L'affaire Alègre de Toulouse

Le tueur Patrick Alègre protégé par les autorités?

L'affaire Alègre, qui ne se résume pas à l'affaire Baudis, conserve des zones d'ombre: plusieurs témoins affirment que le tueur a été trop longtemps protégé par des policiers (l'Adjudant Jean-Pierre Nicolaon et le colonel Kouider Lakhal) ainsi que par un magistrat: Marc Bourragué. D'autres magistrats sont aussi mis en cause.

L'IGPN dénombre 195 assassinats non élucidés. L’organisation « Stop à l’oubli » réunit des familles de victimes, qui continuent de réclamer la vérité sur l’affaire Alègre, et livre un état des lieux en énumérant « ces disparitions, ces assassinats camouflés en suicide et ces enquêtes tronquées, déformées, bâclées, etc. ».

Anomalies en série dans l'affaire Alègre

De nombreux crimes ont été maquillés en morts naturelles par les gendarmes avec la complicité de médecins légistes:
  1. Valérie Tariote, découverte en 1989 bâillonnée et poignets liés dans son appartement : intoxication médicamenteuse !
  2. Édith Scheichardt, retrouvée en 1990 dans un fossé jupe relevée et bombe lacrymogène dans le vagin : intoxication médicamenteuse (médecins légistes: Danièle Alegrin et Pierre-Marie Bras, juge d'instruction ayant classé le dossier: Jean-Paul Garaud)
  3. Hadja Benyoucef, décédée, une cordelette autour du cou et un couteau fiché dans la gorge : raptus suicidaire
  4. Line Galbardi, assassinée en 1992 dans une chambre d'hôtel après qu'elle ait dénoncé le racket de certains policiers ripoux: asphyxie naturelle (alors que sur la photo du corps on voit clairement des traces de coups au visage): le veilleur de nuit, les voisins de la chambre et les proxénètes ne sont pas interrogés
  5. Jean-Jacques Allemane: son visage porte la trace de coups, son corps est entravé de plusieurs liens, il a un bloc de béton aux pieds. Malgré l'évidence (et l'opposition des parents), les médecins légistes Danièle Alegrin et Pierre-Marie Bras concluent au "suicide"
Il y a de nombreux autres cas: 15 assassinats liés à l'affaire Alègre ont été classés dans un premier temps comme des morts naturelles ou des suicides.

Le plus choquant: les médecins légistes et les gendarmes coupables d'avoir maquillé ces meurtres en morts naturelles n'ont pas été inquiétés!! Par contre les familles des victimes, les prostituées ayant osé témoigner et le gendarme Roussel sont harcelés par la "justice".

http://www.ladepeche.fr/article/2004/12/23/170029-line-galbardi-exhumee-pour-une-contre-autopsie.html
http://www.stopaloubli.org/index.php?action=trombi

Le Figaro évoque les nombreuses anomalies de l'affaire Alègre

http://www.lefigaro.fr/magazine/20060310.MAG000000312_les_oublies_de_l_affaire_algre.html

Les «oubliés» de l'affaire Allègre

En 1989, Gabriel Loubradou, le père d'une disparue, Hélène, [apporte les preuves qu'elle était avec Patrice Alègre peu avant sa disparition] le colonel de gendarmerie [Kouider LAKHAL], n'ordonne pas d'enquête [mais se dépêche d'informer le magistrat Marc Bourragué!] Aucune audition ne sera retranscrite sur procès-verbal.

Tout change quand la cellule Homicide 31 est créée, en juin 2000. Ce groupe de gendarmes enquête sur 191 cas de meurtres, disparitions, «suicides» et agressions sexuelles commis entre 1986 et 1997 et restés sans solution. l'adjudant de gendarmerie Michel Roussel, dirige les enquêtes au sein d'Homicide 31 .. et résout .. un crime laissé sans réponse depuis quinze ans. C'est alors que Gabriel Loubradou entre en contact avec Michel Roussel. « Je l'informe de mes démarches précédentes. Il m'agaçait se souvient aujourd'hui Loubradou: il me faisait répéter tout ce que j'avais déjà dit aux gendarmes!.. C'est alors que l'adjudant Michel Roussel, excédé, me montre enfin mon dossier : il était vide. J'étais stupéfait. Toutes les pièces que j'avais fournies [à la gendarmerie] ainsi que les témoignages avaient disparu... mon cas n'est pas isolé : d'autres dossiers de "disparitions" ou de crimes maquillés en suicides ont subi le même sort que le mien. Leur point commun: des défaillances au sein de la justice toulousaine.»

Gabriel Loubradou se constitue donc partie civile, une information judiciaire est ouverte. Un gendarme établit un procès-verbal [qui incrimine Patrice Alègre]. Quelques jours plus tard, cet enquêteur reçoit un appel de sa hiérarchie qui lui ordonne de réintégrer sa brigade d'origine, qu'il avait quittée deux ans auparavant pour rejoindre Homicide 31.

« On a demandé à entendre Alègre, sans succès jusqu'à aujourd'hui», s'indigne Gabriel Loubradou. [En conséquence, il] crée "Stop à l'oubli", qui regroupe au départ une vingtaine de familles qui vivent depuis trop longtemps le parcours judiciaire semé d'embûches des victimes présumées de Patrice Alègre.. Elles souhaitent que toute la lumière soit faite sur des dizaines de cas.

Comme celui de Hadja Benyoucef, retrouvée chez elle, le 30 novembre 1987, un couteau en travers de la gorge, une corde au cou, une couche-culotte pliée en huit dans la bouche. Suicidée ! ... Ou encore Edith Schleichardt, disparue le 19 septembre 1990 et retrouvée sur le bord de la route, jupe relevée, une bombe lacrymogène entre ses cuisses. Suicidée ! Une autopsie a révélé pourtant «six dents cassées et un éclat d'émail dans sa gorge», évoquant une probable «mort violente avec intervention d'une tierce personne».

Des anomalies ou des dysfonctionnements dont Michel Bréard, ancien procureur de la République à Toulouse, aujourd'hui en poste à Bordeaux, s'est fait l'écho dans un rapport (sous la référence 8PG05 à la chancellerie) remis en janvier 2005 au ministère de la Justice et à Michel Barrau, procureur général de la cour d'appel de Toulouse ; 93 annexes étayent le propos du magistrat. Que dit cette enquête interne ? Elle vise nommément Marc Bourragué, ancien substitut du procureur, chargé des affaires financières au tribunal de grande instance de Toulouse. Le haut magistrat s'étonne de retrouver régulièrement Marc Bourragué en travers des procédures qui mettent en cause Patrice Alègre.

Michel Bréard fait notamment état des témoignages de trois policiers qui ont reconnu l'ancien substitut Marc Bourragué comme étant le magistrat présent, avant l'arrivée de la police, sur les lieux du meurtre de Line Galbardi en 1992, crime dont Alègre est suspecté. Marc Bourragué a toujours démenti. Mais l'ancien procureur de Toulouse rapporte qu'en niant par écrit ces faits, Marc Bourragué pourrait être inquiété pour «un délit d'attestation faisant état de faits matériellement inexacts». On retrouve encore le nom de Marc Bourragué dans le dossier de la disparition d'Hélène Loubradou: Lorsque le lieutenant-colonel de gendarmerie se saisit de l'affaire, qui informe-t-il ? Marc Bourragué, [pourtant] spécialisé dans les affaires financières au parquet de Toulouse. Michel Barrau, procureur général, interrogé par l'AFP, a précisé que «ce rapport n'a révélé après examen aucun fait de nature à entraîner des poursuites disciplinaires ou pénales» contre Marc Bourragué, le magistrat mis en cause.

(NB: C'est ce même procureur Michel Barrau qui avait permis au directeur des RG, Yves Bertrand, d'échapper aux poursuites demandées par le juge Halphen dans l'affaire des des HLM de Paris).

RAPPORT BREARD

Le Rapport Bréard est un document adressé le 06.01.2005, avant qu’il ne soit muté à Bordeaux, par le Procureur de la République, Michel Bréard, du Parquet de Toulouse, au Procureur Général Michel Barrau.

Ce document numéroté 8PG05 et ses annexes (93 pièces) dans lequel sont consignés divers P.V. d’audition met en cause les agissements et les relations d’un magistrat, Marc Bourragué, qui à l’époque des faits était Substitut financier du Procureur de la République, à Toulouse.
Voici la synthèse des observations contenues dans ce rapport:

1 - Affaire de la prostituée Line Galbardi

Line Galbardi est une jeune prostituée, assassinée le 03.01.1992 parce que, selon le témoignage d’anciennes prostituées, elle aurait :
- dénoncé le racket de certains policiers
- dénoncé les coupables de l’assassinat d’une autre prostituée

Des procès verbaux font état de la présence d’un magistrat sur les lieux du crime - l’Hôtel de l’Europe - avant même l’arrivée de la police (P.V. du 03.11.1992). Plusieurs auditions de policiers et d’un commissaire (P.V. du 02.12.2004 et du 12.02.2004) témoignent de la présence de Marc Bourragué, qui avait démenti le 23.07.2003 avoir été sur place, tout en convenant qu’il n’était pas de permanence. Ce démenti est d’autant plus troublant que des pièces réalisées lors de l’enquête ont disparu du dossier.

2 - Relations de Marc Bourragué avec Patrice Alègre

Après avoir dit qu’il ne connaissait pas Patrice Alègre, Marc Bourragué a dû reconnaître qu’il l’avait bien rencontré lors d’un apéritif à son domicile. Mais en fait, il ne l’a pas rencontré qu’une seule fois. Différents P.V. attestent que plusieurs témoins, à des moments différents ont vus ensemble Marc Bourragué et Patrice Alègre:
- au relais de Fonbeauzard, anciennement « Le Mariel »
a) sur P.V. du 10.08.2004 , M. P., propriétaire du relais de Fonbeauzard, dit avoir vu à la même table Alègre, Bivi et Bourragué et notamment lors d’une fête du Beaujolais Nouveau.

b) sur P.V. du 19 août , D.M. client du « Mariel », se souvient «avoir vu Bourragué, au comptoir, avec Patrice [Alègre]» et ajoute : « ce sont des gens qui donnaient l’impression de bien se connaître ».

- à son domicile (P.V. du 04.11.2004)
Ryad Kouka, ancien restaurateur affirme avoir surpris des visites d’Alègre au domicile de Bourragué.

3 - Rapports avec Florence Khelifi ( « Fanny »)

Ancienne prostituée, elle affirme connaître Marc Bourragué. Ses enfants étaient placés au sein de l’Association Sauvegarde 31, dont Marc Bourragué a été un membre fondateur. Elle a travaillé comme serveuse, Rue de la Colombette, au restaurant de Kouka, « Le Venise ». Une fiche de la Sûreté Urbaine en fait foi. Kouka affirme avoir vu « Fanny » en compagnie de Marc Bourragué.

(P.V. du 04.10.2004 et du 28.05.2004).

4 - Avantages privés dont aurait profité Marc Bourragué

Il est étonnant que les dénonciations réitérées de l’administration fiscale concernant Marc Bourragué aient pu être ignorées de sa hiérarchie et notamment qu’un dossier pénal le mettant en cause ait été instruit par ... Marc Bourragué lui-même.

Différentes affaires montrent que Marc Bourragué aurait profité d’avantages privés de la part de différentes entreprises.

Pour mémoire, le 23 octobre 2003, dans les colonnes du journal Le Monde, l’ancien Président de la Cour d’Appel de Toulouse, Jean Wolf, déclarait :

« Il n’est pas exclu qu’il puisse y avoir des policiers ripoux, ou un substitut ripoux ».

Malgré les demandes réitérées de l'association Stop à l’oubli, ce Rapport Bréard n’a jamais été rendu public

Le témoignage de Djamel

Autre point troublant: le témoignage "bidon" de Djamel qui avait permis de décrédibiliser par "amalgame" les témoignages des prostituées de Toulouse et fourni à Claude Labres et Francis Szpiner, respectivement ami et avocat de Dominique Baudis, des arguments massues pour tourner en ridicule les "témoignages délirants" de l'affaire Alègre.

Ce témoignage "bidon" de Djamel a été obtenu par Florence Bouquillat de France 2 de façon très suspecte: "Djamel" avait tenu devant tous les journalistes qu'il rencontrait des propos parfaitement incohérents: les journalistes "oublient" de mentionner ce point. Outre ces omissions relatives au personnage de Djamel et à sa personnalité dérangée, Florence Bouquillat, la journaliste de France 2 a entretenu avec son témoin des rapports inhabituels: Pour recueillir son témoignage, elle a passé trois jours avec lui, lui payant notamment l’hôtel et le restaurant.

Elle se défend en invoquant que la diffusion de cette "interview" de Djamel a été effectuée à la demande de sa hiérarchie (notamment la partie où la petite Marion est citée).

Alors "affaire Alègre - Baudis - Bourragué" = "affaire classée"? Et les 195 assassinats non élucidés liés à cette affaire?

Dominique Baudis et la calomnie

Le livre "Face à la calomnie" de Dominique Baudis (plaidoyer publié pour se défendre de sa mise en cause dans l'affaire Alègre) a été condamné à deux reprises pour diffamation! Contre l'ex-gendarme Roussel, à l'époque directeur de l'enquête, et contre un journaliste de La dépêche du Midi, Gilles Souilles. Dominique Baudis devra verser 1000 euros de dommages et intérêts à Michel Roussel et 1000 euros avec sursis (!) à Gilles Souilles. On voit mal ce qui a conduit à cette magnanimité, d'autant plus discutable quand on sait que Michel Roussel a été condamné, lui, à 12 000 euros, également pour diffamation, à la suite d'une interview qu'il avait accordée à La Dépêche du Midi, où il accusait le magistrat Bourragué d'avoir menti à la justice, toujours dans cette affaire Alègre. Or l'ex-gendarme possédait les preuves de ce mensonge, mais le tribunal les a jugées irrecevables! L'un, Roussel, dénonce un mensonge avéré, proféré par un magistrat devant la justice de son pays : cet officier public a prétendu ne pas s'être trouvé sur la scène d'un crime alors que sa présence est attestée par les procès-verbaux, le témoignage d'une journaliste et de deux policiers. Mais c'est le magistrat menteur qui gagne et celui qui dit la vérité qui prend 12 000 euros, pour la peine ! L'autre, Baudis, accuse l'enquêteur de malhonnêteté sans le moindre commencement de preuve et il s'en tire avec 1000 euros. Inutile de préciser que les revenus et trains de vie de Dominique Baudis et Michel Roussel sont incomparables ! "Selon que vous soyez puissant ou misérable"...