'ai accordé un certain intérêt aux doctrines et pratiques soutenues par l'Assemblée de Dieu de Brownsville à Pensacola. Cela m'a conduit à entretenir un dialogue régulier avec les responsables de cette assemblée. J'avais aussi écouté beaucoup de prédications que je chargeais depuis le réseau Internet, et lu beaucoup de déclarations faites par les responsables de l'assemblée de Pensacola. Ils m'avaient souvent dit : "Shawn, si tu venais voir toi-même ce "réveil," tous tes doutes s'envoleraient !" Ou encore : "Shawn, toutes les prédications ne parlent que de sanctification, et des âmes sont sauvées. Les manifestations sont secondaires !"

Ne pouvant pas me permettre de descendre jusqu'à Pensacola, je fis ce que je pouvais faire de mieux. John Kilpatrick (NdT : Pasteur de l'assemblée de Pensacola) et le "réveil" visitèrent une église proche de chez moi. Je me rendis à la réunion, pour "toucher du doigt" ce puissant mouvement de Dieu. Je dois dire que cette réunion mit réellement les choses en place. Honnêtement, je fus bouleversé. Tout le reste de mon article est consacré à la description de cette réunion, dont l'enregistrement audio est d'ailleurs disponible.

J'arrivai environ une demi-heure avant le début de la réunion. Je m'assis au second rang devant l'estrade. Je commençai à lire ma Bible et à prier en silence. J'entendis certaines conversations autour de moi. Les gens parlaient de la prophétie de Kilpatrick concernant le CRI (NdT : Christian Research Institute, l'Institut de Recherche Chrétien, présidé par Hank Hanegraaff, qui avait critiqué le réveil de Pensacola). Ils disaient que ce Hanegraaff était réellement barbare et odieux. Les gens se demandaient aussi avec intérêt quelles seraient les manifestations que l'on verrait ce soir.

La réunion commença par un moment de louange et d'adoration. C'étaient les cantiques pentecôtistes habituels. Je pus lever les bras et louer Dieu librement. Jusque-là, tout était normal. À la fin de la louange et de l'adoration, le responsable de la louange nous dit à quel point il attendait les manifestations. Puis le pasteur de l'église introduisit John Kilpatrick. Lui aussi mit l'accent sur son impatience de voir les manifestations.

Nous n'avons pas eu besoin d'ouvrir nos Bibles. En effet, la prédication, pour sa plus grande partie, n'a consisté qu'en un récit plutôt ésotérique de toutes sortes d'expériences en général invérifiables. Par exemple, John Kilpatrick raconta qu'il était encore écolier quand Dieu lui a parlé d'une manière audible. Il dit : "Quand la cloche sonna pour changer de classe, je me levai pour m'y rendre, mais je ne sentais plus du tout mes jambes… Je marchais, mais sans sentir mes jambes ou mes pieds bouger… Pourtant, je me déplaçais, mais il me semblait que je glissais dans le couloir…"

John Kilpatrick raconta aussi une histoire intéressante concernant l'église qu'il fréquentait alors qu'il était enfant. Cette église venait de vivre un réveil de six ou huit semaines, quand le pasteur l'arrêta brusquement. Selon Kilpatrick, "quand le pasteur fit cela, il provoqua la colère et d'indignation d'un groupe de chrétiens, qui n'avaient pas aimé ce qu'il avait fait." Pendant cette période, Kilpatrick participait à une réunion de prière lorsque, vers minuit, deux anges visitèrent ceux qui priaient. En écoutant parler John Kilpatrick, on aurait cru entendre une histoire de fantômes ! Il ajouta qu'à la suite de cette "visite," tous les membres du groupe de prière tombèrent à terre inconscients et y restèrent jusqu'au lendemain matin.

Selon John Kilpatrick, ceux qui voulaient que le réveil continue dans son église disparurent complètement de la circulation… "On n'en a plus jamais entendu parler. Ils ne sont plus jamais retournés à l'église. Ils sont partis comme s'ils avaient été enlevés. Je crois qu'il y avait un rapport avec la visitation de ces anges."

Je trouve cette histoire intéressante pour un certain nombre de raisons. Tout d'abord, il faut savoir que ceux qui posent aux responsables de Pensacola certaines questions épineuses, concernant des pratiques ou des doctrines douteuses, sont aussitôt accusés de vouloir "critiquer le réveil." L'un des responsables de l'assemblée a même dit que ces gens qui "critiquent" peuvent mettre en danger leur salut en critiquant Pensacola (Voir l'article de Michael Brown intitulé "Quand on se moque de ce qui est sacré" sur le site http://www.eatel.net/~wsomers/scorning.html ). Dans l'histoire racontée par John Kilpatrick, il semblait prendre parti pour le pasteur qui s'était opposé au réveil, et il montrait que c'étaient ceux qui voulaient continuer le réveil qui étaient "partis, comme s'ils avaient été enlevés." Ma seconde observation était que cette histoire racontée par un responsable de Pensacola semblait avoir pour but d'intimider l'auditoire. Après tout, qui aurait osé mettre en cause John Kilpatrick, ou utiliser les Ecritures pour le contester, s'il y avait pour eux un risque de perdre leur salut, ou si des anges venaient les enlever ?

Toutes ces anecdotes continuèrent, jusqu'au moment où John Kilpatrick raconta qu'un jour sa femme et lui se trouvaient dans leur voiture, en train de rouler, quand ils ont reçu "un baiser du Ciel. Comme si Dieu nous avait saisi par la peau du cou et nous avait fait une bonne grosse bise sur notre âme (en disant cela, il fit le bruit d'un baiser). Vous savez, c'est comme s'Il nous avait embrassés !"

En ce qui concerne le réveil de Pensacola, John Kilpatrick dit ceci :

"À la suite de ce mouvement de Dieu, nous avons perdu tous nos meilleurs amis. Nous les avons tous perdus. En fait, l'une de mes meilleures amies nous dit dans mon bureau, alors que je tentais de la calmer avec son mari : "Pasteur, pourquoi accepter cette pagaille du Saint-Esprit dans notre église ?" Elle appelait ce qui se passait la "pagaille du Saint-Esprit!" Mes amis, je vous dis la vérité. N'est-ce pas la vérité, Brenda ? (Note de l'auteur : Brenda ne répondit pas à cette question). Cette femme commença à manifester des démons. C'étaient nos amis ! Et j'ai dû par trois fois incliner la tête et prier : "Seigneur Jésus, je T'en prie, touche cette femme, touche cette femme, Seigneur !" Elle était animée d'une violente colère, c'était le diable qui se manifestait en elle. Elle ne voulait pas de cette action de Dieu. Elle appelait cela une "pagaille du Saint-Esprit" et tout ça…"

En entendant cela, il me vint aussitôt quelques questions à l'esprit. Si John Kilpatrick avait dans son église des gens qu'il connaissait si bien, et qui n'étaient même pas sauvés, pourquoi n'est-il pas venu à leur aide en leur annonçant le message de l'Evangile ? Voilà des gens qui faisaient partie de ses meilleurs amis, et il ne savait même pas qu'ils étaient possédés de démons ! S'ils avaient en réalité des démons, pourquoi n'a-t-il pas prié pour eux ? Pourquoi n'a-t-il pas chassé les démons qui étaient en eux ? Si vous êtes un pasteur et si vous recherchez ardemment le réveil, pourquoi ne vous occupez-vous pas d'abord de vos amis qui sont dans votre église et qui ne sont pas sauvés ? John Kilpatrick prétend que ce réveil a été un acte souverain de Dieu qui a pris son église par surprise. Pourquoi donc ont-ils perdu tous leurs meilleurs amis, à propos de ce mouvement de Dieu, avant même qu'il commence ?

En écoutant John Kilpatrick raconter le début du réveil de Pensacola, il est clair que ce réveil n'a pas commencé par une prédication de la Parole de Dieu qui a conduit les gens à la repentance. Cela a commencé quand Steve Hill s'est mis à bondir sur l'estrade comme une gazelle, en répétant sans cesse : "Dans une minute, je vais prier pour vous…!" Selon Kilpatrick, les gens ont commencé alors à tomber à terre "comme s'ils étaient mitraillés sur un champ de bataille… Ils tombaient, juste comme ça…"

John Kilpatrick raconta aussi qu'un jour, à Pensacola, il "vomit" une "parole de connaissance." Quand il "cracha" cette parole, une épée d'argent apparut, sortant de sa bouche. Elle traversa la salle et frappa une femme à la poitrine, en faisant un bruit audible. Elle tomba à la renverse. John Kilpatrick crut que Dieu l'avait tuée, parce qu'elle "hurlait des paroles de meurtre." D'après Kilpatrick, cette épée d'argent était la Parole du Seigneur. Cette parole la guérit d'une maladie dont elle souffrait.

Tout au long de la soirée, à mesure que John Kilpatrick répétait sans cesse qu'il allait prier pour les gens, on sentait l'impatience et l'anticipation grandir dans l'auditoire. Quand il eut répété pour la sixième fois qu'il allait prier pour les gens, vous pouviez littéralement sentir et entendre le sentiment d'anticipation et d'excitation culminer dans la foule. Il se mit à l'exhorter : "Ne manquez pas ce que Dieu est en train de faire en ces jours ! … Mes amis, Dieu est Dieu ! Dieu peut faire ce qu'Il veut (C'est un truisme qu'aucun Chrétien ne peut nier !)… Si je dois errer, je préfère errer en compagnie du Saint-Esprit qu'en m'opposant au Saint-Esprit… !" Un peu plus tôt, au cours de cette même soirée, il avait dit à l'assemblée : "Si vous ne le sentez pas, faites semblant !"

Quand John Kilpatrick eut terminé sa série d'anecdotes sur les manifestations, les choses empirèrent rapidement. Je sentis s'allumer en moi un "feu rouge" quand il commença à parler en langues pendant une longue période, sans qu'il y ait d'interprétation. Je me demande si l'on pouvait réellement dire qu'il s'agissait d'un "parler en langues," car cela ressemblait plutôt à un chant des Indiens d'Amérique : "Hou… Hiii… Haaa… Hou… Hiii… " De temps en temps, on entendait un "Whouchhh…" ou un "Chuuu…" C'étaient, soi-disant, les sons du Saint-Esprit au micro… Ces chants monotones durèrent plus de vingt minutes. Pendant ce moment, Brenda Kilpatrick fut la première à produire des manifestations dans l'église. Pendant ces "chants d'Indiens," elle agitait ses bras d'une manière rythmique, en les levant au-dessus de sa tête et en les abaissant régulièrement, sans jamais s'arrêter.

John Kilpatrick commença par prier pour sa femme Brenda. Elle se tenait dans une position accroupie devant lui. Il lui posa une main sur la tête et une sur le dos. Ses jambes étaient arquées, et il semblait appuyer sur elle de toutes ses forces. À certains moments, il lui frappait le dos à différents endroits. Il faisait aussi glisser sa main devant son front, comme s'il voulait essuyer quelque chose de ses cheveux. Il fit le même geste le long de ses bras.

Il fit le même type de prière pour d'autres personnes, juste en face de moi. Il frappait leur dos, faisait glisser sa main en divers endroits de leur corps, et appuyait sur leur tête. Il fit cela sans cesse. À un moment donné, John Kilpatrick frotta ses mains à un endroit de la poitrine d'un homme. Pendant tout le temps où il pria pour les gens de cette manière, il continuait à faire ce même "chant d'Indiens." Il soufflait aussi sur les gens, et poussait les mêmes "Whouchhh" et "Chuuu" qu'un peu plus tôt dans la soirée.

Les gens tremblaient et étaient secoués de mouvements spasmodiques incontrôlables. Le bruit que faisait la foule était ponctué de rires sardoniques. Quand on me parle de "rires sardoniques," je sais à présent ce que cela signifie. J'entendais aussi des hurlements et des gémissements terrifiants. Je me dis que le lieu où je me trouvais ne pouvait plus être qualifié "d'église." Pendant tout ce moment de prière, les haut-parleurs diffusaient la musique de louange Pensacola. Nous chantons pourtant les mêmes chœurs dans notre église. Mais dans un tel environnement, je ne me sentais plus libre d'adorer Dieu, comme je l'avais fait au début de la soirée. Je sentais le besoin d'être extrêmement attentif sur le plan spirituel.

Je vis avec tristesse un homme et une femme s'avancer vers l'estrade en portant un tout jeune bébé, qui ne devait avoir guère plus d'un mois. Je les observais, et je priais pour leur sécurité, parce qu'ils auraient facilement pu être cognés par ceux qui tremblaient et gesticulaient autour d'eux. Quand John Kilpatrick pria pour eux, ils confièrent leur bébé à des personnes qu'ils ne connaissaient pas, et ils tombèrent à terre en étant secoués de tremblements. Je surveillais le bébé, que les gens se passaient de mains en mains. Je me dis: "Comment des parents peuvent-ils aussi facilement négliger la responsabilité que Dieu leur confie, c'est-à-dire protéger leurs enfants et veiller sur eux ?" J'étais un jeune papa, et une telle attitude me dépassait. J'étais prêt à protéger mon fils au point de donner ma vie pour lui. Même quand ces parents se relevèrent, ils tremblaient tellement qu'il était évident qu'ils n'étaient pas en mesure de porter leur bébé. On leur rendit le bébé, mais ils durent à nouveau le confier à quelqu'un d'autre, car ils étaient littéralement incapables de le porter.

J'aurais pu en dire plus, mais cela devient trop long. C'est tragique à dire, mais il me paraît évident que l'Eglise est en train de changer sa manière de penser. On rejette l'exposé systématique de la parole de Dieu pour passer à des expériences ésotériques. L'Evangile est réduit à une expérience ésotérique d'illumination. En observant tout cela sur mon siège, je fus saisi d'un tel sentiment d'horreur qu'il m'est impossible de le décrire d'une manière adéquate.

Quand je me suis rendu à cette réunion, j'espérais que ceux qui parlaient contre Pensacola avaient peut-être une chance de se tromper. Je pensais qu'ils exagéraient un peu le danger. Je dus écarter ces pensées en observant, à quelques mètres de moi, comment John Kilpatrick provoquait et encourageait toutes ces manifestations bizarres. Ils m'avaient dit : "Shawn, viens, observe toi-même, et tu verras !" Je peux dire que j'ai vu ! "Shawn, ne t'occupe pas des expériences, elles sont secondaires. On prêche l'Evangile et la sanctification, et des âmes sont sauvées !"

Dans toute la prédication de John Kilpatrick, il n'a fait référence à aucun verset de la Bible. Il n'a pas prêché l'Evangile. Les manifestations étranges étaient au centre de toute la réunion. La description faite par John Kilpatrick de ce qui s'est passé au début du réveil de Pensacola ressemblait beaucoup à ce qui s'est passé au cours de cette réunion. L'Evangile n'a pas été prêché. Kilpatrick a reconnu qu'aucun message n'avait été donné. Les fruits évidents de ce réveil n'ont pas été des âmes sauvées, mais des gens qui tombaient à terre en perdant le contrôle d'eux-mêmes.

Plus j'enquête sur Pensacola, plus je pose des questions épineuses aux responsables de cette église, et plus je suis conduit à prier avec larmes : "Seigneur, aie pitié de notre Eglise ! Seigneur, je T'en prie, change tout cela, et commence par moi !"

"Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera" (1 Pierre 5:8).

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Sauf indication contraire, toutes les citations faites dans cet article concernent la visite faite le 7 juin 1997 par John Kilpatrick à l'Eglise Nationale de Dieu de Washington, D.C.

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