A-t-on encore la liberté de dire la vérité?

Pour avoir publié un rapport concernant l'impact sur la santé de certaines pratiques de l'industrie agroalimentaire, Pierre Meneton, chercheur à l'Inserm a été l'objet d'une étroite surveillance policière: Les Renseignements généraux reçoivent l'ordre de mettre le chercheur sur écoutes. La notice qui accompagne la demande est classée « niveau 2 », un degré d'attention habituellement réservé aux espions et aux terroristes. Motif officiel : « Atteinte à la sûreté de l'Etat ».

Son téléphone portable fait l'objet d'une attention particulière, avec un système qui permet d'écouter les conversations téléphoniques en temps réel. Des filatures complètent la panoplie. Ses parents, amis, collègues de bureau écopent d'une fiche, voire d'une écoute téléphonique. Les moyens déployés sont en fait à la hauteur de la mission, puisque, à la rubrique "Résultats escomptés", il est écrit : "Identifier les contacts de l'objectif en relation avec son activité professionnelle et évaluer son environnement personnel."

Seuls les ministères de la Défense, de l'Intérieur ou des Finances sont habilités à demander ce type d'écoutes. Une demande que Matignon n'a pu ignorer, puisque toutes les interceptions de sécurité sont visées par le cabinet du Premier ministre

Pierre Meneton est spécialiste mondial de l'implication des facteurs génétiques dans le développement des maladies cardio-vasculaires et coordonne pour l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) le congrès qui réunit cette semaine à Paris une trentaine de spécialistes mondiaux de l'hypertension et des maladies cardio-vasculaires, sur le thème «Sel et santé».

Une prise en compte des remarques de Pierre Meneton pourrait induire un manque à gagner de 6 milliards d'euros par an pour l'industrie agroalimentaire.

sources: Le Point no 1483 (février 2001)

Voir aussi
Le Point no 1530, Page 71 (janvier 2002) article de Christophe Labbé et Olivia Recasens

Censure des scientifiques en Amérique

Source: http://www.ucsusa.org/news/press_release.cfm?newsID=405

Aux Etats-Unis, de nombreux scientifiques de premier plan - incluant des prix Nobel, des experts médicaux renommés, d'anciens directeurs d'agences fédérales et des chaires et présidents d'université - ont publié une déclaration. D'après ces scientifiques, l'administration Bush a supprimé et falsifié les analyses scientifiques des agences fédérales, et entreprit des actions qui ont sapé la qualité des comités consultatifs scientifiques. L'Union des Scientifiques Concernés a communiqué de nombreuses preuves. Le nombre de scientifiques demandant la fin de ces pratiques et le rétablissement de l'intégrité scientifique dans les décisions politiques fédérales atteint plus de 4000, incluant 48 prix Nobel, 62 lauréats de la Médaille Nationale des Sciences, et 127 membres de l'Académie Nationale des Sciences.

Ces activités de censure et de falsification inquiètent fortement les membres de la communauté scientifique aussi bien que ceux qui dépendent des informations du gouvernement pour leurs décisions politiques. Mais elles devraient également inquiéter le public américain, qui place sa confiance dans le gouvernement comme médiateur sincère pour l'information scientifique et comme protecteur de leur santé et sécurité. (Lire Amérique et vérité)

La situation américaine n'est pas sans ressemblance avec ce qui se produit en France.