Vaccin Grippe H1N1 : vacciner ou pas ?

Extraits choisis du document "Grippe « porcine » : vacciner ou pas ?"

du

Dr Marc GIRARD
Conseil en pharmacovigilance et pharmacoépidémiologie
Expert européen (AEXEA)
76 route de Paris, 78760 Jouars-Pontchartrain (agosgirardfree.fr)
Date de diffusion : 01/09/09

Texte intégral du Dr Marc Girard sur: http://www.rolandsimion.org/spip.php?article47

Vaccination obligatoire grippe A: déficit démocratique préocuppant

La perspective d'une vaccination obligatoire contre la grippe porcine n'est pas un bruit en l'air :

Certaines administrations n'ont pas hésité à exonérer la responsabilité des fabricants en signant un décret conférant l'immunité aux fabricants de vaccins contre la grippe H1N1 en cas de poursuite judiciaire.

Inattendu après le scandale de la vaccination contre l'hépatite B dont la promotion avait pourtant usé des mêmes ficelles, le succès de la vaccination anti-HPV (Gardasil®, Cervarix®) avait confirmé l'effarante vulnérabilité du public à l'égard de la publicité pharmaceutique.
Les décideurs sont assez dépendants de l'opinion publique pour ne pas craindre de la manipuler, même grossièrement. Dès lors, la fracture de plus en plus voyante entre la placidité de l'opinion et l'inexplicable alarmisme des autorités sur ce sujet particulier de la grippe porcine n'en apparaît que plus intrigante : faut-il interpréter l'exaspération de l'administration comme l'aveu d'une mission de propagande avortée ?…

Quoi qu'il en soit, ce décalage entre le peuple et ses responsables politiques actualise l'exigence de mettre un savoir technico-scientifique à la disposition de ceux qui revendiquent l'effectivité de leurs prérogatives démocratiques.. pour [permettre de] contrer un alarmisme tellement exorbitant qu'on hésite à décider s'il doit être imputé à la simple incompétence ou à la corruption.

Accessoirement, il s'agit aussi de donner aux citoyens les moyens de réintégrer activement le débat démocratique, l'objet du présent article est de réorganiser le débat sur une vaccination antigrippale autour de trois questions simples :

  1. quel bénéfice ?
  2. quel risque ?
  3. quel coût ?

Quel est le bénéfice du vaccin contre la grippe H1N1?

Vaccins antigrippaux en général

La Cochrane collaboration (organisation internationale, évaluant l'efficacité des thérapeutiques) a récemment publié une série assez systématique d'évaluations concernant les vaccins antigrippaux : comparées à l'activisme promotionnel implacable des autorités sanitaires, leurs conclusions sont accablantes:

Sur la base d'études menées durant 40 ans (la revue incluant les investigations entreprises de 1966 à 2006), personne n'a été capable de fournir la moindre preuve crédible d'une efficacité préventive du vaccin contre la grippe.

Les auteurs relèvent aussi que les études disponibles ne permettent pas non plus de garantir l'innocuité du vaccin…

Quoique ces évaluations – en principe indépendantes – ne soient pas forcément au-dessus de toute critique, elles sont largement tenues comme parmi les plus fiables en matière de médicament.

Bien sûr, personne n'est réputé avoir le monopole de la vérité. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que par leur exhaustivité (toutes les études publiées sur une période de 40 ans), la transparence de leur méthodologie, la convergence de leurs résultats – pour ne point parler de leur réputation –, ces revues tranchent avec l'assertivité expéditive des administrations sanitaires ou des « experts » quant au bénéfice – voire à l'ardente nécessité – d'une vaccination antigrippale.

De cette brève revue des données disponibles sur la grippe en général, on peut déjà tirer les conclusions suivantes :

  1. depuis 1966, les fabricants ne se sont jamais donné la peine de fournir le minimum de preuves suffisantes quant à l'efficacité de leurs vaccins antigrippaux
  2. les autorités sanitaires, qui octroient régulièrement les autorisations de mise sur le marché à ces vaccins antigrippaux, n'ont jamais exigé des fabricants ce minimum de preuves ;
  3. malgré une telle carence de preuves, lesdits vaccins sont autorisés au remboursement et font même l'objet d'une promotion de plus en plus intensive (notamment chez l'enfant) ce qui place les autorités de santé en situation patente de conflit d'intérêts : on n'attend pas d'elles qu'elles reconnaissent rétrospectivement qu'elles ont promu et payé des médicaments dont le rapport bénéfice/risque serait à ce point problématique. Pour l'essentiel, le scandale du vaccin contre l'hépatite B tient à cette déplorable confusion des rôles (qu'elle ait concerné l'administration française, les CDC américains ou encore l'OMS).

Vaccin contre la grippe A ou grippe H1N1

Si l'on en croit l'actuelle directrice de l'Institut de veille sanitaire, le virus de la grippe porcine serait "un virus grippal comme les autres": c'est bien d'ailleurs ce que toute personne raisonnable avait cru comprendre… D'où, évidemment, la question : si, en quelque quarante ans de routine antigrippale, l'industrie pharmaceutique n'a jamais été en mesure de fournir la moindre preuve crédible concernant le bénéfice de ses vaccinations, qui croit sérieusement que les exigences de démonstration vont se resserrer dans la situation d'urgence frénétiquement entretenue par les autorités ? Par conséquent, qui croit sérieusement que le vaccin qu'on nous promet pour l'automne offrira la moindre garantie d'un bénéfice tangible en matière de santé publique?

Ce, d'autant qu'il n'apparaît nullement qu'en quelque 6 ans, le précédent de la grippe aviaire – autre spectre cher à nos dilapideurs de fonds publics – ait si peu que ce soit contribué à élever le niveau d'exigence en matière de développement pharmaceutique.

Il suffit, de toute façon, de se reporter à la presse pour constater qu'hormis la manipulation de l'opinion publique, les responsables administratifs ou industriels n'ont rien à proposer pour améliorer leurs procédures.

Grippe porcine

L'efficacité intrinsèque d'un médicament n'est pas le dernier mot en matière de bénéfice : encore faut-il savoir si les inconvénients de la maladie traitée sont suffisamment gênants pour appeler un traitement – et à quel coût. La question, en l'espèce, est tout simplement de savoir si la grippe porcine, sur la base des données accumulées depuis son émergence, apparaît comme une pathologie grave. La réponse est évidemment NON et découle de deux types de considérations convergentes :

  1. il suffit de se reporter à la presse (spécialisée ou non) pour constater que, même malgré leur position délibérément alarmiste, les autorités et leurs « experts » hésitent quand même à présenter comme sévère la maladie telle qu'elle apparaît actuellement ;
  2. pour modeste qu'elle apparaisse objectivement, cette gravité de la grippe porcine résulte elle-même d'une surévaluation : le nombre de victimes a été exagéré.

Pour outrancière qu'elle ait été, la médiatisation des issues fatales est toujours restée très discrète sur les pathologies sous-jacentes des sujets décédés, alors que dans les rares cas où l'on a pu grappiller quelque information, il est apparu qu'elles étaient très lourdes : un rhume des plus banals est parfaitement susceptible d'emporter un sujet immunodéprimé ;

la proportion des cas graves a été exagérée de par la sous-estimation des cas en général: nombre de sujets atteints n'ont donc pas été inclus dans le nombre total de cas.

Par parenthèse, on relèvera que le mythe d'une dangerosité toute particulière chez les femmes enceintes n'a aucune significativité statistique démontrée ;

Ainsi établi que la grippe porcine correspond pour l'instant à une forme plutôt bénigne de grippe, les autorités ne manquent pas d'objecter que leur pro-activité fébrile vise non pas la grippe sous sa forme actuelle, mais sous une forme future dont la gravité serait potentiellement décuplée par une mutation (si possible conjointe avec le virus de la grippe aviaire, qu'on aurait fini par oublier)…

la propension à muter caractérise tous les virus – incluant ceux de la grippe « banale » – : ce n'est pas pour autant qu'on a ruiné les finances publiques et mis en danger l'intégrité sanitaire de populations en parfaite santé a priori ;

si le virus de la grippe porcine doit muter :

pourquoi un vaccin préparé à partir de la souche actuelle se révèlerait-il efficace à l'encontre d'une souche mutée ?

Quel est le risque du vaccin contre le grippe H1N1 ?

Tout médicament, même destiné à une pathologie banale, est susceptible de provoquer des effets indésirables. Au simple titre de médicament parmi d'autres, un vaccin contre la grippe porcine provoquera donc, chez les sujets qui le recevront, des effets indésirables dont la fréquence et la gravité sont, comme habituellement en pareille matière, difficiles à prévoir tant que l'on n'en a pas une expérience suffisante chez l'homme.

Cette inéluctabilité d'une toxicité du vaccin renvoie donc à la question-clé du rapport bénéfice/risque.

Relativement à une pathologie pour l'instant assez bénigne jusqu'à preuve du contraire, les effets indésirables du vaccin ne risquent-ils pas, par leur fréquence ou leur gravité, de surpasser les risques de la maladie que ces produits sont censés prévenir ?

Risques des vaccins en général

Les vaccins présentent cette particularité : pour une administration ponctuelle, c'est une action durable qui est recherchée – sur des années, des décennies et, si possible, sur la vie entière.

Or, le sentiment encore prédominant dans les milieux médico-pharmaceutiques, est que les vaccins n'exposeraient pas autant à des effets indésirables que les autres médicaments…

Le précédent du vaccin contre l'hépatite B fournit une éloquente illustration de l'amateurisme obstiné qui prévaut en matière de développement vaccinal : des essais de tolérance sur 4 jours ont justifié l'enregistrement. Ceux-ci ne permettaient guère d'évaluer le risque de complication neurologique tardive! Qui croit sérieusement à la crédibilité des études d'inocuité qui vont être conduites en quelques jours sur le vaccin antigrippal, dans un climat de précipitation ?

Parmi bien d'autres exemples, quelle est la problématique des scléroses en plaques suite à un vaccin ? Précisément celle d'une complication immunitaire sur le long terme dont la détection précoce eût exigé autre chose que les essais de tolérance sur quatre jours.. A l'heure actuelle et malgré la compétence peu contestée que j'ai acquise sur cette question, je n'ai toujours pas été capable, en quelque 15 ans, de trouver la moindre revue médicale française pour me permettre de publier quelque article que ce soit sur la toxicité des vaccins contre l'hépatite B…

On touche là du doigt l'illogisme atterrant du développement vaccinal : alors qu'ils sont pourtant supposés exercer des effets immunitaires bénéfiques sur le long terme, voire à vie, ces produits ne sont jamais sérieusement suspectés de pouvoir exercer sur ce même long terme des effets immunitaires potentiellement dommageables!

Les anti-vaccinalistes ne brillent pas toujours par la qualité de leur information ou la profondeur de leur réflexion, et il est facilement documentable que l'opposition frontale aux vaccins est un élément quasi incontournable du programme commun aux critiques du système académique (médecines « parallèles » ou « holistiques », sectes et paranos qui pullulent sur la toile).

Aux yeux d'un professionnel du médicament, cependant, il est non moins exact que la promotion vaccinale – émanât-elle des plus prestigieuses instances de l'institution académique ou universitaire – se signale par un illogisme rare assorti d'une exceptionnelle absence de sens critique qui alimente en retour le mouvement anti-vaccinaliste.

La « mosaïque de l’auto-immunité »

Chaque immunisation correspond à l'introduction dans un organisme humain d'un matériel antigénique étranger plus ou moins bien identifié. A ce titre, elle est susceptible de déclencher une réaction immunitaire dommageable. Les vaccins ont le potentiel de déclencher des maladies auto-immunes.

Inhérent aux vaccinations en général – et peut-être acceptable avec quelques vaccinations bien ciblées sur des risques significatifs –, ce risque se multiplie statistiquement à mesure que l'on augmente le nombre de vaccinations administrées.

Risques des vaccins contre la grippe

Par rapport aux vaccins en général, ceux destinés à la grippe banale présentent deux inconvénients additionnels.

  1. Ces vaccins appellent une revaccination annuelle, contribuant de la sorte de façon très disproportionnée à « la mosaïque de l'auto-immunité ». Si l'on en croit la publicité désormais encouragée par les autorités qui fait de la grippe saisonnière une menace assez grave pour justifier une vaccination depuis la naissance à la mort, c'est en moyenne pas moins de 80 immunisations additionnelles que l'on propose ainsi aux gens : l'imprudence (au sens hippocratique) de cette recommandation (qui n'a jamais fait l'objet de la moindre évaluation) est vertigineuse…
  2. Préparés chaque année à la va-vite (en quelques semaines) en fonction des caractéristiques connues ou prévisibles du virus en cause, ces vaccins ne peuvent faire l'objet d'un développement pharmaceutique adéquat.

La prévention et ses risques

L'immunité – destinée à protéger l'individu contre les agressions étrangères – n'est pas un capital attribué une bonne fois pour toutes : c'est un système dynamique, qui nécessite d'être périodiquement réactivé. Nombre des infections virales que nous croisons dans notre vie ont la fonction adaptative d'entretenir cette réactivité de notre système immunitaire: les thérapeutiques anti-infectieuses (antibiotiques, vaccins) pourraient avoir des conséquences dommageables.

c'est ainsi qu'une étude récente suggère qu'un simple report de vaccination chez le bébé peut réduire de façon très significative la fréquence ultérieure de l'asthme chez l'enfant.

Dans une interview au journal Libération (14/11/07) consacrée à la hausse préoccupante des diabètes de type I chez les enfants, une directrice de recherche à l'INSERM retient parmi les causes possibles de cette épidémie « une moindre exposition aux microbes (grâce aux vaccins et antibiotiques) limitant la stimulation des mécanisme de défense immune) ».

Au total et pour résumer, quand bien même les estimations alarmistes des autorités sanitaires concernant la mortalité de la grippe seraient crédibles (ce qui n'est pas le cas), l'intérêt d'une vaccination n'en serait pas pour autant établi, même à supposer qu'elle soit efficace (ce qui n'est pas le cas non plus) : il resterait à démontrer qu'à l'échelle des populations, les risques d'une infection majoritairement bénigne surpassent l'inconvénient de ne pas laisser cette infection stimuler les défenses immunitaires des bien-portants.

Risque d'une vaccination à grande échelle

Il est largement admis qu'au cours d'essais cliniques – même correctement menés –, une toxicité grave frappant un sujet sur mille a toutes les chances de passer inaperçue :

A l'heure actuelle, diverses sources convergentes estiment à moins de 1 pour mille la mortalité d'une grippe porcine dont on nous annonce, là encore sans preuve, qu'elle pourrait incessamment toucher 20 millions de personnes dans notre pays : sauf erreur de calcul, cela ferait environ 20 000 décès, en grande majorité chez des sujets extrêmement fragilisés (de telle sorte que l'impact sur l'espérance de vie moyenne serait négligeable).

A titre de comparaison, imaginons que ce vaccin – préparé dans les conditions de précipitation qui viennent d'être détaillées – expose effectivement un sujet sur mille à un effet indésirable grave, voire mortel : dans la perspective d'une vaccination universelle – obligatoire de surcroît – cela conduirait à 65 000 victimes pour notre seul pays – cette fois en majorité des sujets jeunes, des bébés et des enfants… Soit, en nombre absolu, plus de trois fois plus que la grippe laissée à son état sauvage, et infiniment plus en espérance de vie gâchée…

Il existe un précédent notoire à cette irresponsabilité matinée d'incompétence : durant des années, l'administration sanitaire a soutenu que même « un doublement » iatrogène du risque de scléroses en plaques (SEP) ne remettrait pas en cause le bénéfice d'une vaccination « universelle » contre l'hépatite B. Par rapport à une prévalence de base 25 000 scléroses en plaques avant la vaccination, cela signifie que les autorités et leurs experts ont placidement considéré comme légitime de provoquer 25 000 cas supplémentaires d'une maladie aussi délabrante que la scléroses en plaques pour protéger notre pays contre les complications graves des hépatites B, lesquelles, par rapport à une maladie qui touche dans notre pays moins de 2 000 sujets par an et qui s'avère bénigne dans au moins 98% des cas, ne peuvent dépasser 40 cas par an. Faut-il même commenter ?...

Les « espèces protégées » du développement pharmaceutique

De toujours dans le développement des médicaments, la recherche clinique a traité comme « espèces protégées » trois grandes catégories de personnes : les sujets âgés, les femmes enceintes et les enfants. il est facile de vérifier, par exemple, que la notice Vidal des nouveaux médicaments contient presque systématiquement une mise en garde contre l'usage chez les femmes enceintes.

Lorsque l'on dispose d'une expérience après commercialisation suffisante, il est toujours possible – sous couvert de précautions renforcées – d'envisager des essais complémentaires dans de telles sous-populations et de solliciter, ensuite, une extension d'indication à leur usage, généralement au travers d'une extension d'autorisation de mise sur le marché – qui appelle elle-même un complément de dossier assez lourd.

Or, il suffit là encore de lire la presse pour constater qu'aux dires de nos « responsables », les trois sous-populations le plus susceptibles d'être immédiatement visées par ce vaccin issu d'un développement bâclé sont, précisément : les sujets âgés, les femmes enceintes et les enfants – et même « les très jeunes enfants » si l'on en croit l'actuelle directrice de l'Institut de veille sanitaire…

Il faut le dire tout net : c'est du n'importe quoi. Comment justifier la précipitation avec laquelle des femmes enceintes vont se trouver exposées à un vaccin dont les composants (principe actif tout autant qu'adjuvants (NDE:aluminium) ou conservateurs (NDE: mercure)) n'auront même pas été soumis aux pré-requis normalement incontournables des tests chez les animaux, lesquels sont forcément longs puisqu'ils peuvent porter sur plusieurs générations successives ? Qui croit sérieusement que, décrits par le Vidal comme « résidus » de certaines spécialités antigrippales, des substances comme la kanamycine ou le formaldéhyde (carcinogène et allergène notoire) n'exposent aucun foetus à aucun risque à aucun moment d'une grossesse ?...

Quel vaccin ?

« La France veut être prête à vacciner fin septembre » (Figaro.fr, 27/09/09), « le plan de vaccination du gouvernement français » a justifié des circulaires adressées aux préfets (Le Monde, 27/08/09), le vaccin a déjà fait l'objet de « commandes record » (L.Express.fr, 27/08/09), etc.

Le vaccin dont on nous parle là est toujours en phase de développement à l'heure où s'écrivent ces lignes.

Or, qu'est-ce qui prouve que ce développement va être couronné de succès ? Si c'est si facile que ça de faire un vaccin, pourquoi n'en a-t-on pas encore contre le paludisme ? Et qui ne se rappelle l'arrêt récent, désastreux, du développement de vaccins contre le SIDA ?

Mais là, nous dit-on, c'est simplement un pauvre vaccin contre la grippe, un truc archi-connu. Cependant, si ce virus de la grippe porcine est à ce point banal, pourquoi les autorités font-elles un tel foin avec ? Et, de toute façon, n'a-t-on pas, grâce à la collaboration Cochrane, un bilan récent et très approfondi de cette prétendue expérience avec les vaccins contre la grippe-en-général – lequel, on l'a vu, aboutit à un constat désastreux : aucune preuve satisfaisante d'efficacité, aucune donnée convaincante sur la tolérance. Et c'est sur la base d'une telle « expérience » – laquelle, en l'espace de 40 ans, n'a pas permis de mettre au point une méthodologie d'évaluation correcte – qu'on va nous sortir, en quelques semaines à peine, l'imparable panacée contre ce virus monstrueux qu'on s'empressera alors de prescrire aux bébés (les prématurés, surtout !), aux femmes enceintes (en priorité les grossesses à risque !), ainsi qu'aux vieillards (les grabataires avant tout !)…

De nouveau, un professionnel du médicament doté d'un minimum de conscience ne peut qu'être atterré par l'amateurisme fou des autorités.

Les essais cliniques sur le vaccin qu'on nous promet auraient commencé vers la mi-août ; or, le Ministère français aurait reçu les premières doses dès le 27/08/0951. Pour sidérante qu'elle soit, la conclusion s'impose d'elle-même : le Ministère de la santé a bel et bien utilisé des fonds publics pour acheter un vaccin qui n’a, chronologiquement, pu faire l’objet d’aucune évaluation clinique. c'est à la fois un scandale et une tragédie.

Quelle compétence ?

La question mérite d'être posée à propos des autorités sanitaires. Comment leur faire confiance dans l'urgence, sachant qu'elles sont régulièrement prises la main dans le sac d'une évaluation défaillante quand rien ne les a pressées ? Citons en vrac quelques exemples récents d'évaluations dont l'insuffisance objective ne peut plus être niée : Tasmar, Hexavac, Vioxx, Acomplia…

enfants nés sans bras ni jambes après avoir été exposés à la thalidomide, filles qui ont développé un cancer du vagin – parfois mortel – après exposition au Distilbène ; sujets décédés d'hypertension artérielle pulmonaire après avoir consommé des anorexigène, crise cardiaque sous Vioxx, etc.

Quelle évaluation ?

Manifestement dépassées par les questions des journalistes sur le développement pharmaceutique (à l'émergence desquelles j'espère avoir contribué), les autorités, les firmes – ou leurs experts (ce sont souvent les mêmes…) – répondent avec un mélange de mauvaise foi, de dissimulation et de préoccupante incompétence.

Dans une circulaire adressée aux préfets le 21/08/09, la Ministre a soutenu que son « objectif » était de pouvoir activer le dispositif de vaccination « à compter du 28/09/09 » ? Depuis quand, dans un pays civilisé, administre-t-ton aux bien-portants (immunisation oblige…) des médicaments qui n'ont pas reçu l'AMM ? (http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr/IMG/pdf/Circulaire_vaccination_090824.pdf)

Les fabricants opèrent donc actuellement sur la promesse que le processus d'évaluation habituel sera carrément court-circuité. Et comme, ainsi qu'on l'a rappelé, on leur garantit l'impunité en parallèle, quelle peut être pour eux l'incitation à travailler correctement ?

Quel coût ?

Le coût des achats d'ores et déjà opérés par les autorités sanitaires est réglé au détriment d'autres investissements qui pourraient être prioritaires, surtout dans le contexte d'une assurance maladie exsangue.

Le développement des vaccins est tellement sommaire que le coût (réel) est extrêmement modique : il y a donc quelque paradoxe à consentir à ces vaccins des prix totalement disproportionnés au coût réel de leur mise au point. C'est notamment parce que les autorités font l'impasse sur des pré-requis incontournables d'évaluation de tolérance coûteuses (notamment : toxicité long terme chez les animaux et essais de tolérance long terme chez l'homme) qu'il est si peu cher, toutes choses égales par ailleurs, de développer des vaccins. On aurait donc pu s'attendre à une utilisation plus discriminative des fonds publics.

A ces problèmes concernant le coût direct des investissements consentis par les autorités sanitaires, le coût indirect de l'alarmisme environnant relève de deux aspects au moins :

  1. la prise en charge des complications du vaccin, lesquelles peuvent être graves et, parfois irréversibles (pensons, par exemple, aux syndromes de Guillain- Barré, susceptibles de déboucher sur de délabrantes paraplégies) ;
  2. le dérapage de mesures anarchiques décidées sans le moindre esprit de suite : on pense ici aux délires gouvernementaux sur l'école, par exemple ; au Royaume-Uni, il est notoire que nombre de citoyens se sont payé, aux frais de la princesse, une sympathique prolongation de vacances en alléguant, par téléphone, une liste de symptômes qu'il était facile de trouver dans la presse…

Le précédent de la grippe aviaire

Toute personne tant soit peu au fait de l'économie pharmaceutique savait qu'à l'entrée dans le troisième millénaire, les fabricants redoutaient une période de vaches maigres consécutives à l'épuisement des principaux brevets et à la pauvreté de leur innovation.

Relativement à une perspective aussi morne, le secteur vaccinal pouvait représenter une planche de salut. Un vaccin, on l'a dit, ça ne coûte pas cher à développer et ça peut rapporter gros puisque moyennant le lobby adéquat auprès des instances sanitaires, on peut élargir le marché presque à volonté. Le seul problème, c'est que même en poussant un peu, le nombre de doses administrées à chaque sujet exposé reste limité. Par rapport à une telle limitation, le vaccin contre la grippe représentait une opportunité unique : c'était le seul avec lequel on pouvait escompter une revaccination tous les ans…

Au tout début des années 2000, on savait donc parfaitement que les fabricants s'étaient lancés dans une grande stratégie promotionnelle visant l'OMS : convaincre les experts qu'une pandémie de grippe aviaire allait survenir un jour ou l'autre et que, ce jour-là, l'industrie n'aurait pas le potentiel de fournir un vaccin en quantité suffisante. Il fallait donc, dans la perspective très hypothétique de cette pandémie, augmenter le potentiel de fabrication. Mais comme le souci philanthropique de l'industrie n'allait quand même pas jusqu'à financer sur ses propres fonds une telle augmentation de potentiel, il était demandé à l'OMS de fournir aux fabricants les moyens de « se payer sur la bête » en accréditant – de toute son autorité d'instance supposée indépendante – que la grippe saisonnière était une maladie tellement effroyable qu'elle appelait, et de toute urgence, la vaccination de toute la population : de telle sorte, les fabricants pourraient rentabiliser la modernisation de leurs chaînes de fabrication. Il s'avère que certains experts de l'OMS – probablement gâteux comme il y en a dans toutes ces instances internationales de pantouflage – ont mal pigé la ruse et qu'ils ont sincèrement cru que la pandémie de grippe aviaire, c'était pour demain – ou après-demain à tout le moins… Là encore, on connaît la suite, rétrospectivement désopilante. Pour résumer l'histoire par une métaphore : voyant arriver des commerciaux brandissant les extincteurs qu'ils voulaient vendre, les « experts » de l'OMS on cru apercevoir les pompiers – et ils se sont mis à hurler « au feu » ; et, pendant des années, tout le monde a cherché le feu… Le seul problème, c'est que hormis les fabricants d'antiviraux et de masques, personne n'a tellement profité de l'alerte. A l'évidence, les fabricants ont compris la leçon avec la grippe porcine – mais le public aussi, dans l'ensemble…

Ce précédent tristement hilarant d'une grippe aviaire dont personne n'a jamais vu la couleur contribue pour beaucoup au décalage démocratique sur lequel le présent article a été introduit: dans l'ensemble, les gens ont quand même le sentiment qu'on s'est fichu d'eux, avec pour résultante une grande suspicion (il suffit de lire les réactions des lecteurs à l'alarmisme de certains journaux pour objectiver cette tendance prédominante). Ainsi, les gens n'ont plus confiance. Ils la perdront d'autant plus qu'ils se rappelleront les antécédents déjà lourds de ceux qui s'échinent à les alarmer sans raison.

Du côté de l'administration sanitaire, on a déjà relevé qu'elle n'en était pas à son coup d'essai en matière d'évaluation pharmaceutique défectueuse. d'autre part, des voix parmi les plus éminentes n'ont pas manqué d'insinuer que par leur excès d'activisme, les responsables cherchaient à faire oublier leurs défaillances passées – en l'espèce le drame de la canicule, en août 2003.

Cf. par exemple l'intervention de Marc Gentilini dans Le Monde du 06/08/09 (« La pandémie de l'indécence »). Cf. aussi « Les politiques traumatisés par les scandales sanitaires » (Le Parisien, 21/08/09).

Le premier problème, c'est que ces essais de rattrapage sont eux-mêmes susceptibles de déboucher sur une nouvelle catastrophe : qui a oublié que la brillante campagne de vaccination contre l'hépatite B visait à donner au bon peuple un geste fort pour montrer qu'en matière sanitaire, l'Etat français pouvait faire mieux que le sang contaminé ?…

Le second problème, c'est que de rattrapage piteux en rattrapage catastrophique et par delà l'obsolescence rapide des ministres, les cadres effectifs de l'administration sanitaire n'ont pas fondamentalement changé. Quand ce ne sont pas leurs « élèves » (!), la pharmacovigilance actuelle tourne toujours autour de la vieille garde qui, pourtant dûment consultée, n'a jamais bronché dans l'affaire de l'hormone de croissance, n'a pas été en mesure d'enclencher la moindre étude correcte sur la neurotoxicité du vaccin contre l'hépatite B, a validé que l'Isoméride n'exposait pas plus aux complications pulmonaires que ses concurrents amphétaminiques du marché, etc. A peu de chose près, la veille sanitaire, quant à elle, repose toujours sur les vaillantes sentinelles qui ont laissé passer pas moins de 15 000 morts en trois semaines d'août 2003 – pour ne point parler de la menace d'une hépatite B dont les fréquences annuelles sont passées – sans un mot d'explication – de plus de 100 000 à moins de 1 000…

Toujours du côté des autorités, enfin, qui les créditera d'une capacité réelle de mettre en oeuvre avec rigueur la réglementation excessivement pointilleuse du développement clinique quand il est démontré – et répétitivement – qu'elle n'est déjà même pas capable de faire appliquer celle, pourtant bien plus simple, sur les déclarations d'intérêt de ses propres experts ou des professionnels de santé ?

Du côté de l'industrie pharmaceutique, il n'est pas utile d'insister non plus : les échecs de l'administration – en particulier ceux qui ont imposé un retrait – ce sont d'abord ceux des fabricants concernés. Il convient également de rappeler qu'en France, deux des principales firmes impliquées dans la fabrication du nouveau vaccin sont actuellement en examen, comme par hasard dans une affaire de campagne vaccinale ; certes, la présomption d'innocence s'impose jusqu'à nouvel ordre, mais on peut néanmoins s'interroger sur la rigueur des autorités qui leur achètent des vaccins avant même que ces produits n'aient été si peu que ce soit évalués : qui demanderait pour son enfant des cours particuliers – en un endroit intime – à un professeur mis en examen pour pédophilie ? La présomption d'innocence a aussi ses limites…

Il faut bien comprendre que, dans les précédentes affaires pénales qui avaient été médiatisées (sang contaminé, hormone de croissance), les produits concernés n'étaient plus sur le marché au moment de la judiciarisation – laquelle pouvait donc prendre tout son temps (avec les résultats que l'on sait…) La situation est fondamentalement avec le vaccin contre l'hépatite B, qui fait toujours l'objet d'une promotion intensive alors même que les fabricants sont mis en examen – dont l'un pour homicide ! Cette situation ahurissante n'en rend que plus préoccupantes pour les citoyens et la procrastination de la Justice et la complaisance des autorités sanitaires à l'égard des fabricants visés par cette instruction : si les charges à l'endroit de ces derniers sont suffisantes pour justifier ne serait- ce qu'une mise en examen, il y a quand même quelque chose d'atterrant à leur commander par avance des vaccins qui n'ont fait l'objet d'aucune évaluation, en proclamant hautement qu'on les destine en priorité aux bébés, aux femmes enceintes et aux sujets fragiles !

Dans l'ampleur de sa signification, un dernier exemple nous épargnera d'avoir à détailler plus profondément les raisons de ne pas faire confiance. En avril 2007, via le site de l'Association des médecins de l'industrie pharmaceutique (AMIPS), un des fabricants a diffusé une offre d'emploi visant à recruter des responsables de leur développement vaccinal – typiquement ce genre de gars sur les épaules de qui repose aujourd'hui la responsabilité de mettre au point un vaccin contre la terrible menace de la grippe porcine. Après avoir souligné en premier l'excellent salaire joint associé à « 53 jours de congé », l'offre en arrive au profil recherché : « une compréhension des aspects cliniques des maladies infectieuses – virologie, immunologie, microbiologie – serait très utile, mais elle n'est pas essentielle ». Les qualités exigées privilégient plutôt « une excellente présentation et des capacités de communication, un leadership d'équipe, un impact et une influence (…) ».

J'ai introduit le présent article (cf. 1.1) sur la certitude d'impunité – hélas justifiée – qui prévaut en pareille matière dans l'industrie pharmaceutique. Je l'achève sur l'aveu sidérant, par cette même industrie, qu'en matière de développement vaccinal, l'élégance, le baratin et l'entregent sont plus essentiels qu'une compétence même superficielle (« une compréhension ») en infectiologie…

Conclusion

On pourrait penser qu'après tant de scandales pharmaceutiques – incluant le précédent dramatique de la vaccination contre l'hépatite B (mais également : Isoméride, Vioxx, Acomplia et bien d'autres encore) – l'impudence promotionnelle des fabricants appuyés d'aussi indécente façon par leur administration de tutelle signe un échec cinglant pour tous ceux – auteur de ces lignes inclus – qui se sont, chacun à sa manière, ingéniés à promouvoir une contre-éthique (tant il est vrai, j'en reste convaincu, qu'il est possible de concilier la morale avec l'exigence – légitime – de rentabilité). Et il n'est pas faux que, sur cette affaire comme sur bien d'autres, personne ne devrait se sentir au-dessus de tout reproche quant à l'adéquation de ses comportements, réactions ou revendications.

Au-delà, cependant, des défaillances individuelles dont la somme peut certainement contribuer à l'insolente impunité dont bénéficient objectivement les fauteurs de peste iatrogène, le désastre actuel appelle aussi une lecture plus politique. La triste réalité, c'est qu'il n'est simplement pas possible d'être un professionnel du médicament sans devenir farouchement anti-européen au constat des éléments suivants dont les effets se font sentir à chaque instant : l'effarante efficacité des lobbies, l'impuissance rare des politiques, leur ignoble complaisance et leur déprimante incompétence, l'accablante efficacité des multinationales à déculturer même des pratiques pourtant tellement conditionnées culturellement, comme la médecine ou la pharmacie… En matière de pharmacie industrielle, c'est dès 1965 qu'il est possible de dater le péché originel – plus précisément dans les considérants de la directive 65/65/CEE :

Par rapport à une profession – la pharmacie – soumise à un contrôle réglementaire depuis des siècles au moins, c'était probablement la première fois, dans l’histoire de l’humanité, qu’un objectif purement mercantile se trouvait ainsi posé au même niveau que l’impératif catégorique de préserver la santé publique. De toujours, en effet, les autorités politiques – certes avec leurs moyens – avaient conscientisé les risques considérables auxquels leurs sujets se trouveraient exposés si on les abandonnait aux instincts mercantiles des charlatans. qu'il suffise de comparer la scandaleuse duplicité de cette directive européenne à la lucidité de la Charte accordée par le roi d'Angleterre Jacques 1er à la Société Royale des Apothicaires, en 1614 :

[Attendu que] de très nombreux Empiriques ou hommes aussi incompétents qu'ignorants résidant dans la cité de Londres, qui ne sont pas bien formés aux Arts et Mystères des Apothicaires, mais fabriquent et composent nombre de médicaments malsains, nocifs, dangereux et corrompus qu'ils vendent, mettant en péril et en danger quotidien la vie des sujets de sa Majesté (…)
Incompétence, lucre et cynisme : que craignait le roi qui n'ait été tristement illustré dans le présent article ?

Cependant et grâce au précédent susmentionné de la grippe aviaire, les citoyens sentent désormais que les choses sont allées trop loin. Ce qu'ils sont en train d'apercevoir, c'est que la pression des actionnaires a vidé les entreprises de leur dynamisme et de leur savoir-faire, de telle sorte que, comme illustré de façon saisissante par l'offre d'emploi susmentionnée (cf. 2.3.3), il n'y a plus place aujourd.hui que pour des « hommes aussi incompétents qu'ignorants (…) », lesquels ne peuvent, à la fin, que fabriquer « des médicaments malsains, nocifs et dangereux » – des produits défectueux pour le dire de façon plus moderne.

D'une certaine façon, on pourrait se réjouir d'une telle évolution en se disant qu'elle appelle forcément un changement de direction : si, depuis maintenant des décennies qu'il est à l'oeuvre, le libéralisme a saigné les entreprises au point de les empêcher d'offrir des produits qui n'offrent pas « la sécurité à laquelle on peut légitimement s'attendre », c'est qu'il faut revenir en arrière et comprendre – enfin – que le diktat d'une rentabilité coûte que coûte ne peut être le dernier mot. Or, ce qu'illustre la situation présente – parmi bien d'autres comparables, en pharmacie ou ailleurs –, c'est que non contents de ne plus savoir fabriquer autre chose que des produits défectueux, les « très nombreux Empiriques » dont les hommes de main harcèlent nos politiques à Bruxelles tout autant qu'à Paris (ou ailleurs) ont également les moyens de les introduire – et de les maintenir – sur le marché.

C'est bien à ce monstrueux sursaut qu'il faut résister. Car pour menaçante qu'elle apparaisse à première vue, cette exacerbation de voracité signe aussi que la Bête est épuisée : il faut la tuer, désormais…

Dr Marc Girard

vaccination contre Grippe A H1N1 (porcine): danger et risques du Vaccin, Dr Marc Girard