Le Pape Jean-Paul Ier a-t-il été assassiné?

Extraits d'un article paru dans un journal catholique "mystique".

Jean-Paul 1er était un homme en parfaite santé, de taille moyenne, ... Ce personnage simple et attachant refusait qu'on l'appelle sa "sainteté", préférant sa condition d'homme à celle de monarque.. Cette prise de position suscita d'emblée de nombreux commentaires parmi les traditionalistes. [Son] emploi du temps [était] plus que raisonnable et [vu] la vigueur qu'il déployait à la tâche, aucun signe ne laissait présager une quelconque défaillance de santé. L'annonce de sa disparition parut incompréhensible. Un communiqué officiel diffusé dans le monde entier, par la voix de radio Vatican et de son directeur R.P. Tucci, avisa le monde que le pape s'était éteint dans la nuit de la Saint Michel. Le communiqué assez bref confirmait la nouvelle de la manière suivante:

Ce matin, 29 septembre 1978, vers cinq heures trente, le secrétaire privé du pape, étonné de n'avoir pas rencontré comme d'habitude le saint père dans la chapelle de ses appartements privés, alla le chercher dans sa chambre et le trouva mort sur son lit, une lampe allumée à son côté, comme s'il avait voulu continuer à lire. Le docteur Renato Buzzonetti, appelé aussitôt, ne pu que constater le décès, qui avait du se produire la veille au soir vers vingt trois heures, à la suite d'un infarctus aigu du myocarde.
Ce communiqué laissait sous-entendre que le pape était mort seul, sans secours apparent et qu'il avait été découvert seulement le lendemain matin, de manière assez surprenante et hors du protocole habituel, par son secrétaire privé un irlandais du nom de John Magee, employé subalterne de la Curie qui donnait des leçons d'anglais au pape. Ce dernier aurait pris la liberté de pénétrer sans se faire annoncer dans la chambre privée du pontife. Nous verrons par la suite que John Magee n'est pas celui qui a découvert le pape gisant sur son lit.. Le journaliste anglais, David Yallop fut l'un des premiers à ne pas croire à la thèse de la mort naturelle. Dans un ouvrage remarquable devenu pratiquement introuvable ["Au nom de Dieu"], le journaliste affirma, de nombreuses preuves et documents à l'appui, que Jean-Paul 1er n'était pas mort dans des circonstances aussi claires que les autorités tentaient à le faire croire et que le Cardinal Jean Villot confirmait malhabilement. David Yallop se questionna fort justement sur la raison de son élimination:
Pourquoi aurait-on éliminé le Saint-Pontife, si le Vatican dans les années 70 n'était pas devenu le lieu géométrique de toutes les "combinazioni" de la Mafia qui y blanchissait son argent, de la loge maçonnique P2 qui y déployait ses filets, de la Banco Ambrosiano et de l'Institut pour les Oeuvres de la Religion qui y faisaient fructifier ses deniers d'origine plus ou moins sacrée? Le banquier Roberto Calvi, "suicidé" en juin 1982 à Londres, l'homme d'affaires Licio Gelli, "évadé" mystérieusement par la suite des prisons helvétiques, Monseigneur Marcinkus, maître d'oeuvre omniprésent et omnipotent croisent dans ces pages ministres et cardinaux, tueurs et saintes gens, banquiers et hommes de main.
[Une enquête] remarquablement documentée, faut-il le préciser et inédite, puisque accompagnée de pas moins de 60 documents d'enquêtes et de photographies, particulièrement convaincants, trop peut-être... Le journaliste professionnel avait mené une enquête scrupuleuse et retentissante dans les milieux les plus secrets et les plus inaccessibles du Vatican, et ce, durant trois longues années. Pour les critiques qui se sont penchés sur son ouvrage "Au nom de Dieu", le récit de son analyse est implacable et totalement crédible. Il révèle la face cachée de l'édifice pontifical et dévoile au grand jour, peut être pour la première fois de manière aussi flagrante, le véritable visage de l'institution et le pouvoir de certaines forces occultes révélées en Europe avec le démantèlement de la Loge P2. La mise à l'écart de Mgr Marcinkus donnera raison aux révélations de l'auteur. Pour Yallop, ce n'est pas souvent le Saint-Esprit qui inspire l'Administration du Vatican, et dans certaines circonstances, ses membres n'hésitent pas à "liquider" les personnes gênant leurs intérêts, fussent-elles papes, princes, banquiers, simples citoyens ou commis de l'état! Tous les détails de cette affaire prouvent une volonté de désinformation et un manque de transparence. Le certificat de décès (non signé par une personne directement habilitée) évoque un probable problème cardiaque. Or, selon des sources fiables, il fut pratiqué en secret une autopsie dans la chapelle où reposait la dépouille du défunt pape au cours de laquelle on aurait découvert les signes d'un empoisonnement à la digitaline. Ce produit est un remède qui administré à dose forte, provoque une mort quasi instantanée. Homère fut l'un des premiers à affirmer qu'une simple question de "dose" sépare le médicament du poison. Les poisons constituent souvent les éléments actifs de nombreux médicaments.

Or, le pape Jean-Paul 1er n'était pas malade et n'était pas suivi médicalement. En tentant de démontrer que le pape avait été assassiné par des membres de la loge P2, David Yallop mit le doigt où il ne fallait pas, dans un mystérieux engrenage peu connu du public. Une liste des membres de cette Loge fut publiée dans plusieurs journaux de l'époque et le journaliste Carmine Pecorelli diffusa un inventaire des personnalités importantes du Vatican impliquées dans la loge secrète où tous les pouvoirs financiers, politiques, judiciaires et militaires et jusqu'aux plus hautes instances des services secrets italiens y étaient représentés. Selon certaines confidences récoltées, Jean-Paul 1er était convaincu du bien fondé de ses appréhensions vis-à-vis de ce qui se tramait au sein du Saint Siège. Il démarra immédiatement une enquête destinée à purifier ce qu'il appelait les "écuries d'Augias ".

Sa ferme intention de faire le "grand nettoyage" dans les affaires troubles touchant la banque du Vatican et certains milieux mafieux et occultes entourant le Saint-siège nous furent confirmés à maintes reprises.

Il semble même de bonne source que Jean-Paul 1er ait eu un différent avec le Cardinal Villot dans son désir d'écarter du Vatican les personnes appartenant à la Loge P2. (Le Saint Père avait décidé que le cardinal John Cody serait remplacé).

Celui-ci, par devoir de réserve ne fit pratiquement jamais de confidences. Fait intéressant, le pape aurait reçu en entretien privé la veille de sa mort, Monseigneur Marcinkus, chef de la sécurité et secrétaire général de la banque du Vatican, spécialiste du trafic et du blanchiment, depuis longtemps soupçonné de nombreuses malversations frauduleuses. Ceux qui ont enquêté sur la mort suspecte du pape ont tous relevé les éléments suivants. Il semble tout d'abord acquis que le jour du décès est la veille de la découverte du cadavre, le jeudi 28 septembre 1978 en soirée, peut-être aux environs de vingt-deux heures, après que le Saint-Père eut regagné ses appartements et se fut légèrement alimenté, il s'entretint assez longuement au téléphone avec son vieil ami, le cardinal Colombo, archevêque de Milan.

Il aurait aussi reçu la visite de l'un de ses deux secrétaires. Après ce dernier contact officiel, le pape semble être resté seul. Le docteur Buzzonetti (premier suppléant du professeur Fontana) signa, alors qu'il n'est pas sensé être chargé de ce type de mission, un rapide constat de décès en bonne et due forme, et estima l'heure du décès à vingt trois heures. Selon la version officielle, le pape, fatigué, se serait retiré dans sa chambre à coucher puis étendu, tout habillé sur son lit. Ne pouvant trouver le sommeil, il aurait allumé la lampe de chevet et commencé à relire le texte d'un discours qu'il devait adresser le lendemain au Père Arrupe, préposé général des Jésuites. Une autre version affirme tout aussi officiellement qu'il lisait un livre qui serait tombé sur le tapis: "L'Imitation de Jésus-Christ". Ce fut en tout cas la déclaration du doyen du sacré collège, le cardinal Confalonieri. Une troisième version affirma qu'il tenait serrés dans ses mains quelques feuillets qui disparurent mystérieusement de la circulation et qui semblaient contenir une liste manuscrite de noms. Ce n'est que le lendemain matin, soit le mercredi 29 septembre que Don Diego Lorenzi, l'un des secrétaires du Pape, étonné de ne pas le voir arriver à l'heure habituelle où il célébrait sa messe privée dans la chapelle de ses appartements aurait frappé plusieurs fois à la porte de sa chambre, sans succès. Plus tard, le secrétaire d'État prétendit de manière fausse que c'est John Magee qui aurait été réveiller en personne le Saint-Père, ce qui constitue un premier mensonge visant à disculper celui-ci. Seconde anomalie, on ne parla jamais du garde suisse en faction sensé être relevé toutes les quatre heures et qui assurait la sécurité du pape, ou du moins l'entrée de ses appartements. On ignora de la même manière son valet de chambre qui veillait dans une pièce à proximité. C'est donc de sa propre initiative et en dehors de tout protocole que n'obtenant aucune réponse, le secrétaire Don Diego prit sur lui d'entrer dans la chambre du pape. La lampe de chevet brûlait toujours et le corps de Jean-Paul 1er gisait inanimé, vêtu de sa soutane blanche. Une nouvelle version affirma par la suite que le souverain se trouvait à demi recourbé, presque assis, le corps tourné sur le côté droit. Il avait les yeux grands ouverts, le visage d'une couleur violacée et portait encore ses lunettes. Don Diego déclara plus tard, dans une version contestée, qu'il avait d'abord cru que le pape dormait. Ensuite, de manière confidentielle, il avoua à certaines personnes qui l'interrogeaient avec insistance que les traits du pontife étaient horriblement contractés. Par contre, le secrétaire d'Etat, certains cardinaux et John Magee affirmèrent que le Saint Père était profondément endormi et serein lors de sa découverte!

Selon eux, il souriait! Cette affirmation semble être un mensonge de plus puisque ceux qui eurent le privilège de voir de près la dépouille du défunt déclarèrent que son visage était marqué par les traces de la douleur et curieusement "maquillé" voire "enfariné". Après sa macabre découverte, le secrétaire Don Diego, aurait alerté immédiatement ses collègues et prestement téléphoné au cardinal Villot et aussi au médecin personnel du pape. Or, l'entourage du cardinal Villot prétendit que personne n'avait appelé le docteur Da Ross en consultation. A partir de ce moment, un rapide scénario dut se mettre en place et les versions se contredisent. Mais le plus étonnant, c'est que dans le "scénario" présenté par le cardinal Villot, il s'était écoulé quarante bonnes minutes entre l'intervention de Don Diego dans la chambre du pape et l'appel reçu par le cardinal. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant d'appeler le cardinal? L'embarras du cardinal Villot était manifeste. Il appela Monseigneur Deskur, le président de la Commission pontificale pour les moyens de communication sociale, et le chargea d'avertir le directeur de radio Vatican. Afin d'éviter toute polémique entretenue sur les causes présumées de la mort du Pape, il prit l'initiative de clarifier les circonstances du drame, et affirma à ceux qui l'interrogeaient qu'il avait découvert le visage du pontife remarquablement paisible. Pourquoi ce mensonge? Et pourquoi, aux environs de six heures trente, la chambre du souverain fut elle envahie, par des médecins et des employés, chargés de la toilette funèbre et de l'embamnement de la dépouille qui fut exposée moins de 3 heures après sa découverte! De toute évidence, il était impératif de limiter le nombre de personnes susceptibles de constater le rictus de son visage et surtout d'empêcher qu'une autopsie soit pratiquée.

0n s'aperçut que le Saint-Père avait utilisé la sonnette placée sur sa table de chevet, car la lampe témoin était restée allumée jusqu'au matin, à l'arrivée du secrétaire. On déclara plus tard que le volume de la sonnerie avait été volontairement baissé, empêchant les secours d'arriver à temps. Dans l'hypothèse d'une entreprise criminelle, ce point de détail est d'une importance capitale dans la mesure où il prouve que tout avait été prévu pour que le pape ne puisse recevoir aucune aide. L'embaumement précipité du corps de Jean-Paul 1er par les frères Signoracci n'avait aucune raison d'être, si ce n'est le désir de masquer quelques horribles preuves... Ceux-ci déclareront même par après n'être venu que le soir. Le refus du cardinal Villot de pratiquer une autopsie s'ajouta aux nombreuses interrogations légitimes que le public était en droit de se poser. Son attitude équivoque devant certaines questions insistantes le mirent dans un embarras évident et inquiétèrent plus d'un cardinal. Trois heures seulement après la découverte du corps inanimé de Jean-Paul 1er, la gouvernante ainsi que ses consoeurs furent "remerciées" par le cardinal Villot, réduites au silence et invitées à quitter les lieux pour rejoindre leur couvent où elles furent mises au secret jusqu'à leurs derniers jours! L'exposition de la dépouille du pape "apprêtée" dans des temps records dans la chapelle Clémentine, dès neuf heures trente, était complètement inhabituelle. Sans affirmer que le secrétaire Villot puisse être l'auteur ou le commanditaire de ce meurtre organisé, il est tout de même loin d'être à l'abri de tout soupçon. Aux yeux de tous, il a commis au moins deux actes illégaux. Premièrement, en l'absence de pouvoir, il s'est arrogé indûment le titre et la charge de camerlingue. Deuxièmement, il a ordonné l'embaumement, bien avant les délais normaux de vingt quatre heures, comme cela se pratiquait habituellement et a refusé l'autopsie. Il a menti au Collège des Cardinaux en promettant de publier une mise au point sur les circonstances de la mort du pape alors qu'il ne tint jamais sa promesse. Enfin, il a toujours refusé qu'une enquête soit menée. L'état du corps aurait nécessité paraît-il que l'on assouplisse les membres raidis par la souffrance. Ainsi certains cardinaux observèrent des traces d'un cordage autour des poignets de la victime ayant peut-être servis à étirer les bras du défunt. Les embaumeurs eurent peu de temps pour accomplir leur besogne, sachant qu'il leur fallait attendre l'effet des piqûres, laver la dépouille, l'habiller, la vêtir des insignes pontificaux et surtout, soigneusement maquiller le visage marqué par la douleur, transporter ensuite la dépouille et la déposer, sous un éclairage spécialement étudié dans un cercueil ouvert.

Signalons que l'on ne permit aux visiteurs que de s'incliner uniquement devant le cadavre déposé sur le catafalque, peut-être pour éviter des vues de côtés gênantes.

De nombreux auteurs se sont penchés sur cette affaire. Citons John Cornwell, un journaliste britannique, qui publia en 1989 une enquête sur la mort de Jean-Paul 1er ou Liliane Schraûwen, J.J. Thierry. Hammer, Bourdarias et Chevallier John Cornwell s'en prit à l'entourage direct du défunt pape. Le cardinal Aloysius Lorscheider relança récemment les soupçons sur cette mort suspecte. Ami intime de Jean-Paul 1er, il affirma: "Je ne veux rien savoir de tout ce qui a été écrit sur la mort de Jean-Paul 1er. Toutefois, je le dis avec peine, les soupçons restent dans notre coeur comme une ombre amère, comme une question à laquelle on n'a pas donné une réponse complète". Le brillant metteur en scène de cinéma, Francis Ford Coppola dans la série du "Parrain" reprit l'idée de l'assassinat de Jean-Paul 1er dans un de ses films. Le romancier Don Amorth écrivit un livre passionnant sur le sujet. Les confidences explosives et les révélations reprises dans le livre du groupe "Les Millénaires" (surnom que se donnent des dignitaires restés anonymes de la Curie) dénoncèrent les pratiques et les mœurs du petit monde du Saint-Siège. Des allusions de cette affaire dans "Le Vatican mis à nu", démontrèrent l'influence toute puissante des prélats francs-maçons au sein du Vatican.

Malachi Martin, secrétaire du cardinal Béa, dans son ouvrage "The Key of this blood", "Les clés de ce sang", fit allusion de manière directe à l'assassinat de Jean-Paul 1er. Au cours de notre enquête, il nous est parvenu un témoignage accablant presque incroyable, s'il ne nous avait pas été confirmé par une source des plus sûres. Il semble qu'il y eut un témoin qui assista au meurtre de Jean-Paul 1er. Il s'agit d'un membre de son entourage qui garda l'anonymat mais qui fit une déposition sous serment et par écrit. Les confidences que nous avons recueillies, avec beaucoup de difficultés et après une longue attente, indiquent qu'un membre du haut clergé se serait trouvé en présence du pape alors qu'il était en train d'agoniser et qu'il tentait vainement d'appeler à l'aide le matin de la découverte du corps et non la veille. La réalité de ce témoignage voudrait aussi révéler que le pape fut retrouvé allongé sur le sol par la sœur Vicenza gouvernante et confidente du pape. Elle était à son service depuis douze ans au moment du meurtre. A la fin de sa vie elle a fait certaines confidences également dont quelques unes à sœur Irma et à une autre sœur dont nous tairons le nom car elle est encore en vie. Les longs moments d'hésitation et la confusion dans les déclarations ne sont dues qu'à un scénario monté de toute urgence. On a replacé le pape dans son lit pour simuler un malaise. Le pape prenait des médicaments vitaminés et stimulants qui étaient prescrits seulement depuis quatre jours au souverain pontife. Ceux-ci auraient très bien pu caché un poison. Quant à la sonnette défaillante et son témoin allumé elle venait seulement d'être installée la veille du décès du pape. Le témoin cité affirme aussi que l'éminence noire de la curie, n'hésita pas à porter la main sur le Saint Père pour achever sa basse besogne et l'empêcher d'appeler à l'aide. L'accusation est grave mais elle est le reflet du complot machiavélique orchestré par des membres éminents de la Curie qui éprouvaient une hostilité évidente à l'égard du souverain pontife. Ne l'avaient-ils pas accusé injustement d'un manque de préparation pour l'exercice de sa fonction? Dans son honnêteté, Jean-Paul 1er voulut reprendre les rennes d'un pouvoir fréquemment détourné par des brebis galeuses. Les "mauvaises habitudes" semblent avoir persisté sous Jean-Paul II qui n'est plus à même aujourd'hui de diriger le Vatican avec toute l'énergie et la vigilance nécessaires. . . Ce mystère trouve sans doute son origine dans les affaires qui ont secoué le Vatican durant les dernières décennies.

H. Kapf

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